Ancien médecin-chef du service de la protection infantile, Jules Ienfa est entré en politique en 1991, lorsque son ami Michel Buillard, nommé ministre de la Santé, a fait appel à ses services en tant que conseiller technique, puis directeur de cabinet.
"Je sais soigner les gosses", s'est-il dit, "mais la politique, ce n'est pas mon truc."
Ayant accepté, après mûre réflexion, il s'est finalement pris au jeu. Au point de "replonger" lorsque Justin Arapari lui a demandé par la suite d'être son directeur de cabinet à la présidence de l'Assemblée. Ce fut pour lui une bonne expérience, qui est venue compléter celle vécue versant exécutif au ministère de la Santé. Et il y est resté cinq ans.
Jules Ienfa reprend ensuite du service à la direction de la Santé, comme directeur adjoint puis directeur, poste d'où il sera remercié par le président Oscar Temaru quelque temps plus tard.
Alors qu'il se prépare à retourner à ses chères consultations de nourrissons, Gaston Tong Sang fait appel à lui... Et c'est ainsi, s'amuse-t-il, que "j'ai fini par faire carrière malgré moi dans la politique".
Devenu ministre, il s'efforce de trouver les moyens de faire fonctionner un système de santé et de protection sociale dont les difficultés vont grandissantes, d'autant que le gouvernement UPLD les avait encore accrues avec le fameux dispositif "Te Autaeaeraa" qui réduit les charges des entreprises sans que le Pays apporte la compensation promise.
Aujourd'hui, Jules Ienfa a décidé d'apporter son soutien au mouvement A Ti'a Porinetia.
Nous lui avons demandé de nous expliquer ce qui le motive.
Quelles sont vos motivations pour rejoindre A Ti'a Porinetia ?
Jules Ienfa : Ce qui s'est passé ces dernières années m'a un peu éloigné de la politique. Au point que j'en arrivais, comme certains de mes amis, à me demander si je n'allais pas m'abstenir aux prochaines élections. Mais quand j'ai vu la naissance de ce rassemblement, j'y ai cru de nouveau. A Ti'a Porinetia nous a rendu l'espoir. Et lorsque Teva Rohfritsch m'a proposé de me joindre au mouvement, je me suis posé la question suivante : "Est-ce que je peux regarder mon pays s'enfoncer en restant tranquillement sur la rive à regarder sans rien faire ? Si l'on vient me chercher c'est que je peux faire quelque chose pour l'aider."
C'est ainsi que j'ai répondu présent au grand rassemblement de lancement de la campagne, à la mairie de Pirae.
Et vous croyez que A Ti'a Porinetia peut réussir ?
Jules Ienfa : Oui, car je sens autour de moi, le même frémissement, le même espoir que celui qu'avait suscité To Tatou Ai'a en 2008. Mais cette fois, ça devient vraiment une alternative crédible, car nous aurons la stabilité garantie par une majorité forte, et nous ne serons plus à la merci de quelques maîtres chanteurs qui ont fait que le gouvernement n'a pas pu réussir les réformes entreprises à l'époque. Les leçons du passé récent ont été retenues.
Quelles sont à votre avis les attentes des Polynésiens ?
Jules Ienfa : Comme l'a dit Teva, l'emploi avant tout, j'en suis convaincu. Les idées qu'il a exposées me plaisent, en particulier celle que le rôle du gouvernement n'est pas de distribuer des emplois, mais de créer les conditions d'une reprise de l'économie qui va faire que les entreprises vont de nouveau créer des emplois. La seconde idée importante qu'il a exprimée, c'est qu'on ne pourra partager que les richesses que nous créerons.
Pensez-vous qu'un gouvernement conduit par Teva Rohfritsch sera en mesure de créer les conditions de cette relance économique ?
Jules Ienfa : Bien entendu. D'abord parce qu'il disposera de la stabilité institutionnelle. Ainsi, il aura le temps de mettre en place sa politique et de tenir ses engagements sans craindre un reversement de sa majorité. De plus cette stabilité ramènera la confiance chez les investisseurs, qui sont aujourd'hui sur la réserve.
Et puis, entre nous, Teva représente l'avenir, en plus d'être intelligent, compétent et travailleur. Je le sais pour avoir travaillé avec lui dans le dernier gouvernement de Gaston Tong Sang.
Face à la crise économique mondiale, la Polynésie peut-elle relever les défis que se présentent à elle ?
Jules Ienfa : Oui, mais pas seule. Le statut d'autonomie nous donne énormément de compétences, et donc de possibilités d'initiatives, mais il ne faut pas rêver. Nous ne pouvons nous passer de l'aide de la France. N'oublions pas les 180 milliards de francs qu'elle nous transfère chaque année. Sans ce soutien financier, comment pourrions-nous payer nos enseignants, les fonctionnaires d'Etat qui assurent notre sécurité, la recherche, etc...?
Mais est-ce que l'Etat n'attend-il pas aussi de nous que nous fassions des efforts ?
