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Concert à To’ata - Ben Harper : Un peu plus près des étoiles

Le public de Tahiti est venu nombreux au concert de Ben Harper proposé par 4 Event Pacific, ce samedi soir à To’ata. Seul sur scène, l’artiste s’est livré avec talent pendant plus de deux heures, enchainant ses classiques avec des chansons moins connues tout aussi magiques. Un concert qu’il ne fallait pas rater. Emotion, vibration et élévation de l’âme étaient au rendez-vous.


Ben Harper a joué de plusieurs instruments à la perfection
Ben Harper a joué de plusieurs instruments à la perfection
Le concert a commencé avec plus d’une heure de retard, le temps que les 5 000 personnes ou presque puissent entrer dans l’enceinte de To’ata. A l’heure initialement prévue du concert, une queue impressionnante s’étendait jusqu’en face du temple de Paofai. Le contraste aura été remarquable entre Ben Harper, seul sur scène, et Johnny Halliday et son armée de musiciens, histoire de comparer l’incomparable.
 
Il y a ceux qui étaient venus voir l’artiste par curiosité, sans réellement le connaître, simplement parce que « peu d’artistes connus passent par Tahiti ». Une partie de ceux-là auront trouvé le concert monotone, pas assez dansant, ennuyant. Et puis il y a les autres, ceux qui ont vécu accompagnés par les mélodies uniques et sublimes de Ben Harper et qui savaient à qui ils avaient affaire.
 
Ben Harper s’est montré fidèle à l’idée que l’on pouvait se faire de lui. Simple, vrai et talentueux. Il a tenu sous le charme pendant plus de deux heures le public présent. On a pas senti le récital spécialement construit, il a exécuté quasiment d’emblée le sublime « Jah work », préférant terminer sur les morceaux inédits. Il peut se le permettre, tellement son répertoire déborde de talent.

L'artiste a proposé un concert live qui sonnait juste
L'artiste a proposé un concert live qui sonnait juste
Un artiste politique, engagé
 
Ben Harper a réussi à créer de l’émotion même avec ses chansons moins connues. Il est un artiste engagé, politique interprétant « Like a King », chanson qui fait le lien entre Martin Luther King, leader charismatique de la cause noire et Rodney King, tabassé par la police de Los Angeles en 1992 et dont les images avaient déclenché six jours d’émeutes historiques à Los Angeles.
 
Il y a eu aussi son fameux « Burn one down » (en allumer un), qui dit que « l’herbe est un cadeau de la terre ». Dans tout l’arrière de la fosse de To’ata flottait une odeur dont l’origine ne laissait aucun doute. Il y eu aussi l’incroyable reprise de Prince « Purple Rain » absolument magistrale, la première paradoxalement à avoir fait chanter le public.
 
Car oui, Ben Harper, même s’il a le teint « pâle » pour Tahiti, est bien un artiste qui s’inscrit dans la lignée des grandes figures de la musique noire américaine. Sa musique est inspirée du blues, du gospel, du reggae mais aussi des musiques moins « noires » comme le rock ou la country, faisant de lui un artiste universel.
 
Engagement encore avec la chanson « With my own two hands » qui dit « Je peux changer le monde avec mes deux mains, je peux faire un meilleur endroit, je peux faire la paix sur terre, je peux nettoyer la terre, je peux faire un endroit plus clair, plus sécurisant, je vais aider la race humaine, je peux te protéger, te réconforter…tu dois utiliser tes deux mains… », véritable ode à la paix pour les temps à venir, encourageante et positive.
 
La musique de Ben Harper peut être perçue comme triste ou mélancolique, on se rend ainsi compte dans cette chanson que « nous pouvons changer les choses ». Beaucoup de personnes étaient enlacées, presque recueillies. D’autres discutaient, partageaient, l’ambiance était festive.

Ben Harper utilise la technique du "slide"
Ben Harper utilise la technique du "slide"
Un virtuose de la guitare
 
En dehors de ses qualités d’auteur-compositeur exceptionnel, Ben Harper a également fait une prestation impeccable, il chante et joue merveilleusement juste même en live, passant de la guitare posée sur ses genoux - utilisant la technique du « slide » -, à la guitare acoustique, au piano ou enfin à la guitare électrique, un vrai régal des oreilles, en plus du regain de foi en l’homme, de l’incitation à l’élévation de l’âme au sens mystique du terme, apportée par ses textes.
 
L’artiste, très concentré dans sa musique, comme investi, a fait preuve de générosité, restant seul sur scène pendant plus de deux heures. Ben Harper, en toute simplicité, a prononcé également quelques mots en tahitien « mauruuru, iaorana tatau », à notre tour de lui répondre « mauruuru ia oe Ben ». SB

Une ambiance particulière, rare
Une ambiance particulière, rare
Parole à Dimitri Léontieff qui était dans le public :
 
Tes impressions ?
 
« Génial, c’est un de mes artistes préférés donc…Une ambiance super, il a joué tous ses classiques et aussi des chansons que je ne connaissais pas forcément. Vraiment exceptionnel, un artiste comme ça ici, cela ne se loupe pas. »
 
Curieux de voir ses instruments ?
 
« Oui, je suis un grand fan de guitare donc voir tous les modèles de guitare qu’il a, voir comment il en joue, cela a été exceptionnel, super, magnifique, je ne suis pas du tout déçu. »
 
Seul sur scène ?
 
« Il a réussi a tenir To’ata deux heures à lui tout seul, ce n’est pas donné à tout le monde. Quelqu’un de très humble, cela se sent, une personnalité vraiment super. Qu’il ait fait des milliers de kilomètres pour venir jusqu’à nous, vraiment merci et chapeau bas l’artiste. »
 
Il n’est pas trop dans le star system ?
 
« Pas du tout, c’est quelqu’un de très simple, on le sent, sur scène, sa manière de s’exprimer, il est imprégné de ses chansons, c’est quelqu’un qui vit ses chansons, on le voit, il est…waouh…un grand compositeur. »

Ben Harper a enchainé les instruments
Ben Harper a enchainé les instruments
Ben Harper va avoir 48 ans le 28 octobre, il a grandi dans la région du désert Mohave, en Californie, à l’est de Los Angeles. Il a du sang indien, africain et européen. Sa famille tient un magasin de musique à Claremont, le Folk Music Center, qui est aussi un musée d’instruments de musique réputé contenant des instruments aux origines mondiales ainsi que des instruments à cordes anciens. Il s’est marié en janvier 2015 pour la troisième fois et a cinq enfants.

Dans sa vie, il a été facteur, réparateur de guitares avant de devenir musicien autodidacte. Ben Harper n’a pas eu dans sa vie l’attitude recluse d’un artiste incompris, ayant passé la plus grande partie de son adolescence sur sa planche de skate, dans la rue, avec ses amis, baignant dans un milieu multiracial. C’est en Europe qu’il le plus vendu ses disques. 

Rédigé par SB le Dimanche 1 Octobre 2017 à 12:32 | Lu 7316 fois