Ces crabes qui protègent les coraux


Photo : David Liittschwager. Plusieurs espèces de crabes vivent à l'intérieur d'un corail. Ils vivent en couple. Mais il ne peut pas y avoir deux couples de la même espèce.
PAPEETE, le 15 décembre 2014. La bonne santé de nos récifs dépend de la diversité des espèces de crabes. Ceux-ci défendent le corail, qui les abrite et leur fournit à manger, contre les acanthaster, les étoiles de mer qui se nourrissent aux dépens du corail.

Vous les avez peut-être déjà vus. Ces petits crabes se cachent dans le corail. On appelle ces animaux « les crabes gardiens des coraux », car ils ont un rôle très important dans la préservation du récif. En échange d'un abri et de nourriture, le crabe défend les récifs coralliens des prédateurs comme les acanthaster (aussi connues sous le nom de taramea)

En 2008 et 2009, les chercheurs du Smithsonian Marine
(centre de recherche spécialisé dans la biodiversité marine en Floride) ont étudié quatre espèces de crabes gardiens de coraux. Ils ont mené une série d'expériences afin d'évaluer l'efficacité de ces différentes espèces à repousser plusieurs corallivores.

Ils sont allés à Moorea, où le récif a été très touché par l'acanthaster
entre 2006 et 2010. Cette étoile de mer peut atteindre jusqu'à 45 centimètres de diamètre. Elle se nourrit du récif. Avant l'épidémie, 80 % du récif de Moorea était composé de coraux vivants. Par la suite, 3,4 % du corail, seulement, était toujours vivant décrivent les chercheurs.
Pour mesurer le rôle des crabes gardiens des coraux, ils ont enlevé les crustacés de 45 colonies de coraux tandis que 45 autres ont continué à abriter leurs crabes.

Après plusieurs semaines, ils ont constaté que 64 % du corail qui n'était pas protégé par des crabes avaient été attaqués alors que le corail, qui abritait des crabes, avait été préservé des attaques à plus de 82 %. C'est-à-dire que moins d'un tiers du corail protégé par les crabes avait été attaqué par des acanthaster. Les crabes agissent comme de véritables gardiens. Armés de leurs pinces, ils s'attaquent aux pieds des taramea. Ainsi, dérangée à l'heure du ma'a, l'étoile de mer n'a plus qu'une solution s'en aller.

Les coraux non gardés ont perdu en moyenne 22 % de leurs tissus, contre seulement 2 % dans une colonie corail avec des crabes gardiens. Cet effet protecteur s'étendrait même selon les chercheurs aux coraux voisins, car il semble que l'étoile de mer quitte les coraux qui abritent ces crabes, mais aussi les coraux voisins.

Grâce à l'étude des chercheurs du Smithsonian Marine,
on connaît mieux le rôle de chacune des espèces de crabes qui représentent autant de lignes de défenses contre les prédateurs. Les plus gros crabes s'attaquent aux prédateurs plus imposants comme l'acanthaster tandis que les plus petits sont capables de repousser les escargots mangeurs de coraux. Les chercheurs ont souligné qu'ils voulaient ainsi montrer que le rôle pouvait varier au sein d'un même genre selon les espèces.



Le retour prévu des taramea

Ces trois photos montrent bien comment les taramea ont mangé tout le corail vivant entre 2006 et 2010.
Au début des années 2000, la prolifération de l'acanthaster apparaît d'abord aux Australes et aux îles Sous-le-Vent. En quelques années, le corail est fortement attaqué, au point qu'autour de certaines îles polynésiennes le taux de recouvrement en corail vivant s'est effondré.
Mais en raison de sa gourmandise, l'Acanthaser planci, qui a grignoté le récif corallien autour de Moorea, a fini par disparaître ou du moins par se retirer largement des zones où elle était si prépondérante entre 2006 et 2010. Le phénomène de cette étoile de mer est, en effet, tout à fait naturel et il se régule tout seul. «N'ayant plus de corail à manger après quelques années, l'étoile de mer Acanthaser planci n'est plus un problème aujourd'hui» précisait Pauline Bosserelle, technicienne du Criobe en 2013. « Mais nous savons que c'est un phénomène cyclique et qu'un récif corallien en bonne santé sera de nouveau attaqué par cette étoile de mer dans quelques années ». La nature est en éternel recommencement du moment que la main de l'homme ne vienne pas perturber ses cycles habituels.

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 15 Décembre 2014 à 16:09 | Lu 1786 fois