Jules Ienfa : Evidemment ! C'est pourquoi nous devons absolument tenir nos engagements de remplir les conditions du rapport Bolliet. Alors que la puissance publique devrait se désengager de l'initiative économique pour la laisser au privé, le gouvernement actuel fait le contraire en accordant 500 millions à ce consortium qui prend la place de la Maison de la perle, contre l'avis des professionnels. Et on ne sait trop encore combien va nous coûter ce projet d'élevage de thon à Hao, avec une mystérieuse société que l'on fait venir de Chine. Qui sont-ils exactement ? Est-ce que ce ne sont pas des gens qui viennent profiter des fonds que nous allons injecter dans leur projet ? La relance de l'économie doit venir de nos propres moyens, de nos investisseurs, de notre énergie, de notre jeunesse.
Vous qui avez été ministre de la Santé, ne pensez-vous pas, face aux problèmes graves que nous avons en la matière, qu'il serait plus sage de redonner cette compétence à l'Etat, comme le proposent les partisans de la départementalisation ?
Jules Ienfa : Je crois que nous pouvons l'assumer si nous faisons les réformes nécessaires et si nous obtenons de l'Etat qu'il tienne ses engagements. Il faut en effet se rappeler qu'il existe des conventions entre l'Etat et le Pays, prévoyant la mise à disposition par l'Etat de personnels CEAPF, essentiellement infirmiers, mais aussi une seconde relative à la mise à disposition de personnels médicaux. Actuellement, ces deux conventions méritent d'être redynamisées. Pour cela, il faut aller se battre à Paris, comme je l'ai fait chaque fois que j'ai assumé les fonctions de ministre. De même pour que les engagements du volet Santé du Contrat de projet soient tenus par Paris.
Il y va de la santé des Polynésiens, en particulier dans les îles éloignées où les structures de santé ont beaucoup de mal à fonctionner. Il nous faut aussi trouver les moyens de donner un grand coup d'accélérateur à ce qui doit être une priorité en matière de santé publique, la prévention. Une taxe affectée à cet effet, gérée par l'EPAP, garantissait un milliard et demi de francs par an. Cela permettait de mettre en place des actions de fond, sur une longue durée.
Le gouvernement Temaru a trouvé que c'était trop et en confisqué près de la moitié. Cela a cassé la prévention, alors qu'au contraire c'est une action déterminante pour réduire à terme les dépenses de santé, en particulier celles qui sont liées à l'obésité qui touche beaucoup d'enfants. Et cela a fait le lit des maladies non transmissibles comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires qui ruinent les caisses de l'assurance maladie.
N'oublions pas que ce que tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est pour nos enfants, nos petits enfants, et les générations futures.
Propos recueillis par LB
A TI'A PORINETIA
Le Rassemblement des Polynésiens
"Je sais soigner les gosses", s'est-il dit, "mais la politique, ce n'est pas mon truc."
Ayant accepté, après mûre réflexion, il s'est finalement pris au jeu. Au point de "replonger" lorsque Justin Arapari lui a demandé par la suite d'être son directeur de cabinet à la présidence de l'Assemblée. Ce fut pour lui une bonne expérience, qui est venue compléter celle vécue versant exécutif au ministère de la Santé. Et il y est resté cinq ans.
Jules Ienfa reprend ensuite du service à la direction de la Santé, comme directeur adjoint puis directeur, poste d'où il sera remercié par le président Oscar Temaru quelque temps plus tard.
Alors qu'il se prépare à retourner à ses chères consultations de nourrissons, Gaston Tong Sang fait appel à lui... Et c'est ainsi, s'amuse-t-il, que "j'ai fini par faire carrière malgré moi dans la politique".
Devenu ministre, il s'efforce de trouver les moyens de faire fonctionner un système de santé et de protection sociale dont les difficultés vont grandissantes, d'autant que le gouvernement UPLD les avait encore accrues avec le fameux dispositif "Te Autaeaeraa" qui réduit les charges des entreprises sans que le Pays apporte la compensation promise.
Aujourd'hui, Jules Ienfa a décidé d'apporter son soutien au mouvement A Ti'a Porinetia.
Nous lui avons demandé de nous expliquer ce qui le motive.
Quelles sont vos motivations pour rejoindre A Ti'a Porinetia ?
Jules Ienfa : Ce qui s'est passé ces dernières années m'a un peu éloigné de la politique. Au point que j'en arrivais, comme certains de mes amis, à me demander si je n'allais pas m'abstenir aux prochaines élections. Mais quand j'ai vu la naissance de ce rassemblement, j'y ai cru de nouveau. A Ti'a Porinetia nous a rendu l'espoir. Et lorsque Teva Rohfritsch m'a proposé de me joindre au mouvement, je me suis posé la question suivante : "Est-ce que je peux regarder mon pays s'enfoncer en restant tranquillement sur la rive à regarder sans rien faire ? Si l'on vient me chercher c'est que je peux faire quelque chose pour l'aider."
C'est ainsi que j'ai répondu présent au grand rassemblement de lancement de la campagne, à la mairie de Pirae.
Et vous croyez que A Ti'a Porinetia peut réussir ?
