Climat: un "bon signal" envoyé par Pékin et Washington, selon ONG et experts


Paris, France | AFP | samedi 03/09/2016 - La ratification de l'accord de Paris sur le climat par Pékin et Washington, les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, est un "bon signal" envoyé au reste du monde, ont salué samedi ONG et experts en appelant à accélérer la transition énergétique en cours.

"La ratification par les Etats-Unis et la Chine nous rapproche d'une entrée en vigueur de l'accord de Paris dès cette année et représente une étape clé dans la transition globale des énergies fossiles vers les renouvelables", a réagi au nom des petits Etats insulaires Thoriq Ibrahim, ministre de l'Environnement des Maldives.

"Nous appelons tous les pays non seulement à faire de même, mais à accélérer le déploiement des solutions pour le climat", a ajouté le ministre dans un communiqué, car "les engagements actuels ne sont pas suffisants" pour atteindre le principal objectif de l'accord de Paris: limiter le réchauffement à 2°C.

Avec les Etats-Unis et la Chine, qui représentent à eux deux environ 40% des émissions mondiales, le seuil nécessaire pour l'entrée en vigueur de l'accord (55 pays, 55% des émissions mondiales) se rapproche.

"La ratification par la Chine et les États-Unis de l'accord de Paris aujourd'hui est un bon signal envoyé au monde sur leur volonté d'appliquer et de mettre en œuvre l'action climatique", s'est réjoui Pascal Canfin de l'ONG WWF France, en appelant l'Union européenne à "accélérer la cadence" et "à résoudre ses discordes internes".

Les pays de l'UE sont divisés sur les efforts que chacun doit faire d'ici 2030 et certains retardent la ratification au niveau national, ce qui empêche l'UE de le faire.

Tout en espérant une rapide entrée en vigueur du texte, experts et ONG s'accordaient pour souligner que des mesures concrètes devaient être prises rapidement.

"S'attaquer au changement climatique exige plus que de signer l'accord", a prévenu Mohamed Adow de l'ONG Christian Aid. "Les leaders mondiaux doivent passer de la rhétorique à la réalité en accélérant la transition vers un monde bas carbone", a-t-il ajouté.

"Pour être cohérent avec la COP21, le G20 devrait se prononcer sur un calendrier de suppression d'ici à 2020 des aides publiques aux énergies fossiles", a renchéri Célia Gautier du Réseau action climat(ONG).

Climate Transparency, qui regroupe plusieurs centres de recherche sur le climat, a publié jeudi une évaluation des actions menées par les pays du G20, qui représentent plus de 75% des émissions mondiales.

"Les investissements +bas carbone+ progressent mais nous sommes encore loin d'une trajectoire conforme aux objectifs de l'accord de Paris", indique le rapport, qui pointe notamment du doigt "les projets de construction de centrales à charbon incompatibles avec les objectifs mondiaux".

Les experts recommandent "d'éliminer les subventions aux énergies fossiles" et de "donner un prix au carbone, à commencer par les pays développés".

"L'annonce des Etats-Unis et de la Chine doit être un nouveau signal d'alarme pour les investisseurs qui doivent prendre le risque climatique au sérieux et se désengager des entreprises du secteur des fossiles", a estimé May Boeve du réseau 350.org.

Rédigé par AFP le Samedi 3 Septembre 2016 à 06:34 | Lu 542 fois