Tahiti, le 31 juillet 2024 - Elle travaille actuellement dans une ferme de Saint-Pierre-en Auge en Normandie. Mais ce n’est qu’une étape pour Cindy Gelas. Elle se forme, engrange de l’expérience et peaufine son projet. Elle veut rentrer à Tahiti pour monter un élevage de vaches laitières. Un élevage durable et respectueux de l’environnement qui participera à l’autonomie alimentaire de son Fenua. Déjà son projet séduit, il a été remarqué en France.
Elle est en reconversion. Cindy Gelas, 45 ans, a quitté l’administration et les bureaux climatisés polynésiens pour se former à l’élevage de vaches laitières en Normandie. “Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour vivre sa passion”, plaisante-t-elle.
Son père, normand, et sa mère, tahitienne, lui ont légué une double culture dont elle est fière. Cindy Gelas est née et a grandi en Polynésie mais a fait de très nombreux allers-retours vers la Normandie de ses ancêtres tout au long de sa vie. Du côté de son père, elle est d’une famille d’éleveurs qui se sont transmis leur envie et leurs savoir-faire pendant huit générations. “Lorsque mon grand-père a annoncé qu’il ne souhaitait pas prendre le relais, cela a été une déchirure pour son père, mais celui-ci a toujours été persuadé que cela reviendrait un jour dans la famille. S’il avait su que l’une de ses petites-filles du Pacifique reprendrait le flambeau ! Il serait sans doute fier.” Le grand-père de Cindy Gelas s’est finalement engagé dans la marine. Il a débarqué à Tahiti avec sa femme et son fils. “Mon père donc, c’est là que mon histoire a commencé. Je suis une Tahitienne-Normande.”
Héritage intergénérationnel
“J’ai toujours su que je voulais devenir agricultrice”, affirme Cindy Gelas. Elle a tout de même suivi une prépa HEC au lycée Paul-Gauguin. Son père l’a encouragée à faire “de bonnes études”. Elle gardé son rêve à l’abri, dans un coin de tête. “Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas expliquer cette envie, c’est peut-être un héritage intergénérationnel ?”, interroge-t-elle. Cindy Gelas a obtenu un master en finances. Elle est diplômée de l’Essec. “Une chance, cela m’a donné des bases solides qui me servent aujourd’hui”, reconnaît-elle. Elle envisageait d’enchaîner avec un doctorat, mais a finalement saisi une opportunité pour rentrer en Polynésie et mettre au service du Pays ses connaissances. “La Polynésie cherchait des cadres, je suis entrée à Tahiti Tourisme.” Elle a fait une carrière “convenable” dans le tourisme puis la pêche hauturière. “Mais cela ne me comblait pas, j’étais appelée à faire autre chose.”
“J’ai repris mes études à 42 ans”
Cindy Gelas a pris conscience d’être coincée dans “un moule” dès 2016. Des événements professionnels, familiaux et personnels ont fait le reste. À l’âge de 37 ans, elle a décidé de “se réaliser”. Elle avait commencé à collecter des données pour élaborer un projet d’élevage de vaches laitières. Elle s’est lancée pour de bon en 2020. “J’ai perdu ma maman, cela a été un traumatisme pour moi qui étais fille unique et dont les parents étaient séparés depuis que j’avais 13 ans.” Cette terrible nouvelle l’a confortée dans son envie de changer de vie. Son projet, en théorie, était prêt, “mais il me manquait le terrain”. Alors, Cindy Gelas a quitté sa carrière, la Polynésie et donc sa famille pour se consacrer à son rêve de petite fille. “J’ai repris mes études à 42 ans.”
Elle a obtenu un brevet professionnel de responsable d’exploitation après un an et demi de cours et de stages en France. “Quand j’ai démarré, j’ai été accueillie par une famille formidable dans la Manche qui a cru en moi.” Tout de suite, les gestes lui ont paru naturels, “j’avais l’impression de savoir déjà comment traire une vache par exemple, j’avais des gestes professionnels, comme si je l’avais dans le sang”.
