Tahiti Infos s’est offert les services d’un pigiste de luxe pour décrire la baie de Taiohae, Herman Melville lui-même (avec Max Radiguet en renfort !).
MARQUISES, le 7 avril 2016. C’est de l’autre côté de la baie de Taiohae, à son extrémité Est, que l’on perçoit le mieux la majesté de ce site naturel exceptionnel, vaste cratère inondé par la mer et gardé par deux énormes sentinelles rocheuses. Tahiti Infos a fait la splendide balade en suivant un sentier tracé par Frédéric Benne et de solides Marquisiens ; parcours facile, accessible à tous, et “enchanteur”…
Et oui, cette semaine, ce n’est pas nous qui allons vous raconter ce que nous avons vu, mais un nouveau “collaborateur” à Tahiti Infos, le célèbre écrivain américain Herman Melville lui-même. C’est lui qui décrivit sans doute le mieux la baie de Taiohae dans laquelle son bateau, un baleinier, avait trouvé un mouillage sûr. Sa description est tirée de son premier roman “Taipi” (1846).
Place à l’écrivain bien inspiré…
Un fer à cheval
“La baie de Nuku Hiva, dans laquelle nous étions alors mouillés, est une étendue d’eau en forme approximative de fer à cheval. Sa circonférence peut être de neuf milles. On y accède de la mer par une passe étroite, flanquée de chaque côté par deux petits îlots jumeaux qui élèvent leur cône à la hauteur d’environ cinq cent pieds. À partir de là, le rivage s’éloigne de droite et de gauche et décrit un vaste demi-cercle.”
“Depuis le bord de l’eau, la terre s’élève uniformément de tous côtés, par de vertes pentes, si bien qu’aux versants doucement ondulés et d’altitude médiocre, succèdent pour finir des mornes orgueilleux et grandioses, dont les silhouettes bleues bouchent la vue tout à la ronde. Rehaussant la beauté de ces rives, des ravins profonds et romantiques, dont les extrémités supérieures se perdent parmi l’ombre de sommets, viennent y aboutir à des intervalles presque réguliers, comme s’ils irradiaient d’un centre commun. Au fond de chacune de ces petites vallées coule un torrent limpide, qui ça et là prend l’allure d’une grêle cascade, puis se déroule en une course invisible, pour réapparaître sous forme de chutes d’eau plus larges et bruyantes et va se jeter enfin comme à regret dans la mer.”
“Confondu d’admiration”
Les cases des naturels, faites de bambous jaunes élégamment tressés en une sorte de vannerie et recouvertes avec les longues feuilles du palmiste, s’éparpillent au hasard le long de ces vallées, sous les ramures ombreuses des cocotiers.
Rien de plus imposant que le spectacle de cette baie. Vue de notre navire à l’ancre au milieu du havre, avec les profonds ravins qui rayaient ses parois comme d’énormes fissures dues au ravage du temps, on eût dit les ruines d’un vaste amphithéâtre naturel. Maintes fois, confondu d’admiration à cette vue, j’ai presque regretté qu’un paysage aussi enchanteur fût relégué en ces mers lointaines, où il a si peu l’occasion de frapper les yeux d’un véritable amant de la nature.”
Herman Melville (Taipi, 1846)
Photos : Daniel Pardon
Et oui, cette semaine, ce n’est pas nous qui allons vous raconter ce que nous avons vu, mais un nouveau “collaborateur” à Tahiti Infos, le célèbre écrivain américain Herman Melville lui-même. C’est lui qui décrivit sans doute le mieux la baie de Taiohae dans laquelle son bateau, un baleinier, avait trouvé un mouillage sûr. Sa description est tirée de son premier roman “Taipi” (1846).
Place à l’écrivain bien inspiré…
Un fer à cheval
“La baie de Nuku Hiva, dans laquelle nous étions alors mouillés, est une étendue d’eau en forme approximative de fer à cheval. Sa circonférence peut être de neuf milles. On y accède de la mer par une passe étroite, flanquée de chaque côté par deux petits îlots jumeaux qui élèvent leur cône à la hauteur d’environ cinq cent pieds. À partir de là, le rivage s’éloigne de droite et de gauche et décrit un vaste demi-cercle.”
