Carnet de voyage - Manihi, la plongée VIP pour tous


Une loche marbrée surveillant les alentours sous un corail protecteur.
MANIHI, le 17 août 2018. Les plongeurs sous-marins se bousculent souvent à Rangiroa et Fakarava, aux Tuamotu, en oubliant que d’autres destinations leur tendent les bras. L’une d’entre elles, intimiste et de qualité, revient sur le devant de la scène : Manihi, là où officiait il y a déjà deux bonnes décennies le regretté Gilles Pétré. Bernard Tora a repris le chemin de la passe et du récif externe avec bonheur dans ce qui est aujourd’hui, cerise sur le gâteau, une zone marine protégée…

Manihi, dans le monde du tourisme aquatique, avait en quelque sorte son destin lié à celui de l’hôtel Manihi Pearl Beach qui a fermé ses portes en septembre 2012. Depuis, les politiques ont bien annoncé des projets, comme celui d’une école hôtelière, mais la vérité oblige à dire que le site est complètement à l’abandon. Qu’importe, s’appuyant sur la présence, à deux pas de son centre de plongée, de la pension Poerani Nui, Bernard Tora, 56 ans, BEES 2, a lancé le centre « Blue Way Manihi.

Un centre, un bateau, une maison

L’ouverture de ce club n’est pas très ancienne puisque Bernard a ouvert la destination à l’occasion du salon du tourisme de février 2016. Quatre ans sans que personne ne vienne faire des bulles à Manihi, c’est long, suffisamment pour que le souvenir de l’atoll se dissipe chez les plongeurs.
Bernard, moniteur en Bretagne, savait, grâce à un ami moniteur de plongée alors installé à Ahe, que l’atoll voisin de Manihi n’avait plus de centre de plongée. Manu, de la pension Poerani Nui avait, de son côté, fait passer une annonce sur un site, le Forum des plongeurs, expliquant que l’atoll était à la recherche d’un garçon susceptible de venir y créer une base de plongée.

Bernard arriva à la mi-août 2015 de sa lointaine Bretagne, fut séduit par les possibilités offertes par le site et revint finalement fin novembre de la même année pour acheter le motu Tupirama de trois hectares afin d’y bâtir son centre et sa maison d’habitation. Il racheta dans la foulée le bateau de Top Dive à Tikehau, une coque alu avec deux moteurs de 115 chevaux pouvant embarquer douze plongeurs et deux moniteurs ou accompagnants.

« Plonger comme nous on aime »

« Je cherchais un endroit retiré, calme, préservé, naturel, loin de la foule. Je suis moniteur de plongée depuis 35 ans, j’ai connu les clubs à grosse fréquentation et je souhaitais continuer à travailler mais loin de la masse, loin des hordes de touristes. La devise de la maison est en quelque sorte « plonger comme nous on aime ». Les plongées de 40 minutes sur un bateau avec plus de quinze plongeurs, c’est fini. Ici, quand on plonge, on prend tout notre temps. Les plongées de moins d’une heure, ça n’existe pas chez nous. Nous entretenons un esprit « cocooning » sur un bateau quasiment privatif. C’est de la plongée VIP que nous faisons, toujours en petit comité. »

Les enfants bienvenus

Concrètement, le principe des journées de plongée au « Blue Way Manihi » est celui de « one diver, two tanks » cher aux Anglo-Saxons. On part tôt le matin, dès 8h, pour deux immersions espacées d’une heure de repos. « Même s’il n’y a qu’un plongeur, je sors et j’assure » précise Bernard, qui offre aujourd’hui une jolie palette de sites potentiels : « Nous explorons sept spots, que ce soit en lagon pour les débutants ou en océan, plus profond parfois, avec une plongée à 45 m environ sur de splendides roses de corail. Dans le lagon ou dans l’océan pour les débutants, nous plongeons de manière très progressive afin de mettre les plongeurs en confiance. »

Le centre assure bien entendu des formations labellisées CMAS ou PADI.

Actuellement, la destination n’est pas encore très connue à l’international, puisque 80 % de la clientèle de « Blue Way Manihi » est constituée de plongeurs venant de Tahiti. « Nous ne cherchons pas à attirer les foules, donc le rythme actuel nous convient à une nuance près ; Air Tahiti n’assure plus de desserte entre Rangiroa et Manihi et nous le regrettons vivement, car la clientèle pourrait venir chez nous plus facilement par ce biais ».
A noter que les enfants, à partir de huit ans, sont parfaitement pris en charge par Bernard : « nous avons un total de vingt-quatre blocs ; pour les plus jeunes, nous sommes très bien équipés, avec des bouteilles de 4, de 6, de 9 et de 10 litres, en fonction de la taille et du poids de chaque enfant ».

