STRASBOURG, jeudi 20 janvier 2011 (Flash d'Océanie) – Le Parlement européen a adopté mercredi en séance plénière le principe d’un « feu vert » en vue conclure un accord de partenariat économique (APE), sur une base intérimaire, avec deux des plus grandes économies du Pacifique insulaire : Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a annoncé cette institution dans un communiqué.
Les eurodéputés ont motivé leur choix par le fait que ces deux pays « réalisent d'importantes exportations vers l'UE ».
Ces accords sont toutefois intérimaires, en attendant qu’un pacte à vocation régionale, signé avec le bloc océanien réuni sous l’égide du Forum des Îles du Pacifique (FIP), soit finalisé.
Le processus de négociation de ces « Accords de Partenariat Économique » (APE) avait été lancé en 2006 par le commissaire européen au commerce de l’époque, Pascal Lamy.
Mais depuis, les pays du Pacifique ont exprimé des réserves en demandant notamment que les « spécificités » de leur région, ainsi que la petite taille de leurs économies soient pris en compte.
Les eurodéputés notent par ailleurs que « la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la République des Îles Fidji – les deux pays ACP du Pacifique qui exportent en quantités significatives vers l'Union européenne – sont jusqu'à présent les seuls membres de la région du Pacifique à avoir conclu l'accord, tandis que d'autres pays de ce groupement régional ont, en raison de leur faible niveau d'échanges de marchandises avec l'Union, choisi de ne pas le signer ».
Ces APE, sous-tendus par la doctrine qui pose le commerce comme moteur du développement, sont censés succéder au régime préférentiel d’achat pratiqué par l’UE, dans le cadre de la série des accords de Lomé (I à IV), puis de Cotonou et qui avait été jugé non conforme à un nouvel environnement tel que décrit par l’Organisation Mondiale du Commerce.
L’UE estime que « les accords de partenariat économique (APE) sont des accords compatibles avec les règles de l'OMC, qui visent à favoriser l'intégration régionale et l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale, de manière à encourager le développement durable de l'économie et de la société dans ces pays et à contribuer à l'ensemble des efforts accomplis pour y éradiquer la pauvreté ».
Le sucre fidjien en sursis
La décision de mercredi des eurodéputés fait référence à cette évolution en rappelant que « depuis le 1er janvier 2008, les relations commerciales que l'Union européenne entretenait avec les États ACP, qui accordaient à ces derniers un accès préférentiel aux marchés de l'Union sans que cela soit réciproque, ne satisfont plus aux règles de l'OMC ».
Pour Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les échanges avec l’UE, à des conditions toujours préférentielles, impliquant un accès préférentiel au marché européen, concernent principalement le poisson et, pour Fidji, le sucre.
Mais ce secteur connaît depuis plusieurs années une crise sans précédent et est considéré par les observateurs comme étant à l’agonie.
De surcroît, après le coup d’État mené par le Contre-amiral (depuis Premier ministre) Franck Bainimarama, le 5 décembre 2006, l’UE a gelé des centaines de millions d’euros destinés à l’origine spécifiquement à une aide à la reconversion de ce secteur sinistré.
À ce propos, confirmant le lien entre commerce, aide au développement et diplomatie, les eurodéputés ont « souligné que tout APE régional doit être subordonné à l'approbation, par toutes les forces politiques concernées de la République des Îles Fidji, d'une feuille de route en vue d'élections démocratiques ».
Ils ont aussi « engagé les Îles Fidji à prendre en compte les recommandations de la communauté internationale et à mettre en œuvre les pratiques de bonne gouvernance » et « estimé que des mesures en ce sens devraient permettre le versement aux Îles Fidji de l'aide financière au secteur du sucre; est conscient que ce pays a grandement besoin des sommes en question pour soutenir le secteur du sucre, source essentielle d'emplois ».
