Tangkoko, Indonésie | AFP | lundi 02/04/2017 - Le macaque noir aux yeux ambrés, mondialement célèbre depuis l'acte effronté d'un de ses représentants en 2011 qui avait chipé un appareil photo et pris un selfie, risque de disparaître: ce primate d'Indonésie est chassé pour sa viande et menacé par la déforestation.
"Son habitat se réduit. Et les gens mangent les singes...", déplore auprès de l'AFP Yunita Siwi, de l'ONG Selamatkan Yaki, qui fait campagne pour la protection de ce macaque à crête de poils et au pelage entièrement noir.
L'espèce, protégée, est en voie d'extinction. Vivant uniquement dans la jungle, sur l'île des Célèbes (centre), il est victime des chasseurs Minahasan, un peuple autochtone pour lequel ce singe est un mets aussi savoureux que pour d'autres le foie gras. Par ailleurs, comme son habitat naturel se réduit, il s'aventure de plus en plus dans des cultures, au risque de tomber sous les balles de paysans furieux.
Mais environ 2.000 macaques noirs vivent à Tangkoko dans une réserve de 8.700 hectares où ils sont relativement protégés - ce qui n'est pas le cas des 3.000 autres primates des forêts de la région.
C'est dans cette réserve que se trouve Maruto, un singe qui en 2011 avait dérobé l'appareil photo d'un photographe animalier britannique en reportage dans la jungle, David Slater: celui-ci s'était absenté quelques minutes après avoir installé son trépied et avait découvert à son retour que le macaque avait pris deux selfies avec son appareil.
Les images avaient fait le tour du monde et donné lieu à une bataille judiciaire aux Etats-Unis, une association de défense des animaux affirmant devant un tribunal de San Francisco que le singe devrait être propriétaire des droits d'auteur - une requête finalement rejetée l'an passé.
"Je n'aime pas abattre de singe moi-même, mais quand il est cuit, j'aime le goût, avec beaucoup d'épices. Ca ressemble un peu à du sanglier ou du chien", raconte Nita, une femme de 32 ans appartenant aux Minahasan, une ethnie essentiellement chrétienne dans ce pays musulman le plus peuplé au monde.
Une fois tués, les macaques sont grillés au feu de bois - pour brûler le pelage et assurer une meilleure conservation de la viande dans cette région tropicale.
Sur un marché traditionnel à Tomohon, une ville de la région, des macaques au rictus macabre occupent une place de choix au milieu d'autres espèces variées: serpents, rats, pythons, chauve-souris... On trouve aussi des chiens vivants enfermés dans des cages et promis au même sort, à côté d'étals où de jeunes hommes découpent de la viande.
Ce marché regorge d'animaux exotiques dont le commerce est interdit.
Des contrôles inopinés effectués sur place ont déclenché de violentes rixes et les autorités ont réfléchi à fermer ce marché. Mais elles semblent y avoir renoncé, alors que des agents de voyage ont fait de ce lieu une étape de "tourisme extrême" dans les séjours qu'ils proposent.
En attendant, les effectifs de l'espèce se réduisent considérablement: en 40 ans, la population de macaques noirs (macaca nigra) a chuté de plus de 80%, passant de 300 primates au kilomètre carré en 1980 à 45 en 2011, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
Les défenseurs de la nature et les autorités locales s'efforcent de convaincre les villageois installés autour de l'immense réserve naturelle de Tangkoko d'arrêter de chasser et de consommer du macaque noir. Sur les marchés, des officiels viennent expliquer aux visiteurs que l'espèce est protégée et des panneaux avertissent les contrevenants qu'ils risquent jusqu'à cinq ans de prison.
De leur côté, des ONG tentent avec l'aide des autorités locales de persuader les responsables d'écoles d'inclure la protection des espèces sauvages dans leurs programmes scolaires.
"Les Minahasan mangent tout ce qui a des pattes ou des ailes. Pour faire cesser la demande sur le long terme, nous devons proposer d'aborder la question dans les programmes scolaires", explique à l'AFP Hendrieks Rundengan, de l'agence locale pour la protection de la vie sauvage.
Des défenseurs de la nature se rendent même dans les églises des districts à majorité chrétienne pour demander aux prêtres d'inculquer à leurs fidèles que les humains sont les gardiens de la Terre, et qu'ils doivent ainsi protéger les espèces en danger comme les singes, souligne Mme Siwi.
Tous insistent sur le fait que le macaque noir joue un rôle important pour la biodiversité en répandant dans la jungle des graines qui contribuent à la croissance de certains arbres.
