Crédit Raul ARBOLEDA / AFP
Bogotá, Colombie | AFP | mercredi 04/01/2023 - Le gouvernement de Colombie a suspendu mercredi son cessez-le-feu avec l'Armée de libération nationale (ELN), après le refus de cette guérilla guévariste de participer à la trêve bilatérale de six mois annoncée par le président la veille du Nouvel An.
"Face à la position assumée publiquement hier (...) nous avons décidé de suspendre les effets juridiques du décret" établissant une trêve bilatérale avec l'ELN du 1er janvier jusqu'au 30 juin, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Alfonso Prada, accompagné du commandement militaire et du ministre de la Défense.
"La question sera à nouveau abordée lors d'un nouveau cycle de négociations", qui doit se tenir au Mexique à une date qui reste à déterminer, a-t-il ajouté.
Le premier gouvernement de gauche de l'histoire de la Colombie, entré en fonction le 7 août, a repris en novembre les pourparlers de paix avec l'ELN, dernière guérilla encore active, suspendus par l'ancien gouvernement conservateur d'Ivan Duque (2018-2022).
La nuit du Nouvel An, le président Gustavo Petro avait annoncé un cessez-le-feu "bilatéral" de six mois avec les cinq principaux groupes armés opérant en Colombie, dont l'ELN.
Mardi dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux et signé de son "commandement central", l'ELN a rejeté cette version, disant ne pas avoir "discuté avec le gouvernement de Gustavo Petro d'une quelconque proposition de cessez-le-feu bilatéral, il n'y a donc toujours pas d'accord sur cette question".
"Au cours du dernier cycle de négociations qui s'est déroulé au Venezuela et qui s'est terminé le 12 décembre, seul ce qui avait été annoncé (...) a fait l'objet d'un accord".
L'ELN ne se conforme "qu'à ce qui était discuté et convenu à la table de dialogue à laquelle nous participons. Un décret gouvernemental unilatéral ne peut être accepté comme (constituant) un accord", a estimé le groupe d'extrême-gauche.
"Une annonce précipitée"?
L'ELN, qui dispose de quelque 3.500 combattants et d'un vaste réseau de collaborateurs selon des estimations indépendantes, a été fondée en 1964 par des syndicalistes et des étudiants sympathisants d'Ernesto "Che" Guevara, de la révolution cubaine, et de la théologie de la libération. Elle opère dans au moins 22 des 32 départements de Colombie, et tire profit du trafic de drogue et de l'exploitation minière illégale.
Dans le cadre d'une ambitieuse initiative dite de "paix totale", M. Petro cherche également à négocier avec les rebelles dissidents des FARC (qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste), ainsi qu'avec d'autres groupes armés, qui se disputent le trafic de cocaïne dont la Colombie et le plus grand producteur mondial.
Le cessez-le-feu bilatéral de six mois annoncé par le gouvernement concernait, outre l'ELN, les deux principales factions de la dissidence des FARC (la Segunda Marquetalia et l'Etat-major central), les AGC (milices d'Autodéfense gaïtanistes de Colombie, paramilitaires d'extrême-droite) et le Clan del Golfo, le plus grand gang de la drogue du pays.
Seule l'ELN a publiquement rejeté cette annonce.
Le projet de "paix totale" voulue par le président Petro "connait l'un de ses moments les plus confus" et une forme "d'improvisation", observait mercredi matin le quotidien de référence El Espectador, pointant "l'annonce précipitée de Petro qui met en péril" les négociations avec l'ELN.
"Pourquoi avoir rendu public quelque chose qui n'a pas encore été convenu", s'interrogeait l'autre grand quotidien El Tiempo, relevant qu'il est désormais "habituel que le président Petro fasse des annonces, parfois sur des sujets majeurs pour le pays, qui surprennent jusqu'à ses propres collaborateurs".
"Tout parait indiquer cependant que l'ELN prend cette confusion avec calme", se rassurait El Espectador, soulignant la poursuite annoncée des négociations.
Sur Twitter, le négociateur gouvernemental à ces pourparlers et influent sénateur de gauche Ivan Cepeda s'est dit confiant que les divergences de cette semaine n'effacent "rien de ce qui a été avancé" jusqu'à présent.
"Les erreurs sont corrigées et nous allons de l'avant, sans dramatisation", a plaidé M. Cepeda.
