Comment s'adapter à la montée des eaux


Tahiti, le 21 février 2024 - Adapter les villes du Pacifique à l'élévation du niveau de la mer. C'est l'objet du rapport publié par Sea'ties qui, après plusieurs années d'échange avec les scientifiques et les acteurs locaux, fait des recommandations pour surmonter ces défis. Particulièrement vulnérable face à la montée des eaux, la Polynésie française est en première ligne avec ses 118 îles.
 
Sea'ties est une initiative internationale de la plateforme Océan & Climat lancée en 2020 pour faciliter l'élaboration de politiques publiques et la mise en œuvre de solutions d'adaptation pour les villes côtières exposées à la montée des eaux. Elle mobilise des villes de taille moyenne présentant une diversité de contextes climatiques évidemment, mais aussi géographiques, sociaux, économiques et politiques.
 
Comment se préparer face à l'inexorable ? Comment adapter les villes côtières à la hausse du niveau de la mer qui s'élève en moyenne à 4 millimètres par an ? C'est donc en substance la problématique soulevée par Sea'ties depuis plusieurs années.
 
Pour tenter d'apporter des réponses, les membres de Sea'ties ont échangé pendant quatre ans avec les acteurs locaux et la communauté scientifique (océanographes, physiciens, historiens, géographes, écologues, biologistes, économistes, sociologues ou juristes). Les recommandations politiques que Sea’ties vient de publier dans un rapport pour adapter les villes côtières à l'élévation du niveau de la mer s'appuient ainsi sur l'expertise scientifique et les expériences de terrain de plus de 230 acteurs.
 
Renforcer les connaissances et mieux anticiper
 
Ce n'est pas un scoop, face au changement climatique et à la montée des eaux, les villes du Pacifique sont au premier plan et la Polynésie française est particulièrement vulnérable. L'île de Tuvalu par exemple, avec 26 km2 et à peine 11 000 habitants, pourrait tout simplement disparaître de la carte. On le sait, l'élévation du niveau de la mer a été trois fois plus rapide dans le Pacifique que la moyenne mondiale et les risques de cyclones y sont bien plus intenses. Comme aux Tuamotu-Gambier notamment, qui sont également très exposés et sans doute les plus menacés des cinq archipels de Polynésie. Une réorganisation et un redéploiement des populations vers des îles hautes finiront par s'imposer à long terme.
 
Parmi les recommandations préconisées, on relèvera notamment la nécessité d'approfondir nos connaissances : en effet, le manque de recherches dédiées et de données locales entrave l'évaluation précise des risques et la conception de stratégies d'adaptation sur mesure. Le retour d'expérience doit aussi être mieux encadré pour valoriser ces connaissances justement et améliorer notre compréhension des changements océaniques et côtiers.
 
Des projets d'adaptation qui sont par ailleurs souvent conduits par des acteurs externes et qui ne s'appuient pas assez sur les populations locales, pourtant à même d'apporter des solutions à long terme.
 
Le long terme, c'est justement une autre problématique car les îles du Pacifique sont souvent contraintes d'agir dans l'urgence ou en réaction plutôt qu'en prévention du risque. S'adapter, c'est donc anticiper en restant flexible tout en s'attachant à intégrer la justice sociale dans toutes les prises de décision. Enfin, reste un point primordial, le nerf de la guerre : l'argent. Il est évident que les villes côtières ne peuvent supporter seules le coût de cette adaptation et qu'elles doivent s'appuyer sur un modèle financier basé sur la solidarité.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 21 Février 2024 à 14:05 | Lu 1924 fois