“Depuis le bord de l’eau, la terre s’élève uniformément de tous côtés, par de vertes pentes, si bien qu’aux versants doucement ondulés et d’altitude médiocre, succèdent pour finir des mornes orgueilleux et grandioses, dont les silhouettes bleues bouchent la vue tout à la ronde. Rehaussant la beauté de ces rives, des ravins profonds et romantiques, dont les extrémités supérieures se perdent parmi l’ombre de sommets, viennent y aboutir à des intervalles presque réguliers, comme s’ils irradiaient d’un centre commun. Au fond de chacune de ces petites vallées coule un torrent limpide, qui ça et là prend l’allure d’une grêle cascade, puis se déroule en une course invisible, pour réapparaître sous forme de chutes d’eau plus larges et bruyantes et va se jeter enfin comme à regret dans la mer.”
“Confondu d’admiration”
Les cases des naturels, faites de bambous jaunes élégamment tressés en une sorte de vannerie et recouvertes avec les longues feuilles du palmiste, s’éparpillent au hasard le long de ces vallées, sous les ramures ombreuses des cocotiers.
Rien de plus imposant que le spectacle de cette baie. Vue de notre navire à l’ancre au milieu du havre, avec les profonds ravins qui rayaient ses parois comme d’énormes fissures dues au ravage du temps, on eût dit les ruines d’un vaste amphithéâtre naturel. Maintes fois, confondu d’admiration à cette vue, j’ai presque regretté qu’un paysage aussi enchanteur fût relégué en ces mers lointaines, où il a si peu l’occasion de frapper les yeux d’un véritable amant de la nature.”
Herman Melville (Taipi, 1846)
Photos : Daniel Pardon
Pour tous les marins ayant sillonné le Pacifique, l’arrivée à Nuku Hiva se fait en passant entre les deux “sentinelles” émergeant des eaux à l’extérieur de la baie de Taiohae.
Au bout du bout de la baie de Taiohae, le Pacifique, immense. On comprend que le site ait pu inspirer bien des artistes et des écrivains.
La parole à Max Radiguet
S’il est un écrivain à qui l’on doit un ouvrage précieux et sensible sur les Marquises, c’est bien Max Radiguet, dont le livre “Les Derniers Sauvages. Aux îles Marquises, 1842-18594”, mérite incontestablement une place de choix dans les bibliothèques océaniennes. Lui aussi a laissé une description de la baie de Taiohae :
“ Quand on a franchi, en côtoyant des falaises, le canal d’un mille et demi de long, sur un mille de large, qui forme l’entrée de la rade, on se trouve au centre d’un vaste amphithéâtre de montagnes dont le manteau végétal s’épaissit au rivage, pareil à une frange opulente. Le regard embrasse alors un paysage imposant et gracieux, limité par la crête aride des mornes qui barricadent l’horizon. Vers la baie s’inclinent, formant des vallons et des croupes, les contreforts de l’arête escarpée qui traverse Nuku-Hiva comme toutes les autres îles de l’archipel, suivant sa plus grande dimension. Les vallées, au nombre de six, ne sauraient être mieux comparées qu’à un éventail vert dont les six branches, à moitié déployées, convergeraient à la rade. Ici et là, sur les saillies du terrain, la pointe aiguë d’un rocher perce la verdure. Plus haut, comblant les crevasses voisines des sommets, une touffe d’arbres sombres s’élève en vigueur sur le ton grisâtre du roc perpendiculaire et cannelé comme un jeu d’orgues. Les collines inclinent avec une pente douce leurs larges versants couverts d’arbres, et alternativement baignés de lumière ou perdus dans l’ombre. De tous les massifs s’élancent les tiges sveltes des cocotiers, isolés parfois, et parfois groupés en nombre considérable, particulièrement sur la grève, où s’ébauchent, à travers leurs troncs blancs qui rayent l’obscurité des ombrages, quelques petites cases indigène paisible au bord des ruisseaux ” .
Radiguet nuance cette description paradisiaque par une note : “Les habitants de tout l’archipel sont anthropophages après la guerre ou dans certaines cérémonies religieuses, mais ils n’avouent pas volontiers ce trait de leurs mœurs devant les Européens. Chaque tribu s’en défend et accuse la tribu qui lui est ennemie. Les Taïpis-Vaïs sont braves et redoutés. Aussi cherche-t-on, par cette accusation, à exciter contre eux la haine et la défiance des étrangers“.
