Comment améliorer l'écotourisme dans le Pacifique ?


Depuis 13 ans, la réglementation précise en Polynésie comment les bateaux et les personnes doivent approcher les baleines.
PAPEETE, le 1er juin 2015. Des représentants de 15 pays du Pacifique définissent jusqu'à la fin de la semaine les outils pour mettre en place un « écotourisme bleu » et respecter les espèces marines.


« Protéger des espèces migratrices chacun de son côté est-ce que ça a encore du sens ? »,
soulignait ce lundi le ministre de l'Environnement, Heremoana Maamaatuaiahutapu, quelques minutes avant l'ouverture du séminaire régional sur le thème de l'écotourisme bleu dans le Pacifique. Jusqu'à vendredi, des représentants d'une quinzaine de pays du Pacifique sont réunis à Punaauia pour partager leurs expériences, bonnes ou mauvaises, sur la mise en place dans leur région «d'un écotourisme bleu et de son impact sur les espèces marines ».

Les participants au séminaire ont commencé ce lundi par définir le concept d' « écotourisme ». L’écotourisme est une forme de tourisme alternatif centré sur la découverte de la nature. Généralement pratiqué en petits groupes ou à l’échelle individuelle, il privilégie l’observation, l’interprétation, l’éducation et l’étude des milieux naturels. Au-delà de la préservation de l'environnement et de la mise en place d’une nouvelle stratégie de protection des espèces, le but est également « que cela profite à la population et à notre pays », souligne le ministre de la Culture.

La protection de l’environnement devient ainsi un atout
pour l'économie et non un handicap. Fidji, qui a accueilli en 2014 près de 700 000 touristes, a ainsi estimé que les revenus issus de la protection des requins lui rapportaient 43 millions de dollars (4,7 milliards de Fcfp) chaque année.

Experts et professionnels vont donc faire un point toute la semaine sur différents aspects : l'état des connaissances, la réglementation, la formation, les moyens de réduire l'impact, le rôle des aires marines protégées, la place de la culture….
L'objectif pour les participants est de se mettre d'accord avant la fin de la semaine sur certaines pratiques et de rédiger un programme pluriannuel par le biais du Programme régional océanien de l'environnement (PROE), organisation intergouvernementale chargée de promouvoir la coopération, qui organise ce séminaire en collaboration avec le Pays.

Une fois, ce programme écrit, le PROE partira à la recherche de financements auprès des Etats membres comme les Etats-Unis, la France, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande.





Baleines: attention aux « observateurs du dimanche »

La Polynésie est un sanctuaire pour les baleines et les dauphins depuis 2002, « un élément qu'on ne met pas assez souvent en avant », insiste Heremonana Maammatuiahutapu. Des dauphins sont résidents toute l'année en Polynésie ce qui permet aux prestataires de faire des observations de janvier à décembre, les baleines sont, elles, présentes entre juillet et octobre.
Depuis 13 ans, la réglementation précise comment les bateaux et les personnes doivent approcher les animaux. « Mais cela n'est pas toujours respecté », regrette Michael Poole, docteur biologiste marin spécialiste des cétacés. « Il faudrait peut-être mettre en place une formation obligatoire et fortement conseillée pour les capitaines de bateaux et les guides ». L'amoureux des baleines pointe du doigt également « les observateurs du dimanche ». Ceux-ci ne « savent rien sur la réglementation d'approche pour les bateaux et les Jet-Skis. Le grand public doit être davantage informé ».
Certains pays, au contraire de la Polynésie, n'autorisent pas la mise à l'eau lors de l’observation des baleines. « La mise à l'eau est souvent décrite comme une merveilleuse expérience pour les touristes. Mais est-ce la meilleure pour les animaux ? Est-ce que cela les stresse ? Si on les respecte, parfois ce sont même eux qui nous approchent », explique Michael Poole. » « Les baleines viennent pour se reposer. Il faut les respecter. »


La pêche commerciale interdite à Palau

Il y a un peu plus d'un an, Palau, en Micronésie, à l'est des Philippines, prenait une décision importante en interdisant la pêche commerciale dans sa zone économique exclusive qui s'étend jusqu'à 200 milles nautiques des côtes. Les habitants et les touristes peuvent continuer à pêcher, mais les flottes de pêche étrangères ne peuvent plus y jeter leurs lignes. « Nous n'avons pas le choix, l'océan, c'est notre mode de vie, notre gagne-pain », insistait alors le président de Palau.  
En 2009, l’archipel de Palau avait déjà été précurseur en créant le premier sanctuaire mondial des requins. Jeudi après-midi, la réglementation sur la plongée pour la protection des requins à Palau et dans les îles Yap (Micronésie) sera décrite avant une présentation du sanctuaire marin de l'archipel.

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 1 Juin 2015 à 13:42 | Lu 2141 fois