TAHITI, le 27 avril 2023 - Elle est entrée en 1998 à la Société d’ornithologie de Polynésie (SOP) Manu. Elle a participé à la sauvegarde du Monarque de Tahiti, est partie à la recherche d’oiseaux disparus, a porté l’opération de translocation du ‘upe ou bien encore mis en place des mesures de biosécurité à Rimatara et Ua Huka. À l’entendre, les résultats de toutes ces actions sont extrêmement positifs. L’urgence environnementale est bien là, mais “le monde bouge !”.
Son truc, depuis qu’elle a 5 ou 6 ans, ce sont les espèces en voie de disparition. Les animaux aux populations réduites qui sont menacés. En Polynésie, Caroline Blanvillain participe depuis vingt-cinq ans à la sauvegarde des oiseaux. Arrivée à Tahiti en 1997, cette docteure vétérinaire et docteure en science n’a pas attendu pour s’atteler à la tâche. Dès 1998, elle a rejoint la Société d’ornithologie de Polynésie (SOP) Manu pour mettre son expérience et son savoir au profit de la défense de l’avifaune.
Douceur de vivre
Née à Paris en 1966, elle a vécu au milieu des immeubles avec “un vieux papa, un papa libre, un papa poète”. La poésie est un fil directeur qu’elle suit depuis lors et qui lui fait dire que “ce qui paraît insignifiant est en fait essentiel”. À propos du Monarque de Tahiti, elle insiste sur “l’innocence” de cet oiseau, son accueil. “Quand on arrive sur son territoire, il vient nous saluer”, affirme Caroline Blanvillain. “Il y a une douceur de vie en Polynésie, dans la nature, avec les oiseaux. C’est tendre et d’une extraordinaire beauté. Et c’est cela que je veux léguer à mes enfants !”
Caroline Blanvillain a déclaré très jeune vouloir devenir vétérinaire. Elle a été sensibilisée très tôt aux menaces qui pèsent sur la nature grâce, notamment, à la lecture du Royaume des animaux - Encyclopédie universelle des animaux de Maurice et Robert Burton. L’ouvrage décrivait bon nombre d’espèces disparues. “J’ai depuis, et toujours, donné toute mon énergie à la sauvegarde des espèces en danger.”
Son truc, depuis qu’elle a 5 ou 6 ans, ce sont les espèces en voie de disparition. Les animaux aux populations réduites qui sont menacés. En Polynésie, Caroline Blanvillain participe depuis vingt-cinq ans à la sauvegarde des oiseaux. Arrivée à Tahiti en 1997, cette docteure vétérinaire et docteure en science n’a pas attendu pour s’atteler à la tâche. Dès 1998, elle a rejoint la Société d’ornithologie de Polynésie (SOP) Manu pour mettre son expérience et son savoir au profit de la défense de l’avifaune.
Douceur de vivre
Née à Paris en 1966, elle a vécu au milieu des immeubles avec “un vieux papa, un papa libre, un papa poète”. La poésie est un fil directeur qu’elle suit depuis lors et qui lui fait dire que “ce qui paraît insignifiant est en fait essentiel”. À propos du Monarque de Tahiti, elle insiste sur “l’innocence” de cet oiseau, son accueil. “Quand on arrive sur son territoire, il vient nous saluer”, affirme Caroline Blanvillain. “Il y a une douceur de vie en Polynésie, dans la nature, avec les oiseaux. C’est tendre et d’une extraordinaire beauté. Et c’est cela que je veux léguer à mes enfants !”
Caroline Blanvillain a déclaré très jeune vouloir devenir vétérinaire. Elle a été sensibilisée très tôt aux menaces qui pèsent sur la nature grâce, notamment, à la lecture du Royaume des animaux - Encyclopédie universelle des animaux de Maurice et Robert Burton. L’ouvrage décrivait bon nombre d’espèces disparues. “J’ai depuis, et toujours, donné toute mon énergie à la sauvegarde des espèces en danger.”
