Colombie: trêve d'une faction de la dissidence des FARC pour la COP16 de Cali


Crédit JOAQUIN SARMIENTO / AFP
Bogotá, Colombie | AFP | jeudi 01/08/2024 - Une des  principales factions de la dissidence des FARC a décrété une trêve de ses "offensives" durant la COP16 en faveur de la protection de la biodiversité prévue en octobre à Cali, dans le sud-ouest de la Colombie, après avoir menacé de la faire échouer 

"Pour garantir le bon déroulement de la COP16, nous décrétons la suspension des opérations militaires offensives contre les forces publiques dans la ville de Cali, entre le 11 octobre et le 6 novembre", a déclaré cette dissidence, dans une déclaration lue par l'un de ses chefs militaires.

Le commandant Andres Patino, de l'Etat-major central (EMC), y apparait filmé et entouré d'une dizaine d'hommes en armes, quelque part dans la jungle colombienne.

L'EMC, principale faction des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) qui n'a pas accepté l'accord de paix signé en 2016 par la guérilla marxiste, avait menacé mi-juillet de faire "échouer" ce grand rendez-vous mondial en faveur de la protection de la biodiversité.

- "Logique mercantile" -

Ces menaces avaient suscité les craintes des participants, pour beaucoup des visiteurs étrangers, et le branle-bas des autorités colombiennes, soucieuses de garantir le bon déroulement de ce sommet à la dimension planétaire.

Les organisateurs attendent près de 12.000 visiteurs, exposants et diplomates de 90 pays, dans la troisième ville de Colombie (2,2 millions d'habitants), où doit être déployé un important dispositif de sécurité, militaire et policier.

Une douzaine de chefs d'Etat ont déjà confirmé leur présence, selon le maire de Cali, Alejandro Eder.

Se présentant comme "protecteur des forêts, des eaux et des animaux", l'EMC critique la COP16 comme un évènement "imposant une logique mercantile" et "justifiant le militarisme", soit, dans le jargon des guérillas d'extrême-gauche colombienne, la présence des militaires dans les régions les plus reculées "en soutien aux intérêts capitalistes". Les dissidents des FARC ont souvent accusé le président Gustavo Petro de mentir sur ses bonnes intentions affichées en faveur de protection de la nature.

Mais ce sommet est aussi l'opportunité "d'ouvrir un débat sur la nécessité d'un changement de modèle économique et une remise en cause de l'extractivisme et de l'exploitation prédatrice de la planète", toujours selon le même communiqué.

Cette annonce intervient 48 heures après une première intervention du chef de l'EMC, Ivan Mordisco, qui avait évoqué, lors d'une déclaration filmée dans la jungle, sa volonté de "ne pas affecter" le bon déroulement de la COP16.

L'EMC s'est récemment divisée entre partisans et adversaires de négociations de paix menées depuis fin 2023 avec le gouvernement de gauche du président Petro.

Deux départements voisins de la ville de Cali, le Cauca et le Valle del Cauca (dont Cali est la capitale), sont des bastions des "fronts" (unités) de l'EMC, sous l'autorité de Mordisco, qui rejettent ces discussions.

- "Plan colibri" -

La situation sécuritaire s'y est brutalement dégradée ces derniers mois, avec notamment plusieurs attentats à moins d'une vingtaine de kilomètres de Cali, et des confrontations régulières avec les forces de sécurité.

Ces dernières semaines, le gouvernement a répété que la sécurité sera garantie lors de la COP16, avec "toutes les capacités" nécessaires. "Nous prenons toutes les menaces au sérieux", a assuré fin juillet le maire de Cali, se disant "certain" que la COP16 sera un succès.

Selon le général de police William Castano, responsable de la sécurité du sommet, plus de 10.000 hommes en uniforme, policiers et militaires, formeront un dispositif de défense et de renseignement, baptisé "Plan colibiri", avec le soutien d'Interpol, Europol et Ameripol.

Le comité d'organisation a souligné que pour maintenir un "environnement sûr", il travaille avec les autorités locales, nationales et les Nations unies. Il a exhorté les pays participants à "maintenir leur engagement en faveur de la protection de la biodiversité au niveau mondial".

La COP16, où les dirigeants du monde entier discuteront de l'avenir de la biodiversité de la planète, est un événement international majeur pour le président Petro, premier président de gauche de l'histoire du pays, fervent défenseur de la nature et notamment des forêts amazoniennes qui couvrent la partie sud et ouest du pays.

Avec ses jungles, ses forêts, ses trois cordillères andines, ses volcans et ses deux façades maritimes sur les côtes Caraïbe et Pacifique, la Colombie est riche de l'une des plus grandes biodiversité planétaire.

le Vendredi 2 Aout 2024 à 07:25 | Lu 467 fois