Cheng Min / POOL / AFP
Paris, France | AFP | samedi 27/07/2024 - Certains préparaient la couverture depuis un an, scrutant le moindre détail pour déterminer la meilleure position. La pluie a bouleversé les plans de la cérémonie d'ouverture des JO des journalistes de l'AFP.
Dans les airs, sur les toits des monuments, sur le pont des bateaux ou sur les rives de la Seine, une soixantaine de journalistes texte et photo. Leurs collègues de la vidéo, eux, sur divers points en hauteur, hors de la zone restreinte aux détenteurs des droits TV. Et la pluie, dont l'arrivée inexorable s'est invitée dans toutes les conversations dans la matinée.
"Jusqu'à la veille, les prévisions disaient qu'il pleuvrait vendredi matin et que la soirée serait sèche", raconte Martin Bureau, rédacteur en chef photo France, qui depuis un an avait mené tous les repérages pour déterminer les meilleures positions.
La symphonie rêvée de couleurs, sur fond de monuments historiques, cède devant la grisaille au ton hivernal. Il faut reconsidérer les plans, exposés la veille aux 48 photographes de l'agence, qui s'inscrivent dans un dispositif de "pool" avec les autres agences internationales (IOPP).
"Ma position aurait pu donner des choses très différentes avec une autre météo", glisse Julien De Rosa, qui a passé sa journée sur la tour nord de Notre-Dame. Comme les autres positions surélevées (Châtelet, musée d'Orsay, Louvre, Chaillot, tour Eiffel), celle-ci avait été négociée ardemment.
Il a fallu se plier aux conditions d'accès imposées par le "protocole plomb". Laisser en bas toutes les affaires, jusqu'aux sous-vêtements, pour revêtir une combinaison blanche jetable, des bottes et un casque. Et hisser, via un escalier étroit, 15 kg de matériel (boîtiers, objectifs dont un très long 600 mm) au sommet de la tour, avec vue sur les deux bras de la Seine. Vue bouchée… "J'avais imaginé faire l'enfilade de ponts avec la Défense en fond. Pas possible", regrette Julien De Rosa, qui a retrouvé ses vêtements après la douche réglementaire.
Et au niveau supérieur ? Même problème pour le photographe Lionel Bonaventure, embarqué dans un hélicoptère en compagnie d'un éditeur, chargé de transmettre les photos vers le service de validation.
- "C'était l'enfer, mais quelle ferveur" -
L'hélico était cantonné à la rive droite de la Seine, à 1.800 pieds (600 m). "En dessous de nous, il y en avait juste deux autres ; celui de NBC qui suivait le bateau des Etats-Unis, et celui d'OBS" (Olympic Broadcasting Services, l'agence du CIO qui diffuse les JO), raconte Lionel Bonaventure.
L'appareil, parti de Melun en banlieue sud-est de Paris, a fait plusieurs passages, entre 20h15 et 22h00. "Je n'ai pas pu ouvrir la porte, je me suis contenté de faire des photos par la fenêtre. Mais il fallait rapidement que je rentre, car l'objectif était vite trempé".
L'hélico a fini sa rotation prématurément à 22h00. Posé à Issy-les-Moulineaux pour faire le plein, il n'a pas obtenu l'autorisation de redécoller. Fin de mission. "C'était quand même exceptionnel d'être là. J'ai été bluffé", raconte-il, des étoiles dans les yeux.
Sur le plancher des vaches, uniforme noir de rigueur pour les photographes, seule façon d'être le plus transparent possible pour les images télé. Si le noir rend invisible, il n'arrête pas la pluie.
"C'était l'enfer, mais quel grand moment, quelle ferveur !", lâche Franck Fife, qui a descendu la Seine sur le bateau français.
"Les Français sont montés sur le bateau la tête un peu basse", raconte-il. "Mais l'ambiance est vite montée. Parce qu'il y a vraiment une émotion particulière dans ce genre de moment. C'est vraiment leur truc à eux, aux athlètes. Ils étaient impressionnés par le nombre de gens restés sous la pluie pour les voir passer. C'était énorme. Et puis j'ai vraiment pu bosser comme je le voulais. En fait, cette pluie, ça m'a fait penser à la finale de la Coupe du monde en 2018 en Russie".
