Commune de Makemo : le torchon brûle entre Bruno Faatoa et Félix Tokoragi


La guerre est déclarée entre les deux élus
MAKEMO, le 15/08/2016 - Depuis plusieurs années, les élus des atolls des Tuamotu se déplacent en speedboat pour se rendre à leurs différents conseils municipaux, au sein de leur commune associée. À Makemo, la commune compte : Katiu, Raroia, Takume, Taenga et Mihiru. Aujourd'hui, un élu du conseil municipal monte au créneau pour dénoncer les conditions de leur déplacement.

Le prochain conseil municipal de Makemo se tiendra le vendredi 19 août, où les 18 élus débattront des différents projets de chaque atoll. Un moment important pour les membres du conseil municipal. Mais pour l'un d'eux le déplacement pourrait se compliquer.

En effet, Bruno Faatoa, élu de Takume, dénonce les conditions de déplacement pour se rendre à Makemo. "Ils veulent nous faire prendre un vieux bateau pourri et qui n'a même pas eu l'autorisation de navigation de la DPAM", confie-t-il. Des propos que dément formellement le maire de Makemo, Félix Tokoragi : "Tous nos speedboats ont leur immatriculation."

Autre fait dénoncé par Bruno Faatoa, la situation des pilotes qui n'est pas en règle. "Ils n'ont même pas leurs permis. C'est grave, moi qui ai mon permis bateau, je ne vais quand même pas m'installer dans ce speedboat à côté d'un gars qui n'a pas son permis. Et si le bateau se renverse, on fait comment ?", s'interroge-t-il.

TOUT EST FAIT DANS LES RÈGLES SELON LE MAIRE

"Les agents communaux qui pilotent les speedboat ont fait des formations. Mais ils ne peuvent transporter que les élus et les agents de la commune, pas les habitants", se défend le tāvana.

Un argument qui ne convainc pas l'élu de Takume. Bruno Faatoa a demandé à la mairie de financer son billet d'avion pour se rendre à Tahiti et repartir sur Makemo, parce qu'il ne veut rater ce conseil municipal pour rien au monde. "Je vais déposer un projet pour Takume. La construction d'un complexe pour nos jeunes", explique-t-il. "Actuellement nos manifestations, nous les faisons dans une salle de la paroisse catholique".

Mais pour financer ces billets d'avion, cela représenterait une dépense de 145 000 Fcfp pour la commune. "Nous ne pouvons pas nous permettre", assure Félix Tokoragi. "Depuis des années, les élus se déplacent avec le speedboat communal. Un moyen de déplacement mis en place, justement, pour réduire les dépenses de la commune".

À Makemo, les élus du conseil municipal se réunissent 6 à 7 fois par an, "ce qui représenterait 1 million de Fcfp pour financer le billet d'avion d'une personne. Les autres élus se débrouillent pour être présents", rétorque le tāvana de Makemo.

D'ailleurs, la commune envisage de se doter d'un bateau plus grand comme celui de Rangiroa. "Une navette qui pourra transporter 40 personnes, et qui sera aussi disponible pour la population. Pour son acquisition, il faudra investir 80 à 100 millions de Fcfp. Mais il faut que l'on discute avec l’État à ce sujet", prévient Félix Tokoragi. La question sera débattu lors du conseil municipal du 19 août.

Selon le maire, cinq agents communaux ont leur permis bateau. Un autre est actuellement en formation à Papeete, à la capitainerie pour y passer son brevet, qu'il devrait obtenir au mois de septembre.

Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 15 Aout 2016 à 09:00 | Lu 7033 fois