Précieux thon du Pacifique
Concernant le poisson et plus particulièrement le thon du Pacifique en provenance de ces deux pays, les eurodéputés ont pour leur part exprimé, simultanément à leur vote, des « préoccupations » au sujet de « l'impact qu'un accord aurait sur la solidarité régionale et l'intégration économique dans la région du Pacifique. Une deuxième résolution non contraignante met en exergue les conséquences de l'accord pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Iles Fidji en termes de relations commerciales avec les deux plus proches et principaux partenaires commerciaux, de l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que les conséquences sur l'industrie de la pêche, et les industries de conserveries et de transformation. Plus précisément, les députés se déclarent inquiets à propos de la décision de la Papouasie-Nouvelle-Guinée de déroger aux règles sur l'origine des produits transformés de la pêche, qui a fait de ce pays "une véritable usine" de transformation en conserve du thon en provenance de pays comme les Philippines, la Thaïlande, la Chine, les États-Unis et l'Australie. Cela peut avoir un effet déstabilisateur sur l'industrie de l'UE de poisson en conserve, s'inquiètent les députés qui demandent à la Commission de suspendre les dispositions exceptionnelles sur les règles d'origine si un rapport d'évaluation de l'UE prévu pour 2011 montre un effet déstabilisateur sur l'industrie européenne », estiment les parlementaires.
Le Parlement européen relève également que « l'APE intérimaire a donné lieu en Papouasie-Nouvelle-Guinée au développement de projets industriels comme la zone industrielle maritime du Pacifique à Madang, où il est prévu de produire, en deux ans, plus de 400.000 tonnes de conserves de thon » tout en observant « avec préoccupation avec préoccupation les données de la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central montrant l'augmentation de la capacité de pêche des pays tiers dans ces eaux du Pacifique et, donc, le risque de pêche illégale, non déclarée et non réglementée et de surpêche, et ce au détriment du développement durable du secteur de la pêche à l'échelle locale ».
Toujours au chapitre de la gestion des ressources halieutiques en Océanie, les eurodéputés ont d’ailleurs, toujours mercredi, « invité la Commission (européenne) à présenter au Parlement, dans les meilleurs délais, un rapport sur ces aspects particuliers du secteur de la pêche dans les États du Pacifique ainsi que sur la gestion des stocks de poissons dans le Pacifique, notamment quant aux pratiques de développement durable ».
Fidji à nouveau UE-compatible
En matière d’export du poisson, Fidji a finalement reçu récemment un autre feu vert, en fin d’année 2010 : une visite des services vétérinaires et alimentaires européens, venue sur place en mode inspection en septembre 2010, a finalement jugé à nouveau UE-compatible le poisson produit et traité à Fidji, a annoncé le ministre fidjien des affaires étrangères Ratu Inoke Kubuabola.
Fidji avait été suspendu de ce cahier des charges en 200, pour raisons d’insuffisance des services phytosanitaires, perdant alors à l’époque un marché à l’export d’une valeur estimée à près d’une cinquantaine de millions d’euros par an.
Reprise souhaitée des exportations de kava vers l’Europe
Lors d’une récente rencontre avec les représentants à Fidji de la France et du Royaume-Uni (les deux pays membres de l’UE représentés à Fidji), le 10 janvier 20111, en mode bilatéral, le gouvernement fidjien, représenté par son directeur de cabinet au ministère de l’agriculture, le Colonel Mason Smith, a aussi soulevé l’épineuse question d’un autre « feu vert » attendu depuis dix ans à Fidji et dans toute la région, y compris le voisin Vanuatu : il concerne la reprise des exportations des racines de kava (piper methysticum, famille du poivrier), ingrédient principal dans la concoction d’une boisson relaxante très répandue dans le Pacifique et dont un élan, sous forme manufacturée vers l’Europe, avait été stoppé net au début des années 2000 en raison de l’apparition de plusieurs cas mortels d’hépatite fulminante (y compris en Allemagne).
Plusieurs enquêtes, depuis, ont établi la nécessité, en cas de reprise de cette filière, de mieux contrôler l’origine et la qualité des racines broyées.
« Les questions soulevées ont concerné la formation au sein du département (fidjien) de l’agriculture et du département des pêches et des forêts, l’acquisition de compétences techniques pour mettre à jour nos législations et ainsi mieux accéder aux marchés (européens), a estimé le Colonel à l’issue de son entrevue avec les deux diplomates, le Britannique Mac McLachlan (Haut-commissaire -ambassadeur- à Fidji) et l’Ambassadeur français Gilles Montagnier.
En novembre 2010, la délégation régionale de l’Union Européenne pour le Pacifique, basée à Suva, organisait par ailleurs un atelier de formation spécifiquement destiné aux exportateurs locaux afin de leur permettre de prendre connaissance des formalités et conditions à remplir en vue de mieux accéder aux marchés européens.
En guise de suivi, cette délégation régionale a aussi annoncé la création d’un « Bureau d’aide à l’Export » (Export Helpdesk), dont la tâche est de venir en aide et de répondre aux questions des acteurs locaux candidats à l’export vers l’UE.
