Centre Fare Hau Arii de Faa’a : plus que huit jours de vivres !


Légende : Il ne reste plus que 8 jours de nourriture au centre, pour faire face à la situation un appel aux dons est lancé.
FAA’A, le 09 septembre 2014 - La situation est plus que critique pour le centre Fare Hau Arii de Faa’a, accueillant des enfants atteints de maladies génétiques orphelines ou inconnues. L’arrêt des subventions au 31 août dernier met l’établissement en péril. De son côté, pointé du doigt, le ministère de la solidarité dénonce le manque de transparence du centre.

Depuis le 1er septembre, les caisses du centre Fare Hau Arii sont vides. « Le financement a été assuré jusqu’au 31 août et depuis, plus rien ! » déclare Taro Maraetefau, le directeur de l’établissement. Il déplore, au même titre que les parents de enfants placés ici, l’absence totale de dialogue avec la ministre de la solidarité Manolita Ly, « Sans subvention, on sera obligé de fermer nos portes d’ici peu. La présidente de l’association Te Ananahi no Faa’a (qui gère le centre) a pourtant pris toutes les dispositions pour rencontrer la ministre rapidement, mais jusqu’à aujourd’hui, aucune réponse alors que dans les médias, elle a dit qu’on pouvait discuter

Du côté du ministère de la solidarité, accusée de vouloir la fermeture du centre, la réponse ne se fait pas attendre : « Le centre ne dit pas tout ! Il faut savoir qu’il a bénéficié de subventions supérieures aux prestations fournies. Actuellement, il y a un trop grand nombre de personnel d’encadrement pour seulement quatre enfants inscrits. » Le ministère poursuit « Arrivé à un moment donné, il faut savoir dire Stop ! Le centre ne pouvait pas maintenir un niveau de subventions pour un taux d’occupation de seulement 48 %. Et puis, jusqu’à aujourd’hui, ils ne nous ont jamais fourni le moindre projet.» Pour le centre, on affiche plutôt un taux de 80 % avec 8 enfants inscrits.

Le budget annuel du centre est de 28 millions, un montant pris en charge à 84 % par la Direction des Affaires Sociales. Les 16 % restant proviennent de levées de fonds, de mécènes complétés par le paiement de cotisations des parents. Entre-temps, une note est parvenue au centre en question demandant la réduction de son budget de fonctionnement « et c’est ce que nous avons fait. Pour tout vous dire, sur les 9 millions qui complètent le budget complet, nous avons baissé jusqu’à 4 millions. Ça a été fait ! alors, pour pouvoir continuer à fonctionner normalement, nous avons rencontré plusieurs donateurs comme la commune de Faa’a, le CUCS, le Service de la Jeunesse et des Sports ainsi que le Ministère de l’éducation. C’est bien la preuve que nous avons fait des efforts. ».

Le ministère précise à cet effet que « Bien que nous n’ayons jamais reçu les éléments demandés depuis de nombreuses années, nous avons tout de même accordés une subvention jusqu’en août, alors que nous devions déjà arrêter depuis plusieurs mois. »

Les parents montent au créneau

Toujours est-il que l’annonce de la ministre de vouloir ramener cette catégorie d’enfants « au sein de leurs familles » par souci de mutualisation de moyens et tout simplement aussi « parcequ’ il n’était pas possible pour nous (le Pays, ndlr) de continuer en l’état. » a profondément choqué les parents. D’autant plus que le montant de l’enveloppe globale attribuée aux établissements sociaux et médico-sociaux, sous tutelle de la DAS (Direction des Affaires Sociales) pour 2014 n’a pas baissée puisqu’elle a été maintenue à hauteur de 1,4 milliard de fcp.

Les parents redoutent donc une volonté de fermer purement et simplement des quelques centres afin que les enfants soient orientés vers l’IIME, l’Institut d’insertion médico-éducatif. Pour eux, l’institut n’est pas adapté. De son côté, le ministère campe sur sa position au nom « de la cohérence ». Pourtant, il convient de comprendre pourquoi l’IIME ne peut recevoir ce type d’enfant. La procédure d’admission au Fare Hau Arii est loin d’être arbitraire. Elle dépend surtout du profil pathologique de l’enfant, ce qui sous-entend que l’étude de son cas est approfondie. Si, effectivement les parents peuvent décider du lieu d’admission, il faut surtout qu’un projet de prise en charge soit proposé par le centre adapté. A partir de là, le dossier est envoyé à la CTES, Commission Territoriale de l’Education Spéciale qui accorde ou pas l’orientation de l’enfant.

Dès lors que toutes ces étapes ont été franchies, le médecin coordinateur du centre choisi veille à ce que la prise en charge qui est effectuée corresponde bien aux besoins de l’enfant.« … et le type de prise en charge, c’est le médecin aussi qui décide. Par exemple, mon médecin à moi a statué que les structures qui sont sur le territoire ne correspondaient pas aux besoins de Tamatea. » Complète Sylvie mauguin, maman de Tamatea, 14 ans. Des propos soutenus par Marie-Pierre Galicher, docteur coordinateur au centre : « Ce sont des enfants fragiles qui s’épanouissent dans ces petites structures et c’est ce qui leur faut. ».

Là encore, le ministère s’érige ouvertement contre les propos cités : « il y a plus de 1000 enfants qui sont recensés dans les 28 centres (16socio-éducatifs et 12 médico-éducatifs) et on ne peut donc pas privilégier ces petites structures qui, de plus, ne répondent pas ou plus aux critères requis. » En clair, selon l’arrêté 1044 du 11 juillet 2003, pour un établissement qui compte entre 8 et 9 enfants, il ne doit y avoir qu’un instituteur spécialisé et un éducateur spécialisé ou alors un moniteur-éducateur « alors que là, on compte depuis 2011 : 2 éducateurs spécialisés, 1 moniteur-éducateur et un demi-instituteur, ce qui est démesuré par rapport au nombre d’enfants. C’est pour cela qu’on leur a demandé de revoir leur fonctionnement et donc leurs prétentions. »

Cependant, le directeur de cabinet du ministère se défend de toute tentative de « dégraissement ». « Attention, nous ne sommes pas là pour faire des économies ! ».

Appel aux dons

En attendant une régularisation administrative du centre, les quatre salariés du Fare Hau Arii (incluant le directeur) savent qu’ils ne seront pas payés ce mois-ci. Malgré tout, ils continuent à accueillir les enfants et lancent ainsi un appel à la générosité de la population car il ne leur reste que 8 jours de vivres. « Sans l’aide de la population, nous fermerons le centre ! » Pour ceux et celles qui souhaitent soutenir ce centre, ils sont joignables au : 40 41 31 47 et au 87 30 88 50 ou par mail au farehauarii@gmail.com.

TP


Rédigé par TP le Mardi 9 Septembre 2014 à 16:47 | Lu 576 fois