Le plus célèbre ensemble funéraire de Rimatara, la tombe de quatre souverains de la dynastie des Tamaeva, la dernière reine étant décédée en 1923.
RIMATARA, le 13 décembre 2018. Les habitants de Rimatara peuvent reprendre à leur compte la célèbre phrase du poète latin Horace qui écrivit : Exegi monumentum aere perennius parlant, en toute immodestie de ses Odes, mots qui se traduisent par J’ai achevé un monument plus durable que l’airain.
A Rimatara, si les tombes n’ont peut-être pas la dureté de l’airain, elles sont faites, malgré tout, pour durer et elles durent ! La population, ici, voue un culte bien particulier à ses morts, chaque cimetière méritant une petite halte…
Bon d’accord, plages de rêve, gastronomie de qualité, excursion variées, artisanat remarquable, quand on va à Rimatara, la plus à l’ouest des îles Australes, on ne fait pas le déplacement pour passer son temps dans les cimetières.
Et pourtant ! S’il y en a, en Polynésie française, qui valent le coup d’œil, ce sont bien ceux de Rimatara répondant tous à la même conception ; un alignement plus ou moins ordonné (souvent moins que plus) de stèles blanches et arrondies, portant en grosses lettres, visibles de loin, le ou les noms des défunts reposant au pied de ces petites constructions.
Certes, depuis quelques années, on voit apparaître des tombes plus « classiques », carrelage ou granit venant quelque peu modifier les codes funéraires, mais globalement, les lieux de repos éternels de cette petite île conservent tous un cachet bien à eux, d’autant que les responsables municipaux veillent à l’entretien de ces sites.
A Rimatara, si les tombes n’ont peut-être pas la dureté de l’airain, elles sont faites, malgré tout, pour durer et elles durent ! La population, ici, voue un culte bien particulier à ses morts, chaque cimetière méritant une petite halte…
Bon d’accord, plages de rêve, gastronomie de qualité, excursion variées, artisanat remarquable, quand on va à Rimatara, la plus à l’ouest des îles Australes, on ne fait pas le déplacement pour passer son temps dans les cimetières.
Et pourtant ! S’il y en a, en Polynésie française, qui valent le coup d’œil, ce sont bien ceux de Rimatara répondant tous à la même conception ; un alignement plus ou moins ordonné (souvent moins que plus) de stèles blanches et arrondies, portant en grosses lettres, visibles de loin, le ou les noms des défunts reposant au pied de ces petites constructions.
Certes, depuis quelques années, on voit apparaître des tombes plus « classiques », carrelage ou granit venant quelque peu modifier les codes funéraires, mais globalement, les lieux de repos éternels de cette petite île conservent tous un cachet bien à eux, d’autant que les responsables municipaux veillent à l’entretien de ces sites.
Le cimetière de Amaru a un charme fou ; juste en face du Pacifique.
Calcaire et chaux blanche
Le principe des tombes est simple : il s’agit de reprendre le modèle des anciens marae avec de grandes dalles dressées, la plupart du temps à peine taillées, voire pas du tout taillées ni même travaillées ; ces dalles de calcaire (l’île tout entière est un atoll surélevé, donc avec un sol et un sous-sol essentiellement calcaire) ont, bien entendu, été quelque peu améliorées quand les pasteurs sont parvenus à s’installer sur l’île et à y convertir la population.
Les dalles brutes ont cédé la place à des stèles en calcaire et en chaux, de forme arrondie, régulièrement chaulées pour obtenir un superbe blanc lumineux. Les missionnaires ayant apporté avec eux l’écriture, plus question de laisser ces tombes dans l’anonymat, il s’agissait, bien au contraire, de rendre un vibrant hommage aux défunts en faisant figurer en grosses lettres noires les noms des disparus, avec, si possible, leur date de naissance et surtout de décès. Les tombes les plus anciennes ne portent souvent pas de date de naissance, eu égard au fait qu’à l‘époque, aucun registre d’état civil n’était tenu ; mais dès que les paroisses prirent corps, les religieux tinrent à jour les baptêmes et donc enregistrèrent soigneusement toutes les naissances.
Beaucoup de cimetières anciens ne sont pas entretenus en Polynésie française ou le sont très mal. Ce n’est pas le cas à Rimatara où les habitant sont visiblement sensibles à l’état de ces lieux de recueillement ; certes, les vents sont violents et les tombes ne peuvent guère accueillir de fleurs (les seules qui résistent sont celles en plastique, à condition que leurs pots soient lestés pour ne pas être renversés), mais du moins les structures de ces stèles sont-elles soigneusement repeintes régulièrement, toujours avec de la chaux. Effet garanti, impossible à Rimatara d’oublier ses tupuna !
