Cinq morts au deuxième jour d'une vaste opération israélienne en Cisjordanie


JACK GUEZ / AFP
Tulkarem, Territoires palestiniens | AFP | jeudi 29/08/2024 - L'armée israélienne a indiqué avoir tué jeudi cinq combattants palestiniens retranchés dans une mosquée, au deuxième jour d'une vaste "opération antiterroriste" dans le nord de la Cisjordanie occupée, en marge de la guerre dans la bande de Gaza avec le mouvement islamiste Hamas.

Cette opération, portant à au moins 14 le nombre de morts depuis mercredi, a suscité la "profonde inquiétude" de l'ONU.

"Je condamne fermement la mort, notamment d'enfants, et j'appelle à la fin immédiate de ces opérations", a déclaré sur le réseau social X le secrétaire général Antonio Guterres.

Mercredi, l'armée israélienne avait déjà dit avoir "éliminé" neuf combattants après avoir lancé dans la nuit des colonnes de blindés sur Jénine, Tulkarem, Toubas et leurs camps de réfugiés, où les groupes armés en lutte contre Israël sont particulièrement actifs.

De son côté, le ministère palestinien de la Santé fait état de "15 morts" depuis le début des raids.

- Poursuite des affrontements -
Les cinq palestiniens tués jeudi dans le camp Nour Chams de Tulkarem étaient "retranchés dans une mosquée", selon l'armée. Le Jihad islamique, allié du Hamas, a confirmé la mort du "commandant" du camp, "Abou Choujaa".

A Jénine, où des bruits de combats étaient entendus, les habitants avaient déserté les rues, selon un journaliste de l'AFP. 

Des bruits d'explosion étaient également entendus à Tulkarem, selon un autre journaliste de l'AFP. Près de la moitié de la ville n'a pas d'eau, et dans le camp de Nour Shams, il n'y en a Plus du tout, a indiqué Hakim Abou Safiyeh, employé municipal à Tulkarem. "Les destructions sont énormes", a-t-il ajouté.

Selon le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, l'armée entend "démanteler les infrastructures terroristes irano-islamistes" en Cisjordanie. 

"La vaste opération militaire israélienne en Cisjordanie occupée ne doit pas constituer les prémisses d'une extension de la guerre à partir de Gaza, y compris une destruction à grande échelle", a prévenu jeudi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

- "Destructions énormes" -

Les incursions israéliennes dans des zones autonomes palestiniennes sont quotidiennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l'armée israélienne. Il est cependant rare qu'elles soient menées simultanément dans plusieurs villes, et appuyées par des aéronefs, comme cela est le cas depuis mercredi.

Dans un communiqué, l'Iran a dénoncé "la destruction brutale des infrastructures urbaines et de services", appelant la communauté internationale à prendre des "mesures immédiates et efficaces pour mettre fin au génocide de la nation palestinienne".

L'armée israélienne pilonne Gaza sans relâche depuis l'attaque meurtrière du Hamas en Israël le 7 octobre. Depuis cette date, les violences en Cisjordanie ont flambé. 

Au moins 637 Palestiniens y ont été tués par l'armée israélienne ou des colons, selon l'ONU, et au moins 19 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou lors d'opérations de l'armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.

Le Jihad islamique, mouvement palestinien allié du Hamas, a accusé Israël d'oeuvrer "pour annexer la Cisjordanie".

- "Importance à l'effort humanitaire" -

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi huit morts dans une frappe israélienne sur Gaza-ville (nord). Une source médicale a rapporté à l'AFP que trois Palestiniens avaient péri dans une frappe de drone à Rafah (sud).

L’armée israélienne a indiqué pour sa part avoir frappé, lors des dernières 24 heures, environ 40 "cibles terroristes" dans la bande de Gaza, où elle a éliminé des "dizaines de terroristes". L'un des combattants éliminés avait participé à l'attaque du 7 octobre, selon elle. 

Les troupes israéliennes poursuivent par ailleurs leurs opérations à Rafah, dans la région de Khan Younès (sud) et à la périphérie de Deir al Balah (centre), selon l’armée.

De très nombreuses familles en détresse continuent de se déplacer à travers ce territoire au gré des ordres d'évacuation de l'armée israélienne qui se multiplient.

Le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" des mouvements de son personnel après que l'un de ses véhicules qui avait "reçu de multiples autorisations des autorités israéliennes" a été touché mardi par des tirs israéliens, sans faire de victimes. L'armée israélienne a dit que ce tir était en cours d'examen.

Pendant ce temps, les médiateurs entre Israël et le Hamas -- Qatar, Egypte et Etats-Unis -- tentent toujours, sans succès, d'arracher un cessez-le-feu à Gaza assorti de la libération d'otages en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël. 

L'attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de 1.199 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 103 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 déclarées mortes par l'armée.

Près de la frontière jeudi, des familles des otages s'étaient rassemblées côté israélien pour parler, grâce à des haut-parleurs, à leurs proches.

"C'est maman (...) Je prie Dieu qu'il te ramène. Tout de suite. Je t'aime, reste fort", hurle dans un micro Rachel Golberg-Polin, dans l'espoir d'être entendu par son fils Hersh.

L'offensive militaire de représailles israéliennes sur la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a dévasté ce petit territoire et fait 40.602 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne détaille pas le nombre de civils et de combattants tués. Selon l'ONU, la majorité des morts sont des femmes et des mineurs.

Rédigé par RB le Jeudi 29 Aout 2024 à 05:31 | Lu 326 fois