Carnet de voyage - Wat Phra Kaeo écrin d’or du Bouddha d’émeraude


Les dômes de l’enceinte royale. Au cœur de la ville de Bangkok, une oasis de beauté, de calme et de sérénité.
THAÏLANDE, le 9 mai 2019. Au cœur d’une Bangkok bourdonnante, hyper polluée, constamment embouteillée, se dresse l’enceinte du Grand Palais, abritant le temple du Bouddha d’émeraude, le Wat Phra Kaeo. Une oasis de calme et de beauté dans une agglomération cauchemardesque…

Bankgok, sa circulation démente, ses “tuk tuk” se faufilant partout, ses “soï” (des ruelles privées) abritant tous les commerces illégaux du monde dès la nuit venue, ses odeurs souvent pestilentielles de “klongs” transformés en égouts à ciel ouvert… Bienvenue au royaume du stress absolu et de la pollution totale.

Vous craquez ? Normal après un ou deux jours de shopping et de visites, on est tous épuisés. Il est temps de trouver refuge au Wat Phra Kaeo, le temple qui sert de chapelle au roi, en plein centre-ville, enserré dans le périmètre gardé, propre et calme du Grand Palais. Vous ne serez pas les seuls à avoir cette idée, aussi prendrez-vous la sage résolution d’arriver tôt le matin, avant le grand “rush” touristique.

Un cadeau du roi Rama I

La construction du Wat Phra Kaeo est due au roi Rama I (1782-1809) qui fit de Ratanakosin, devenue Bangkok, sa capitale. En fait, il fit d’abord ériger sa demeure, le Grand Palais, dès son accession au pouvoir, puis le fameux temple, objet de notre visite ; il avait en effet un “trésor” peu banal à y exposer et à vénérer : Rama, simple général durant la période Thonbury, avait ramené de Vientiane, au Laos, un somptueux Bouddha taillé dans un jade d’une qualité exceptionnelle, un jade “impérial”, c’est-à-dire vert émeraude. La statuette mesure une soixantaine de centimètres de hauteur.

Il ne fallut que deux ans de travail (acharné il est vrai) pour que le palais soit habitable, la statue étant alors transférée du Wat Arun de Bangkok au Wat Phra Kaeo.

Le temple en lui-même fut construit en deux étapes ; les parties nord et est étaient initialement plus modestes et ont été considérablement enrichies au fil du temps.

L’ensemble qui sert d’écrin au Wat Phra Kaeo représente une superficie au sol de 219 hectares ; une véritable ville royale au sein de la grande agglomération. Et une oasis de paix, de calme, de propreté, de silence et de sérénité…

Mystérieux Bouddha baladeur

Ce Bouddha d’émeraude a une histoire riche, qui vaut d’être contée. La statuette a été découverte en 1434, au nord de la Thaïlande, lorsque la foudre s’abattit sur un temple de la ville de Chiang Rai, temple lui aussi appelé Wat Phra Kaeo. Le coup de tonnerre détruisit une statue en stuc à l’intérieur de laquelle les moines découvrirent avec stupeur un Bouddha en jade impérial.

Le roi voisin de la ville de Chiang Mai, dénommé Samfangkaen, envoya alors un convoi d’éléphants récupérer la merveille, mais à trois reprises, les éléphants se trompèrent de chemin et se dirigèrent vers la cité de Lampang. Pour le roi, les esprits protégeant la statue voulaient qu’elle soit installée à Lampang, ce qu’il fit. Elle y resta 32 ans.

L’accession au trône de Tiloka, à Chiang Mai, en 1468 se traduisit par l’installation de ce Bouddha à Chiang Mai en 1468 (dans le stupa Chedi Luang).
En 1551, le roi décéda sans héritier mâle. La couronne fut attribuée au prince Chaichettha, fils d’une fille du roi décédé mariée au roi du Laos. À la mort du roi du Laos, Chaichettha décida de renter dans son pays. Il promit à ses ministres de Chiang Mai, en emportant le Bouddha, de le ramener très vite, promesse qui ne fut jamais tenue. Menacé par les Birmans, il abandonna Luang Prabang et installa sa capitale en 1562 à Vientiane (la capitale actuelle).

Retour au pays

À cette époque, les relations entre Thaïs et Laotiens s’étaient dégradées et la guerre éclata. Un général habile et ambitieux, Rama, s’empara de Vientiane pour enfin ramener, en 1564, le Bouddha d’émeraude dans son pays d’origine.

Qui avait, à l’origine, sculpté ce Bouddha dans du jade massif ? Pourquoi avait-il été dissimulé dans une statue de stuc ? Pendant combien de temps ? Ces questions sont encore sans réponses…

Textes et photos : Daniel Pardon

Le Bouddha d’émeraude

Nous ne vous le montrerons pas, sachant que le photographier est interdit et que nous avons respecté l’interdit que certains touristes, au risque d’une forte amende et d’une confication de leur portable, essayent malgré tout de prendre en photo. Raison de plus pour le décrire…

Le superbe petit Bouddha est taillé dans un bloc de jadéite originaire de Birmanie. L’ensemble mesure 75 cm de haut sur 45 cm de large, la statue elle-même ne mesurant que 60 cm de haut. 15 cm du socle non taillé sont cachés dans le piédestal.