Bilan de la soirée : les images de joie, de bonheur partagé. Et deux boîtiers hors d'usage. La pluie…
Dans les airs, sur les toits des monuments, sur le pont des bateaux ou sur les rives de la Seine, une soixantaine de journalistes texte et photo. Leurs collègues de la vidéo, eux, sur divers points en hauteur, hors de la zone restreinte aux détenteurs des droits TV. Et la pluie, dont l'arrivée inexorable s'est invitée dans toutes les conversations dans la matinée.
"Jusqu'à la veille, les prévisions disaient qu'il pleuvrait vendredi matin et que la soirée serait sèche", raconte Martin Bureau, rédacteur en chef photo France, qui depuis un an avait mené tous les repérages pour déterminer les meilleures positions.
La symphonie rêvée de couleurs, sur fond de monuments historiques, cède devant la grisaille au ton hivernal. Il faut reconsidérer les plans, exposés la veille aux 48 photographes de l'agence, qui s'inscrivent dans un dispositif de "pool" avec les autres agences internationales (IOPP).
"Ma position aurait pu donner des choses très différentes avec une autre météo", glisse Julien De Rosa, qui a passé sa journée sur la tour nord de Notre-Dame. Comme les autres positions surélevées (Châtelet, musée d'Orsay, Louvre, Chaillot, tour Eiffel), celle-ci avait été négociée ardemment.
Il a fallu se plier aux conditions d'accès imposées par le "protocole plomb". Laisser en bas toutes les affaires, jusqu'aux sous-vêtements, pour revêtir une combinaison blanche jetable, des bottes et un casque. Et hisser, via un escalier étroit, 15 kg de matériel (boîtiers, objectifs dont un très long 600 mm) au sommet de la tour, avec vue sur les deux bras de la Seine. Vue bouchée… "J'avais imaginé faire l'enfilade de ponts avec la Défense en fond. Pas possible", regrette Julien De Rosa, qui a retrouvé ses vêtements après la douche réglementaire.
Et au niveau supérieur ? Même problème pour le photographe Lionel Bonaventure, embarqué dans un hélicoptère en compagnie d'un éditeur, chargé de transmettre les photos vers le service de validation.
- "C'était l'enfer, mais quelle ferveur" -
L'hélico était cantonné à la rive droite de la Seine, à 1.800 pieds (600 m). "En dessous de nous, il y en avait juste deux autres ; celui de NBC qui suivait le bateau des Etats-Unis, et celui d'OBS" (Olympic Broadcasting Services, l'agence du CIO qui diffuse les JO), raconte Lionel Bonaventure.
L'appareil, parti de Melun en banlieue sud-est de Paris, a fait plusieurs passages, entre 20h15 et 22h00. "Je n'ai pas pu ouvrir la porte, je me suis contenté de faire des photos par la fenêtre. Mais il fallait rapidement que je rentre, car l'objectif était vite trempé".
L'hélico a fini sa rotation prématurément à 22h00. Posé à Issy-les-Moulineaux pour faire le plein, il n'a pas obtenu l'autorisation de redécoller. Fin de mission. "C'était quand même exceptionnel d'être là. J'ai été bluffé", raconte-il, des étoiles dans les yeux.
Sur le plancher des vaches, uniforme noir de rigueur pour les photographes, seule façon d'être le plus transparent possible pour les images télé. Si le noir rend invisible, il n'arrête pas la pluie.
"C'était l'enfer, mais quel grand moment, quelle ferveur !", lâche Franck Fife, qui a descendu la Seine sur le bateau français.
"Les Français sont montés sur le bateau la tête un peu basse", raconte-il. "Mais l'ambiance est vite montée. Parce qu'il y a vraiment une émotion particulière dans ce genre de moment. C'est vraiment leur truc à eux, aux athlètes. Ils étaient impressionnés par le nombre de gens restés sous la pluie pour les voir passer. C'était énorme. Et puis j'ai vraiment pu bosser comme je le voulais. En fait, cette pluie, ça m'a fait penser à la finale de la Coupe du monde en 2018 en Russie".
Bilan de la soirée : les images de joie, de bonheur partagé. Et deux boîtiers hors d'usage. La pluie…
"On ne se plaint pas"
A la descente du bateau, pour tous, direction le site du Trocadéro, face à la tour Eiffel. Dans la tribune officielle, couverte, souliers cirés et escarpins restent au sec.
