Chasse au trésor : la "petite aventure" coûte 14 millions de francs au contribuable


Le Dauphin interministériel en train de secourir le naufragé
PAPEETE, le 11 avril 2014 – Après la mésaventure de trois aventuriers chasseurs de trésor à Anuanuraro, l’heure est maintenant au bilan. L’opération de secours des services du MRCC Polynésie (le Centre de Surveillance, de Recherche et de Sauvetage en Mer) a mobilisé l’hélicoptère Dauphin interministériel et un Gardian de la flottille 25F prêté par les forces armées. Le tout à un coût pour l’état de 115 000 euros, soit près de 14 millions de francs cfp.

Un porte-parole du Haut-Commissariat explique que l’Etat ne compte pas demander aux naufragés de le rembourser, car « en principe il y a une obligation pour l’Etat de porter secours aux personnes en danger en mer. A chaque fois qu’il y a une action comme ça, on voit ce que ça coûte. J’insiste encore sur le fait qu’il faut être responsable quand on monte ce genre d’opérations. »

Les naufragés sont Albert Tapa accompagné de son neveu Benjamin et de son ami Jerry, un australien. Ils étaient à la recherche d’un trésor de 3 tonnes d’or du XIXème siècle censément caché par des pirates sur l’atoll de Pinaki ou celui d’Anuanuraro aux Tuamotu.

Mais les héritiers de Jim Hawkins (le héros du livre L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson) n’ont pas échappé à une très romanesque mésaventure. Tel que le relatent les naufragés dans une interview accordée au journal La Dépêche de Tahiti, l'histoire commence le 17 mars. Après deux jours de mer pour se rendre sur l’atoll, leur catamaran de location les a abandonnés à l’extérieur du récif réputé très dangereux d’Anuanuraro sans même attendre de voir s’ils réussissaient à atteindre la terre sans encombre. Pas de chance, leurs zodiacs sont chahutés par la mer démontée avant d’atteindre le platier et ils y perdent une bonne partie de leurs vivres et de leur eau. Bien sûr leur téléphone satellitaire ne fonctionne pas… Ils passeront trois semaines échoués sur ce paradis devenu leur enfer à survivre de cocos, de riz trouvé dans une cabane sur place et de quelques poissons. Finalement leur catamaran est revenu les chercher le 6 avril. Albert et Jerry sont partis en premier car l’australien s’était sérieusement blessé et les trois comparses pensaient ne pas pouvoir traverser le récif tous ensemble sur leurs frêles zodiacs. Après deux jours de mer pour rentrer à Tahiti, ils ont réussi à contacter les secours pour les avertir que leur cadet était abandonné à son triste sort à Anuanuraro.

Un coût important pour les finances publiques

Le MRCC s’est alors mobilisé. Le Gardian a localisé Benjamin recherchée sur l’atoll et lui a parachuté un conteneur de survie. Le Dauphin est ensuite allé le chercher. Parti de Tahiti mardi après-midi, l’hélicoptère a récupéré Benjamin mercredi 9 avril au matin. Il a été pris en charge à Nukutepipi où il a pu s’entretenir par téléphone avec un médecin avant d’être rapatrié dans l’après-midi vers Tahiti, par vol privé.

« Nous sommes au total sur un budget d’environ 115 000 euros, en additionnant les heures de vol et de personnel. Il se trouve que tous les services d’urgence ont pu suivre leurs missions pendant ce temps-là mais, mécaniquement, ces appareils n’étaient pas disponibles pour d’autres appels s’il y en avait eu besoin. Surtout, ça représente un vrai coût pour les finances publiques. Un conseil que je peux donner c’est que quand on monte ce genre d’expédition, il faut étudier attentivement les conséquences et les moyens mis en œuvre pour assurer sa sécurité. Ce qu’il faut c’est se demander c’est : si les conditions météos se dégradent, comment on est préparé ? » explique le MRCC. Pour le centre, c’était un situation inédite depuis de nombreuses années que d’être obligé de récupérer quelqu’un isolé sur un atoll.

Benjamin repéré par le Gardian
Et une autre photo du MRCC :

Leur campement de fortune

le clin d'eoil de daniel Gouzin


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 11 Avril 2014 à 16:51 | Lu 7010 fois