Ce candidat qui ne veut pas être maire d'Houilles


HOUILLES, 8 février 2014 (AFP) - La ville d'Houilles dans les Yvelines doit-elle être rebaptisée Oville ? C'est la proposition très sérieuse d'un candidat aux municipales, persuadé que le nom de sa commune nuit à son image et à son attractivité économique.

Houilles, 32.000 habitants, sur le RER A... Ses pavillons coquets, son parc et ce nom qui prête le flanc aux calembours: nouille, magouille, merdouille...

A 14 km de Paris, tout près des tours de La Défense, Houilles mérite bien mieux que ces mauvais jeux de mots, estime Bruno Comby, candidat de centre-droit aux municipales, qui a mis le changement de nom de sa ville au coeur de sa campagne, au même titre que la vidéosurveillance.

Le problème selon lui, c'est "une ambiance un petit peu lourde" autour de cette ville, "à cause de son nom".

"Quand on dit +J'habite à Houilles+, on a des réactions variées: ouille, ouille, aïe, aïe, aïe, andouille, fripouille. Il n'y a pas que cet élément qui rentre en compte, mais force est de constater que l'on a très peu d'entreprises qui viennent s'installer", argue ce conseiller municipal d'opposition, qui a déjà tenté de faire passer sa proposition en 2012.

Comme Bombay est devenu Mumbai, pour Bruno Comby, Houilles pourrait devenir Oville, un nom inspiré selon lui par les racines historiques de la ville qui se dénommait "Oviles" en référence à la présence de pâturages.

"Les habitants s'appellent les Ovillois aujourd'hui, mais jusqu'en 1943, le gentilé de Houilles était le Houillon. Il y avait déjà moult problèmes, je vous fais pas un dessin", surenchérit cet ingénieur de 53 ans qui a fait 14%, avec le soutien du Modem, aux dernières élections.

"Je puis vous assurer qu'ils sont fiers de leur ville"

Ce candidat iconoclaste, adepte de barbecue aux insectes, qui a commis un "Eloge de la sieste" préfacé par Jacques Chirac et fondé l'Association des écologistes pour le nucléaire, assure que sa proposition rencontre un écho positif, surtout chez les jeunes et "le monde de l'entreprise". Mais en ce jour de semaine, sur le marché, alors que le tractage des candidats bat son plein, le doute prédomine...

"Des blagues, il y en a toujours, on en fait nous-mêmes, et c'est grâce à ça qu'on retient le nom de la ville", sourit, stoïque, Aude, une jeune maman qui va se présenter sur une liste de gauche.

"Moi je trouve que ce n'est pas bien, vis-à-vis des anciens, et puis de toute façon, pourquoi changer, ça va faire un tas de frais!", râle Martine, 64 ans.

Faux ! récuse le candidat : à raison de 15 panneaux routiers dans la ville, le projet ne coûterait que 3.000 euros à la municipalité...

Un argument qui ne convainc pas Alexandre Joly, le maire divers droite depuis 1995. "Tout cela n'est pas sérieux"...

Ces derniers jours, il a reçu des appels d'entrepreneurs inquiets de savoir que la ville pourrait changer de nom. Selon lui, cela ferait assurément fuir les investisseurs, qui subiraient des tracasseries administratives, telles que la modification des papiers à en-tête et autre signalétique.

"Lorsque les gens ont passé quelques années à Houilles, je puis vous assurer qu'ils sont fiers de leur ville. C'est une ville recherchée qui est agréable à vivre", tranche le maire, en évoquant le passé de Houilles, connu autrement pour être le berceau de Victor Schoelcher, père de l'abolition de l'esclavage en France.

Alors pour la municipalité, si M. Comby ne veut pas être maire d'Houilles, "il suffit de ne pas se présenter !"

Rédigé par () le Samedi 8 Février 2014 à 07:47 | Lu 534 fois