Il lui a fallu s’adapter au rythme, “c’est physique, j’ai perdu 20 kilos !”, note-t-elle au passage. Elle a dû se faire aux habitudes métropolitaines, aux rapports entre les gens, au temps. “Il faut être fort physiquement et mentalement.” Elle a évolué dans des fermes bio, intensives, conventionnelles pour connaître les différentes techniques et usages, ainsi que les différents équipements et matériaux. Elle a travaillé en France mais aussi en Suisse, dans les alpages. “Je porte des bottes, je sens la vache toute la journée, je ne me maquille plus pour aller travailler, mais je n’ai jamais été aussi bien.”
Elle se dit bien accueillie en France. “Mon côté normand m’aide sans doute. Les gens me comprennent et me soutiennent.” Elle engrange de l’expérience tout en peaufinant son projet. Celui-ci consiste à lancer à partir de fin 2026, début 2027 un élevage de vaches laitières en Polynésie. “Ce ne sera pas quelque chose d’industriel et intensif. Je veux importer le véritable métier qui respecte l’animal, l’environnement et l’homme.” Inspirée par son arrière-grand-père, nourrie de ses rencontres et expériences, elle veut faire du lait et de la viande dans une microferme. “J’ai vu le bon et le mauvais en Normandie.” Elle est convaincue de l’intérêt d’une telle initiative pour participer à l’autonomie alimentaire. “Le Covid a pointé du doigt notre dépendance, il faut y remédier sans attendre.” Elle veut mettre en place une filière bovine rentable.
Son projet a d’ores et déjà été remarqué. Considéré comme un projet innovant, il compte parmi les huit finalistes du fameux concours Inel d’or 2024 organisé par La France agricole. Après étude de 43 dossiers, les jurés de ce concours ont choisi trois lauréats dans les catégories “santé”, “équipement” et “installation”, qui seront dévoilés mercredi 18 septembre. Le public est désormais invité à élire le quatrième gagnant dans la catégorie “Prix du public”. “C’est là, pour moi, une première récompense que d’avoir été nominée parmi les huit finalistes !”
Mais Cindy Gelas n’en a pas terminé avec sa formation et ses sacrifices. Ses enfants, restés en Polynésie, lui manquent. Ce projet a engagé toute sa vie. “Mais je suis forte, je crois en mon projet, j’avance humblement.”
Elle est en reconversion. Cindy Gelas, 45 ans, a quitté l’administration et les bureaux climatisés polynésiens pour se former à l’élevage de vaches laitières en Normandie. “Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour vivre sa passion”, plaisante-t-elle.
Son père, normand, et sa mère, tahitienne, lui ont légué une double culture dont elle est fière. Cindy Gelas est née et a grandi en Polynésie mais a fait de très nombreux allers-retours vers la Normandie de ses ancêtres tout au long de sa vie. Du côté de son père, elle est d’une famille d’éleveurs qui se sont transmis leur envie et leurs savoir-faire pendant huit générations. “Lorsque mon grand-père a annoncé qu’il ne souhaitait pas prendre le relais, cela a été une déchirure pour son père, mais celui-ci a toujours été persuadé que cela reviendrait un jour dans la famille. S’il avait su que l’une de ses petites-filles du Pacifique reprendrait le flambeau ! Il serait sans doute fier.” Le grand-père de Cindy Gelas s’est finalement engagé dans la marine. Il a débarqué à Tahiti avec sa femme et son fils. “Mon père donc, c’est là que mon histoire a commencé. Je suis une Tahitienne-Normande.”
Héritage intergénérationnel
“J’ai toujours su que je voulais devenir agricultrice”, affirme Cindy Gelas. Elle a tout de même suivi une prépa HEC au lycée Paul-Gauguin. Son père l’a encouragée à faire “de bonnes études”. Elle gardé son rêve à l’abri, dans un coin de tête. “Je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas expliquer cette envie, c’est peut-être un héritage intergénérationnel ?”, interroge-t-elle. Cindy Gelas a obtenu un master en finances. Elle est diplômée de l’Essec. “Une chance, cela m’a donné des bases solides qui me servent aujourd’hui”, reconnaît-elle. Elle envisageait d’enchaîner avec un doctorat, mais a finalement saisi une opportunité pour rentrer en Polynésie et mettre au service du Pays ses connaissances. “La Polynésie cherchait des cadres, je suis entrée à Tahiti Tourisme.” Elle a fait une carrière “convenable” dans le tourisme puis la pêche hauturière. “Mais cela ne me comblait pas, j’étais appelée à faire autre chose.”