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Les eurodéputés ont motivé leur choix par le fait que ces deux pays « réalisent d'importantes exportations vers l'UE ».
Ces accords sont toutefois intérimaires, en attendant qu’un pacte à vocation régionale, signé avec le bloc océanien réuni sous l’égide du Forum des Îles du Pacifique (FIP), soit finalisé.
Le processus de négociation de ces « Accords de Partenariat Économique » (APE) avait été lancé en 2006 par le commissaire européen au commerce de l’époque, Pascal Lamy.
Mais depuis, les pays du Pacifique ont exprimé des réserves en demandant notamment que les « spécificités » de leur région, ainsi que la petite taille de leurs économies soient pris en compte.
Les eurodéputés notent par ailleurs que « la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la République des Îles Fidji – les deux pays ACP du Pacifique qui exportent en quantités significatives vers l'Union européenne – sont jusqu'à présent les seuls membres de la région du Pacifique à avoir conclu l'accord, tandis que d'autres pays de ce groupement régional ont, en raison de leur faible niveau d'échanges de marchandises avec l'Union, choisi de ne pas le signer ».
Ces APE, sous-tendus par la doctrine qui pose le commerce comme moteur du développement, sont censés succéder au régime préférentiel d’achat pratiqué par l’UE, dans le cadre de la série des accords de Lomé (I à IV), puis de Cotonou et qui avait été jugé non conforme à un nouvel environnement tel que décrit par l’Organisation Mondiale du Commerce.
L’UE estime que « les accords de partenariat économique (APE) sont des accords compatibles avec les règles de l'OMC, qui visent à favoriser l'intégration régionale et l'intégration progressive des pays ACP dans l'économie mondiale, de manière à encourager le développement durable de l'économie et de la société dans ces pays et à contribuer à l'ensemble des efforts accomplis pour y éradiquer la pauvreté ».
Le sucre fidjien en sursis
La décision de mercredi des eurodéputés fait référence à cette évolution en rappelant que « depuis le 1er janvier 2008, les relations commerciales que l'Union européenne entretenait avec les États ACP, qui accordaient à ces derniers un accès préférentiel aux marchés de l'Union sans que cela soit réciproque, ne satisfont plus aux règles de l'OMC ».
Pour Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les échanges avec l’UE, à des conditions toujours préférentielles, impliquant un accès préférentiel au marché européen, concernent principalement le poisson et, pour Fidji, le sucre.
Mais ce secteur connaît depuis plusieurs années une crise sans précédent et est considéré par les observateurs comme étant à l’agonie.
De surcroît, après le coup d’État mené par le Contre-amiral (depuis Premier ministre) Franck Bainimarama, le 5 décembre 2006, l’UE a gelé des centaines de millions d’euros destinés à l’origine spécifiquement à une aide à la reconversion de ce secteur sinistré.
À ce propos, confirmant le lien entre commerce, aide au développement et diplomatie, les eurodéputés ont « souligné que tout APE régional doit être subordonné à l'approbation, par toutes les forces politiques concernées de la République des Îles Fidji, d'une feuille de route en vue d'élections démocratiques ».
Ils ont aussi « engagé les Îles Fidji à prendre en compte les recommandations de la communauté internationale et à mettre en œuvre les pratiques de bonne gouvernance » et « estimé que des mesures en ce sens devraient permettre le versement aux Îles Fidji de l'aide financière au secteur du sucre; est conscient que ce pays a grandement besoin des sommes en question pour soutenir le secteur du sucre, source essentielle d'emplois ».
Précieux thon du Pacifique
Concernant le poisson et plus particulièrement le thon du Pacifique en provenance de ces deux pays, les eurodéputés ont pour leur part exprimé, simultanément à leur vote, des « préoccupations » au sujet de « l'impact qu'un accord aurait sur la solidarité régionale et l'intégration économique dans la région du Pacifique. Une deuxième résolution non contraignante met en exergue les conséquences de l'accord pour la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Iles Fidji en termes de relations commerciales avec les deux plus proches et principaux partenaires commerciaux, de l'Australie et la Nouvelle-Zélande, ainsi que les conséquences sur l'industrie de la pêche, et les industries de conserveries et de transformation. Plus précisément, les députés se déclarent inquiets à propos de la décision de la Papouasie-Nouvelle-Guinée de déroger aux règles sur l'origine des produits transformés de la pêche, qui a fait de ce pays "une véritable usine" de transformation en conserve du thon en provenance de pays comme les Philippines, la Thaïlande, la Chine, les États-Unis et l'Australie. Cela peut avoir un effet déstabilisateur sur l'industrie de l'UE de poisson en conserve, s'inquiètent les députés qui demandent à la Commission de suspendre les dispositions exceptionnelles sur les règles d'origine si un rapport d'évaluation de l'UE prévu pour 2011 montre un effet déstabilisateur sur l'industrie européenne », estiment les parlementaires.
