La plage de Waikiki à 18 heures, depuis le Sheraton, avec Diamond Head Crater à l’arrière-plan.
HAWAII, le 22 décembre 2016. On va tous ou presque à Waikiki pour décompresser. Cette espace mythique, représentant 1,8 km2, et abritant 120 hôtels et condominiums pour environ 30 000 chambres, reçoit des millions de visiteurs par an. Mais connaissez-vous son histoire ?
Hawaii, île de Oahu : Waikiki, on ne va pas vous la faire, vous connaissez par cœur. Possible. N’empêche que l’histoire peu banale de ce lopin de terre vaut bien d’être contée, ne serait-ce que pour ceux qui ne sont pas encore allés s’y faire rôtir recto verso. Tahiti Infos, qui a ses habitudes au bar du Pink Palace (cocktail Blue Hawaiian ou rien), s’est fait raconter l’histoire de ce site vraiment pas comme les autres, où défilent des millions de visiteurs sur quelques arpents de sable cernés par beaucoup de bitume, de béton et de verre.
L’ère du taro
Les premiers habitants de Waikiki (“eau douce jaillissante” en Hawaiien ancien) étaient des Polynésiens pur jus, qui vivaient en guerroyant sur une bande de sable comprise entre une mer forte et capricieuse (les rouleaux faisaient jusqu’à dix mètres de hauteur) et un marais extrêmement pratique pour y exploiter de grandes tarodières.
Waikiki, aux temps anciens, c’était un peu Tubuai ou Rurutu aujourd’hui côté paysages. De l’eau, des taros (Colocasia esculenta), des palmes de cocotiers au sol pour maintenir l’humidité et empêcher les mauvaises herbes de tout envahir. Jusqu’au début du XIXe siècle, pour qui se trouvait sur la plage, il y avait donc des poissons devant et des tubercules derrière…
L’ère du riz
Au XIXe siècle, le développement de Honolulu amena une main-d’œuvre chinoise et japonaise en grande quantité, notamment dans les plantations d’ananas et de canne à sucre.
Les Hawaiiens d’origine étaient déjà très marginalisés et le taro plus franchement à la mode. Le marigot chaud et humide étant toujours là, quelques coolies maçons (les coolies sont souvent maçons), pendant leur temps libre, y aménagèrent des rizières. Mais le riz, si c’est bon, ça prend de la place et le développement de la ville fit que bientôt, le côté résidentiel de Waikiki allait l’emporter sur les considérations culinaires des Asiatiques. Le riz tomba à l’eau…
L’ère de l’huile…
Au XXe siècle, c’est le tourisme qui transforma totalement Waikiki. Les derniers vestiges de propriétés royales hawaiiennes disparurent sous la poussée immobilière, les marais furent asséchés, les vagues du Pacifique cassées et la déferlante touristique amena des millions et des millions de paires de fesses sur le sable de la plage, chairs blanches qu’il fallut bien protéger des rayons solaires par des huiles diverses, du monoï, de la crème et autres lubrifiants du derme…
Taro, riz, huile, l’histoire de Waikiki se récite ainsi comme une recette de wok.
Vous nous avez lu jusque-là ? Et bien la prochaine fois, vous bronzerez à Waikiki comme nous, nettement moins bêtes…
Textes et photos : Daniel Pardon
Hawaii, île de Oahu : Waikiki, on ne va pas vous la faire, vous connaissez par cœur. Possible. N’empêche que l’histoire peu banale de ce lopin de terre vaut bien d’être contée, ne serait-ce que pour ceux qui ne sont pas encore allés s’y faire rôtir recto verso. Tahiti Infos, qui a ses habitudes au bar du Pink Palace (cocktail Blue Hawaiian ou rien), s’est fait raconter l’histoire de ce site vraiment pas comme les autres, où défilent des millions de visiteurs sur quelques arpents de sable cernés par beaucoup de bitume, de béton et de verre.
L’ère du taro
Les premiers habitants de Waikiki (“eau douce jaillissante” en Hawaiien ancien) étaient des Polynésiens pur jus, qui vivaient en guerroyant sur une bande de sable comprise entre une mer forte et capricieuse (les rouleaux faisaient jusqu’à dix mètres de hauteur) et un marais extrêmement pratique pour y exploiter de grandes tarodières.
