Kirchheimbolanden, Allemagne | AFP | jeudi 25/07/2019 - La décision de l'Allemande Lisel Heise d'entrer en politique s'est cristallisée lorsqu'on lui a coupé le micro dans une réunion publique. Cette centenaire, devenue élue locale, se bat désormais au côté des jeunes pour le climat.
Celle qui a pris sa retraite de l'enseignement il y a 40 ans défendait alors la réouverture d'une piscine extérieure.
"Quand j'ai commencé (à parler), certains ne voulaient vraiment pas m'écouter et sont allés jusqu'à débrancher la prise" du micro, raconte-t-elle à l'AFP.
"Aujourd'hui, des gens du monde entier viennent me parler. Qui rit désormais ?", plastronne-t-elle.
Ce qui a changé depuis, c'est son élection au printemps, contre toute attente, au conseil municipal de Kirchheimbolanden, en Rhénanie-Palatinat (ouest), quelques semaines à peine après avoir soufflé ses cent bougies.
Ce n'est pas un hasard si la piscine a mobilisé Mme Heise. Elle incarne deux thèmes qui lui tiennent à cœur: les jeunes et la santé publique.
De là a découlé son engagement pour le climat, inspiré par la mobilisation des jeunes du mouvement "Fridays for future", lancé par la Suédoise Greta Thunberg et très suivi par la jeunesse allemande.
- "Tout le monde la respecte" -
"Les jeunes me donnent vraiment de l'espoir", s'enthousiasme celle qui tempête contre l'industrie automobile allemande et se promène encore chaque jour dans la vieille ville pittoresque de Kirchheimbolanden, qui compte 8.000 habitants.
Mme Heise fait partie d'une vague montante de personnes âgées qui refusent de rester à l'écart de la vie publique, à l'image du mouvement "Oma gegen Rechts" ("Les grands-mères contre la droite"). Lancé en 2017 en Autriche et importé en Allemagne, il rassemble régulièrement des femmes âgées qui veulent tirer les leçons de l'Histoire et s'opposer au racisme.
La carrière politique de Lisel Heise a démarré en début d'année lorsqu'un membre du conseil municipal, Thomas Bock, 59 ans, a vu en elle une alliée potentielle.
M. Bock dirige un groupe politique local militant contre les partis traditionnels et pour plus de transparence. Il avait besoin d'une candidate ayant suffisamment de passion pour s'élever contre les pouvoirs en place.
Lise Heisel "a un caractère fort et beaucoup d'énergie", salue-t-il.
Et, détail non négligeable selon lui, nombre d'électeurs l'ont eue comme enseignante et "tout le monde la respecte".
La ville a été dirigée pendant plus de deux décennies par le parti conservateur d'Angela Merkel (CDU), et, durant le dernier mandat, par une grande coalition avec les sociaux-démocrates, à l'image de celle qui dirige le pays depuis 2013.
- Courage civique -
Mais le succès du groupe dont fait partie Mme Heise a déplacé le centre de gravité de la ville vers la gauche.
L'ancienne enseignante n'est pas seulement une étoile montante de la politique, mais aussi le témoin d'une grande partie du tumultueux XXe siècle allemand.
Le père de Mme Heise, née au lendemain de la Première Guerre mondiale, possédait une usine de chaussures et était lui aussi membre du conseil municipal. Après le pogrom de la "Nuit de Cristal" en novembre 1938, il s'éleva devant ses pairs contre l'incendie de la synagogue locale et la persécution des Juifs.
"Les nazis parlaient toujours de liberté, mais c'était une +fata morgana+", une illusion optique, estime Lise Heisel.
Son père a passé plusieurs semaines en prison jusqu'à ce qu'un ami intervienne avec des relations bien placées à Berlin, l'empêchant d'être envoyé en camp de concentration.
Mme Heise aime à penser qu'elle a hérité d'une partie de son courage civique.
Elle vit dans l'immense maison qu'elle partageait autrefois avec ses parents, à quelques pas de l'emplacement de l'ancienne synagogue où se trouvent désormais un arbre et un monument commémoratif.
- La "honte" Trump -
Veuve depuis quatre ans après plus de sept décennies de mariage, elle habite là avec un de ses quatre enfants et un petit-fils. Elle a huit arrière-petits-enfants.
Mme Heise aime accueillir des visiteurs dans son salon rempli de livres, y compris un volume, bien en vue, de photos de Barack Obama. "Un dirigeant politique doit avoir une vision et une pensée logique mais aussi humaniste, affirme-t-elle.
Elle ne porte pas dans son coeur Donald Trump, dont les ancêtres venaient du village proche de Kallstadt. "J'ai honte que son grand-père soit d'ici", assène la centenaire.
Lisel Heise reste en forme physiquement et intellectuellement en jardinant et en se passionnant pour des talk-shows politiques.
Sepandar Lashkari, 44 ans, venu d'Iran en Allemagne lorsqu'il était adolescent, tient un café dont Mme Heise a été une des premières clientes.
L'élue de 100 ans est une "excellente publicité pour la ville", s'enthousiasme-t-il.
