Castex défend les mesures anti-covid face à un Parlement houleux


Paris, France | AFP | jeudi 01/04/2021 - Le Premier ministre Jean Castex, véhément comme rarement depuis son arrivée à Matignon, a vivement défendu jeudi matin les nouvelles restrictions contre la troisième vague de Covid-19, devant une Assemblée nationale houleuse où l'opposition a largement boycotté le vote final. 

Pas d'alcool sur la voie publique, aide aux familles modestes privées de cantines scolaires, maintien des concours dans le supérieur et déplacements permis pour accompagner ses enfants chez leurs grands-parents: les députés ont approuvé les mesures précisées par 348 voix contre 9.

Mais le vote a été marqué par un boycott massif des oppositions de droite (LR) comme de gauche (LFI, PS, PCF) pour dénoncer un "piétinement du parlement" appelé à voter sur des mesures déjà actées par l'exécutif.

Ce débat est "un mauvais poisson d'avril, et comme tous les poissons, il pourrira par la tête", a ainsi cinglé Jean-Luc Mélenchon au nom des députés LFI.

"Nous n’avons pas à cautionner cette parodie de démocratie!" a lancé le patron des députés LR Damien Abad, tandis que la présidente du RN Marine Le Pen jugeait "indigne" de la part du gouvernement de chercher "à diluer sa responsabilité".

Mis en cause, le chef du gouvernement a vilipendé "les y a qu'à - faut qu'on" qui "cherchent à tirer des avantages politiques d'un drame national". "Vous seriez à ma place vous feriez pareil", a-t-il tempêté.

"Parler d'une bureaucratie misérable, incapable d'accélérer la vaccination, c'est tout simplement indigne", a accusé M. Castex, salué à la fin de sa prise de parole par une longue ovation debout sur les bancs de la majorité.

Appelant les Français à "fournir un effort supplémentaire" mais sans confinement strict, Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir la fermeture pour trois à quatre semaines des crèches et établissements scolaires et l'extension à tout le pays des restrictions déjà imposées à 19 départements. 

Ces nouvelles mesures sont "nécessaires pour nous permettre de franchir un cap, espérons-le un dernier cap, dans la perspective du déploiement massif de la vaccination et d’un retour à une vie normale", a justifié le chef du gouvernement dans un discours d'une grosse demi-heure débuté à 9h00.

Après Pâques, il sera toutefois toujours possible d'"accompagner ou aller chercher un enfant chez un parent, un grand-parent ou un proche", a-t-il précisé.

"Il n’y a pas d’opposition entre le pouvoir politique et le pouvoir médical, nous tenons le plus grand compte des avis, des analyses, des modèles et des prévisions des experts, conseils scientifiques et médicaux, a assuré Jean Castex, qui a condamné "sans réserve" ceux qui ne respectent pas "les règles sanitaires" et devront être poursuivis "systématiquement" par les parquets. Ce débat se poursuivra au Sénat l'après-midi.

"Renforts"

Autres mesures: la consommation d'alcool sur la voie publique sera interdite, les concours maintenus dans le supérieur quoique dans des conditions "adaptées", et des aides pour "les familles modestes dont les enfants n'iront plus à la cantine ou ne pourront plus bénéficier de petits-déjeuners gratuits", a précisé le chef du gouvernement.

Des mesures diversement appréciées à Bordeaux où l'AFP a interrogé des salariés:  "On était quand même un territoire finalement peu infecté, (…) ce n'était pas la peine de nous confiner comme toute la France", a déclaré Alain, salarié du secteur bancaire, tandis qu'un de ses collèges jugeait qu'"autant confiner tout le pays de la même manière" parce que les chiffes "auraient augmenté dans quelques temps".

Selon Bercy, le nombre d'établissements fermés va avec ces mesures passer de 90.000 à 150.000 et le coût total des aides aux entreprises à 11 milliards d'euros par mois.

Le chef de l'Etat a promis la réouverture de certains lieux de culture et des terrasses à partir de la mi-mai. Un retour espéré grâce à une accélération de la campagne de vaccination, élargie aux plus de 60 ans à partir du 16 avril, puis aux plus de 50 ans le 15 mai et à partir de la mi-juin aux moins de 50 ans.

Emmanuel Macron a par ailleurs promis des "renforts supplémentaires" en réanimation pour faire face à l'afflux de malades graves du Covid-19 et passer "dans les prochains jours" à 10.200 lits, selon une précision de Jean Castex, contre 7.665 actuellement.

Sous la pression de critiques crescendo de nombreux médecins et des oppositions, Emmanuel Macron avait admis mercredi soir "des erreurs" dans la gestion de la crise, après avoir refusé tout "mea culpa" pour avoir décidé fin janvier de ne pas reconfiner.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a critiqué jeudi la lenteur "inacceptable" de la vaccination contre le Covid-19 en Europe, qui est confrontée à la situation épidémique "la plus inquiétante" depuis "des mois".

le Jeudi 1 Avril 2021 à 05:06 | Lu 240 fois