Ceux qui travaillent pendant les élections


PAPEETE, le 6 mai 2018 - Alors que plus de 200 000 citoyens Polynésiens étaient appelés à voter, d'importants moyens humains se sont mobilisés pour faciliter le processus électoral et assurer la sécurité de tous. D'autres ont profité de l'opportunité pour faire un peu de commerce. Car les affaires, ça n'est mauvais que pour les élus !

C'est par une belle journée, à peine arrosée aux heures les plus chaudes, que s'est déroulé ce deuxième tour des élections territoriales 2018. Les citoyens étaient nombreux à s'être déplacés et les trois partis encore en course étaient plus mobilisés que jamais pour tenter de convaincre les derniers indécis. Le nombre de défilés sur les routes et de drapeaux étaient d'ailleurs en forte augmentation par rapport au premier tour, donnant à la journée une très joyeuse ambiance de fête.

Mais outre les électeurs, que nous avions rencontré lors du premier tour, certains sont également mobilisés pour travailler en ce dimanche démocratique. D'abord dans les bureaux de vote, avec des assesseurs, puis autour des bureaux, avec les forces de l'ordre et des pompiers chargés d'assurer la sécurité de ce grand rassemblement, et enfin tous ces entrepreneurs qui profitent de la foule pour leur proposer des plats. C'est à eux que nous avons donné la parole aujourd'hui !


Gloria (à droite), assesseur au bureau n°3 de Pirae, et son amie Lorraine

Comment se passe ce deuxième tour ?
Je trouve que les élections se passent très bien aujourd'hui, les gens sont beaucoup plus gais. J'ai l'impression qu'ils sont contents de venir voter, en tout cas plus qu'au premier tour ou aux élections précédentes. Il y a plus d'animations, plus de monde…

Pourquoi es-tu volontaire pour être assesseur ?
Je suis là pour un parti, et c'est très important que chaque parti soit représenté dans chaque bureau de vote. Il n'y a aucun problème cette année, tout le monde se respecte : chacun a fait son choix, on se doit de le respecter et de l'accepter. Je trouve qu'il y a eu un changement, plus de respect pour les institutions que par le passé. J'en ai vu des choses, et il n'y a pas si longtemps de cela… En fait, nous sommes dans une nouvelle ère, où les gens sont mieux dans leur corps et dans leur tête. Les gens se sentent mieux avec leurs convictions, et sont plus prêts à accepter celles des autres.

Tu me disais voir des électeurs revenir voter, qui avaient ignoré les derniers scrutins ?
Oui, des gens qui avaient une carte électorale vide, qui étaient restés chez eux aux deux dernière élections et même au premier tour. Et quand je les vois, je suis contente ! Il y a même des gens qui nous ont appelés pour qu'on viennent les chercher chez eux pour venir voter. J'en profite, comme j'ai fini, pour aller les chercher avec ma copine Lorraine ! On est contentes de rendre service.

Kalei et Vetea, pompiers professionnels de Faa'a

Vetea : On nous a réquisitionnés pour le vote. Normalement nous n'étions pas de service, mais c'est le travail ! Il y a une autre équipes qui est mobilisée au cas où il y ait des appels sur la commune, le dispositif est complet. Nous-même, on n'a pas encore voté mais en on profitera, quand le monde va s'atténuer, pour aller voter avant la fermeture !

Kalei : Nous sommes ici pour porter assistance, c'est le rôle du pompier en toutes circonstances, et aussi pour secourir d'éventuels blessés. Pour aujourd'hui, il peut y avoir du soleil, ça peut être dangereux pour les personnes âgées et on est là pour les prendre en charge. Et s'il y a un accident de route, ou un problème, on peut intervenir. Aujourd'hui c'est calme, on a juste eu quelqu'un qui a trébuché, quelques bobos mais rien de grave. Et tant mieux, de toute façon on reste là pour assurer la sécurité des gens, au cas où. Ici on a une ambulance et des chaises roulantes en moyen logistique, on va aider les personnes qui ont du mal à se déplacer mais viennent voter quand même.

Adrien, président de l'association Nuurapae et responsable d'un snack temporaire au motu Ovini

Qu'est-ce que l'association Nuurapae ?
Nuurapae est une association familiale de Faa'a, composée essentiellement de jeunes. Notre objectif est de mettre en avant notre culture polynésienne. On organise des spectacles, parfois des shows pour des mariages, des anniversaires, dans les hôtels…

Et vous profitez des élections pour faire une buvette et récolter des fonds… Est-ce que vous parlez politique avec vos clients ?
Nous, en tant qu'association, nous ne faisons pas de politique. Aujourd'hui nous avons pour but de récolter des fonds pour financer nos projets. On a voté avant d'ouvrir la buvette, mais maintenant on ne fait que travailler. Et surtout on ne parle pas politique... déjà parce que c'est interdit à tous les stands d'exposer sa couleur… Et je pense que cette interdiction de parler politique est une bonne chose pour la cohésion entre tous les présidents d'association qui tiennent un stand ici. On a peut-être des avis différents, mais là le but c'est la convivialité et lever des fonds pour nos projets !

Que penses-tu de cette façon de mêler business et politique ?
Déjà que la politique c'est compliqué, alors mélanger son opinion et ses affaires… Une seule chose est sûre, tout le monde a besoin de manger, quelque soit sa couleur politique !

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 6 Mai 2018 à 18:04 | Lu 2128 fois