Communauté des Marquises : Joseph Kaiha prône l’unité


La CODIM (Communauté des Îles Marquises), présidée par le maire de l’île de Ua Pou Joseph Kaiha, s’est réunie la semaine dernière place Tō’atā. Etaient également invités le GIE Tahiti Tourisme et des tour-opérator venus du monde entier, pour débattre et échanger des idées sur le développement touristique de l’archipel de la Terre des Hommes.

« Benoît Kautai (maire de l’île de Nuku Hiva) et moi-même avons mis deux ans pour finaliser la construction de la case marquisienne ! » expliquait Joseph Kaiha, au micro de Tahiti-Infos. Il faisait, ici, allusion à la mise en place de la communauté des îles Marquises. Le fait de faire la comparaison avec la création des îles marquises par le dieu Oatea, pour son épouse Atanua, donnait une dimension culturelle à cette réunion.

Pour Joseph Kaiha, maire de l’île de Ua Pou, reformer l’unité marquisienne au travers de la légende de la création des îles marquises est un moyen de proposer un véritable projet de développement pour les 60 prochaines années. « Nous sommes partis sur ce principe de la construction de la case marquisienne qui est, en soi, une légende, pour constituer la communauté des communes marquisienne. » Pour le maire de l’île aux piliers, l’importance est d’œuvrer à partir de la culture et non l’inverse.

La rencontre avec les professionnels du tourisme, notamment par la présence de Anne Sophie Lesur, la directrice du GIE Tahiti Tourisme, a permis de mettre en exergue les problématiques du tourisme aux marquises. « J’ai eu l’occasion de me rendre dans ce superbe archipel. J’ai beaucoup discuté, notamment avec un prestataire de service. Et c’est là que j’ai vu qu’il était primordial de mettre en place un système d’accompagnement et de suivi, car ils avaient de grandes difficultés. Notre rôle sera de mettre en place un plan de redynamisation de la destination via notre réseau réparti dans le monde. Avec le maire Joseph Kaiha, nous avons décidé de tout nous dire, même les choses qui fâchent. L’objectif est, avant tout, de faire mieux et d’explorer des pistes pour faciliter les échanges et les idées. » insistait-elle, complétant ainsi les propos du maire.

Bien que n’étant pas prévue, cette réunion qualifiée de « rencontre » par les divers acteurs du secteur touristique présents ce soir-là, a permis de mieux appréhender les possibilités futures à envisager sur du moyen et long terme. Kaòha nui tō te henua ènana !

TP



Illustration de Max Radiguet
Contruction de l’archipel des îles marquises, ce que dit la légende…

Pour résumer l’éxistence de la CODIM, il s’agirait de constituer un groupe de réflexion autour de plusieurs thèmes de développement de l’archipel, ce que d’ailleurs Joseph Kaiha nomme « le schéma de développement ». Chaque élément réfléchi et qui aboutirait à une action ou un projet contribuerait quelque part à l’édification de la société marquisienne de demain. Par extrapolation, chaque action serait un des éléments constitutifs de la case marquisienne, et donc, de l’utilité de cette fameuse communauté des communes marquisiennes.

La légende la plus répandue aux îles marquises, veut qu’un jour, à l’époque des temps immémoriaux, un couple du panthéon polynésien commençait à se lasser d’errer ici et là, dans les cieux. Comme les mortels, ils voulaient construire un foyer. La femme, Atanua, pria instamment son époux de construire une case à un endroit qu’elle choisit.

C’est ainsi que Oatea implora l’aide du « mana » (force reconnue et respectée de tous les polynésiens). De là, il planta deux poteaux dans les nuages. L’on entendait alors sa voix puissante s’écrier : « e tahi pou…e Ua Pou » ( et voici un pilier, puis un second) Ainsi naquit l’île de Ua Pou. De par ce premier geste symbolique, Oatea marquera l’esprit de toutes les générations marquisiennes. Aujourd’hui, tous s’accordent à dire que l’île de Ua pou est le fondement de la création des îles marquises.

Vint ensuite la poutre faitière (Hiva Oa) posée au dessus des poteaux en question, de la charpente (Nuku Hiva) puis de la couverture en palmes de cocotiers (Fatu Iva). C’est là le nom réel de cette petite île située au sud de l’archipel marquisien. Oatea aurait utilisé 9 palmes de cocotiers pour confectionner la couverture du toit, d’où l’utilisation du nom « iva » qui désigne le chiffre 9, plutôt que « Hiva » qui signifie poûtre.

Mais au fur et à mesure que la maison se dressait, le jour se levait. Atanua prévint son mari que le soleil commençait son ascension. Elle dit alors « Voici que le soleil apparait ! » (« ‘Eia te ata e tahu ana ») d’où naquit l’île de Tahuata. Oatea accelérait les finitions, en ramassant les débris qui gisaient un peu partout. Il fit un trou dans lequel il jeta ces derniers, ‘Ua Huka fut donc créée (Ua Huka se traduit littéralement Ua – Trou et Huka – débris ou saletés ou rejet, mais cela n’enlève en rien le charme de cette île également nommée « l’Île aux chevaux").

Le ciel devint clair, c’était le signe que le jour se levait rapidement. Oatea s’écria à trois reprises : « ça y est, le jour se lève ( dans le sens où il est en train de se lever)il se lève, il se lève ! » (« Ua ao, ‘ua ao, ‘ua ao te henua ènana ! » ainsi apparut l’île de ‘Eiao.

En dernier lieu, le couple entendit des oiseaux qui survolaient la case toute neuve. Oatea s’écria : « Voici que j’entends le Moho chanter ! » (« ‘Eia te Moho e tani ana ! »). La dernière île fut donc Mohotani, située face de l’île de Hiva Oa. Cette îlot difficile d'accès est pourtant très fréquenté par les chasseurs du Sud de l’archipel, car il abrite une colonie de moutons.

(NB : cette version a été simplifiée pour une meilleure compréhension et ne représente qu’une des 24 versions recensées dans l’archipel marquisien.)

TP

Rédigé par TP le Mardi 10 Septembre 2013 à 15:25 | Lu 2376 fois