Washington, Etats-Unis | AFP | samedi 22/11/2019 - Brûlant de température, vomissant et diarrhéique, Gregory Rodriguez était persuadé d'avoir attrapé un quelconque virus quand il s'est présenté aux urgences d'un hôpital new-yorkais en septembre. Deux jours plus tard il était inconscient, branché sur un poumon artificiel et candidat à une double greffe pulmonaire.
"Je pensais que ça n'avait rien à avoir avec le vapotage", raconte l'étudiant en informatique de 22 ans à l'AFP, deux mois après un calvaire qui l'a rapproché de la mort à quelques heures, et attribué par les médecins à une consommation intensive de cigarettes électroniques. Les autorités américaines ont qualifié le phénomène, qui a fait 47 morts, d'épidémie.
Les urgentistes dans ce quartier du Queens n'ont pas fait le lien immédiatement avec le vapotage. Comme souvent au début de cette épidémie découverte cet été, ils ont d'abord renvoyé Gregory chez lui avec des antibiotiques, croyant à une infection. Jusqu'à ce que Gregory revienne à l'hôpital, essoufflé, et confesse qu'il vapotait du cannabis depuis deux ans.
"Je ne voulais pas leur dire au départ car c'est illégal dans l'Etat de New York", dit-il.
Ce 18 septembre, son organisme s'effondre vite. Il est placé sous respirateur artificiel, mais cela ne suffit pas. Ses poumons étaient remplis d'une substance visqueuse, comme du flan, fruit de l'inflammation extraordinaire de ses voies respiratoires. L'oxygène ne pouvait plus passer dans le sang.
"Il était à quelques heures de mourir", dit la docteur Mangala Narasimhan, qui l'a traité.
Gregory est branché sur une machine de dernier recours, ECMO (oxygénation par membrane extra-corporelle): la machine aspirait son sang pour l'oxygéner hors du corps, puis lui réinjecter dans les veines. Le jeune homme est plongé dans un coma artificiel pendant trois jours pour ne pas souffrir.
"Quand je me suis réveillé, j'avais un tube dans la bouche qui allait dans les poumons", se souvient Gregory. Sa mère lui montre des photos de lui inconscient.
Ses poumons ont profité de la pause pour récupérer, pendant que la machine les remplaçait. Cela l'a sauvé, il n'a pas eu besoin de greffe. 12 jours après son hospitalisation, il rentrait chez lui, un temps relativement court comparé à d'autres malades.
Son cas est néanmoins typique des situations les plus sévères. Au Long Island Jewish Medical Center, sur 40 malades, cinq ont été aussi graves que Gregory.
- La faille du cannabis -
"Les premiers jours ont été très, très durs. C'était vraiment dur, dur de monter les escaliers", se souvient Gregory du retour dans l'appartement familial.
Deux mois plus tard, il n'est plus à bout de souffle. Mais sa capacité pulmonaire reste réduite à 60%, dit son médecin.
"Physiquement, je me sens normal, mais mentalement, je vais mettre longtemps à récupérer", précise Gregory. Le cannabis lui manque. "Je ne veux pas dire addiction, mais il y a des jours où je ne pense qu'à ça".
Ce qu'il hésite à appeler une dépendance lui coûtait environ 16 dollars la cartouche de THC, l'ingrédient stupéfiant du cannabis. Il les achetait par paquets de 25, de sources douteuses sur le dark web, la face cachée d'internet où se cachent les criminels, en payant en Bitcoins. Une méthode plus compliquée mais moins chère que les 40 dollars la cartouche demandés par les dealers à New York.
"C'est un peu comme Amazon mais pour les drogues".
L'été dernier, déprimé, il s'est mis à vapoter plus, jusqu'à une cartouche entière tous les deux jours.
"Comme le THC est illégal, le problème est qu'on est obligé d'aller sur le marché noir", dit-il.
"Si c'était légal ce serait plus sûr car on en achèterait dans un dispensaire officiel", selon lui. Une affirmation pas forcément juste, puisque le cannabis est fortement taxé et plus cher qu'au marché noir dans les Etats où il a été légalisé.
L'étudiant pointe néanmoins une contradiction de la réglementation américaine: les autorités fédérales débattent d'une interdiction des cigarettes électroniques aromatisées, pour prévenir le vapotage des jeunes...
Mais puisque le cannabis est interdit au niveau fédéral, elles ne régulent et contrôlent pas les e-liquides au cannabis qui sont autorisés localement.