Jules Ienfa : Oui, car je sens autour de moi, le même frémissement, le même espoir que celui qu'avait suscité To Tatou Ai'a en 2008. Mais cette fois, ça devient vraiment une alternative crédible, car nous aurons la stabilité garantie par une majorité forte, et nous ne serons plus à la merci de quelques maîtres chanteurs qui ont fait que le gouvernement n'a pas pu réussir les réformes entreprises à l'époque. Les leçons du passé récent ont été retenues.
Quelles sont à votre avis les attentes des Polynésiens ?
Jules Ienfa : Comme l'a dit Teva, l'emploi avant tout, j'en suis convaincu. Les idées qu'il a exposées me plaisent, en particulier celle que le rôle du gouvernement n'est pas de distribuer des emplois, mais de créer les conditions d'une reprise de l'économie qui va faire que les entreprises vont de nouveau créer des emplois. La seconde idée importante qu'il a exprimée, c'est qu'on ne pourra partager que les richesses que nous créerons.
Pensez-vous qu'un gouvernement conduit par Teva Rohfritsch sera en mesure de créer les conditions de cette relance économique ?
Jules Ienfa : Bien entendu. D'abord parce qu'il disposera de la stabilité institutionnelle. Ainsi, il aura le temps de mettre en place sa politique et de tenir ses engagements sans craindre un reversement de sa majorité. De plus cette stabilité ramènera la confiance chez les investisseurs, qui sont aujourd'hui sur la réserve.
Et puis, entre nous, Teva représente l'avenir, en plus d'être intelligent, compétent et travailleur. Je le sais pour avoir travaillé avec lui dans le dernier gouvernement de Gaston Tong Sang.
Face à la crise économique mondiale, la Polynésie peut-elle relever les défis que se présentent à elle ?
Jules Ienfa : Oui, mais pas seule. Le statut d'autonomie nous donne énormément de compétences, et donc de possibilités d'initiatives, mais il ne faut pas rêver. Nous ne pouvons nous passer de l'aide de la France. N'oublions pas les 180 milliards de francs qu'elle nous transfère chaque année. Sans ce soutien financier, comment pourrions-nous payer nos enseignants, les fonctionnaires d'Etat qui assurent notre sécurité, la recherche, etc...?
Mais est-ce que l'Etat n'attend-il pas aussi de nous que nous fassions des efforts ?
Jules Ienfa : Evidemment ! C'est pourquoi nous devons absolument tenir nos engagements de remplir les conditions du rapport Bolliet. Alors que la puissance publique devrait se désengager de l'initiative économique pour la laisser au privé, le gouvernement actuel fait le contraire en accordant 500 millions à ce consortium qui prend la place de la Maison de la perle, contre l'avis des professionnels. Et on ne sait trop encore combien va nous coûter ce projet d'élevage de thon à Hao, avec une mystérieuse société que l'on fait venir de Chine. Qui sont-ils exactement ? Est-ce que ce ne sont pas des gens qui viennent profiter des fonds que nous allons injecter dans leur projet ? La relance de l'économie doit venir de nos propres moyens, de nos investisseurs, de notre énergie, de notre jeunesse.
Vous qui avez été ministre de la Santé, ne pensez-vous pas, face aux problèmes graves que nous avons en la matière, qu'il serait plus sage de redonner cette compétence à l'Etat, comme le proposent les partisans de la départementalisation ?
Jules Ienfa : Je crois que nous pouvons l'assumer si nous faisons les réformes nécessaires et si nous obtenons de l'Etat qu'il tienne ses engagements. Il faut en effet se rappeler qu'il existe des conventions entre l'Etat et le Pays, prévoyant la mise à disposition par l'Etat de personnels CEAPF, essentiellement infirmiers, mais aussi une seconde relative à la mise à disposition de personnels médicaux. Actuellement, ces deux conventions méritent d'être redynamisées. Pour cela, il faut aller se battre à Paris, comme je l'ai fait chaque fois que j'ai assumé les fonctions de ministre. De même pour que les engagements du volet Santé du Contrat de projet soient tenus par Paris.
Il y va de la santé des Polynésiens, en particulier dans les îles éloignées où les structures de santé ont beaucoup de mal à fonctionner. Il nous faut aussi trouver les moyens de donner un grand coup d'accélérateur à ce qui doit être une priorité en matière de santé publique, la prévention. Une taxe affectée à cet effet, gérée par l'EPAP, garantissait un milliard et demi de francs par an. Cela permettait de mettre en place des actions de fond, sur une longue durée.
Le gouvernement Temaru a trouvé que c'était trop et en confisqué près de la moitié. Cela a cassé la prévention, alors qu'au contraire c'est une action déterminante pour réduire à terme les dépenses de santé, en particulier celles qui sont liées à l'obésité qui touche beaucoup d'enfants. Et cela a fait le lit des maladies non transmissibles comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires qui ruinent les caisses de l'assurance maladie.
N'oublions pas que ce que tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est pour nos enfants, nos petits enfants, et les générations futures.
Propos recueillis par LB
A TI'A PORINETIA
Le Rassemblement des Polynésiens