Condamnée à Tahiti, une employée de banque avait détourné 26 millions aux Antilles


PAPEETE, le 11 juin 2019 - Une jeune femme de 34 ans a comparu ce mardi devant le tribunal correctionnel pour répondre d’un abus de confiance commis au préjudice de la BRED à Saint Barthélemy entre mars 2013 et août 2017. La prévenue, qui avait détourné plus de 26 millions de francs des comptes de trois clients, a été condamnée à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction définitive d’exercer au sein d’une banque.

Les faits avaient été mis au jour suite aux plaintes d’un client de la BRED qui s’étonnait de mouvements suspects sur son compte bancaire. La prévenue, à l’époque employée dans une agence de la Banque régionale d'escompte et de dépôts (BRED) à Saint-Barthélemy, avait alors confessé sa responsabilité en avouant qu’elle avait effectivement détourné plus de 156 000 euros sur le compte de la victime. Elle avait également escroqué deux autres clients de l’agence. Le montant total des sommes volées s’élevait à 223 000 euros, c’est-à-dire plus de 26 millions de francs.

Si les faits ont été commis sur l’île de Saint-Barthélemy, la jeune femme a été jugée ce mardi à Tahiti où elle réside désormais. A la barre, elle a assuré qu’elle avait vainement tenté de trouver une solution à l’amiable avec la BRED et a expliqué que sa démission, concomitante avec la révélation des faits, était un pur hasard.

« 15 années de smic »

Face aux questions du président, la prévenue, qui travaille désormais au sein de l’Agence française de développement (AFD), a indiqué qu’elle avait utilisé cet argent pour faire « profiter son entourage ». Elle choisissait des clients fortunés qui n’avaient, tel que l’a fait remarquer l’un des deux assesseurs, pas de « regards quotidiens » sur leurs comptes.

Lors de sa plaidoirie, Me Morain, conseil de la Bred, a indiqué que six ans après le début des faits, la banque n’avait pas été remboursée d’un « seul centime » en rappelant au passage que le préjudice correspondait à « 15 années de SMIC. »

Le procureur de la République a requis 18 mois de prison avec sursis à l’encontre de la prévenue en affirmant que malgré son casier judiciaire vierge, la « sanction » devait « tomber. »

Pour la défense de la jeune femme, son avocate, me Boulleret, a déclaré qu’elle avait déjà tenté de rembourser la Bred et qu’elle comptait bien le faire. Selon son conseil, la prévenue a voulu « acheter l’affection des autres » avec les sommes détournées.

Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné la jeune femme à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction définitive d’exercer au sein d’une banque.






Rédigé par Garance Colbert le Mardi 11 Juin 2019 à 14:49 | Lu 6112 fois