S’il est un écrivain à qui l’on doit un ouvrage précieux et sensible sur les Marquises, c’est bien Max Radiguet, dont le livre “Les Derniers Sauvages. Aux îles Marquises, 1842-18594”, mérite incontestablement une place de choix dans les bibliothèques océaniennes. Lui aussi a laissé une description de la baie de Taiohae :
“ Quand on a franchi, en côtoyant des falaises, le canal d’un mille et demi de long, sur un mille de large, qui forme l’entrée de la rade, on se trouve au centre d’un vaste amphithéâtre de montagnes dont le manteau végétal s’épaissit au rivage, pareil à une frange opulente. Le regard embrasse alors un paysage imposant et gracieux, limité par la crête aride des mornes qui barricadent l’horizon. Vers la baie s’inclinent, formant des vallons et des croupes, les contreforts de l’arête escarpée qui traverse Nuku-Hiva comme toutes les autres îles de l’archipel, suivant sa plus grande dimension. Les vallées, au nombre de six, ne sauraient être mieux comparées qu’à un éventail vert dont les six branches, à moitié déployées, convergeraient à la rade. Ici et là, sur les saillies du terrain, la pointe aiguë d’un rocher perce la verdure. Plus haut, comblant les crevasses voisines des sommets, une touffe d’arbres sombres s’élève en vigueur sur le ton grisâtre du roc perpendiculaire et cannelé comme un jeu d’orgues. Les collines inclinent avec une pente douce leurs larges versants couverts d’arbres, et alternativement baignés de lumière ou perdus dans l’ombre. De tous les massifs s’élancent les tiges sveltes des cocotiers, isolés parfois, et parfois groupés en nombre considérable, particulièrement sur la grève, où s’ébauchent, à travers leurs troncs blancs qui rayent l’obscurité des ombrages, quelques petites cases indigène paisible au bord des ruisseaux ” .
Radiguet nuance cette description paradisiaque par une note : “Les habitants de tout l’archipel sont anthropophages après la guerre ou dans certaines cérémonies religieuses, mais ils n’avouent pas volontiers ce trait de leurs mœurs devant les Européens. Chaque tribu s’en défend et accuse la tribu qui lui est ennemie. Les Taïpis-Vaïs sont braves et redoutés. Aussi cherche-t-on, par cette accusation, à exciter contre eux la haine et la défiance des étrangers“.
Moby Dick restera le chef d’œuvre d’Herman Melville ; on croise parfois des cachalots dans les eaux des Marquises, plongeurs et pêcheurs l’assurent, mais ces animaux restent très rares à observer.
A lire
Max Radiguet : “Les Derniers Sauvages. Aux îles Marquises, 1842-1859”, Editions Phébus (2001)
Herman Melville : “Typee”, Webster's French Thesaurus Edition (2006)
Herman Melville : “Omoo”, GF-Flammarion (1990)
Max Radiguet : “Les Derniers Sauvages. Aux îles Marquises, 1842-1859”, Editions Phébus (2001)
Herman Melville : “Typee”, Webster's French Thesaurus Edition (2006)
Herman Melville : “Omoo”, GF-Flammarion (1990)
Pour admirer la baie
À partir du port de pêche de Taiohae, il faut rejoindre un cul de sac (face à l’hôtel Keikahanui) avant de s’engager sur le sentier qui mènera, en moins de trois-quarts d’heure de marche, à l’extrémité est de la baie, dominant l’une des deux sentinelles. Cette sente bien tracée est facile à suivre.
Pour randonner
On ne va pas à Nuku Hiva pour la seule petite randonnée au bout de la baie. Si vous aimez marcher, contactez Éric Bastard (tel : 40 920 875, vini 87 73 23 48, mail : e.bastard@mail.pf ).
Pics basaltiques d’Aakapa, sites archéologiques de Hatiheu, longues plages désertiques de Anaho, cascade de Hakaui ou plateau forestier de Toovii, chaque sortie proposée par Marquises Excursions vous permet de choisir et de moduler l’orientation touristique que vous désirez : archéologie et culture marquisiennes, découverte environnementale pédestre, détente en bord de mer…
Site : http://www.marquises-excursions.net
À partir du port de pêche de Taiohae, il faut rejoindre un cul de sac (face à l’hôtel Keikahanui) avant de s’engager sur le sentier qui mènera, en moins de trois-quarts d’heure de marche, à l’extrémité est de la baie, dominant l’une des deux sentinelles. Cette sente bien tracée est facile à suivre.
