Cinquante ans de peinture du fenua exposés au Fare Natura


© Toatane Rurua
Moorea, le 11 juillet 2023 - Depuis vendredi, Jean Shelsher expose à l’entrée du Fare Natura sur le thème de la vie quotidienne des Polynésiens. Le public a l’occasion de découvrir des tableaux représentant la Polynésie, notamment l’île de Moorea, des anciennes époques. L’artiste démontre  sa fascination pour les paysages ainsi que pour le mode de vie polynésien d’autrefois.

Jean Shelsher, artiste peintre de Papetoai, expose depuis vendredi plusieurs de ses tableaux au Fare Natura de Moorea en y présentant une rétrospective de cinquante années de peinture sur le fenua.  Née en Angleterre en 1940, Jean Shelsher a d’abord travaillé en tant que styliste et publiciste de mode à l’école d’art San Martin de Londres avant d’habiter pendant de longues années en Égypte, puis au Liban, en raison notamment de son intérêt pour les civilisations anciennes. Elle se passionne pour la peinture et se rend chaque année au fenua pour peindre des tableaux portant sur le thème du mode de vie polynésien de cette époque. Elle s’installe définitivement à Moorea en 1975.
 
Depuis vendredi, au Fare Natura, le public peut découvrir ou redécouvrir dans ses tableaux les habitudes polynésiennes de l’ancienne époque, comme les séances de pêche au filet, des commerces d’autrefois à l’instar des anciens magasins Are et Ah Hen ou encore l’ambiance festive polynésienne, avec une représentation de l’ancienne boîte de nuit One Chicken ou des musiciens en pleine bringue. Certains tableaux rappellent la ville de Papeete d’autrefois avec, par exemple, une œuvre sur une ancienne mairie ou une autre sur des trucks en plein centre-ville. L’artiste n’a également pas oublié de montrer sa fascination pour la culture polynésienne avec des tableaux de danseurs, de danseuses ou de musiciens du passé. “Les années 80 font partie de la belle époque. J’aime montrer les habitants, les paysages ou encore le mode de vie polynésien de ce temps. Lorsque j’ai habité à Londres, j’étais une artiste de mode. C’est pour cela que j’ai adoré peindre les vahine, qui avaient de longs cheveux, dans leurs robes tahitiennes. Je suis également fasciné par le ori tahiti. C’était très gai”, a confié Jean Shelsher lors du vernissage. 
 
Grande nostalgique de la beauté du fenua, l’artiste n’a pas manqué d’exprimer son regret sur le fait que l’île de Moorea perd, selon elle, progressivement son charme et son authenticité avec la modernité. “Je suis une romantique qui a toujours habité à Moorea. Je regrette la manière dont l’île évolue. Il y a par exemple plein de voitures sur l’île qui roulent en occasionnant beaucoup de bruit. Ce n’est plus calme comme autrefois. Tout le monde prend aussi une voiture pour aller au magasin au lieu d’aller à pied ou à bicyclette. On entend aussi trop de gens parler dans les langues européennes, comme le français ou l’anglais, au lieu de s’exprimer dans la langue tahitienne. Je pense que l’avenir de Moorea est dans le tourisme. Il faut donc garder sa beauté”, a-t-elle insisté. Ses tableaux sont à découvrir pendant plusieurs semaines au Fare Natura.

Rédigé par Toatane Rurua le Mardi 11 Juillet 2023 à 20:00 | Lu 3142 fois