Waikiki, aux temps anciens, c’était un peu Tubuai ou Rurutu aujourd’hui côté paysages. De l’eau, des taros (Colocasia esculenta), des palmes de cocotiers au sol pour maintenir l’humidité et empêcher les mauvaises herbes de tout envahir. Jusqu’au début du XIXe siècle, pour qui se trouvait sur la plage, il y avait donc des poissons devant et des tubercules derrière…
L’ère du riz
Au XIXe siècle, le développement de Honolulu amena une main-d’œuvre chinoise et japonaise en grande quantité, notamment dans les plantations d’ananas et de canne à sucre.
Les Hawaiiens d’origine étaient déjà très marginalisés et le taro plus franchement à la mode. Le marigot chaud et humide étant toujours là, quelques coolies maçons (les coolies sont souvent maçons), pendant leur temps libre, y aménagèrent des rizières. Mais le riz, si c’est bon, ça prend de la place et le développement de la ville fit que bientôt, le côté résidentiel de Waikiki allait l’emporter sur les considérations culinaires des Asiatiques. Le riz tomba à l’eau…
L’ère de l’huile…
Au XXe siècle, c’est le tourisme qui transforma totalement Waikiki. Les derniers vestiges de propriétés royales hawaiiennes disparurent sous la poussée immobilière, les marais furent asséchés, les vagues du Pacifique cassées et la déferlante touristique amena des millions et des millions de paires de fesses sur le sable de la plage, chairs blanches qu’il fallut bien protéger des rayons solaires par des huiles diverses, du monoï, de la crème et autres lubrifiants du derme…
Taro, riz, huile, l’histoire de Waikiki se récite ainsi comme une recette de wok.
Vous nous avez lu jusque-là ? Et bien la prochaine fois, vous bronzerez à Waikiki comme nous, nettement moins bêtes…
Textes et photos : Daniel Pardon
Une vue générale du quartier de Waikiki, vu depuis le sommet du volcan Diamond Head.
Vous êtes à Hawaii et nulle part ailleurs. Dans le “Aloha State”, le port du casque n’est pas obligatoire pour les motards.
Le Pink Palace, véritable monument historique de Waikiki. Indémodable avec son style d’hacienda mexicaine, il a ouvert ses portes le 1er février 1927.
Le Pink Palace, intégré aujourd’hui au Sheraton, a servi de demeure au président des Etats-Unis Franklin D. Roosevelt. L’hôtel fut alors surnommé le Western White House.
C’est parti pour un peu de surf en pirogue, une activité qui connaît un succès fou depuis des décennies.
Waikiki en vingt dates
1795 : Kamehameha 1er débarque avec son armée sur la plage et bat les habitants de Oahu. Il construit son palais et son marae à Waikiki
1804 : une maladie (la grippe ?), amenée par des marins européens, décime les troupes de Kamehameha.
1853 : la petite vérole, introduite par un marin européen, tue 3000 Hawaiiens, dont une bonne partie des habitants de Waikiki.
1877 : le roi Kalakaua ouvre le parc Kapiolani, du nom de sa femme. Les businessmen de Honolulu s’installent de plus en plus au calme, à Waikiki.
1888 : ouverture du premier hôtel, le Park Beach Hotel.
1893 : ouverture du légendaire Sans Souci Hotel, à l’initiative d’un Grec-Américain, George Lycurgus.
1895 : depuis Waikiki, tentative de restauration sur le trône de la reine Lilioukalani par le prince Kuhio et ses patriotes.
1899 : décès de la princesse Kaiulani à sa demeure de Ainahau.
1901 : ouverture du Moana Hotel sur la terre Ulukou, ex-possession royale.
1909 : ouverture du Seaside Hotel sur la terre royale Helumoa
1910 : la terre Ainahau, demeure de la princesse Kaiulani, est donnée à Honolulu par son père, pour en faire le Kaiulani Park, dernière volonté que les édiles de la ville ne respecteront pas. Le palais brûlera dix ans plus tard.
1917 : ouverture du Halekulani Hotel.
1921 : on drague et on assèche les marais. En 1928, le Ala Wai Canal est achevé, les 1,8 km2 de Waikiki délimités et assainis.
1927 : ouverture du Royal Hawaiien Hotel (le légendaire Pink Palace), qui drainera une clientèle internationale haut de gamme.
