Carnet de voyage - Raivavae, l’île aux hibiscus XXL


Il existe plus de neuf mille variétés d’hisbiscus dans le monde, plusieurs centaines probablement dans la seule Polynésie française.
RAIVAVAE, le 11 juillet 2019. S’il est un arbuste commun dans nos archipels, c’est bien l’hibiscus. Mais à Raivavae, on aime tout particulièrement les fleurs grand format, l’occasion, lors d’un tour de l’île à vélo, d’en photographier de superbes spécimens et surtout de revenir sur cette plante dont on ne connaît finalement pas tant de choses que cela.

Première question : combien y-a-t-il de variétés d’hibiscus ? Incroyable : plus de neuf mille variétés d’hibiscus existent aujourd’hui et s’il en disparaît probablement chaque semaine, il en naît tout autant, sinon plus. Les passionnés et véritables connaisseurs, parfois professionnels, se comptent sur les doigts des deux mains en Polynésie française ; mais en revanche, nous sommes des milliers à la recherche de beaux spécimens pour orner nos jardins. Et à ce titre, à Raivavae, on a su faire des choix irrésistibles en voyant grand !

Une double origine asiatique

L’hibiscus a connu une double introduction en Polynésie française. Les premiers colonisateurs, venant d’Asie sur leurs pirogues doubles, amenèrent avec eux plusieurs plantes utiles, dont le aute. Tout porte à croire en effet que cet arbrisseau est originaire d’Asie et que c’est de là qu’il a essaimé dans le monde entier, grâce à l’intérêt que les hommes portent, depuis la nuit des temps, à la “rose de Chine”, son autre appellation (Hibiscus rosa sinensis est son nom scientifique, en référence à la lointaine Chine).

On pense que quelques variétés seulement, à partir de la forme rouge classique, avaient été mises au point par les premiers colonisateurs polynésiens.
La seconde vague de migrations a amené des navires d’Europe. De là arrivèrent de nouvelles variétés, plus colorées, aux formes plus riches, permettant de multiplier à l’envie les hybridations. La passion de l’hibiscus trouva à Tahiti et dans ses îles un terrain fertile au point de connaître une expansion foudroyante ; c’est si vrai qu’aujourd’hui, certains collectionneurs émérites travaillant discrètement, mais efficacement, améliorent les variétés et en créent chaque année de très nombreuses, présentées dans des manifestations internationales, aux États-Unis ou en Australie, puisque c’est ce dernier pays qui tient à jour la “bible” des variétés (compilées dans un CD).

À Tahiti, l’hibiscus est bijou

À Tahiti (mais pas à Raivavae), nous nous distinguons des Américains et des Australiens par une particularité : les femmes portent chez nous des hibiscus sur l’oreille ou dans les cheveux, en parure. Nous sommes donc en permanence à la recherche de nouvelles variétés de relativement petite taille, des fleurs “portables” tout simplement.

C’est ce qui nous différencie du reste du monde où, au contraire, on a tendance à vouloir faire des fleurs toujours plus grosses, énormes parfois. Elles sont certes plus spectaculaires, mais ne peuvent être utilisées dans nos îles comme ornement ; elles masqueraient le visage de celle qui les porterait ! Et c’est ce choix d’hibiscus « géants » qui a visiblement été fait à Raivavae.

Formes et couleurs

Bien entendu, la forme de la fleur compte énormément dans le résultat des croisements que les spécialistes effectuent, mais ce sont les couleurs qui sont les plus sophistiquées. Pour vous donner une idée du travail effectué, les experts remontent plusieurs générations d’hibiscus pour connaître les caractéristiques de celles à venir. Ainsi, par exemple, une fleur jaune croisée avec une orange donnera une fleur rouge vif parce que le père de la jaune était une fleur rouge, et que la mère de celle qui est orange était aussi rouge… Beaucoup de caractères physiques sautent une ou des générations et si le jardinier qui réalise une hybridation ne sait jamais avec certitude ce que sera le résultat de son travail, il en a une bonne idée en remontant l’arbre généalogique des deux hibiscus mariés.

La couleur mythique

La couleur, justement, est un élément essentiel de recherche des spécialistes qui sont capables de produire toutes les nuances possibles, du blanc au noir en passant par le cuivre, le bronze, l’or, le mauve et tous les panachages imaginables. Mais il y a une couleur que personne n’est encore parvenu à mettre au point et dont tous les spécialistes rêvent : l’hibiscus bleu. Le bleu, celui du ciel, parfait, immaculé, fait rêver les botanistes. Mais ce Graal n’a pas encore été atteint.

En attendant, les jardiniers polynésiens ne ménagent pas leur peine pour faire avancer leurs recherches ; chaque année, des espèces sont enregistrées, originaires de Moorea par exemple, espèces qui sont ensuite multipliées et expédiées dans le monde entier, en portant des noms de baptême tout à fait polynésiens.

Comme des Miss, autres “fleurs”, ces variétés sont en quelque sorte nos ambassadrices dans de lointains pays et contribuent à faire rêver à nos îles fleuries.