Pour randonner
On ne va pas à Nuku Hiva pour la seule petite randonnée au bout de la baie. Si vous aimez marcher, contactez Éric Bastard (tel : 40 920 875, vini 87 73 23 48, mail : e.bastard@mail.pf ).
Pics basaltiques d’Aakapa, sites archéologiques de Hatiheu, longues plages désertiques de Anaho, cascade de Hakaui ou plateau forestier de Toovii, chaque sortie proposée par Marquises Excursions vous permet de choisir et de moduler l’orientation touristique que vous désirez : archéologie et culture marquisiennes, découverte environnementale pédestre, détente en bord de mer…
Site : http://www.marquises-excursions.net
Frédéric Benne et les garçons qui l’ont aidé à ouvrir le chemin d’accès à l’entrée de la baie avaient construit un petit abri à son extrémité. La vue y est superbe.
Une pirogue à balancier et le moderne paquebot “Paul Gauguin”, un des navires que les habitants de Nuku Hiva aimeraient voir plus souvent dans leurs eaux.
Nuku Hiva pratique
Pour y aller
Quasiment un avion par jour au départ de Tahiti (ATR). Vols directs de 3h30 environ. Atterrissage à Terre Déserte, à l'opposé de Taiohae. Une bonne heure à une heure trente de piste et de route. Prévoir des frais de taxi élevés (5 000 Fcfp/personne environ) si vous n'avez pas de liaison prévue entre le petit aéroport et votre hébergement.
Pour y séjourner
Les Marquises, c’est loin ! Et c’est un peu cher. Profitez des tarifs groupés “avion+ hébergement” proposés par “Séjours dans les îles”, en sachant que si le premier prix est à environ 61 000 Fcfp/2nuits/pers., Nuku Hiva mérite bien quatre jours pleins pour être explorée. Une fois sur place, la nuit supplémentaire n’est pas si chère…
- Tahiti Infos a jeté son sac dans l'établissement le plus moderne et le plus confortable, le Nuku Hiva Keikahanui Pearl Lodge. Bungalows très confortables nichés sur le flanc ouest de la baie de Nuku Hiva, dans un jardin aux riches essences tropicales. Restaurant, bar, piscine, de quoi se délasser après une journée de randonnée.
Tarif Séjours dans les îles : séjour vol + 2 nuits à partir de 74 014 Fcfp/pers. avec petit-déjeuner
Le contact : Tel:+689 40 920 710
E-mail: keikahanui@mail.pf
Tel : (689) 40 92 07 10
Mail : info@spmhotels.pf
Site : http://www.pearlodge.com
- Autre possibilité :
Pension Mave Mai : elle surplombe le village pittoresque de Taiohae. 8 chambres climatisées sont reparties soit au rez-de-chaussée, soit à l'étage, dans un bâtiment de style moderne. Tarif Séjours dans les îles : séjour vol + 2 nuits à partir de 61 614 Fcfp/pers. avec petit-déjeuner.
Tél/Fax : (689) 40 920 810
E-mail : pension-mavemai@mail.pf
Pour y aller
Quasiment un avion par jour au départ de Tahiti (ATR). Vols directs de 3h30 environ. Atterrissage à Terre Déserte, à l'opposé de Taiohae. Une bonne heure à une heure trente de piste et de route. Prévoir des frais de taxi élevés (5 000 Fcfp/personne environ) si vous n'avez pas de liaison prévue entre le petit aéroport et votre hébergement.
Pour y séjourner
Les Marquises, c’est loin ! Et c’est un peu cher. Profitez des tarifs groupés “avion+ hébergement” proposés par “Séjours dans les îles”, en sachant que si le premier prix est à environ 61 000 Fcfp/2nuits/pers., Nuku Hiva mérite bien quatre jours pleins pour être explorée. Une fois sur place, la nuit supplémentaire n’est pas si chère…
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Le contact : Tel:+689 40 920 710
E-mail: keikahanui@mail.pf
Tel : (689) 40 92 07 10
Mail : info@spmhotels.pf
Site : http://www.pearlodge.com
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Tél/Fax : (689) 40 920 810
E-mail : pension-mavemai@mail.pf
Une vue partielle de la baie de Taiohae depuis l’hôtel Keikahanui Pearl Lodge ; on distingue les installations portuaires, au centre de l’image.
La piscine de l’hôtel Keikahanui Pearl Lodge domine la baie de Taiohae ; l’endroit stratégique le mieux placé pour surveiller le modeste trafic maritime local, un verre à la main