"Cette lentille d'eau était déjà impropre à la consommation et polluée"


Tahiti, le 6 janvier 2022 - Kito Sylvain, le porteur du projet de construction d'une villa de luxe sur le motu Terurumi à Bora Bora, a accepté de répondre par écrit aux questions de Tahiti Infos sur les travaux de creusement d'une lagune dénoncés par des riverains. Il assure que l'état de la lentille d'eau douce n'est pas lié à ses travaux, mais à des phénomènes naturels et à son exploitation par les riverains.

Pourquoi avoir commencé les travaux sans avoir attendu l'autorisation d'occupation temporaire (AOT) du domaine public maritime ?
 
"Ayant déjà en notre possession un permis de construire et une autorisation d'occupation domaine public maritime obtenus en 2019, nous avons lancé la première phase des travaux et, parallèlement, effectué les démarches pour obtenir une demande de permis modificatif. Ce qui est d’usage pour ce type d’opération qui reste en constante évolution. Il faut rappeler le contexte de la pandémie où nous étions sollicités de toute part pour démarrer les travaux et donner du travail."
 
On vous accuse d'avoir détruit la lentille d’eau du motu, que répondez-vous ?
 
"Je leur dis qu’ils nous apportent la preuve. Pour moi, il y a eu un phénomène exceptionnel naturel au mois d’août avec une montée des eaux du lagon d’1 mètre qui a certainement eu un effet sur la salinité de l’eau de la lentille. De notre côté nous avons réalisé des études qui démontrent qu’à 15m de notre lagune, l’eau était quasiment douce alors que d’autres prélèvements situés les parcelles voisines démontraient une salinité bien plus importante. N’est-ce pas plutôt lié à une surexploitation de leurs puits ? Dans notre projet, à la base nous avions souhaité effectivement solliciter auprès du Pays, l’autorisation d’exploiter cette lentille d’eau pour nos propres besoins comme cela est prévu par les textes en matière de gestion du domaine public naturel. Cependant, nous étions déjà certains que cette eau était impropre à la consommation et polluée par les pesticides, les rejets organiques directs ou le mélange avec de l’eau salée si les riverains la pompaient déjà de manière excessive. Nous avons donc décidé d’amener l’eau potable de l’île principale au motu et par la même occasion, d’aider nos voisins à avoir accès à l’eau potable. D’ailleurs les travaux de viabilisation démarreront dès la semaine prochaine."
 
Un recours a été déposé par le Pays contre vos travaux effectués sans autorisations…
 
"Je suis étonné de cette information, puisque le Pays vient d’autoriser notre demande d’AOT et régulariser ainsi nos travaux déjà entamés mais aussi de nous permettre de les terminer."
 
Même côté administration du Pays, on parle de "crime" environnemental…
 
"Le procès est facile et, on voit bien la puissance des réseaux sociaux. Je fais remarquer que ces mêmes réseaux sociaux sont administrés par des opposants politiques. Néanmoins, je laisse la politique au politique. Mais si je dois reprendre le terme en question, je tiens à dire que dans ce cas, je ne suis pas le seul « criminel », si l’on considère toutes les lagunes réalisées par les établissements touristiques de la place dont la plupart font plusieurs hectares par rapport à la lagune de notre villa touristique qui ne dépasse pas les 2 000m2. Je tiens juste à faire remarquer que nous ne sommes pas les précurseurs des lagunes sur les motus de notre île dont la vocation est principalement tournée vers l’activité touristique."
 
Un recours demandant la remise en état du motu a également été déposé par un collectif de riverains…
 
"Les recours sont plus motivés par l’obtention de compensation financière. S’il s’agissait simplement d’eau, de notre part, nous offrons des solutions concrètes avec le raccordement au réseau d’eau potable de l’île ce qui donne toutes les garanties pour la santé humaine. En déposant ces recours, ce que nous comprenons surtout de la part de ce collectif, c’est qu’il souhaite conserver l’utilisation de la lentille d’eau saumâtre du motu et, renonce ainsi à la viabilisation future de leurs parcelles. Si ce collectif opte pour la lentille d’eau saumâtre, il faudra tout de même que l’administration veille à ce qu’en leur donnant l’autorisation de le faire, l’eau soit traitée de manière à la rendre potable à la consommation humaine. Bien entendu, nous nous défendrons mais pas que pour nous, mais aussi pour les riverains qui font partie du collectif de soutien à notre projet qui comprend la viabilisation de nos parcelles de terre. Mes partenaires et moi-même sommes heureux de pouvoir aider les membres de ce collectif de soutien à améliorer leurs conditions de vie sur les motu. Par ce fait, ce projet contribue à la valorisation de l’ensemble des terrains voisins qui seront de fait viabiliser. Ils seront raccordés en eau potable, en électricité mais aussi aux réseaux internet et téléphoniques. Nous participons ainsi au plan de développement opté par la commune de Bora Bora."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Vendredi 7 Janvier 2022 à 13:34 | Lu 6123 fois