Chasser ces animaux pour leur viande, relève Simon Purser, du Centre de sauvetage de la faune Tasikoki, c'est "le dernier clou dans le cercueil" pour une population dont le nombre baisse constamment.
"Son habitat se réduit. Et les gens mangent les singes...", déplore auprès de l'AFP Yunita Siwi, de l'ONG Selamatkan Yaki, qui fait campagne pour la protection de ce macaque à crête de poils et au pelage entièrement noir.
L'espèce, protégée, est en voie d'extinction. Vivant uniquement dans la jungle, sur l'île des Célèbes (centre), il est victime des chasseurs Minahasan, un peuple autochtone pour lequel ce singe est un mets aussi savoureux que pour d'autres le foie gras. Par ailleurs, comme son habitat naturel se réduit, il s'aventure de plus en plus dans des cultures, au risque de tomber sous les balles de paysans furieux.
Mais environ 2.000 macaques noirs vivent à Tangkoko dans une réserve de 8.700 hectares où ils sont relativement protégés - ce qui n'est pas le cas des 3.000 autres primates des forêts de la région.
C'est dans cette réserve que se trouve Maruto, un singe qui en 2011 avait dérobé l'appareil photo d'un photographe animalier britannique en reportage dans la jungle, David Slater: celui-ci s'était absenté quelques minutes après avoir installé son trépied et avait découvert à son retour que le macaque avait pris deux selfies avec son appareil.
Les images avaient fait le tour du monde et donné lieu à une bataille judiciaire aux Etats-Unis, une association de défense des animaux affirmant devant un tribunal de San Francisco que le singe devrait être propriétaire des droits d'auteur - une requête finalement rejetée l'an passé.
- Goût de sanglier ou de chien -
"Je n'aime pas abattre de singe moi-même, mais quand il est cuit, j'aime le goût, avec beaucoup d'épices. Ca ressemble un peu à du sanglier ou du chien", raconte Nita, une femme de 32 ans appartenant aux Minahasan, une ethnie essentiellement chrétienne dans ce pays musulman le plus peuplé au monde.
Une fois tués, les macaques sont grillés au feu de bois - pour brûler le pelage et assurer une meilleure conservation de la viande dans cette région tropicale.
Sur un marché traditionnel à Tomohon, une ville de la région, des macaques au rictus macabre occupent une place de choix au milieu d'autres espèces variées: serpents, rats, pythons, chauve-souris... On trouve aussi des chiens vivants enfermés dans des cages et promis au même sort, à côté d'étals où de jeunes hommes découpent de la viande.
Ce marché regorge d'animaux exotiques dont le commerce est interdit.
Des contrôles inopinés effectués sur place ont déclenché de violentes rixes et les autorités ont réfléchi à fermer ce marché. Mais elles semblent y avoir renoncé, alors que des agents de voyage ont fait de ce lieu une étape de "tourisme extrême" dans les séjours qu'ils proposent.
En attendant, les effectifs de l'espèce se réduisent considérablement: en 40 ans, la population de macaques noirs (macaca nigra) a chuté de plus de 80%, passant de 300 primates au kilomètre carré en 1980 à 45 en 2011, selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN).
- 'Dernier clou dans le cercueil' -
Les défenseurs de la nature et les autorités locales s'efforcent de convaincre les villageois installés autour de l'immense réserve naturelle de Tangkoko d'arrêter de chasser et de consommer du macaque noir. Sur les marchés, des officiels viennent expliquer aux visiteurs que l'espèce est protégée et des panneaux avertissent les contrevenants qu'ils risquent jusqu'à cinq ans de prison.
De leur côté, des ONG tentent avec l'aide des autorités locales de persuader les responsables d'écoles d'inclure la protection des espèces sauvages dans leurs programmes scolaires.
"Les Minahasan mangent tout ce qui a des pattes ou des ailes. Pour faire cesser la demande sur le long terme, nous devons proposer d'aborder la question dans les programmes scolaires", explique à l'AFP Hendrieks Rundengan, de l'agence locale pour la protection de la vie sauvage.
Des défenseurs de la nature se rendent même dans les églises des districts à majorité chrétienne pour demander aux prêtres d'inculquer à leurs fidèles que les humains sont les gardiens de la Terre, et qu'ils doivent ainsi protéger les espèces en danger comme les singes, souligne Mme Siwi.
Tous insistent sur le fait que le macaque noir joue un rôle important pour la biodiversité en répandant dans la jungle des graines qui contribuent à la croissance de certains arbres.
Chasser ces animaux pour leur viande, relève Simon Purser, du Centre de sauvetage de la faune Tasikoki, c'est "le dernier clou dans le cercueil" pour une population dont le nombre baisse constamment.