La statue est présentée sur un piédestal en or ; l’autel qui le supporte mesure 11 m de haut, la statue elle-même étant enfermée dans une cage de verre, sous un parasol doré à neuf étages (symbole de la royauté universelle).

On ne voit que partiellement la jadéite dans laquelle est sculptée la statue, car le Bouddha est toujours paré de vêtements précieux. Il a trois tenues, en fonction des saisons :
•Saison chaude ou été – Une coiffe haute et pointue en or ; un pectoral d'or ; une ceinture d'or ; un ensemble de bracelets, brassards et autres éléments de la tenue royale ; tous les articles sont en or émaillé et incrustés de pierres précieuses et semi-précieuses.
•Saison des pluies – Une coiffe haute et pointue en or incrustée de saphirs ; une robe de moine en or drapée sur une épaule.
•Saison fraîche ou hiver – Une coiffe haute et pointue en or incrustée de diamants ; un châle de maille d'or orné de pierres précieuses drapé au-dessus du costume de la saison des pluies.

Le Wat Phra Kaeo pratique

Pour y aller
Connexions Papeete/Auckland avec Air Tahiti Nui ou Air New Zealand. Prolongations avec plusieurs compagnies, dont Air New Zealand et la Thaï.

Pour y loger
Multitude d’hôtels à Bangkok. Tahiti Infos a ses habitudes dans le somptueux Shangri-La (sept personnes préposées aux seules orchidées), mais le légendaire Mandarin Oriental demeure une valeur sûre (son restaurant tepanyaki est l’un des meilleurs d’Asie. Gouttez les champignons en petites touffes blanches. Du caviar…).

Pour profiter du site
Levez-vous de bonne heure, la grande enceinte mérite une journée entière pour flâner et se détendre (heures d’ouverture : 8h30, 15h30). Divers pavillons peuvent être visités : outre le Wat Phra Kaeo, celui de la Monnaie royale, de la collection d’armes royales, le Chakri Maha Prasat (la résidence royale utilisée pour les cérémonies officielles)… Prenez votre temps, cet ensemble est l’une des merveilles architecturales de la planète.

Pour vivre à l’heure thaï
Pour mieux sentir la ferveur suscitée par le Bouddha d’émeraude, revenez un jour de cérémonie bouddhiste, ou un dimanche. L’entrée est gratuite pour les Thaïlandais et ils sont légion à venir prier. Gong, bonzes, cloches, encens, rien ne manque.

Pour comprendre
Dans la chapelle abritant le Bouddha d’émeraude, des fresques murales racontent le “Ramakien”, variante thaï du Ramayana, le combat du Bien contre le Mal. Les détails des fresques méritent vraiment d’être passés en revue.

Attention
Ne vous avisez pas de photographier le Bouddha d’émeraude, c’est strictement interdit. Enfin, soignez votre tenue, vous êtes dans un lieu sacré.

Jeux de couleur sur les toits du palais royal.

Le stupa de la pagode royale.

L’architecture extrêmement raffinée des bâtiments de l’enceinte royale fait de ce complexe sacré une des merveilles de l’Asie.

De lourdes cloches de bronze permettent aux bonzes d’appeler les fidèles aux cultes.

Cette étrange “momie” est un Bouddha en or massif, perpétuellement recouvert de feuilles d’or par les fidèles. Interdit de gratter avec ses ongles ! On regarde, on ne touche pas.

Cette créature mythique, mi-déesse, mi-danseuse, est entièrement recouverte d’or et de pierres précieuses et semi-précieuses.

Un gardien du temple, « yaksha » armé d’une massue ornée de pierreries.

Un dvarapala est une divinité gardienne des temples et monastères bouddhiques et hindouistes. Il est souvent représenté sous la forme d’un démon, parfois armée d'une massue, d'une lance ou d'un trident. Son aspect est toujours farouche puisqu’il doit faire peur, au moins aux mauvais esprits.

Yaksha est l’une des nombreuses cariatides cernant le temple ; dans les mythologies hindoue, jaïne et bouddhiste, le yakṣha a une double personnalité. D’un côté, il peut être une fée de nature inoffensive, associée aux forêts et aux montagnes ; mais il existe (c’est le cas au temple du Bouddhar d‘émeraude), des yakṣas bien plus terrifiants, sorte d’ogres, de fantômes ou de démons anthropophages. Ils hantent les étendues sauvages, attaquent et dévorent les voyageurs.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 9 Mai 2019 à 16:40 | Lu 936 fois