1935 : Honolulu achète la dernière résidence royale de Waikiki, propriété du prince Kuhio. La résidence et le quai royal sont détruits.
1955 : ouverture du Reef Hotel (pour les touristes moyen de gamme).
1959 : les compagnies aériennes boudent la destination qui manque de chambres. Ouverture du centre commercial Ala Moana.
1970 : ouverture du Hyatt Regency, du Waikiki Sheraton. Chaque chaîne offre plus de 1000 chambres.
2000 : plus de 5 millions de touristes visitent Waikiki Beach, la plage la plus célèbre du Pacifique avec Acapulco.
2017 : c’est décidé, vous allez, à votre tour, bronzer à Waikiki !
1795 : Kamehameha 1er débarque avec son armée sur la plage et bat les habitants de Oahu. Il construit son palais et son marae à Waikiki
1804 : une maladie (la grippe ?), amenée par des marins européens, décime les troupes de Kamehameha.
1853 : la petite vérole, introduite par un marin européen, tue 3000 Hawaiiens, dont une bonne partie des habitants de Waikiki.
1877 : le roi Kalakaua ouvre le parc Kapiolani, du nom de sa femme. Les businessmen de Honolulu s’installent de plus en plus au calme, à Waikiki.
1888 : ouverture du premier hôtel, le Park Beach Hotel.
1893 : ouverture du légendaire Sans Souci Hotel, à l’initiative d’un Grec-Américain, George Lycurgus.
1895 : depuis Waikiki, tentative de restauration sur le trône de la reine Lilioukalani par le prince Kuhio et ses patriotes.
1899 : décès de la princesse Kaiulani à sa demeure de Ainahau.
1901 : ouverture du Moana Hotel sur la terre Ulukou, ex-possession royale.
1909 : ouverture du Seaside Hotel sur la terre royale Helumoa
1910 : la terre Ainahau, demeure de la princesse Kaiulani, est donnée à Honolulu par son père, pour en faire le Kaiulani Park, dernière volonté que les édiles de la ville ne respecteront pas. Le palais brûlera dix ans plus tard.
1917 : ouverture du Halekulani Hotel.
1921 : on drague et on assèche les marais. En 1928, le Ala Wai Canal est achevé, les 1,8 km2 de Waikiki délimités et assainis.
1927 : ouverture du Royal Hawaiien Hotel (le légendaire Pink Palace), qui drainera une clientèle internationale haut de gamme.
1935 : Honolulu achète la dernière résidence royale de Waikiki, propriété du prince Kuhio. La résidence et le quai royal sont détruits.
1955 : ouverture du Reef Hotel (pour les touristes moyen de gamme).
1959 : les compagnies aériennes boudent la destination qui manque de chambres. Ouverture du centre commercial Ala Moana.
1970 : ouverture du Hyatt Regency, du Waikiki Sheraton. Chaque chaîne offre plus de 1000 chambres.
2000 : plus de 5 millions de touristes visitent Waikiki Beach, la plage la plus célèbre du Pacifique avec Acapulco.
2017 : c’est décidé, vous allez, à votre tour, bronzer à Waikiki !
La mer, le sable et un petit peu de béton quand même…
Rituel de la poêle à frire sur Waikiki ; si vous égarez vos bijoux dans le sable, ils ne seront pas perdus pour tout le monde !
Lieu culte s’il en est, la statue de bronze du père du surf, Duke Paoa Kahanamoku (1891-1968)
Si vous apercevez Pamela Anderson qui se noie, dites-le au life guard qui “wait” depuis des heures...
Waikiki pratique
Pour y aller
Un seul vol par semaine Hawaii-Tahiti, sur Hawaiian Airlines (dans la nuit de samedi à dimanche). De 89 000 à 115 000 Fcfp environ. Donc séjour d’une semaine minimum, mais Waikiki le mérite amplement.
Pour y résider
Votre agent de voyage local vous conseillera. Notre préférence va au Royal Hawaiian (le Pink Palace), délicieusement Art Déco, et très bien placé sur la plage. Très bon point au Halekulani (datant de 1927, membre de la chaîne Leading Hotels of the World), et au délicieusement rétro Moana Surfrider (ex-Moana Hôtel, premier établissement de standing ayant ouvert à Waikiki, en 1901).
