Certificat médical obligatoire pour entrer au fenua


Tahiti, le 2 mars 2020 - Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, a annoncé lundi avoir actualisé les mesures mises en place pour freiner l'introduction du coronavirus en Polynésie. Parmi ces mesures, l'obligation pour tout voyageur - et non plus seulement pour ceux en provenance des zones à risque - de présenter un certificat médical de moins de cinq jours pour se rendre au fenua.
 
Alors que l'épidémie de coronavirus (Covid-19) observe un recul en Chine, le virus originaire de Wuhan se rapproche de la Polynésie française. Vendredi dernier, un premier cas en Nouvelle-Zélande avait été déclaré. La Californie, état des Etats-Unis qui propose deux escales aux compagnies passant par l'aéroport de Tahiti-Faa'a, vient de diagnostiquer un deuxième cas sur son territoire. La métropole a, quant à elle, dépassé la barre symbolique des 100 cas et comptabilisait  hier plus de 190 cas.
 
A ce jour, aucun cas de coronavirus n'a été détecté en Polynésie française, les mesures mises en place continuent donc d'évoluer, comme l'a annoncé le ministre de la Santé, Jacques Raynal, hier matin. Elles s'appuient notamment sur un guide méthodologique de Préparation au risque épidémique Covid 19, un ouvrage diffusé par l’agence nationale de santé publique, Santé publique France. La Polynésie se situe au stade 1 de la stratégie de réponse sanitaire. Elle consiste à freiner l'introduction du virus sur le territoire.

Actualisation pour les certificats médicaux

Jusqu'ici, les voyageurs à l'arrivée de Tahiti-Faa'a et ayant séjourné depuis le 1er janvier en Chine, à Hong Kong, au Combodge, en Inde, au Japon, à Macao, en Malaisie, au Népal, à Singapour, au Sri Lanka, à Taïwan, en Corée du Sud, au Vietnam et aux Philippines devaient présenter un certificat médical de moins de cinq jours attestant qu'ils ne présentaient aucun symptôme lié au coronavirus. A cette liste de zones dites "à risque" s'ajoute désormais la Nouvelle-Zélande.
 
Depuis lundi, toute personne doit présenter un certificat datant de moins de cinq jours à l'embarquement d'un vol à destination du fenua, et non plus seulement celles en provenance d'une zone à risque. Le personnel naviguant devra aussi fournir ce document. Le ministre de la Santé précise que ces certificats médicaux permettent surtout de "savoir que la personne a bien été examinée au préalable par un médecin, ce qui nous permettrait éventuellement de dater le moment où cette personne aurait pu contracter l'infection."

Une prise en charge onéreuse

Cette situation engendre quelques ajustements pour les Polynésiens qui vont voyager dans les jours qui viennent. En effet, si certains souhaitent effectuer un voyage en dehors de la Polynésie, ils devront obligatoirement consulter un médecin dans le pays où ils se rendront. Cela pose évidemment un problème puisque la Caisse de prévoyance sociale (CPS) ne prendra en charge la consultation que sur la base des tarifs pratiqués au fenua, soit 3 600 Fcfp. Aux Etats-Unis, la consultation coûte en principe 80 dollars, soit plus de 8 000 Fcfp. Selon un assureur de Polynésie française, il n'est pas rare qu'une consultation de routine soit facturée à plus de 100 dollars, soit plus de 10 000 Fcfp, en fonction des tarifs pratiqués par les médecins généralistes. Sur cette base, si une famille souhaite voyager aux Etats-Unis, elle devra payer le prix total de la consultation (10 000 Fcfp), la CPS lui remboursera 70% du tarif de Polynésie, soit 2 520 Fcfp. Elle devra donc prendre en charge 7 480 Fcfp. Par personne.
 
Dans le cas où le voyageur aurait contracté au préalable une assurance voyage, il devra payer le prix total de la consultation ; la CPS lui remboursera 2 520 Fcfp et l'assurance voyage prendra en charge les 7 480 Fcfp restants. (Erratum : A ce titre, un démenti diffusé le 6 mars par le Comité des entreprises d'assurance de Polynésie française, Cosoda, précise que "la consultation médicale permettant d’avoir ce certificat ne peut être prise en charge par une assurance voyage" mais que "les assurances complémentaires, souscrites individuellement ou dans le cadre d’accord d’entreprise auprès des assureurs de Polynésie françaises, pourront compléter la prise en charge de la CPS".)

Mise sous surveillance des cas suspects

Actuellement, une dizaine de personnes sont sous surveillance. Le ministre se veut rassurant : "Elles ont toutes été détectées négatives. Il n'y a pas de détection qui nous inquiète". Deux d'entre elles seraient originaires de la Polynésie française. Elles seraient actuellement en isolement à domicile. Cet isolement a été décidé à titre préventif, "du fait de la provenance de ces personnes-là". Pour les autres cas-suspects non-originaires de Polynésie française, le ministre l'assure, "nous avons souhaité les mettre 14 jours en isolement dans des structures adaptées à cet isolement". Quant à savoir le lieu où ces personnes étaient isolées, le ministre reste évasif : "Ce sont des structures que nous allons identifier, que nous gérons au niveau du ministère de la Santé, et qui permettent de contrôler les personnes qui sont à l'intérieur".

Sollicitation des professionnels de santé libéraux

Le ministre de la Santé l'a martelé, "tous les professionnels de santé sont mobilisés". Il a d'ailleurs déclaré avoir sollicité le syndicat des médecins libéraux de Polynésie française (SMLPF) pour demander un renfort auprès des médecins généralistes, des infirmiers libéraux, mais aussi des masseurs kinésithérapeutes. Chacun d'entre eux se verra remettre une fiche d'informations sur les procédures de prise en charge d'un cas-suspect. Les cabinets médicaux qui le souhaitent seront également dotés de masques et de gants de protection et éventuellement de solutions hydro-alcooliques, même si le ministre précise pour ces dernières que "ce genre de moyen n'est pas forcément nécessaire". Une réunion devrait avoir lieu aujourd'hui en fin de journée.
 
Par ailleurs, dans le but de coordonner l'ensemble des acteurs de santé, il a été demandé à la Direction de la santé de "suspendre les demandes de congés".

Rédigé par Ariitaimai Amary le Lundi 2 Mars 2020 à 20:06 | Lu 11186 fois