Après deux années de préparation, elle est entrée à l’école vétérinaire de Maisons-Alfort où elle a étudié cinq ans. Comme elle ne pouvait pas se rendre en pleine nature, dans de grands espaces, elle a travaillé dans des zoos ainsi qu’au Museum d’histoire naturelle sur des programmes de recherche. Elle s’intéressait à l’époque aux cervidés. Elle a par exemple élucidé le cycle de reproduction du Pudu puda, le plus petit des membres de la famille des cervidés. Elle a réalisé sa thèse vétérinaire sur le transfert d’embryon interspécifique pour sauver les espèces en voie de disparition. Elle a enchaîné avec un Diplôme d’études approfondies (DEA) sur la reproduction, toujours dans un souci de sauvegarde, a réalisé une thèse de quatre ans sur l’Oryx d’Arabie, un ongulé proche de l’antilope.
Pour financer tous ces travaux, elle a travaillé pour la Société de protection des animaux (SPA). “Car il n’y a pas de financements pour les travaux sur les espèces en voie de disparition”, déplore Caroline Blanvillain.
Les oiseaux en danger
En 1997, en arrivant en Polynésie, elle n’a trouvé ni cervidés, ni mammifères natifs menacés. “Par contre, il y avait six espèces d’oiseau en danger critique d’extinction”. Quelques mois plus tard, l’activiste est entrée à la SOP Manu. Entre 1998 et 2002, elle a consacré six mois par an, chaque année, à la sauvegarde du Monarque de Tahiti, l’un des oiseaux les plus menacés au monde. Il y avait alors moins d’une vingtaine d’individus. Plusieurs actions ont été menées, avec des volontaires : élimination des menaces (petite fourmi de feu, merle des Moluques, bulbul) ; arrachage de plantes invasives ; plantation d’espèces natives… Plus de 4 000 personnes bénévoles ont participé à la restauration de l’habitat du monarque et 4 000 plantes ont été mises en terre. Au dernier recensement, les monarques de Tahiti étaient 136. Il a fallu plus de vingt ans pour obtenir cet effectif, mais l’espèce est “très paresseuse en termes de reproduction”, justifie Caroline Blanvillain.
Pour financer tous ces travaux, elle a travaillé pour la Société de protection des animaux (SPA). “Car il n’y a pas de financements pour les travaux sur les espèces en voie de disparition”, déplore Caroline Blanvillain.
Les oiseaux en danger
En 1997, en arrivant en Polynésie, elle n’a trouvé ni cervidés, ni mammifères natifs menacés. “Par contre, il y avait six espèces d’oiseau en danger critique d’extinction”. Quelques mois plus tard, l’activiste est entrée à la SOP Manu. Entre 1998 et 2002, elle a consacré six mois par an, chaque année, à la sauvegarde du Monarque de Tahiti, l’un des oiseaux les plus menacés au monde. Il y avait alors moins d’une vingtaine d’individus. Plusieurs actions ont été menées, avec des volontaires : élimination des menaces (petite fourmi de feu, merle des Moluques, bulbul) ; arrachage de plantes invasives ; plantation d’espèces natives… Plus de 4 000 personnes bénévoles ont participé à la restauration de l’habitat du monarque et 4 000 plantes ont été mises en terre. Au dernier recensement, les monarques de Tahiti étaient 136. Il a fallu plus de vingt ans pour obtenir cet effectif, mais l’espèce est “très paresseuse en termes de reproduction”, justifie Caroline Blanvillain.
Guus Knopers et Philippe Raust qui portent Dora et Whisky, entourés de Jean Kape et Caroline Blanvillain, vétérinaire de l'association. Crédit JFF.
La vétérinaire est aussi partie à la recherche d’un oiseau porté disparu : la Gallicombe érythroptère. Elle a arpenté une dizaine d’îles inhabitées des Tuamotu-Gambier qui n’avaient pas été explorées depuis les années 1920. Elle a fini par découvrir au moins cinquante Gallicolombes et plus d’un millier du très rare Chevalier des Tuamotu. Aux marquises, elle a entrepris la réintroduction du Carpophage des Marquises (le ‘upe). Des couples, vivant à Nuku Hiva, où ils étaient chassés et en voie d’extinction, ont été déplacés à Ua Huka. “Les habitants n’avaient pas conscience qu’ils côtoyaient des oiseaux qui ne vivaient que sur leur île et qui étaient donc uniques au monde !” Aujourd’hui, les ‘upe vivent paisiblement à Ua Huka et à Nuku Hiva. Leur population augmente.