Un arbuste généreux

Sans aller jusqu’à vous atteler à créer de nouvelles variétés de “rosa sinensis”, si le monde des hibiscus vous fascine, rendez-vous à Raivavae pour les hibiscus XXL. La fleur ne vit qu’une journée, mais heureusement l’hibiscus est généreux et en fournit presque autant qu’on en désire chaque matin. À condition de le soigner, car comme toutes les belles fleurs, la “rose de Chine” a besoin d’être entretenue.

Textes et photos : Daniel Pardon

Hibiscus tiliaceus

Sur les bords de mer et dans nos vallées, se développe une autre espèce du genre Hibiscus, le purau (Hibiscus tiliaceus) qui était si utile aux Polynésiens dans le passé. Le purau est une espèce indigène, qui a conquis les îles du bassin Pacifique par dispersion naturelle. Ses fleurs sont éphémères, jaune clair le matin, jaune orange à la mi-journée et rouge grenat en fin d’après-midi.

Séjourner à Raivavae

Il existe cinq pensions de famille autour de l’île, notre partenaire Séjours dans les îles-Air Tahiti en proposant trois à des prix très intéressants :

Pension Chez Linda
Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 58 768 Fcf/pers.
Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 8 600 F/pers
Bungalows
3 petits bungalows jardin (capacité 3 personnes)
1 grand bungalow jardin famille (capacité 4 personnes)

Pension Ataha
Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 52 648 Fcfp /pers. Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 6 560 Fcfp/pers.
Chambres :
1 maison : Fare B avec 2 chambres (capacité 3 adultes + 2 enfants ou 5 adultes) et une salle de bains commune idéale pour une famille ou pour des personnes voyageant ensemble.
1 maison : Fare C avec 2 chambres (capacité 2 adultes + 2 enfants ou 4 adultes) et une salle de bains privée dans chaque chambre.

Pension Tama Resort
Séjour Vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 58 468Fcfp/pers.
Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 8 500 F/pers.
Bungalows
3 bungalows côté plage avec salle de bains privée (capacité 2 adultes ou 2 adultes + 1 enfant).
2 bungalows côté montagne avec salle de bains privée (capacité 3 adultes).

Le nom scientifique de l’hibiscus (Hibiscus rosa-sinensis) peut faire croire que la plante est originaire de Chine. En réalité, on ne connaît pas son lieu de naissance, sans doute l’Extrême-Orient tropical.

Une variété double d’hibiscus ; la fleur se prête à presque tous les caprices des hommes, sauf sur un point : la nature et toute leur science ne leur a jamais permis de produire un hibiscus bleu.

Une variété d’hibiscus rouge avait été introduite par les premiers Polynésiens lors de leurs migrations vers l’est. Elle a des propriétés médicinales, ce qui n’est pas forcément le cas des variétés importées plus tardivement.

Attention aux prétendues propriétés médicinales de l’hibiscus ; elles s’appliquent, en médecine traditionnelle, aux hibiscus introduits par les Polynésiens, pas aux variétés dues aux Européens et encore moins à tous les hybrides.

Attention aux prétendues propriétés médicinales de l’hibiscus ; elles s’appliquent, en médecine traditionnelle, aux hibiscus introduits par les Polynésiens, pas aux variétés dues aux Européens et encore moins à tous les hybrides.

Très belle fleur de Raivavae, délicatement tachée de blanc. Hibiscus vient du latin hibiscum, désignant la guimauve, hibiscum venant lui-même du grec ancien hibiscos. La fleur de la guimaune (Althaea officinalis) ressemble en effet aux fleurs simples des hibiscus.

C’est en Australie que la base de données des hibiscus, mise sans cesse à jour, est centralisée, avec plus de 9 000 variétés.

Superbe fleur presque fluo, malheureusement éphémère…

Le docteur Johnstone, qui introduisit à Tahiti de nombreuses plantes, dont le cacaoyer et le bougainviller, a également importé à Tahiti les premiers hibiscus rouges et doubles.

A Tahiti, un Américain, Richard Johnson, appelé Dick par ses amis, a longtemps été le président de la International Hibiscus Society, qui a aujourd’hui des ramifications dans le monde entier (http://www.internationalhibiscussociety.org/).

Fleurs, feuilles (laxatives !), racines, tout est bon dans l’hibiscus qui a de très nombreuses propriétés médicinales. Mais attention aux charlatans !

Les hibiscus, à tort, passent pour des fleurs stériles. Il n’en est rien, il suffit de prélever le pollen des étamines d’une fleur pour le placer sur le pistil d’une autre et vous obtiendrez un joli petit fruit, porteur de graines.

Vous rêvez de remplir votre jardin de beaux hibiscus ? Rien de plus facile, une simple bouture plantée en terre et arrosée vous donnera très vite un plant portant de belles fleurs. Mais avant de saccager la haie de vos voisins, demandez-leur la permission…

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 11 Juillet 2019 à 18:32 | Lu 2545 fois