Plus bas, sur la scène des discours, un volontaire s'échine à chasser les flaques, raclette à la main. Les journalistes, eux aussi, affrontent les intempéries. Tout l'après-midi. Pour s'en protéger, les classiques : parapluie, capes, imperméables. Mais l'eau ruisselle, s'infiltre, inexorablement. Une bâche de fortune permet de protéger les ordinateurs.
"Ce n'était pas facile, mais on ne se plaint pas. On n'était pas sur un théâtre de guerre, en Ukraine en plein hiver", relativise Karine Perret, l'une des 15 journalistes texte (sport, culture, enquêtes-territoires) disséminés dans les différentes zones réservées à la presse écrite. En charge de la rubrique spectacle vivant, elle a achevé ses papiers au sec, dans la salle de presse.
En tribune officielle, la présence d'Emmanuel Macron, Thomas Bach et de 85 chefs d'Etat et de gouvernement a rendu le site particulièrement scruté. La tour Eiffel, de l'autre côté de la Seine, attise la curiosité, nourrie par une promesse des organisateurs : "Il y aura une surprise".
Dès le mois de mai, deux photographes spécialistes du domaine ont installé des robots sur un portique dédié. L'un des engins est braqué sur la tour Eiffel, prêt à déclencher. Jusqu'à ce qu'une bâche vienne boucher une partie de la prise de vue, il y a quelques semaines.
Impossible de dégager l'objectif. Le site est trop sensible. Une perche de sept mètres permettra de dégager la bâche quelques heures avant la cérémonie. Et de faire quelques Unes dans le monde entier avec le spectacle laser sur la tour Eiffel et… Céline Dion.
Ah… Céline Dion… La voilà la surprise des organisateurs. La star québécoise a surmonté une pathologie neurologique rare, sans remède connu, qui l'a contrainte à abandonner tournées et concerts ces dernières années. Mais ce sera sans photographes, avertis le matin même que l'accès à la tour serait impossible. D'où l'importance des robots du Trocadéro. Et de l'adaptation du dispositif.
Plus bas, sur la scène des discours, un volontaire s'échine à chasser les flaques, raclette à la main. Les journalistes, eux aussi, affrontent les intempéries. Tout l'après-midi. Pour s'en protéger, les classiques : parapluie, capes, imperméables. Mais l'eau ruisselle, s'infiltre, inexorablement. Une bâche de fortune permet de protéger les ordinateurs.
"Ce n'était pas facile, mais on ne se plaint pas. On n'était pas sur un théâtre de guerre, en Ukraine en plein hiver", relativise Karine Perret, l'une des 15 journalistes texte (sport, culture, enquêtes-territoires) disséminés dans les différentes zones réservées à la presse écrite. En charge de la rubrique spectacle vivant, elle a achevé ses papiers au sec, dans la salle de presse.
En tribune officielle, la présence d'Emmanuel Macron, Thomas Bach et de 85 chefs d'Etat et de gouvernement a rendu le site particulièrement scruté. La tour Eiffel, de l'autre côté de la Seine, attise la curiosité, nourrie par une promesse des organisateurs : "Il y aura une surprise".
Dès le mois de mai, deux photographes spécialistes du domaine ont installé des robots sur un portique dédié. L'un des engins est braqué sur la tour Eiffel, prêt à déclencher. Jusqu'à ce qu'une bâche vienne boucher une partie de la prise de vue, il y a quelques semaines.
Impossible de dégager l'objectif. Le site est trop sensible. Une perche de sept mètres permettra de dégager la bâche quelques heures avant la cérémonie. Et de faire quelques Unes dans le monde entier avec le spectacle laser sur la tour Eiffel et… Céline Dion.
Ah… Céline Dion… La voilà la surprise des organisateurs. La star québécoise a surmonté une pathologie neurologique rare, sans remède connu, qui l'a contrainte à abandonner tournées et concerts ces dernières années. Mais ce sera sans photographes, avertis le matin même que l'accès à la tour serait impossible. D'où l'importance des robots du Trocadéro. Et de l'adaptation du dispositif.
"Des heures d'attente pour dix secondes de photo"
Droits TV obligent, la séquence Trocadéro/tour Eiffel est captée en plan large par des journalistes de la vidéo. Les images à distance, parmi les sept directs de la soirée, offrent une perspective incroyable.