“J’ai aussi porté beaucoup d’attention à la biosécurité. C’est une grande préoccupation”, témoigne Caroline Blanvillain. Rimatara est, avec Ua Huka et Rapa, une des trois seules îles de la Polynésie française indemne du rat noir. Dans les deux premières vivent le Vini’ura ou Lori de Kuhl, une perruche aux couleurs vives, et le Oroma’o ou Rousserole de Rimatara, des petits passereaux jaunes, ou vert olive à Rimatara, et le Pihiti ou Lori Ultramarin à Ua Huka, une perruche de couleurs bleu et blanc. Caroline Blanvillain assure que ces espèces ne survivraient pas à l’arrivée du rat noir. Elle a donc mis en place des gestes de biosécurité.
“J’ai aussi porté beaucoup d’attention à la biosécurité. C’est une grande préoccupation”, témoigne Caroline Blanvillain. Rimatara est, avec Ua Huka et Rapa, une des trois seules îles de la Polynésie française indemne du rat noir. Dans les deux premières vivent le Vini’ura ou Lori de Kuhl, une perruche aux couleurs vives, et le Oroma’o ou Rousserole de Rimatara, des petits passereaux jaunes, ou vert olive à Rimatara, et le Pihiti ou Lori Ultramarin à Ua Huka, une perruche de couleurs bleu et blanc. Caroline Blanvillain assure que ces espèces ne survivraient pas à l’arrivée du rat noir. Elle a donc mis en place des gestes de biosécurité.
Sur tous les fronts
Caroline Blanvillain est l’une des sept salariés de la SOP Manu. Elle reste en charge de la sauvegarde du monarque de Tahiti. Elle est toujours très attachée à la biosécurité à Rimatara et Ua Huka et assure des missions ponctuelles au besoin comme à Fatu Hiva auprès du monarque endémique de cette île des Marquises.
Le Monarque de Fatu Hiva fait l’objet d’une grande attention. Il restait 920 individus en 2002 mais seulement 24 dans une zone protégée en 2018. Les causes de cette chute rapide et sans appel sont aujourd’hui élucidées. Le rat noir est une menace ; mais n’est pas la seule. L’oiseau est aussi victime de la malaria aviaire. “On fait un battage médiatique sans précédent à ce sujet.” Un projet de centre d’élevage se concrétise pour sauver l’espèce, tandis que des opérations de piégeage des moustiques et de nourrissages des juvéniles ont été lancées. “Il y a une telle urgence, qu’on lance toutes les actions en parallèle.” Des spécialistes d’Australie, de France, d’Allemagne, du Danemark doivent porter main forte. “C’est un très gros chantier, mais l’espèce est d’importance.” Elle a un rôle environnemental mais aussi patrimonial, voire touristique. Le birdwatching n’est pas à négliger. “Le monarque de Fatu Hiva était considérée comme le messager des dieux. Il alertait les hommes des dangers à venir. Des vieux du village disent que le monarque de Fatu Hiva est capable d’imiter l’homme, comme le perroquet.”
Caroline Blanvillain est l’une des sept salariés de la SOP Manu. Elle reste en charge de la sauvegarde du monarque de Tahiti. Elle est toujours très attachée à la biosécurité à Rimatara et Ua Huka et assure des missions ponctuelles au besoin comme à Fatu Hiva auprès du monarque endémique de cette île des Marquises.
Le Monarque de Fatu Hiva fait l’objet d’une grande attention. Il restait 920 individus en 2002 mais seulement 24 dans une zone protégée en 2018. Les causes de cette chute rapide et sans appel sont aujourd’hui élucidées. Le rat noir est une menace ; mais n’est pas la seule. L’oiseau est aussi victime de la malaria aviaire. “On fait un battage médiatique sans précédent à ce sujet.” Un projet de centre d’élevage se concrétise pour sauver l’espèce, tandis que des opérations de piégeage des moustiques et de nourrissages des juvéniles ont été lancées. “Il y a une telle urgence, qu’on lance toutes les actions en parallèle.” Des spécialistes d’Australie, de France, d’Allemagne, du Danemark doivent porter main forte. “C’est un très gros chantier, mais l’espèce est d’importance.” Elle a un rôle environnemental mais aussi patrimonial, voire touristique. Le birdwatching n’est pas à négliger. “Le monarque de Fatu Hiva était considérée comme le messager des dieux. Il alertait les hommes des dangers à venir. Des vieux du village disent que le monarque de Fatu Hiva est capable d’imiter l’homme, comme le perroquet.”