Pour le shopping
Monsieur restera sagement à la plage pour admirer les charmes des paysages vallonnés (parfois siliconés aussi), pendant que madame, cartes de crédit en poche, fera une descente au Ala Moana Center (classé plus grand centre commercial à ciel ouvert du monde depuis 1959) et dans toutes les boutiques de Waikiki, innombrables.
Pour une bonne bière
Les bars et restaurants se comptent par dizaines. Le Hard Rock Café est l’un des plus anciens de la chaîne, et mérite un arrêt. Un petit coup de Fender Stratocaster avec un zest de Gibson, ça débouche les oreilles et ça aide à faire passer les smoked ribs.
Conseil Tahiti Infos
Si vraiment vous ne connaissez pas Waikiki et ses rites (dîner de 17h30 à 21 h, shopping jusqu’à 22 heures, les rendez-vous au Duke, etc.), offrez-vous une semaine complète sur place. Vous reviendrez visiter Maui ou Big Island, ou même le reste de Oahu, une autre fois. N’oubliez pas de ramener des chemises à fleurs “infernales”, c’est kitch et, à Tahiti, elles déplaisent toujours aux esprits étroits. Vous les porterez rien que pour ça…
Pour y aller
Un seul vol par semaine Hawaii-Tahiti, sur Hawaiian Airlines (dans la nuit de samedi à dimanche). De 89 000 à 115 000 Fcfp environ. Donc séjour d’une semaine minimum, mais Waikiki le mérite amplement.
Pour y résider
Votre agent de voyage local vous conseillera. Notre préférence va au Royal Hawaiian (le Pink Palace), délicieusement Art Déco, et très bien placé sur la plage. Très bon point au Halekulani (datant de 1927, membre de la chaîne Leading Hotels of the World), et au délicieusement rétro Moana Surfrider (ex-Moana Hôtel, premier établissement de standing ayant ouvert à Waikiki, en 1901).
Pour le shopping
Monsieur restera sagement à la plage pour admirer les charmes des paysages vallonnés (parfois siliconés aussi), pendant que madame, cartes de crédit en poche, fera une descente au Ala Moana Center (classé plus grand centre commercial à ciel ouvert du monde depuis 1959) et dans toutes les boutiques de Waikiki, innombrables.
Pour une bonne bière
Les bars et restaurants se comptent par dizaines. Le Hard Rock Café est l’un des plus anciens de la chaîne, et mérite un arrêt. Un petit coup de Fender Stratocaster avec un zest de Gibson, ça débouche les oreilles et ça aide à faire passer les smoked ribs.
Conseil Tahiti Infos
Si vraiment vous ne connaissez pas Waikiki et ses rites (dîner de 17h30 à 21 h, shopping jusqu’à 22 heures, les rendez-vous au Duke, etc.), offrez-vous une semaine complète sur place. Vous reviendrez visiter Maui ou Big Island, ou même le reste de Oahu, une autre fois. N’oubliez pas de ramener des chemises à fleurs “infernales”, c’est kitch et, à Tahiti, elles déplaisent toujours aux esprits étroits. Vous les porterez rien que pour ça…
C’est le soir et la nuit que la fièvre du shopping est la plus forte.
Au pied du Sheraton, Monsieur se fait remarquer des dames en faisant des grenouilles en sable. En attrape-t-il beaucoup ?
L’hommage au surf est omniprésent à Waikiki, y compris à travers les statues de bronze en bord de plage.
La Rainbow Tower, phare de l’immense Hilton Village qui compte aujourd’hui un peu plus de 2600 chambres et 22 restaurants. Un “Mahana Beach” à lui tout seul, qui ramène Tahiti et son parc hôtelier à bien peu de choses…
La plage de Waikiki a été très intensément bétonnée, beaucoup trop même, mais cette urbanisation sauvage n’a pas fait fuir les touristes : 8, 3 millions en 2014 à Hawaii…
Waikiki, c’est aujourd’hui 120 hôtels et condominiums pour 30 000 chambres… et un taux de remplissage à faire rêver.
Difficile d’imaginer qu’il y a moins de deux cents ans, Waikiki n’était qu’une vaste tarodière. Il est vrai que l’on est ici à peu près à la latitude de Rurutu.