Comment la légende VHILS a réalisé une vahine… au marteau-piqueur !


Il n'aura fallu que trois jours à l'artiste portugais pour réaliser ce superbe visage d'une Polynésienne.
PAPEETE, le 3 mars 2017 - Depuis trois ans, grâce à l'équipe du Festival Ono'u, le visage gris pâle de la ville de Papeete se colore, devenant le support privilégié de performances réalisées par des artistes urbains. Après Marko93, c'est VHILS qui a été invité à œuvrer, cette fois sur le mur du lycée La Mennais. Ce boss du "scratching", à la fois graffeur, graveur et sculpteur, a réalisé un superbe portrait de vahine au marteau-piqueur, un outil pour le moins insolite !


"Je travaille les murs pour révéler les entrailles de la ville, en les creusant. Sculpter la ville, tout comme la ville nous sculpte, et comme nous la sculptons aussi", explique l'artiste portugais. Dans le cadre des résidences d'artistes "Urban Tiare" (Tahiti International Art Residency Experience), VHILS a été invité par l'équipe du Festival Ono'u, qui nous offre ainsi offre l'opportunité de découvrir et suivre en action les plus grands noms de l'art urbain contemporain en Polynésie française. Après Marko93, le spécialiste de la fluorescence et du "light painting", qui a réalisé fin janvier de magnifiques félins près du marché de Papeete, c'est donc une autre pointure qui a laissé son empreinte au fenua.

Il a fait un autre portrait local, cette fois sur un support en bois.
Depuis mardi dernier, les élèves du lycée La Mennais suivent en effet l'évolution d'une gigantesque œuvre sur le mur situé devant l'établissement : une superbe vahine, avec une fleur d'hibiscus et des motifs de tatouages, en hommage à la Polynésie. . Ils ne s'imaginent peut-être pas que l'artiste fait partie du top 10 des stars mondiales du street art. Maître du "scratching" ("frotter, gratter"), VHILS est même le seul sur la planète à faire d'aussi grands portraits en utilisant des outils inhabituels, tels le marteau, le burin ou le marteau-piqueur. C'est uniquement ce dernier qu'il a utilisé, le mur étant suffisamment "solide et de "qualité, sans être friable". Il a ainsi achevé, hier soir, un joli portrait d'une Polynésienne inspiré de deux modèles d'antan, grâce à une technique bien à lui. Il a ensuite enchaîné en réalisant, tard dans la nuit, un autre portrait local, sur deux portes en bois cette fois, destiné à "agrandir la collection du Musée du street art à Tahiti.

Il commence le graff à l'âge de dix ans

VHILS utilise un marteau-piqueur pour sculpter les murs !
Pour son visage géant, qui a des airs de la Reine Pomare, l'artiste originaire de Lisbonne a tout d'abord "dessiné une esquisse sur ordinateur", puis a étudié "l'angle de vue" qu'ont les piétons et automobilistes lorsqu'ils passent par la rue Dumont d'Urville et tournent vers La Mennais. Avec une vitesse d'exécution incroyable, il lui aura seulement fallu "un peu plus de deux heures" pour exécuter le graffitti, avec l'aide de son assistant Tiago Silva, un artiste qui est aussi le manager de son autre studio à Hong Kong. Pendant trois jours, il a ensuite fait du "pointillisme moderne, en piquant la surface plus ou moins fort, selon les formes et expressions souhaitées, donnant par ailleurs des profondeurs, des intensités et des reliefs différents". Sa valeur ajoutée est en effet d'extraire de la matière, afin de "rendre visible la matière invisible". Une véritable performance artistique doublée d'un effort physique considérable, puisqu'il s'agit de "tenir le marteau-piqueur à l'horizontale, ce qui est très éprouvant". D'une précision incroyable et d'une douceur infinie, le résultat est bluffant d'esthétisme !

VHILS et son assistant Tiago Silva, un artiste qui est aussi le manager de son autre studio à Hong Kong.
Ce jeune prodige du street art, âgé seulement de 29 ans, commence à graffer clandestinement alors qu'il n'a que dix ans, avant de passer au marquage systématique ("bombing") des trains dans tout le Portugal. Alexandre Farto s'installe ensuite à Londres pour étudier au Central Martins College, où il cherche une nouvelle façon de faire progresser sa trajectoire artistique. Bientôt repéré par l'illustre Banksy, il réalise alors la série "Scratching the surface" dans plusieurs grandes capitales mondiales. Aujourd'hui graffeur, graveur et sculpteur, il est reconnu au même titre que Banksy, Os Gemeos, JR, Shepard Fairey… et sa cote artistique ne cesse de grimper. Alors qu'il a très vite adopté le rythme local, VHILS a confié "être heureux de son séjour à Tahiti et de découvrir une nouvelle culture". Il profite également de son séjour pour se rendre dans les îles, et notamment à Moorea. Merci l'artiste, et à bientôt !

La série "Scratching the surface" est visible dans plusieurs grandes capitales mondiales.
Rencontrez l'artiste ce soir au Musée du Street Art de Tahiti

Tous les passionnés de street art seront comblés : l'équipe Ono'u propose ce soir, de 17 à 19 heures, une occasion unique de rencontrer au fenua l'artiste portugais, l'une des plus grandes figures mondiales de l'art contemporain urbain. Le public pourra échanger avec VHILS et découvrir ses dernières performances au musée du street art.

Performances, rencontres et projections vidéos inédites de son travail à travers le monde seront également diffusées.

Entrée gratuite & une boisson offerte.

Le nombre de places étant limité, merci de confirmer votre participation par mail à tahitifestivalonou@gmail.com ou par téléphone au 40 81 30 31.

Rédigé par Dominique Schmitt le Vendredi 3 Mars 2017 à 17:17 | Lu 7501 fois