Chiens des SDF capturés : la justice saisie en urgence


PAPEETE, 25 juin 2018 - La justice est saisie d'une procédure de référé par les deux sans-abri dont les chiens avaient été capturés puis mis en fourrière, en début de semaine dernière, suite à une intervention nocturne des agents de la police municipale de Papeete.

L’audience est programmée ce mardi à 10 heures, au tribunal administratif. Le juge des référés a été saisi d’une procédure en urgence visant à ordonner la suspension de la décision du maire de Papeete en exécution de laquelle des agents de la police municipale avaient procédé à la capture d’au moins cinq animaux de compagnie de sans-abri, dans la nuit de lundi à mardi dernier. Consignés depuis à la fourrière, ces animaux pourraient être euthanasiés, s’ils ne sont pas réclamés moyennant paiement d'un droit. Selon les déclarations des victimes, ces chiens étaient tenus en laisse, s’il ne s’agissait pas simplement de chiots gardés à l’abri d’un squat.

"Ces chiens ne sont pas maltraités et, aujourd'hui, ils risquent d'être euthanasiés dans quinze jours", s’était indignée Flavie Leux, la semaine dernière. "Tout le monde me balade, je n'ai réussi à joindre personne. Je sors de la fourrière et, là-bas, on me dit que si je veux les faire sortir on doit payer, mais surtout que les policiers municipaux retourneront les chercher aussitôt". La présidente de l'association avait aussi annoncé à Tahiti Infos, qu’elle ne comptait pas en "en rester là" : "Tout cela ressemble beaucoup à de l'abus de pouvoir. En tant qu'association nous ne pouvons pas porter plainte, mais nous allons accompagner le père Christophe et les propriétaires des chiens devant le tribunal administratif et le tribunal pénal. Nous ne pouvons pas laisser les choses comme ça".

Interrogé jeudi dernier, Michel Buillard avait déclaré que l'un au moins de ces chiens était malade et qu'il serait soigné. Le maire de Papeete avait aussi justifié : "beaucoup de secrétaires que je rencontre régulièrement, et qui me font part de leur problème, lorsqu’elles rentrent chez elles. Déjà, un SDF tout seul, elles ont peur. Alors un SDF avec un chien…". Face à l'éventualité d'une procédure en justice, l'édile se disait serein et affirmait qu’il défendrait alors "les intérêts de la ville, la notion de salubrité publique et la protection de mes concitoyens face à de tels dangers. Mais, encore une fois, nous allons soigneusement examiner la santé de ces chiens et les soigner. Avez-vous vu à la télévision les chiens avec des tütu’a (plaies, NDLR) ? Vous croyez que c’est bien pour l’image de la ville ? Une ville qui veut asseoir sa vocation touristique ? Nous avons besoin que ce soit propre et que les SDF se comportent bien".

Angéline Tevaria et Tautu Urarii, les deux sans-abri dont les animaux de compagnie ont été capturés, saisissent la justice et demandent qu’il soit ordonné la suspension de la décision du maire de Papeete de saisir puis euthanasier leurs cinq chiens. Ils demandent en outre au juge des référés d’enjoindre le maire de la commune de Papeete de leurs rendre les chiens. Ils demandent enfin à ce que la commune de Papeete soit condamnée à leur verser 100 000 francs au titre des frais de procès.

> Lire aussi : La mairie de Papeete jette les chiens de SDF à la fourrière

Rédigé par JPV le Lundi 25 Juin 2018 à 15:18 | Lu 5179 fois