Communiqué de moruroa e tatou


L’Etat doit réparer les préjudices sanitaires de ses essais nucléaires

"Le Premier ministre du Japon vient d’interdire la vente de lait et de légumes verts en provenance de la région de Fukushima. Il a oublié de recommander à ses concitoyens de ne plus respirer l’air contenant le fameux « panache » radioactif éjecté maintenant en permanence – selon les dernières informations – par les centrales atomiques qui n’en finissent plus de « refroidir ».
Si elle avait été possible, la mesure aurait été pourtant salutaire pour les habitants de Tokyo, située à 250 km de Fukushima. En effet, selon les données collectées du 15 au 17 mars par les autorités japonaises et présentées par la Criirad, la radioactivité moyenne de l’air en iodes et césiums radioactifs, s’élevait à 36 Becqurels/m3. La Criirad considère ces résultats comme « très inquiétants », d’autant plus, ajoute la commission indépendante, que d’autres radioéléments – notamment les poussières de plutonium et d’uranium, émetteurs alpha – n’ont pas été comptabilisés.
Une semaine plus tard, le « panache » de Fukushima arrivant sur l’Europe, la Criirad s’indigne que l’Organisation de surveillance du traité d’interdiction des essais nucléaires qui dispose de balises de mesures de la radioactivité de l’air sur toute la planète n’ait pas rendu publics ses données chiffrées. Ces dernières seraient, selon la Criirad, bloquées par l’AIEA et l’OMS. C’est donc en l’absence de preuves que les autorités officielles françaises et des pays de l’hémisphère nord déclarent la parfaite innocuité du « panache » de Fukushima.
Moruroa e tatou ne répétera jamais assez que la triste histoire du terrible accident de Fukushima s’était produite ici même en Polynésie entre 1966 et 1974, lorsque la France faisait exploser ses bombes à Moruroa. Et chacun sait, maintenant, que les conséquences de ces essais nucléaires se mesurent dans la santé des Polynésiens, les fameuses maladies « radio-induites » que l’Etat n’accepterait d’indemniser qu’au compte-gouttes.
Moruroa e tatou n’a pas l’habitude de dénoncer sans preuves. Il suffit pour cela de lire les rapports officiels que les « experts » de l’Etat ne cessent de nous dire qu’ils ne sont pas « de notre niveau de compétences ». Bref, que les indigènes sont encore, après plus de 2 siècles de colonisation, incapables de comprendre « leurs données scientifiques ». Ceci dit, prenons pour exemple le fameux nuage – disons aujourd’hui, le « panache » - de la bombe Centaure qui explosa à Moruroa le 17 juillet 1974. Un premier rapport officiel intitulé « Surveillance de la radioactivité en 1974 » élaboré par les anciens collègues du LESE à Mahina indique que la radioactivité de l’air en éléments bêta (essentiellement les mêmes iodes et césiums mesurés au Japon) était en moyenne entre le 10 et le 20 juillet 1974 à Papeete de 1408 picocuries/m3, soit 52 Becquerels/m3 dans les unités d’aujourd’hui. Un second rapport officiel « CEA-R-6136 » daté de 2007 est encore plus précis : il note que la radioactivité maximale mesurée les 19 et 20 juillet 1974 au Poste de contrôle radiologique de Mahina s’élevait à 14 000 picocuries/m3, soit 518 Becquerels/m3 ! Soit 14 fois plus que cette contamination de l’air de Tokyo que la Criirad considère comme « très inquiétante » !
Ces chiffres effrayants que l’actualité japonaise nous oblige à rappeler à la mémoire des Polynésiens doivent nous ouvrir les yeux sur l’hypocrisie d’un Etat qui aujourd’hui se refuse à payer la facture de ses expérimentations nucléaires. Moruroa e tatou s’étonne que des « délégations polynésiennes » s’apprêtent à signer à Paris avec le ministre de la défense une convention inutile « pour un plat de lentilles ». Le « panache » du tir Centaure de 1974 – sans oublier tous les autres – doit être rappelé aux plus hautes autorités de l’Etat pour qu’enfin soit entamée une négociation Etat-Pays sur la réparation des préjudices sanitaires causés par les essais nucléaires à toute la Polynésie."
Moruroa e tatou

Rédigé par Moruroa e tatou le Jeudi 24 Mars 2011 à 17:40 | Lu 741 fois