Combats meurtriers à Gaza, l'UE demande un audit sur l'agence d'aide aux Palestiniens


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Territoires palestiniens | AFP | lundi 29/01/2024 - Des combats meurtriers font rage lundi à Gaza où la situation humanitaire ne cesse de se dégrader tandis que l'Union européenne a réclamé un audit sur l'agence de l'ONU pour l'aide aux Palestiniens, après des accusations israéliennes sur la possible participation de certains de ses membres à l'attaque du Hamas contre Israël.

Les craintes d'une extension du conflit ont ressurgi après la mort de trois soldats américains tués en Jordanie dans une attaque de drone, imputée par Washington aux groupes soutenus par l'Iran. C'est la première fois que des militaires américains sont tués au Moyen-Orient depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

A Gaza, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui fournit une aide vitale aux civils palestiniens, est en difficulté après les accusations sur l'implication présumée de douze de ses employés dans l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre.

L'Union européenne a demandé lundi à l'Unrwa "d'accepter qu'un audit soit mené par des experts indépendants, choisis par la Commission européenne".

L'agence a ouvert vendredi une enquête après des accusations d'Israël mais plusieurs pays contributeurs ont suspendu leur financement, malgré l'appel du secrétaire général de l'ONU à garantir la poursuite de ses opérations essentielles pour la population.

Discussions "constructives"

L'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort d'environ 1.140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le mouvement islamiste au pouvoir à Gaza, qu'il classe organisation terroriste comme les Etats-Unis et l'Union européenne, et a lancé une vaste opération militaire à Gaza, qui a fait 26.637 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon un bilan actualisé lundi du ministère de la Santé du Hamas.

En coulisses, les négociations se poursuivent pour instaurer une nouvelle trêve. Le directeur de la CIA, les services de renseignement américains, William Burns, a rencontré dimanche à Paris de hauts responsables égyptiens, israéliens et qataris. Israël a fait état de discussions "constructives", tout en soulignant qu'il y a "toujours des différends" et que d'autres pourparlers étaient attendus ces prochains jours.

Une source sécuritaire a confirmé à l'AFP que le président américain Joe Biden avait envoyé M. Burns pour négocier la libération des derniers otages israéliens détenus par le Hamas en échange d'un cessez-le-feu.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a qualifié lundi de "sérieuses" ces discussions. "J'irais jusqu'à dire qu'elles ont été constructives. Beaucoup de travail a été fait", a-t-il dit sur CNN, "mais nous n'avons pas encore franchi la ligne d'arrivée".

Le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis avaient négocié une première trêve fin novembre. Une centaine des quelque 250 personnes enlevées en Israël le 7 octobre avaient alors été libérées, en échange de prisonniers palestiniens. 

Selon les autorités israéliennes, 132 otages sont toujours détenus dans le territoire, dont 28 sont présumés morts.

Le projet d'accord impliquerait une trêve de deux mois et la libération de tous les otages contre des prisonniers palestiniens détenus en Israël, selon le New York Times.

Contexte régional explosif 

Lundi, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé qu'au moins 140 personnes avaient été tuées lors de frappes nocturnes à travers la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, dans le sud, et dans la ville de Gaza, dans le nord.

Selon l'armée israélienne, ses soldats ont tué "des dizaines de terroristes armés lors de combats dans le centre de Gaza", où d'importantes quantités d'armes ont été trouvées.

A Khan Younès, considérée comme une place forte du mouvement islamiste, des combats "très violents" font rage, selon des témoins. 

Dimanche, des combats avaient notamment eu lieu autour des hôpitaux Nasser et al-Amal, le deux principaux de la ville, qui ne fonctionnent plus que partiellement et abritent des milliers de réfugiés.

Plus de 1,3 million de Gazaouis déplacés par le conflit, selon l'ONU, sont massés à Rafah, à l'extrême sud du territoire, coincés contre la frontière fermée avec l'Egypte.

Selon le porte-parole de la défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, des centaines de tentes abritant des déplacés ont été inondées par les fortes pluies qui se sont abattues sur le territoire pendant la nuit, aggravant leurs conditions de vie déjà très précaires.

En Cisjordanie occupée, cinq Palestiniens ont été tués lundi par des tirs israéliens et de nombreux autres ont été blessés, lors de plusieurs opérations israéliennes, selon le ministère de la Santé palestinien.

En Israël, des manifestants ont bloqué lundi l'entrée de camions d'aide humanitaire au point de passage de Kerem Shalom, près de Rafah, en exigeant que l'aide, acheminée au compte-gouttes, ne parvienne pas à Gaza tant que les otages ne seraient pas libérés.

Dans un contexte régional explosif, trois militaires américains ont été tués et 34 blessés dans une attaque au drone dans le nord-est de la Jordanie, près de la frontière avec la Syrie et l'Irak, a annoncé dimanche Washington, désignant des groupes pro-Iran comme responsables et menaçant de représailles "très conséquentes".

Ces factions irakiennes font partie de ce que l'Iran présente comme "l'axe de la résistance" face à Israël qui comprend le Hamas, le Hezbollah chiite libanais et des groupes en Syrie.

Téhéran a réfuté toute implication dans l'attaque que l'Irak a condamnée lundi, appelant à "stopper la spirale de la violence" au Moyen-Orient.

En Syrie, sept personnes, dont des combattants pro-iraniens, ont été tuées dans une frappe israélienne dans le sud de Damas, selon une ONG locale.

le Lundi 29 Janvier 2024 à 06:01 | Lu 253 fois