Tahiti, le 25 mars 2021 – Alors que le Covid a confronté du jour au lendemain, enfants, parents et enseignants aux défis de la classe à distance, les assises du numérique éducatif organisées par le ministère de l’Éducation sur trois jours doivent permettre de tirer profit du retour d’expérience. Il s’agit de mettre le numérique au service de l’éducation et réussir à combiner les ouvrages scolaires avec le digital.
Si l’école n’a pas attendu le Covid pour s’interroger sur la place à donner au numérique, la pandémie a accéléré la transition. Les autorités éducatives du fenua le reconnaissent. Quand la crise est arrivée, "nous n’y étions pas préparés, nous n’avions pas de mode d’emploi", a introduit hier le vice-recteur, Philippe Lacombe, aux assises du numérique éducatif de Polynésie française. Trois jours de conférences, d’ateliers et de tables rondes. Et puisqu’il s’agit de numérique, la Direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) a sorti les grands moyens pour que tout le dispositif soit filmé en live et relayés sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de montrer l’exemple et surtout de partager au plus grand nombre le vaste retour d’expérience suscité par la crise. Car lorsque le 19 mars 2020, le fenua est mis sous cloche et qu’un confinement intervient le lendemain, c’est tout le système éducatif qui est propulsé dans le grand bain de la continuité pédagogique. Du jour au lendemain, enfants, parents et enseignants se retrouvent confrontés aux défis de la classe à distance.
"On s’est bien rendu compte qu’on avait des failles dans le dispositif de continuité pédagogique", confie la ministre de l’Éducation, Christelle Lehartel. "Il s’est avéré qu’on avait besoin de faire ces assises pour qu’ensemble on puisse trouver des outils pour tous." D’où l’objectif visé de "dégager un projet fédérateur" afin "d’engager notre système éducatif dans une transformation numérique au service de la réussite scolaire de la Polynésie".
Il ne s’agit pas non plus de prendre un virage 100% numérique, "ce n’est pas le but. Le numérique a ses limites et doit d’abord rester un outil pédagogique et non une fin en soi", insiste la ministre. Par ailleurs, l’expérience du confinement a montré "la nécessité de conserver toute forme d’apprentissage, comme la lecture, l’utilisation des cahiers et des livres. C’est un outil qui doit être au service des élèves, des parents et des enseignants", poursuit la ministre. Le vice-recteur, lui, veut encore croire à la "complémentarité entre le papier, les livres et les ouvrages scolaires et le numérique".
Ainsi devenu un enjeu de société, le digital n’est pas pour autant éducatif en soi. "Un peu comme la télévision, le téléphone et le minitel hier, ou le smartphone et les réseaux sociaux aujourd’hui. Vous pouvez y trouver le meilleur comme le pire", rappelle le vice-recteur. "Il faut faire du numérique, mais du numérique éducatif, cela ne va pas de soi."
Si l’école n’a pas attendu le Covid pour s’interroger sur la place à donner au numérique, la pandémie a accéléré la transition. Les autorités éducatives du fenua le reconnaissent. Quand la crise est arrivée, "nous n’y étions pas préparés, nous n’avions pas de mode d’emploi", a introduit hier le vice-recteur, Philippe Lacombe, aux assises du numérique éducatif de Polynésie française. Trois jours de conférences, d’ateliers et de tables rondes. Et puisqu’il s’agit de numérique, la Direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) a sorti les grands moyens pour que tout le dispositif soit filmé en live et relayés sur les réseaux sociaux.
Il s’agit de montrer l’exemple et surtout de partager au plus grand nombre le vaste retour d’expérience suscité par la crise. Car lorsque le 19 mars 2020, le fenua est mis sous cloche et qu’un confinement intervient le lendemain, c’est tout le système éducatif qui est propulsé dans le grand bain de la continuité pédagogique. Du jour au lendemain, enfants, parents et enseignants se retrouvent confrontés aux défis de la classe à distance.
"On s’est bien rendu compte qu’on avait des failles dans le dispositif de continuité pédagogique", confie la ministre de l’Éducation, Christelle Lehartel. "Il s’est avéré qu’on avait besoin de faire ces assises pour qu’ensemble on puisse trouver des outils pour tous." D’où l’objectif visé de "dégager un projet fédérateur" afin "d’engager notre système éducatif dans une transformation numérique au service de la réussite scolaire de la Polynésie".
"Le numérique a ses limites et doit d’abord rester un outil pédagogique"
Il ne s’agit pas non plus de prendre un virage 100% numérique, "ce n’est pas le but. Le numérique a ses limites et doit d’abord rester un outil pédagogique et non une fin en soi", insiste la ministre. Par ailleurs, l’expérience du confinement a montré "la nécessité de conserver toute forme d’apprentissage, comme la lecture, l’utilisation des cahiers et des livres. C’est un outil qui doit être au service des élèves, des parents et des enseignants", poursuit la ministre. Le vice-recteur, lui, veut encore croire à la "complémentarité entre le papier, les livres et les ouvrages scolaires et le numérique".
Ainsi devenu un enjeu de société, le digital n’est pas pour autant éducatif en soi. "Un peu comme la télévision, le téléphone et le minitel hier, ou le smartphone et les réseaux sociaux aujourd’hui. Vous pouvez y trouver le meilleur comme le pire", rappelle le vice-recteur. "Il faut faire du numérique, mais du numérique éducatif, cela ne va pas de soi."
