LE MAS-D'AZIL, 14 décembre 2013 (AFP) - Claudius de Cap Blanc, l'artiste qui réinvente l'histoire dans son musée ariégeois où il a tout imaginé, sème la zizanie dans les Pyrénées depuis qu'il grave le signe de la vulve dans la montagne.
Dans son Affabuloscope installé dans une ancienne usine du Mas-d'Azil, l'artiste de 60 ans explique sa passion pour "le signe paléolithique de la vulve, symbole de fécondité".
Il a eu, dit-il, une "sorte d'illumination à la Descartes" en assistant en 2007 à une conférence du préhistorien Jean Clottes. "Ca fait 38.000 ans qu'on grave des vulves sur la terre, partout, c'est universel. Je me suis dit +c'est le sujet du siècle+, le culte de la femme et de la féminité, et depuis, j'ai l'impression de n'avoir qu'effleuré" le thème.
Pour rendre hommage à "la matrice donneuse de vie", Claudius de Cap Blanc, lui-même sans enfants, a peint des vulves sur la montagne. Puis il a procédé à des "déposes de pierres vulvaires" dans les 332 villages de l'Ariège, devant les fontaines, les églises ou les monuments aux morts. Il a proposé, sans succès, aux élus du cru d'ériger des "monuments aux vivantes" frappés de son signe fétiche pour rendre hommage aux mères, fiancées et soeurs des victimes de la guerre.
"Tout un ramdam"
Il a gravé 1.400 fois le symbole dans la montagne et demande aux voyageurs en partance pour l'étranger d'emporter une pierre avec eux pour la déposer où bon leur semble.
Mais "l'illumination" de celui qui préfère taire son vrai nom, ne fait pas que des heureux. Il s'est attiré les foudres d'élus qui ont porté plainte, d'offices du tourisme, de randonneurs outrés.
"Ca a été tout un ramdam, c'est fou comme ce symbole peut déranger les gens, susciter la haine", dit-il de sa voix douce, chapeau de feutre vissé sur la tête.
Il vient d'être condamné par la justice pour avoir peint, au grand dam de la commune, des "signes vulvaires" sur les accès à la grotte du Mas-d'Azil, haut lieu de la préhistoire, pour protester contre l'exposition d'oeuvres des artistes américains Gary Hill et Alan Packer. Il a écopé de deux mois de prison avec sursis, 60 heures de travaux d'intérêt général et 6.000 euros d'amende. Claudius de Cap-Blanc, qui n'a guère de moyens, cherche depuis à vendre les objets de son Affabuloscope pour payer.
"Remettre du sacré"
Ses détracteurs lui reprochent de n'être ni préhistorien, ni historien, ni critique d'art. De fait, Claudius de Cap-Blanc a fait des "études complètement primaires" puisqu'elles se sont interrompues après "cette vieillerie de l'Histoire, le certificat d'études", avoue-t-il.
Il est né à Oust (Ariège) dans une famille paysanne où la vie était rude. Sa mère a eu dix enfants dont trois sont décédés. Claudius dit être le "remplaceur" de son frère Jean-Claude, mort à 22 mois de gangrène, après être tombé dans une casserole de lait bouillant. "Ma mère n'arrivait pas à s'en remettre, elle disait toujours +le seul enfant que j'ai désiré, c'est toi, pour remplacer ton frère+. J'ai l'impression que je vis un peu de la vie qu'il n'a pas eue".
Après l'école, il travaille dans un garage mais un accident lui donne l'envie de parcourir le monde, pendant dix ans. Lorsqu'il décide de "se réimplanter", il retrouve sa terre natale, l'Ariège, au lieu-dit Cap-Blanc, où lui vient, en 1993 "l'idée de l'affabulisme": "raconter des fables, des choses pas vraies, mais qui disent le vrai".
Pour ce faire, il invente et construit des objets pour "essayer de faire exister ce qui aurait pu être", avec un humour décapant et pince sans rire: à l'Affabuloscope, un "judas portatif" côtoie un "redresseur de torts" et des boîtes de "vide affabulique" contiennent "ce qu'aurait pu être l'évolution des mammifères au jurassique si les dinosaures n'avaient pas disparu".