Arnaud Richard, journaliste reporter d'images, raconte sa "drôle d'expérience", posté au Mont-Valérien, en banlieue de Paris. "Un lieu repéré depuis des semaines par grand beau". Caméra protégée tant bien que mal par un parapluie, il a finalement pu capter les jeux de lumières sur la Dame de fer. Et repartir avec la "satisfaction d'avoir participé à quelque chose d'infiniment plus grand que" lui. Depuis le Sacré-Cœur de la butte Montmartre, des terrasses en hauteur ou des "fan zones" dans toute la France, une vingtaine de journalistes AFPTV est mobilisée.
Il faut maintenant suivre la flamme vers son lieu de résidence pour la quinzaine olympique, dans le jardin des Tuileries.
Là attend le photographe Olivier Morin, arrivé sur la position assignée au Carrousel du Louvre vers 14 heures. Avec pour objectif unique : Amélie Mauresmo et Tony Parker, porteurs de flamme au passage devant la pyramide à… 22h45 ! Presque neuf heures d'attente pour une minute de travail effectif. Mais des heures de stress cumulé.
"Huit minutes avant l'arrivée des relais de flamme, les forces de l'ordre nous ont bloqués et voulaient nous faire évacuer de la place… J'ai dû appeler en urgence le responsable Photo de Paris-2024, avec l'officier de gendarmerie pour que nous puissions passer, et nous avons fini par arriver à notre position en courant sous la pluie, après avoir patienté à 50 m de celle-ci pendant des heures. Des heures d'attente pour 10 secondes de photo. C'est un peu l'histoire de notre métier dans ce genre de manifestation".
La vasque s'enflamme. Et s'envole dans le ciel de Paris. Sous l'objectif de Ben Stansall, qui vivait sa cinquième cérémonie d'ouverture des JO : "C'était bizarre, car je n'ai rien vu de la cérémonie. Juste cette partie".
La cérémonie touche à sa fin.
Bilan ? En texte 1 flash, 10 alertes, une dizaine d'actualisations du papier général, des angles à foison. Et 3.500 photos transmises. "On n'a peut-être pas les images espérées", reconnaît Martin Bureau. "Mais c'était quand même dingue".
Arnaud Richard, journaliste reporter d'images, raconte sa "drôle d'expérience", posté au Mont-Valérien, en banlieue de Paris. "Un lieu repéré depuis des semaines par grand beau". Caméra protégée tant bien que mal par un parapluie, il a finalement pu capter les jeux de lumières sur la Dame de fer. Et repartir avec la "satisfaction d'avoir participé à quelque chose d'infiniment plus grand que" lui. Depuis le Sacré-Cœur de la butte Montmartre, des terrasses en hauteur ou des "fan zones" dans toute la France, une vingtaine de journalistes AFPTV est mobilisée.
Il faut maintenant suivre la flamme vers son lieu de résidence pour la quinzaine olympique, dans le jardin des Tuileries.
Là attend le photographe Olivier Morin, arrivé sur la position assignée au Carrousel du Louvre vers 14 heures. Avec pour objectif unique : Amélie Mauresmo et Tony Parker, porteurs de flamme au passage devant la pyramide à… 22h45 ! Presque neuf heures d'attente pour une minute de travail effectif. Mais des heures de stress cumulé.
"Huit minutes avant l'arrivée des relais de flamme, les forces de l'ordre nous ont bloqués et voulaient nous faire évacuer de la place… J'ai dû appeler en urgence le responsable Photo de Paris-2024, avec l'officier de gendarmerie pour que nous puissions passer, et nous avons fini par arriver à notre position en courant sous la pluie, après avoir patienté à 50 m de celle-ci pendant des heures. Des heures d'attente pour 10 secondes de photo. C'est un peu l'histoire de notre métier dans ce genre de manifestation".
La vasque s'enflamme. Et s'envole dans le ciel de Paris. Sous l'objectif de Ben Stansall, qui vivait sa cinquième cérémonie d'ouverture des JO : "C'était bizarre, car je n'ai rien vu de la cérémonie. Juste cette partie".
La cérémonie touche à sa fin.
Bilan ? En texte 1 flash, 10 alertes, une dizaine d'actualisations du papier général, des angles à foison. Et 3.500 photos transmises. "On n'a peut-être pas les images espérées", reconnaît Martin Bureau. "Mais c'était quand même dingue".
La vasque, avec la flamme olympique allumée, s'envole alors qu'elle est attachée à un ballon. Crédit Ben STANSALL / AFP