Ces coraux de Tahiti qui épatent la planète


(Alexis Rosenfeld / AFP)
Tahiti, le 20 janvier 2022 – La découverte relayée par l'Unesco a fait l'objet jeudi d'une immense couverture médiatique. Un champ de porites rus au large de la Presqu'île de Tahiti a été identifié comme “l’un des récifs coralliens sains les plus étendus jamais enregistrés”, par une mission d'exploration co-dirigée par le programme One Ocean du plongeur-photographe français, Alexis Rosenfeld, et la chercheuse au CNRS basée au Criobe de Moorea, Lætitia Hedouin.
 
C'est un champ de corail de la Presqu'île de Tahiti qui fait l'objet, depuis quelques heures d'un véritable emballement planétaire. On ne comptait plus, jeudi matin, dans les médias nationaux et internationaux, le nombre de reportages, d'articles et d'interviews consacrés à la découverte, par une mission d'exploration soutenue par l'Unesco et le Criobe de Moorea, d'un “des plus grands récifs coralliens au monde”.
 
Initiée par la chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) actuellement basée au Criobe (Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement), Lætitia Hedouin, cette exploration a été menée en novembre dernier en collaboration avec le programme de l'Unesco “One Ocean, le grand témoignage sur l'Océan” du plongeur-photographe français Alexis Rosenfeld.
 
Leur découverte “hors du commun” ? Un récif situé entre 30 et 65 mètres, mesurant un peu plus de 3 kilomètres de long et entre 30 et 60 mètres de large. “Ce qui en fait l’un des récifs coralliens sains les plus étendus jamais enregistrés”, s'émerveille l'Unesco. Des coraux géants en forme de rose, porites rus, qui mesurent jusqu’à trois mètres de diamètre. Et surtout, des coraux qui ont révélé à l'Unesco “qu'il semble exister de nombreux autres grands récifs, situés à des profondeurs de plus de 30 mètres, dans ce que l’on appelle la “zone crépusculaire” de l’océan, dont nous ignorons tout simplement l’existence”.
 
Sous notre nez
 
Un trésor biologique qui se trouvait juste sous notre nez, mais qu'il fallait pouvoir identifier. Et ce sont Mélo Véron et Vincent Truchet, du club de plongée Mokarran Diving à la Presqu'île, qui ont alerté la chercheuse du Criobe sur l'existence de ce récif spectaculaire. “On a découvert en fait l'immensité du récif. Dès les premières plongées qu'on a faîtes là-bas, on a été vraiment été impressionné par la qualité et la diversité des coraux”, explique Vincent Truchet, lui aussi plongeur et photographe installé depuis 2020 à Tahiti iti. “Après ce qui est important de noter, c'est que nous, on a su voir le côté exceptionnel de ce récif en tant que plongeurs. Mais les Polynésiens, les locaux, les pêcheurs qui vont pupuhi, ça fait des années, des lustres qu'ils vont sur ce récif.”
 
Pour la chercheuse basée à Moorea, Lætitia Hedouin, cette découverte permet aussi et surtout d'étudier des coraux entièrement préservés du blanchissement qui touche cette faune aquatique polynésienne. “J'ai fait des données sur Moorea où on a perdu 50% des coraux à 6 mètres de profondeur”, explique la scientifique qui évoque notamment l'intense épisode de blanchissement de 2019. “Quand vous descendez sur 40 mètres, il n'y a pas de mortalité. Les roses sont intactes, comme si elles avaient été mises dans une bulle.” Premières hypothèses de Lætitia Hedouin, ces profondeurs protègent les coraux des fortes températures et d'un fort stress de lumière qui cause le blanchissement.
 
“Nous nous sommes beaucoup attachés à étudier la zone de 0 à 20 mètres parce que c'est plus facile pour travailler, parce qu'en terme de plongée on peut y rester très longtemps”, détaille la chercheuse. “Et dès qu'on descend sous les 30 mètres, on ne peut pas rester longtemps, donc on ne l'a pas vraiment étudié. Mais ce qu'on pense, c'est que plus on va descendre dans ces profondeurs-là, plus on va découvrir potentiellement plein d'autres zones coralliennes du même type.”
 

(Photo : Mokarran Diving)

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 20 Janvier 2022 à 10:07 | Lu 6871 fois