Il récuse toute comparaison avec Marcel Duchamp, l'inventeur des ready-made qui fit d'un urinoir un objet d'art. "Son objectif était de désacraliser l'art alors que moi je voudrais remettre du sacré dans un monde devenu totalement profane".
ev/lbx/jag
Dans son Affabuloscope installé dans une ancienne usine du Mas-d'Azil, l'artiste de 60 ans explique sa passion pour "le signe paléolithique de la vulve, symbole de fécondité".
Il a eu, dit-il, une "sorte d'illumination à la Descartes" en assistant en 2007 à une conférence du préhistorien Jean Clottes. "Ca fait 38.000 ans qu'on grave des vulves sur la terre, partout, c'est universel. Je me suis dit +c'est le sujet du siècle+, le culte de la femme et de la féminité, et depuis, j'ai l'impression de n'avoir qu'effleuré" le thème.
Pour rendre hommage à "la matrice donneuse de vie", Claudius de Cap Blanc, lui-même sans enfants, a peint des vulves sur la montagne. Puis il a procédé à des "déposes de pierres vulvaires" dans les 332 villages de l'Ariège, devant les fontaines, les églises ou les monuments aux morts. Il a proposé, sans succès, aux élus du cru d'ériger des "monuments aux vivantes" frappés de son signe fétiche pour rendre hommage aux mères, fiancées et soeurs des victimes de la guerre.
"Tout un ramdam"
Il a gravé 1.400 fois le symbole dans la montagne et demande aux voyageurs en partance pour l'étranger d'emporter une pierre avec eux pour la déposer où bon leur semble.
Mais "l'illumination" de celui qui préfère taire son vrai nom, ne fait pas que des heureux. Il s'est attiré les foudres d'élus qui ont porté plainte, d'offices du tourisme, de randonneurs outrés.
"Ca a été tout un ramdam, c'est fou comme ce symbole peut déranger les gens, susciter la haine", dit-il de sa voix douce, chapeau de feutre vissé sur la tête.
Il vient d'être condamné par la justice pour avoir peint, au grand dam de la commune, des "signes vulvaires" sur les accès à la grotte du Mas-d'Azil, haut lieu de la préhistoire, pour protester contre l'exposition d'oeuvres des artistes américains Gary Hill et Alan Packer. Il a écopé de deux mois de prison avec sursis, 60 heures de travaux d'intérêt général et 6.000 euros d'amende. Claudius de Cap-Blanc, qui n'a guère de moyens, cherche depuis à vendre les objets de son Affabuloscope pour payer.
"Remettre du sacré"
Ses détracteurs lui reprochent de n'être ni préhistorien, ni historien, ni critique d'art. De fait, Claudius de Cap-Blanc a fait des "études complètement primaires" puisqu'elles se sont interrompues après "cette vieillerie de l'Histoire, le certificat d'études", avoue-t-il.
Il est né à Oust (Ariège) dans une famille paysanne où la vie était rude. Sa mère a eu dix enfants dont trois sont décédés. Claudius dit être le "remplaceur" de son frère Jean-Claude, mort à 22 mois de gangrène, après être tombé dans une casserole de lait bouillant. "Ma mère n'arrivait pas à s'en remettre, elle disait toujours +le seul enfant que j'ai désiré, c'est toi, pour remplacer ton frère+. J'ai l'impression que je vis un peu de la vie qu'il n'a pas eue".
Après l'école, il travaille dans un garage mais un accident lui donne l'envie de parcourir le monde, pendant dix ans. Lorsqu'il décide de "se réimplanter", il retrouve sa terre natale, l'Ariège, au lieu-dit Cap-Blanc, où lui vient, en 1993 "l'idée de l'affabulisme": "raconter des fables, des choses pas vraies, mais qui disent le vrai".
Pour ce faire, il invente et construit des objets pour "essayer de faire exister ce qui aurait pu être", avec un humour décapant et pince sans rire: à l'Affabuloscope, un "judas portatif" côtoie un "redresseur de torts" et des boîtes de "vide affabulique" contiennent "ce qu'aurait pu être l'évolution des mammifères au jurassique si les dinosaures n'avaient pas disparu".
Il récuse toute comparaison avec Marcel Duchamp, l'inventeur des ready-made qui fit d'un urinoir un objet d'art. "Son objectif était de désacraliser l'art alors que moi je voudrais remettre du sacré dans un monde devenu totalement profane".
ev/lbx/jag