Le Parlement européen relève également que « l'APE intérimaire a donné lieu en Papouasie-Nouvelle-Guinée au développement de projets industriels comme la zone industrielle maritime du Pacifique à Madang, où il est prévu de produire, en deux ans, plus de 400.000 tonnes de conserves de thon » tout en observant « avec préoccupation avec préoccupation les données de la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central montrant l'augmentation de la capacité de pêche des pays tiers dans ces eaux du Pacifique et, donc, le risque de pêche illégale, non déclarée et non réglementée et de surpêche, et ce au détriment du développement durable du secteur de la pêche à l'échelle locale ».
Toujours au chapitre de la gestion des ressources halieutiques en Océanie, les eurodéputés ont d’ailleurs, toujours mercredi, « invité la Commission (européenne) à présenter au Parlement, dans les meilleurs délais, un rapport sur ces aspects particuliers du secteur de la pêche dans les États du Pacifique ainsi que sur la gestion des stocks de poissons dans le Pacifique, notamment quant aux pratiques de développement durable ».
Fidji à nouveau UE-compatible
En matière d’export du poisson, Fidji a finalement reçu récemment un autre feu vert, en fin d’année 2010 : une visite des services vétérinaires et alimentaires européens, venue sur place en mode inspection en septembre 2010, a finalement jugé à nouveau UE-compatible le poisson produit et traité à Fidji, a annoncé le ministre fidjien des affaires étrangères Ratu Inoke Kubuabola.
Fidji avait été suspendu de ce cahier des charges en 200, pour raisons d’insuffisance des services phytosanitaires, perdant alors à l’époque un marché à l’export d’une valeur estimée à près d’une cinquantaine de millions d’euros par an.
Reprise souhaitée des exportations de kava vers l’Europe
Lors d’une récente rencontre avec les représentants à Fidji de la France et du Royaume-Uni (les deux pays membres de l’UE représentés à Fidji), le 10 janvier 20111, en mode bilatéral, le gouvernement fidjien, représenté par son directeur de cabinet au ministère de l’agriculture, le Colonel Mason Smith, a aussi soulevé l’épineuse question d’un autre « feu vert » attendu depuis dix ans à Fidji et dans toute la région, y compris le voisin Vanuatu : il concerne la reprise des exportations des racines de kava (piper methysticum, famille du poivrier), ingrédient principal dans la concoction d’une boisson relaxante très répandue dans le Pacifique et dont un élan, sous forme manufacturée vers l’Europe, avait été stoppé net au début des années 2000 en raison de l’apparition de plusieurs cas mortels d’hépatite fulminante (y compris en Allemagne).
Plusieurs enquêtes, depuis, ont établi la nécessité, en cas de reprise de cette filière, de mieux contrôler l’origine et la qualité des racines broyées.
« Les questions soulevées ont concerné la formation au sein du département (fidjien) de l’agriculture et du département des pêches et des forêts, l’acquisition de compétences techniques pour mettre à jour nos législations et ainsi mieux accéder aux marchés (européens), a estimé le Colonel à l’issue de son entrevue avec les deux diplomates, le Britannique Mac McLachlan (Haut-commissaire -ambassadeur- à Fidji) et l’Ambassadeur français Gilles Montagnier.
En novembre 2010, la délégation régionale de l’Union Européenne pour le Pacifique, basée à Suva, organisait par ailleurs un atelier de formation spécifiquement destiné aux exportateurs locaux afin de leur permettre de prendre connaissance des formalités et conditions à remplir en vue de mieux accéder aux marchés européens.
En guise de suivi, cette délégation régionale a aussi annoncé la création d’un « Bureau d’aide à l’Export » (Export Helpdesk), dont la tâche est de venir en aide et de répondre aux questions des acteurs locaux candidats à l’export vers l’UE.
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