"Beaucoup de gens sont devenus plus actifs politiquement grâce à elle. Elle inspire jeunes et vieux d'une manière très positive", loin du "cynisme" qui pollue selon lui la politique.
Celle qui a pris sa retraite de l'enseignement il y a 40 ans défendait alors la réouverture d'une piscine extérieure.
"Quand j'ai commencé (à parler), certains ne voulaient vraiment pas m'écouter et sont allés jusqu'à débrancher la prise" du micro, raconte-t-elle à l'AFP.
"Aujourd'hui, des gens du monde entier viennent me parler. Qui rit désormais ?", plastronne-t-elle.
Ce qui a changé depuis, c'est son élection au printemps, contre toute attente, au conseil municipal de Kirchheimbolanden, en Rhénanie-Palatinat (ouest), quelques semaines à peine après avoir soufflé ses cent bougies.
Ce n'est pas un hasard si la piscine a mobilisé Mme Heise. Elle incarne deux thèmes qui lui tiennent à cœur: les jeunes et la santé publique.
De là a découlé son engagement pour le climat, inspiré par la mobilisation des jeunes du mouvement "Fridays for future", lancé par la Suédoise Greta Thunberg et très suivi par la jeunesse allemande.
- "Tout le monde la respecte" -
"Les jeunes me donnent vraiment de l'espoir", s'enthousiasme celle qui tempête contre l'industrie automobile allemande et se promène encore chaque jour dans la vieille ville pittoresque de Kirchheimbolanden, qui compte 8.000 habitants.
Mme Heise fait partie d'une vague montante de personnes âgées qui refusent de rester à l'écart de la vie publique, à l'image du mouvement "Oma gegen Rechts" ("Les grands-mères contre la droite"). Lancé en 2017 en Autriche et importé en Allemagne, il rassemble régulièrement des femmes âgées qui veulent tirer les leçons de l'Histoire et s'opposer au racisme.
La carrière politique de Lisel Heise a démarré en début d'année lorsqu'un membre du conseil municipal, Thomas Bock, 59 ans, a vu en elle une alliée potentielle.
M. Bock dirige un groupe politique local militant contre les partis traditionnels et pour plus de transparence. Il avait besoin d'une candidate ayant suffisamment de passion pour s'élever contre les pouvoirs en place.
Lise Heisel "a un caractère fort et beaucoup d'énergie", salue-t-il.
Et, détail non négligeable selon lui, nombre d'électeurs l'ont eue comme enseignante et "tout le monde la respecte".
La ville a été dirigée pendant plus de deux décennies par le parti conservateur d'Angela Merkel (CDU), et, durant le dernier mandat, par une grande coalition avec les sociaux-démocrates, à l'image de celle qui dirige le pays depuis 2013.
- Courage civique -
Mais le succès du groupe dont fait partie Mme Heise a déplacé le centre de gravité de la ville vers la gauche.
L'ancienne enseignante n'est pas seulement une étoile montante de la politique, mais aussi le témoin d'une grande partie du tumultueux XXe siècle allemand.
Le père de Mme Heise, née au lendemain de la Première Guerre mondiale, possédait une usine de chaussures et était lui aussi membre du conseil municipal. Après le pogrom de la "Nuit de Cristal" en novembre 1938, il s'éleva devant ses pairs contre l'incendie de la synagogue locale et la persécution des Juifs.
"Les nazis parlaient toujours de liberté, mais c'était une +fata morgana+", une illusion optique, estime Lise Heisel.
Son père a passé plusieurs semaines en prison jusqu'à ce qu'un ami intervienne avec des relations bien placées à Berlin, l'empêchant d'être envoyé en camp de concentration.
Mme Heise aime à penser qu'elle a hérité d'une partie de son courage civique.
Elle vit dans l'immense maison qu'elle partageait autrefois avec ses parents, à quelques pas de l'emplacement de l'ancienne synagogue où se trouvent désormais un arbre et un monument commémoratif.
- La "honte" Trump -
Veuve depuis quatre ans après plus de sept décennies de mariage, elle habite là avec un de ses quatre enfants et un petit-fils. Elle a huit arrière-petits-enfants.
Mme Heise aime accueillir des visiteurs dans son salon rempli de livres, y compris un volume, bien en vue, de photos de Barack Obama. "Un dirigeant politique doit avoir une vision et une pensée logique mais aussi humaniste, affirme-t-elle.
Elle ne porte pas dans son coeur Donald Trump, dont les ancêtres venaient du village proche de Kallstadt. "J'ai honte que son grand-père soit d'ici", assène la centenaire.
Lisel Heise reste en forme physiquement et intellectuellement en jardinant et en se passionnant pour des talk-shows politiques.
Sepandar Lashkari, 44 ans, venu d'Iran en Allemagne lorsqu'il était adolescent, tient un café dont Mme Heise a été une des premières clientes.
L'élue de 100 ans est une "excellente publicité pour la ville", s'enthousiasme-t-il.
"Beaucoup de gens sont devenus plus actifs politiquement grâce à elle. Elle inspire jeunes et vieux d'une manière très positive", loin du "cynisme" qui pollue selon lui la politique.