Une zone marine protégée

Les promesses du futur sont très encourageantes pour le développement de la plongée sous-marine à Manihi puisqu’un arrêté, en date du 21 août 2017, interdit désormais la pêche dans la passe et à proximité de celle-ci, de même que les parcs à poissons. Ceux-ci ont été fermés et détruits ou sont en passe de l’être pour les dernières concessions et ces mesures de protection (qui s’imposaient !) sanctuarisent ce secteur jusqu’en 2022, de quoi étoffer considérablement la faune sous-marine locale, qui va pouvoir se remettre d’une pression de pêche trop forte ces dernières années.

Cette zone marine protégée sera, nous en formulons le vœu, pérennisée dans le temps, de manière à ce que tous ceux qui pêcheront en dehors de ses limites puissent retrouver des niveaux de capture satisfaisants. Quant aux plongeurs de « Blue Way Manihi », ils ont le privilège et la garantie d’évoluer dans une aire marine qui ne va faire que s’enrichir au fil du temps…

Textes : Daniel Pardon
Photos sous-marines : Manihi Blue Way


Les offres Séjours dans les îles

Après les deux plongées, direction le bungalow ou l’ombre d’une paillote sur la plage.
Pour plonger dans les meilleures conditions à Manihi, une seule adresse, la pension Poerani Nui dont le motu jouxte celui du centre « Blue Way Manihi ». Pour aller plonger le matin, il suffit de parcourir une cinquantaine de mètres à pied et de traverser un hoa très peu profond. Idem après ses deux plongées, le retour s’effectue en quelques minutes à peine, une symbiose « pension de famille-centre de plongée » très appréciable.

Pension Poerani Nui
Sur un motu privé à 12 km du village principal de Manihi, la pension Poerani Nui vous propose de vivre une expérience au plus près de la nature polynésienne. Implantés dans une vaste cocoteraie donnant sur une plage de sable blanc et rose, quatre bungalows accueillent en toute simplicité les voyageurs en quête de douceur de vivre et de quiétude. Pour vous inciter à la détente et admirer les magnifiques couchers de soleil, des paillotes abritant des chaises longues ou des hamacs sont disposés ici et là sur la plage. Vous pourrez aussi accéder à la mer en empruntant un ponton.
Séjour Vol + 2 nuits avec demi-pension à Partir de 63 968 Fcfp
+ Nuit supplémentaire avec demi pension à partir de 16 800 F/pers.

Les bungalows
•1 bungalow (capacité 2 personnes),
•2 bungalows (capacité 3 personnes),
•1 bungalow familial (capacité 4 personnes ou 2 adultes + 2 enfants).

Equipements des bungalows
•Terrasse,
•salle de bains privée avec eau froide,
•moustiquaire (sur demande),
•produits anti-moustiques fait maison,
•brasseur d'air,
•savon,
•linge de maison.

Les bancs d’alevins, en saison, sont particulièrement spectaculaires.

Dans le grand bleu de Manihi ; le secteur où s’effectuent les plongées est aujourd’hui une zone marine protégée.

Le corail est en bonne santé à Manihi et les mesures de protection de la passe et de ses alentours devraient très largement favoriser la vie de la faune sous-marine.

Quand un banc de barracudas (Sphyraena qenie) se laisse porter par le courant de la passe, attendant la nuit pour se mettre en chasse.

A un peu plus de quarante mètres de profondeur, d’énormes constructions de corail en forme de roses géantes attendent les plongeurs.

Eternelle association entre l’anémone de mer et les petits poisons-clowns.

Après une bonne heure d’immersion, le lent retour vers la surface.

Une fois par an, les loches marbrées se donnent rendez-vous à l’extérieur de la passe pour se reproduire.

Toujours en quête d’un repas facile, un requin à aileron blanc du récif (Triaenodon obesus) vient « renifler » la palanquée.

Dame loche marbrée (Epinephelus polyphekadion) n’a pas de souci à se faire, le photographe ne lui veut aucun mal…

Le confortable bateau du club, implanté à quelques dizaines de mètres de la pension Poerani Nui.


Rédigé par Elvine TEATA le Vendredi 17 Aout 2018 à 15:01 | Lu 5403 fois