“J’ai repris mes études à 42 ans”
Cindy Gelas a pris conscience d’être coincée dans “un moule” dès 2016. Des événements professionnels, familiaux et personnels ont fait le reste. À l’âge de 37 ans, elle a décidé de “se réaliser”. Elle avait commencé à collecter des données pour élaborer un projet d’élevage de vaches laitières. Elle s’est lancée pour de bon en 2020. “J’ai perdu ma maman, cela a été un traumatisme pour moi qui étais fille unique et dont les parents étaient séparés depuis que j’avais 13 ans.” Cette terrible nouvelle l’a confortée dans son envie de changer de vie. Son projet, en théorie, était prêt, “mais il me manquait le terrain”. Alors, Cindy Gelas a quitté sa carrière, la Polynésie et donc sa famille pour se consacrer à son rêve de petite fille. “J’ai repris mes études à 42 ans.”
Elle a obtenu un brevet professionnel de responsable d’exploitation après un an et demi de cours et de stages en France. “Quand j’ai démarré, j’ai été accueillie par une famille formidable dans la Manche qui a cru en moi.” Tout de suite, les gestes lui ont paru naturels, “j’avais l’impression de savoir déjà comment traire une vache par exemple, j’avais des gestes professionnels, comme si je l’avais dans le sang”.
Il lui a fallu s’adapter au rythme, “c’est physique, j’ai perdu 20 kilos !”, note-t-elle au passage. Elle a dû se faire aux habitudes métropolitaines, aux rapports entre les gens, au temps. “Il faut être fort physiquement et mentalement.” Elle a évolué dans des fermes bio, intensives, conventionnelles pour connaître les différentes techniques et usages, ainsi que les différents équipements et matériaux. Elle a travaillé en France mais aussi en Suisse, dans les alpages. “Je porte des bottes, je sens la vache toute la journée, je ne me maquille plus pour aller travailler, mais je n’ai jamais été aussi bien.”
Elle se dit bien accueillie en France. “Mon côté normand m’aide sans doute. Les gens me comprennent et me soutiennent.” Elle engrange de l’expérience tout en peaufinant son projet. Celui-ci consiste à lancer à partir de fin 2026, début 2027 un élevage de vaches laitières en Polynésie. “Ce ne sera pas quelque chose d’industriel et intensif. Je veux importer le véritable métier qui respecte l’animal, l’environnement et l’homme.” Inspirée par son arrière-grand-père, nourrie de ses rencontres et expériences, elle veut faire du lait et de la viande dans une microferme. “J’ai vu le bon et le mauvais en Normandie.” Elle est convaincue de l’intérêt d’une telle initiative pour participer à l’autonomie alimentaire. “Le Covid a pointé du doigt notre dépendance, il faut y remédier sans attendre.” Elle veut mettre en place une filière bovine rentable.
Son projet a d’ores et déjà été remarqué. Considéré comme un projet innovant, il compte parmi les huit finalistes du fameux concours Inel d’or 2024 organisé par La France agricole. Après étude de 43 dossiers, les jurés de ce concours ont choisi trois lauréats dans les catégories “santé”, “équipement” et “installation”, qui seront dévoilés mercredi 18 septembre. Le public est désormais invité à élire le quatrième gagnant dans la catégorie “Prix du public”. “C’est là, pour moi, une première récompense que d’avoir été nominée parmi les huit finalistes !”
Mais Cindy Gelas n’en a pas terminé avec sa formation et ses sacrifices. Ses enfants, restés en Polynésie, lui manquent. Ce projet a engagé toute sa vie. “Mais je suis forte, je crois en mon projet, j’avance humblement.”
Pour encourager Cindy Gelas
Rendez-vous en ligne : Prix du public Inel 2024 (web-agri.fr)