Une interdiction des arômes "ne changerait rien" à l'épidémie de malades, conclut Gregory. "Mais les cartouches au THC, ce sont elles qui tuent les gens".
"Je pensais que ça n'avait rien à avoir avec le vapotage", raconte l'étudiant en informatique de 22 ans à l'AFP, deux mois après un calvaire qui l'a rapproché de la mort à quelques heures, et attribué par les médecins à une consommation intensive de cigarettes électroniques. Les autorités américaines ont qualifié le phénomène, qui a fait 47 morts, d'épidémie.
Les urgentistes dans ce quartier du Queens n'ont pas fait le lien immédiatement avec le vapotage. Comme souvent au début de cette épidémie découverte cet été, ils ont d'abord renvoyé Gregory chez lui avec des antibiotiques, croyant à une infection. Jusqu'à ce que Gregory revienne à l'hôpital, essoufflé, et confesse qu'il vapotait du cannabis depuis deux ans.
"Je ne voulais pas leur dire au départ car c'est illégal dans l'Etat de New York", dit-il.
Ce 18 septembre, son organisme s'effondre vite. Il est placé sous respirateur artificiel, mais cela ne suffit pas. Ses poumons étaient remplis d'une substance visqueuse, comme du flan, fruit de l'inflammation extraordinaire de ses voies respiratoires. L'oxygène ne pouvait plus passer dans le sang.
"Il était à quelques heures de mourir", dit la docteur Mangala Narasimhan, qui l'a traité.
Gregory est branché sur une machine de dernier recours, ECMO (oxygénation par membrane extra-corporelle): la machine aspirait son sang pour l'oxygéner hors du corps, puis lui réinjecter dans les veines. Le jeune homme est plongé dans un coma artificiel pendant trois jours pour ne pas souffrir.
"Quand je me suis réveillé, j'avais un tube dans la bouche qui allait dans les poumons", se souvient Gregory. Sa mère lui montre des photos de lui inconscient.
Ses poumons ont profité de la pause pour récupérer, pendant que la machine les remplaçait. Cela l'a sauvé, il n'a pas eu besoin de greffe. 12 jours après son hospitalisation, il rentrait chez lui, un temps relativement court comparé à d'autres malades.
Son cas est néanmoins typique des situations les plus sévères. Au Long Island Jewish Medical Center, sur 40 malades, cinq ont été aussi graves que Gregory.
- La faille du cannabis -
"Les premiers jours ont été très, très durs. C'était vraiment dur, dur de monter les escaliers", se souvient Gregory du retour dans l'appartement familial.
Deux mois plus tard, il n'est plus à bout de souffle. Mais sa capacité pulmonaire reste réduite à 60%, dit son médecin.
"Physiquement, je me sens normal, mais mentalement, je vais mettre longtemps à récupérer", précise Gregory. Le cannabis lui manque. "Je ne veux pas dire addiction, mais il y a des jours où je ne pense qu'à ça".
Ce qu'il hésite à appeler une dépendance lui coûtait environ 16 dollars la cartouche de THC, l'ingrédient stupéfiant du cannabis. Il les achetait par paquets de 25, de sources douteuses sur le dark web, la face cachée d'internet où se cachent les criminels, en payant en Bitcoins. Une méthode plus compliquée mais moins chère que les 40 dollars la cartouche demandés par les dealers à New York.
"C'est un peu comme Amazon mais pour les drogues".
L'été dernier, déprimé, il s'est mis à vapoter plus, jusqu'à une cartouche entière tous les deux jours.
"Comme le THC est illégal, le problème est qu'on est obligé d'aller sur le marché noir", dit-il.
"Si c'était légal ce serait plus sûr car on en achèterait dans un dispensaire officiel", selon lui. Une affirmation pas forcément juste, puisque le cannabis est fortement taxé et plus cher qu'au marché noir dans les Etats où il a été légalisé.
L'étudiant pointe néanmoins une contradiction de la réglementation américaine: les autorités fédérales débattent d'une interdiction des cigarettes électroniques aromatisées, pour prévenir le vapotage des jeunes...
Mais puisque le cannabis est interdit au niveau fédéral, elles ne régulent et contrôlent pas les e-liquides au cannabis qui sont autorisés localement.
Une interdiction des arômes "ne changerait rien" à l'épidémie de malades, conclut Gregory. "Mais les cartouches au THC, ce sont elles qui tuent les gens".