Cinq artistes polynésiens exposés à Paris


L'exposition "Objets du Fenua - Nouveaux regards" exposera à Paris 22 œuvres contemporaines créées par des artistes polynésiens.
PAPEETE, le 7 mars - L'exposition gratuite "Objets du Fenua - Nouveaux regards" sera hébergée au Musée des Arts et Métiers à Paris du 4 au 22 avril prochains. Cinq artistes polynésiens contemporains aimant détourner les objets du quotidien y participent, comme Andreas Dettloff, Tahe ou Hell Ton John.

L'exposition Objets du Fenua - Nouveaux regards aura lieu à Paris le mois prochain. C'est une grande première pour l'art contemporain polynésien, rendue possible grâce à une collaboration entre le Cnam Polynésie, le Cnam Paris, le Musée des Arts et Métiers de Paris, les ministères de la Culture et du Tourisme polynésiens, et avec la compagnie aérienne Air Tahiti Nui qui va transporter les artistes et leurs œuvres. Certaines sculptures ou objets détournés sont imposants, à l'image de la célèbre colonne de pneus tatoués d'Andreas Dettloff, ou du Punu émergeant de la pierre de Tahe.

Le célèbre casque de Goldorak de Tahe sera exposé
L'exposition durera 19 jours, du 4 au 22 avril inclus, et sera totalement gratuite pour tous. Dans la splendide salle Madame de Genlis du Musée des Arts et Métiers, elle comprendra 22 œuvres des artistes Hell Ton John, Knky, Andreas Dettloff, Jonathan Mencarelli et Tahe Drollet. Un groupe de figures reconnues de l'art contemporain local. Les pièces exposées sont prêtées par les artistes et des collectionneurs privés.

Le site du Musée des Arts et Métiers, qui hébergera l'exposition, explique que les cinq artistes regroupés "proviennent d’horizons variés mais partagent tous un trait commun : la passion d’un fenua en pleine mutation, en pleine redéfinition de son identité. Leurs œuvres interrogent le rapport au monde actuel au moyen d’éléments et de pratiques provenant de la société de consommation globalisée. Au fond la question que posent les artistes est la suivante : connaissons-nous réellement la culture polynésienne ?" Un thème parfaitement adapté aux Journées Européennes des Métiers d’Art, pour lequel le musée organise un grand évènement Futurs en Transmission qui inclura en particulier l'exposition Objets du Fenua. Une occasion unique qui va permettre à ces artistes iconoclastes d'investir un musée généralement plus intéressé par la technique, les sciences et l'ingénierie que l'art contemporain.

L'un des grands intérêts de l'exposition sera de pouvoir rencontrer trois des artistes exposés et assister à leur processus créatifs. Ainsi les jeudi 5 et vendredi 6 avril, Hell Ton John réalisera une grande fresque murale dans le musée tandis que Jonathan Mencarelli terminera une sculpture sur pierre, deux créations qui seront réalisées devant le public. De plus, le dimanche 8 avril une conférence "Objets du fenua – nouveaux regards" sera organisée avec l'anthropologue du CREDO Sébastien Galliot et l'artiste Andreas Dettloff.



En pratique

Une impressionnante colonne de pneus tatoués de l'artiste Andreas Dettloff accueillera les visiteurs.
Où : Au Musée des Arts et Métiers de Paris, salle Madame de Genlis
Comment s'y rendre : 60 Rue Réaumur, 75003 Paris (métro Arts et Métier, lignes 3 et 11 ; ou métro Réaumur-Sébastopol, lignes 3 et 4)
Quand : du 4 au 22 avril 2018, inclus.
Coût : L'exposition Objets du Fenua sera entièrement gratuite. Pour également visiter les expositions permanentes du Musée, il faudra payer... Sauf du 4 au 8 avril, où vous pourrez profiter des Journées Européennes des métiers d'art pour visiter gratuitement le musée en entier, une occasion rare.

Christophe Gomez, directeur du Cnam polynésie

"Il y aura un flux très important de touristes européens, c'est vraiment une chance pour ces artistes de se faire connaitre "

Cette exposition est-elle la première initiative du Cnam national mettant en valeur des artistes polynésiens ?
Absolument, c'est une première pour de nombreuses choses. Pour le Musée des Arts et Métiers, c'est une première d'intégrer des œuvres d'art contemporain, puisque ce musée est destiné essentiellement à retracer la vie industrielle française et les inventions européennes. Là ils vont faire un peu d'art à l'occasion des Journées européennes des métiers d'art. Il y aura beaucoup d'animations et des objets venus du monde entier, à l'intersection de l'art et de la technique, montrant la transition entre la tradition et la modernité. Donc on va amener des objets détournés, comme des planches de surf, qui sont des objets très techniques, ou encore des pneus tatoués de motifs marquisiens, qui traduisent tout de même très bien l'industrie moderne et le confit avec les traditions.

Comment avez-vous pu rendre l'exposition gratuite ?
Oui c'est exceptionnel, parce que le musée n'est habituellement pas gratuit. Là, pendant ces 19 jours, l'accès à l'exposition sera totalement gratuit pour tous les visiteurs, et elle est hébergée dans la plus grande et plus belle salle du musée ! Et avec les Journées européennes des métiers d'art il y aura un flux très important de touristes européens, et tout le musée sera gratuit pendant les premiers jours de l'exposition ! C'est vraiment une chance pour ces artistes de se faire connaitre sur la scène nationale et internationale.
Donc en pratique l'organisation de cette exposition a demandé beaucoup de partenaires. Le Cnam de Paris et le Musée nous prêtent gratuitement la salle, le Cnam Polynésie assure l'organisation, le Pays nous finance à travers le ministère de la Culture et le ministère du Tourisme, et ATN assurera le transport des œuvres et des artistes. C'est une grosse logistique ! Nous allons inviter toutes les associations polynésiennes de France à venir visiter l'exposition.

Comment avez-vous choisi les artistes exposés ?
D'abord on voulait une mixité qui traduise la diversité de la population polynésienne. Nous avons donc des artistes Tahitiens, mais aussi des Polynésiens issus d'ailleurs, de Nouvelle-Calédonie, de métropole, d'Allemagne... Et nous voulions des œuvres qui ne soient pas des tableaux classiques ou des objets artisanaux. Donc on aura à la fois de la sérigraphie, une sculpture imposante avec les pneus de Duttloff qui illustrent vraiment la transition entre la tradition et la modernité, un thème que le "penu" pris dans la pierre de Jonathan Mencarelli illustre aussi parfaitement... D'ailleurs ce sculpteur va finaliser sur place une sculpture qu'il aura commencée à Tahiti, avec une pierre venue de Polynésie. Citons aussi le masque de Tahe, fait en matières locales mais qui est un clin d'œil à Goldorak ! Et après avoir montré ces œuvres au public parisien, l'exposition reviendra à Tahiti et sera exposée gratuitement pour tous les Polynésiens, au Lycée hôtelier.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 8 Mars 2018 à 15:14 | Lu 13800 fois