Caroline Blanvillain avec ses éditeurs Denise et Robert Koenig de Haere Pō. L’ouvrage, le Guide des oiseaux est paru à l’occasion du dernier salon du livre fin 2022.
En plus d’être sur le terrain, Caroline Blanvillain écrit. Fin 2022, elle a signé le “Guide des oiseaux de Polynésie française” paru aux éditions Haere Pō. C’est le fruit de 20 ans de terrain. Avec cet ouvrage, l’activiste veut “remettre les oiseaux dans le cœur des Polynésiens”. En effet, elle a constaté que nombre d’oiseaux endémiques sont finalement si peu ou mal connus, qu’ils ont été oubliés. “Certaines personnes s’imaginent désormais que les oiseaux introduits sont des oiseaux endémiques. Il y a eu un glissement.” Elle veut redonner toute sa place aux ptilotes, aux salanganes, aux martins-chasseurs ou bien encore aux rousserolles. Le guide naturaliste traite des oiseaux terrestres endémiques de Polynésie, des oiseaux terrestres à large répartition, des oiseaux introduits, des oiseaux de mer nichant en Polynésie. Chaque espèce a sa fiche illustrée de photographies avec : l’aspect, la voix, la distribution, l’habitat et le comportement, l’alimentation, la reproduction, la longévité mais aussi sa place dans la culture polynésienne. En annexe se trouvent des données sur les habitats de l’avifaune polynésienne décrits par Jean-François Butaud, consultant en foresterie et botanique ; un texte sur les oiseaux disparus ; un lexique et bien sûr une riche bibliographie pour celles et ceux qui auraient l’envie d’aller plus loin.
Elle a également, et plus récemment, participé à la rédaction du livre “Urgence écologique au fenua, petit guide pratique pour tous” paru chez ‘Api Tahiti. “Je suis très heureuse d’en être co-auteure car l’ouvrage donne des pistes pour agir.”
Des résultats encourageants
Caroline Blanvillain est extrêmement positive. Toutes ses initiatives et leurs résultats sont encourageants. “Un certain nombre de choses a changé en profondeur comme la prise de conscience à Rimatara et Ua Huka des indispensables gestes de biosécurité.” Caroline Blanvillain raconte qu’au début de ses actions, des souris allaient nicher dans les pièges à rat car personne ne s’en préoccupait. Aujourd’hui, la population est “vent debout” derrière ses chiens capables de débusquer les rats.
Pour elle, il n’y a pas de luttes vaines. Même si l’urgence environnementale existe bel et bien, “le monde bouge !” “Si l’on n’y croit plus, alors, on n’a plus l’envie d’agir.” Une question reste toutefois en suspens : “Réussirons-nous à temps ? Gagnerons-nous la course de vitesse ?” Pour gagner la course, elle ne ménage pas ses efforts. Elle se bat au quotidien.
Caroline Blanvillain n’a pas vécu en Polynésie sans interruption depuis 1997. Elle a fait quelques années en France, à contre-cœur. “À présent, je creuse mon sillon ici. Je ne partirai plus et j’irai jusqu’au bout.”
Des résultats encourageants
Caroline Blanvillain est extrêmement positive. Toutes ses initiatives et leurs résultats sont encourageants. “Un certain nombre de choses a changé en profondeur comme la prise de conscience à Rimatara et Ua Huka des indispensables gestes de biosécurité.” Caroline Blanvillain raconte qu’au début de ses actions, des souris allaient nicher dans les pièges à rat car personne ne s’en préoccupait. Aujourd’hui, la population est “vent debout” derrière ses chiens capables de débusquer les rats.
Pour elle, il n’y a pas de luttes vaines. Même si l’urgence environnementale existe bel et bien, “le monde bouge !” “Si l’on n’y croit plus, alors, on n’a plus l’envie d’agir.” Une question reste toutefois en suspens : “Réussirons-nous à temps ? Gagnerons-nous la course de vitesse ?” Pour gagner la course, elle ne ménage pas ses efforts. Elle se bat au quotidien.
Caroline Blanvillain n’a pas vécu en Polynésie sans interruption depuis 1997. Elle a fait quelques années en France, à contre-cœur. “À présent, je creuse mon sillon ici. Je ne partirai plus et j’irai jusqu’au bout.”
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FB : Manu-SOP
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