Citoyenneté, Institut du cancer et ATN en question


Trois questions orales ont été déposées pour la séance de ce jeudi à Tarahoi par l'opposition : deux du groupe Tapura Huiraatira et une de l'élue non inscrite (A here ia Porinetia) Nicole Sanquer. crédit photo archives tahiti infos
Tahiti, le 10 octobre 2023 - Le Tapura compte interpeller le gouvernement ce jeudi lors de la séance de questions orales à l'assemblée de Polynésie. Benoît Kautai s'interroge sur les “contours extrêmement flous” de la citoyenneté mā'ohi et sur le terme même retenu qui est un “non-sens” pour les Marquisiens. Cathy Puchon s'inquiète quant à elle du devenir de l'Institut du cancer et Nicole Sanquer sur l'avenir d'ATN.
 
Trois questions orales ont été déposées pour la séance de ce jeudi à Tarahoi par l'opposition : deux du groupe Tapura Huiraatira et une de l'élue non inscrite (A here ia Porinetia) Nicole Sanquer. Pour le Tapua, c'est d'abord Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva et président de la Codim, la Communauté de communes des îles Marquises, qui prend la plume et la parole pour demander au président du Pays d'expliquer les “contours extrêmement flous” de la citoyenneté mā'ohi qu'il a appelé de ses vœux dans un arrêté pris en conseil des ministres le 20 septembre dernier.

Rappelant qu'une “citoyenneté polynésienne” largement inspirée de la “citoyenneté calédonienne” avait “failli voir le jour” en 2000, il précise que les deux modèles se distinguaient sur un point : pas question que cette “citoyenneté polynésienne” ait un quelconque “effet restrictif sur le corps électoral”. Car contrairement à la Nouvelle-Calédonie qui était “déjà engagée dans un processus d'autodétermination”, la Polynésie française “avait vocation à demeurer dans la République”.

Il demande donc, dans un premier temps au président Brotherson si la “citoyenneté polynésienne” qu'il entend inscrire dans la Constitution prévoit effectivement “des restrictions sur le corps électoral”, et par voie de conséquence que la Polynésie “s'inscrive ‘en douce’ dans un processus d'autodétermination”.
 
La sémantique qui pique
 
C'est ensuite au niveau de la sémantique que le représentant marquisien du Tapura tique un peu. Le terme “mā'ohi” ne lui semble pas approprié. D'abord parce que cela induit que cette citoyenneté est “par nature exclusive car rattachée au droit du sang”. Or l'approche d'une citoyenneté “inclusive”, autrement dit rattachée au lieu de naissance ou par une durée de résidence est aussi évoquée, même par le député Tematai Le Gayic qui a fait de ce sujet son cheval de bataille. Donc, quelle est l'approche privilégiée par le gouvernement, s'interroge le Hakaiki de Nuku Hiva. Et ensuite parce qu'en marquisien, “mā'ohi” signifie “attouchement, adoption, saisir, retenir” et que c'est donc “un non-sens” de l'employer dans ce contexte de citoyenneté.

Cathy Puchon a quant à elle choisi d'interroger le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, sur “le devenir de l'Institut du cancer et de la construction de son bâtiment pour les soins ambulatoires en oncologie, dont les études sont terminées et l'architecte choisi”, et sur “le calendrier d'avancement des travaux”. Elle rappelle en outre qu'un calendrier budgétaire a en revanche bien été fixé pour l'achat d'un cyclotron destiné à répondre à un besoin très important en TEPscan estimé à 3 500 examens par an. “Les financements État/Pays pour son achat doivent impérativement être utilisés avant mi-2025”, tient-elle à alerter, expliquant qu'en l'absence de cet outil, “seuls les cancers de la prostate seront pris en charge”
 
ATN pâtit d'une “suroffre de sièges”

Nicole Sanquer s'inquiète pour sa part de l'avenir de la compagnie aérienne au tiare, Air Tahiti nui, qui doit faire face à “une suroffre de sièges sur la destination” en raison de l'augmentation des fréquences d'Air France et de l'arrivée de Delta Air Lines. D'autant qu'Air France a annoncé qu'elle allait “associer un Airbus A350 de plus grande capacité à ses cinq fréquences hebdomadaires”, faisant ainsi passer “le nombre total de sièges desservant la Polynésie à un record absolu d'un million pour seulement 250 000 habitants”. Une “surenchère” qui risque d'aggraver la situation financière d'ATN qui a affiché “un important déficit d'exploitation en 2022” avec “de nouvelles pertes attendues en 2023”.

Le Pays étant le “premier actionnaire d'ATN”, elle interpelle le président qui a également en charge le portefeuille du tourisme pour connaître la stratégie qu'il compte adopter pour “réagir à cette suroffre de sièges et à la dégradation des comptes de la société”.  Du côté des élus du Tavini, et même s'ils y ont été encouragés par le président du Pays, aucune question n'a été enregistrée pour cette séance, pas plus que pour la précédente (le 28 septembre).

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 10 Octobre 2023 à 16:47 | Lu 3110 fois