Catastrophes: quand les satellites volent au secours des victimes


PARIS, 30 mars 2013 (AFP) - Tsunami, séisme, accident nucléaire ou marée noire: à chaque catastrophe dévastatrice, des satellites peuvent être mobilisés sur un simple appel téléphonique pour fournir, en moins de 24 heures, des cartes des zones sinistrées, aussi précises que précieuses pour les secours.

Lorsqu'un tel désastre, naturel ou industriel, survient, il suffit qu'un des 41 "utilisateurs autorisés" de la Charte internationale "Espace et catastrophes majeures" contacte le centre d'appels d'urgence de l'Agence spatiale européenne (ESA) pour enclencher le processus.

Une fois la demande d'aide validée, un des ingénieurs de permanence analyse les besoins des secours au sol et programme les satellites disponibles en trois heures seulement, résume Philippe Bally, représentant de l'ESA au secrétariat exécutif de la Charte.

"Capteurs optiques ou radar, résolution, selon le type de catastrophe, on ne choisit pas les mêmes satellites. Et il faut aussi tenir compte des décalages horaires, des créneaux de passage", précise Catherine Proy, la représentante du CNES, l'agence spatiale française à l'origine de cette initiative avec l'ESA en 1999.

Mais avec plus d'une vingtaine de satellites d'observation de la Terre mis en commun au sein de la Charte, il y a toujours un capteur qui passe au bon endroit et au bon moment.

Les demandes de programmes sont alors directement envoyées aux centres de contrôle des satellites concernés. Elles sont traitées prioritairement et gratuitement, tout comme un navire se détourne de sa route pour secourir des naufragés ayant lancé un SOS.

Depuis sa création, la Charte a volé au secours des sinistrés 369 fois, dans plus de 110 pays au total. Beaucoup ne disposaient d'aucun satellite mais souvent, c'est l'un des "utilisateurs autorisés" ou l'ONU qui active la demande d'aide au bénéfice d'un tiers, comme l'Allemagne l'a fait pour l'Iran lors du séisme de Bam en 2003 (35.000 morts).

cartographie de crise

Mais comme les images satellitaires sont difficilement utilisables à l'état brut, les données recueillies sont transmises à des organismes spécialisés dans la cartographie de crise, tel le SERTIT à Strasbourg. Elles sont alors comparées à des relevés antérieurs puis rendues directement exploitables (légende, mise en couleur de certaines zones inondées ou détruites, etc.) en seulement six à huit heures en moyenne.

La France, qui a pris en octobre dernier la présidence de la Charte pour six mois, a eu recours à cette entraide spatiale à 28 reprises, pour des désastres sur son sol mais aussi à l'étranger, comme le séisme meurtrier d'Haïti en janvier 2010.

Les premières cartes ont rapidement permis d'identifier les zones les plus touchées à Port-au-Prince (immeubles effondrés, glissements de terrain, routes coupées) et de trouver de nouvelles voies d'accès pour les sauveteurs.

Dans un second temps, elles ont aussi servi à repérer des points d'accès à l'eau pour les rescapés et à recenser les camps de réfugiés.

Plus généralement, ces cartes, transmises aux organismes de sécurité civile, à la Croix-Rouge ou aux agences des Nations unies, permettent de mesurer la gravité de la situation et d'apporter une réponse adaptée.

A ce jour, la Charte compte quatorze signataires: UE, Etats-Unis, Japon, Chine, Inde, etc. La plupart des puissances spatiales sont désormais adhérentes et la Russie est en train de les rejoindre.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun satellite dans le monde n'est dédié à l'observation des catastrophes naturelles. Le réseau de la Charte fait appel à des satellites, publics ou dépendant d'agences gouvernementales, qui sont détournés de leur mission classique pour répondre à des situations d'urgence.

Les inondations et tsunamis représentent la moitié des activations de la Charte, suivis par les cyclones (16%) et les séismes (11%).

Rédigé par Par Laurent BANGUET le Samedi 30 Mars 2013 à 06:36 | Lu 585 fois