Malgré les pourparlers en cours, le gouvernement n'a pas réussi à ce jour à enrayer les violences qui se poursuivent dans plusieurs régions du pays, en particulier les assassinats récurrents de leaders sociaux, communautaires et syndicaux qui osent élever la voix contre les groupes armés.
"Face à la position assumée publiquement hier (...) nous avons décidé de suspendre les effets juridiques du décret" établissant une trêve bilatérale avec l'ELN du 1er janvier jusqu'au 30 juin, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Alfonso Prada, accompagné du commandement militaire et du ministre de la Défense.
"La question sera à nouveau abordée lors d'un nouveau cycle de négociations", qui doit se tenir au Mexique à une date qui reste à déterminer, a-t-il ajouté.
Le premier gouvernement de gauche de l'histoire de la Colombie, entré en fonction le 7 août, a repris en novembre les pourparlers de paix avec l'ELN, dernière guérilla encore active, suspendus par l'ancien gouvernement conservateur d'Ivan Duque (2018-2022).
La nuit du Nouvel An, le président Gustavo Petro avait annoncé un cessez-le-feu "bilatéral" de six mois avec les cinq principaux groupes armés opérant en Colombie, dont l'ELN.
Mardi dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux et signé de son "commandement central", l'ELN a rejeté cette version, disant ne pas avoir "discuté avec le gouvernement de Gustavo Petro d'une quelconque proposition de cessez-le-feu bilatéral, il n'y a donc toujours pas d'accord sur cette question".
"Au cours du dernier cycle de négociations qui s'est déroulé au Venezuela et qui s'est terminé le 12 décembre, seul ce qui avait été annoncé (...) a fait l'objet d'un accord".
L'ELN ne se conforme "qu'à ce qui était discuté et convenu à la table de dialogue à laquelle nous participons. Un décret gouvernemental unilatéral ne peut être accepté comme (constituant) un accord", a estimé le groupe d'extrême-gauche.
"Une annonce précipitée"?
L'ELN, qui dispose de quelque 3.500 combattants et d'un vaste réseau de collaborateurs selon des estimations indépendantes, a été fondée en 1964 par des syndicalistes et des étudiants sympathisants d'Ernesto "Che" Guevara, de la révolution cubaine, et de la théologie de la libération. Elle opère dans au moins 22 des 32 départements de Colombie, et tire profit du trafic de drogue et de l'exploitation minière illégale.
Dans le cadre d'une ambitieuse initiative dite de "paix totale", M. Petro cherche également à négocier avec les rebelles dissidents des FARC (qui rejettent l'accord de paix signé en 2016 avec cette guérilla marxiste), ainsi qu'avec d'autres groupes armés, qui se disputent le trafic de cocaïne dont la Colombie et le plus grand producteur mondial.
Le cessez-le-feu bilatéral de six mois annoncé par le gouvernement concernait, outre l'ELN, les deux principales factions de la dissidence des FARC (la Segunda Marquetalia et l'Etat-major central), les AGC (milices d'Autodéfense gaïtanistes de Colombie, paramilitaires d'extrême-droite) et le Clan del Golfo, le plus grand gang de la drogue du pays.
Seule l'ELN a publiquement rejeté cette annonce.
Le projet de "paix totale" voulue par le président Petro "connait l'un de ses moments les plus confus" et une forme "d'improvisation", observait mercredi matin le quotidien de référence El Espectador, pointant "l'annonce précipitée de Petro qui met en péril" les négociations avec l'ELN.
"Pourquoi avoir rendu public quelque chose qui n'a pas encore été convenu", s'interrogeait l'autre grand quotidien El Tiempo, relevant qu'il est désormais "habituel que le président Petro fasse des annonces, parfois sur des sujets majeurs pour le pays, qui surprennent jusqu'à ses propres collaborateurs".
"Tout parait indiquer cependant que l'ELN prend cette confusion avec calme", se rassurait El Espectador, soulignant la poursuite annoncée des négociations.
Sur Twitter, le négociateur gouvernemental à ces pourparlers et influent sénateur de gauche Ivan Cepeda s'est dit confiant que les divergences de cette semaine n'effacent "rien de ce qui a été avancé" jusqu'à présent.
"Les erreurs sont corrigées et nous allons de l'avant, sans dramatisation", a plaidé M. Cepeda.
Malgré les pourparlers en cours, le gouvernement n'a pas réussi à ce jour à enrayer les violences qui se poursuivent dans plusieurs régions du pays, en particulier les assassinats récurrents de leaders sociaux, communautaires et syndicaux qui osent élever la voix contre les groupes armés.