96% des internautes polynésiens sur les réseaux sociaux
En témoigne l’usage des outils numérique en Polynésie. "Ce qu’on fait le plus, c’est regarder des vidéos en streaming gratuit", indique Karl Tefaatau, à la tête de la Direction générale de l’économie numérique. Ce qu’on fait le moins ? "Lire la presse, notamment lorsqu’elle est payante." Lire sur internet d’ailleurs, "on ne le fait pas". En revanche, on passe énormément de temps sur les réseaux sociaux : 96% des internautes polynésiens y sont abonnés et de manière écrasante sur YouTube et Facebook. Les deux géants de la Silicon valley concentrent effectivement, à part égale, 74% des internautes (contre 60% à l’échelle nationale) et 55% y consacrent au moins une heure par jour.
À l’inverse, on n’y écrit pas beaucoup. "On met un 'j’aime' ou on partage, mais on n’est pas tellement impliqué, on est dans une logique d’observation. De manière générale, on a une approche assez passive par rapport au réseaux sociaux", commente le directeur. Ce qui explique par ailleurs le piètre succès en Polynésie de Twitter, plus populaire auprès des CSP+, les catégories socio-professionnelles favorisées. "Certainement parce qu’il faut savoir écrire et écrire court", en déduit Karl Tefaatau.
Pas question pour autant, selon lui, d’écarter les réseaux sociaux. "Il faut à la fois soutenir leur utilisation et les combattre, parce que d’un côté, ce sont des vecteurs pour rester en contact avec les jeunes et qu’on ne peut pas faire sans, mais d'un autre côté, on va aussi y trouver de tout et n’importe quoi."
Mais au-delà des usages, se pose la question d’un accès au numérique. La Polynésie a beau disposer d’un important maillage scolaire (236 écoles primaires, 33 collèges, 15 lycées) malgré l’étendue de son territoire, les îles les moins peuplées et les plus éloignées présentent de nombreux problèmes d’accès, tandis que des classes multiniveaux demandent aux enseignants de plus fortes capacités d’adaptation.
20 ans de retard scolaire sur l’hexagone
Des inégalités sociales que la crise est venue encore creuser. Selon un rapport de la cour territoriale des comptes, la Polynésie accuse déjà un retard scolaire d'environ 20 ans sur l’hexagone, "soit l'équivalent d'une génération". Sans surprise, le phénomène de déscolarisation précoce touche principalement les élèves issus de milieux modestes. "Rappelons que le premier bachelier polynésien est intervenu en 1970. Le retard à l’allumage, on est en train de le rattraper, mais on ne pourra pas construire des écoles dans toutes les vallées de toutes les îles", positive Philippe Lacombe.
Plus le choix donc, si ce n’est la qualité du numérique éducatif. "Mais qui en est garant ? On travaille dessus au quotidien, mais avec les familles, les tāvana et les partenaires éducatifs il faut édicter des règles de fonctionnement", poursuit le vice-recteur. Et si "l’ensemble du système a été ébranlé", la crise a également mis en lumière l’incroyable "capacité d’implication et d’innovation de tout le personnel", salue le responsable. "Des efforts collectifs méritoires parce qu’ils ont maintenu du lien" et répondu à la priorité des autorités éducatives : "Maintenir un système éducatif en ordre de marche."
À l’inverse, on n’y écrit pas beaucoup. "On met un 'j’aime' ou on partage, mais on n’est pas tellement impliqué, on est dans une logique d’observation. De manière générale, on a une approche assez passive par rapport au réseaux sociaux", commente le directeur. Ce qui explique par ailleurs le piètre succès en Polynésie de Twitter, plus populaire auprès des CSP+, les catégories socio-professionnelles favorisées. "Certainement parce qu’il faut savoir écrire et écrire court", en déduit Karl Tefaatau.
Pas question pour autant, selon lui, d’écarter les réseaux sociaux. "Il faut à la fois soutenir leur utilisation et les combattre, parce que d’un côté, ce sont des vecteurs pour rester en contact avec les jeunes et qu’on ne peut pas faire sans, mais d'un autre côté, on va aussi y trouver de tout et n’importe quoi."
Mais au-delà des usages, se pose la question d’un accès au numérique. La Polynésie a beau disposer d’un important maillage scolaire (236 écoles primaires, 33 collèges, 15 lycées) malgré l’étendue de son territoire, les îles les moins peuplées et les plus éloignées présentent de nombreux problèmes d’accès, tandis que des classes multiniveaux demandent aux enseignants de plus fortes capacités d’adaptation.
20 ans de retard scolaire sur l’hexagone
Des inégalités sociales que la crise est venue encore creuser. Selon un rapport de la cour territoriale des comptes, la Polynésie accuse déjà un retard scolaire d'environ 20 ans sur l’hexagone, "soit l'équivalent d'une génération". Sans surprise, le phénomène de déscolarisation précoce touche principalement les élèves issus de milieux modestes. "Rappelons que le premier bachelier polynésien est intervenu en 1970. Le retard à l’allumage, on est en train de le rattraper, mais on ne pourra pas construire des écoles dans toutes les vallées de toutes les îles", positive Philippe Lacombe.
Plus le choix donc, si ce n’est la qualité du numérique éducatif. "Mais qui en est garant ? On travaille dessus au quotidien, mais avec les familles, les tāvana et les partenaires éducatifs il faut édicter des règles de fonctionnement", poursuit le vice-recteur. Et si "l’ensemble du système a été ébranlé", la crise a également mis en lumière l’incroyable "capacité d’implication et d’innovation de tout le personnel", salue le responsable. "Des efforts collectifs méritoires parce qu’ils ont maintenu du lien" et répondu à la priorité des autorités éducatives : "Maintenir un système éducatif en ordre de marche."