Textes et photos : Daniel Pardon
Les dalles brutes ont cédé la place à des stèles en calcaire et en chaux, de forme arrondie, régulièrement chaulées pour obtenir un superbe blanc lumineux. Les missionnaires ayant apporté avec eux l’écriture, plus question de laisser ces tombes dans l’anonymat, il s’agissait, bien au contraire, de rendre un vibrant hommage aux défunts en faisant figurer en grosses lettres noires les noms des disparus, avec, si possible, leur date de naissance et surtout de décès. Les tombes les plus anciennes ne portent souvent pas de date de naissance, eu égard au fait qu’à l‘époque, aucun registre d’état civil n’était tenu ; mais dès que les paroisses prirent corps, les religieux tinrent à jour les baptêmes et donc enregistrèrent soigneusement toutes les naissances.
Beaucoup de cimetières anciens ne sont pas entretenus en Polynésie française ou le sont très mal. Ce n’est pas le cas à Rimatara où les habitant sont visiblement sensibles à l’état de ces lieux de recueillement ; certes, les vents sont violents et les tombes ne peuvent guère accueillir de fleurs (les seules qui résistent sont celles en plastique, à condition que leurs pots soient lestés pour ne pas être renversés), mais du moins les structures de ces stèles sont-elles soigneusement repeintes régulièrement, toujours avec de la chaux. Effet garanti, impossible à Rimatara d’oublier ses tupuna !
Textes et photos : Daniel Pardon
On ne ménage pas sa peine pour entretenir les tombes des anciens.
Des têtes et des rois
Certaines stèles de personnages importants comportent une particularité : elles sont surmontées d’une tête, sculpture en calcaire souvent très érodée par le temps, mais qui maintient encore plus dans le présent l’âme du défunt. Ces représentations anthropomorphiques sont typiques de la commune de Amaru où les tombes royales de la dynastie des Tamaeva (Tamaeva II, III, IV et V) trônent en majesté face à la mer. Cette dynastie fut la dernière à régner en Polynésie française, puisque l’annexion de l’île à la France ne se fit qu’en septembre 1901 avec un déplacement du gouverneur Edouard Petit, la reine, Tamaeva V, conservant alors un certain nombre de ses privilèges ; elle ne s’éteignit qu’en 1923, après avoir régné trente ans (elle avait succédé à Tamaeva IV en 1893).
Tamaeva II, Roi (1807 -1865),
Tamaeva III, Roi (1866 -1876),
Tamaeva IV, Reine (1877 -1892),
Heimataura Tamaeva Varii vahine, Reine (1893-1923).
Rappelons que c’est grâce à Tamaeva V que la petite perruche rouge de Rimatara, très recherchée pour ses plumes, a été préservée de la disparition : la reine posa en effet, en 1900, un tabu total sur le vini ura La chasse, la vente, l’exportation et toute nuisance envers le petit lori seraient sévèrement punis. L’interdit a été respecté jusqu’à nos jours…
Tamaeva II, Roi (1807 -1865),
Tamaeva III, Roi (1866 -1876),
Tamaeva IV, Reine (1877 -1892),
Heimataura Tamaeva Varii vahine, Reine (1893-1923).
Rappelons que c’est grâce à Tamaeva V que la petite perruche rouge de Rimatara, très recherchée pour ses plumes, a été préservée de la disparition : la reine posa en effet, en 1900, un tabu total sur le vini ura La chasse, la vente, l’exportation et toute nuisance envers le petit lori seraient sévèrement punis. L’interdit a été respecté jusqu’à nos jours…
Belle sculpture sur le tombeau royal des Tamaeava, le roi ou la reine étant coiffé d’un chapeau non identifié.
Dans le cimetière de Motuaura, une tombe classique surmontée d’une tête sculptée très érodée.
Simon Lenoir
La tombe de Simon Lenoir avec un « DCD » digne de nos SMS modernes.
Une tombe est à voir sur le cimetière de Amaru, celle de Simon Lenoir, personnage haut en couleur, aux origines incertaines, mais qui contribua fortement, avec ses quatorze enfants, à laisser une abondante descendance derrière lui.
On ne sait à vrai dire que peu de choses de ce Lenoir, sinon qu’il débarqua un beau matin à Rimatara, en 1870-1871 environ. Catholique, il était né en France le 5 septembre 1837 et avait bourlingué sur les mers en tant que simple marin. Sur son arrivée à Rimatara s’affrontent deux versions : selon les uns, il aurait fait naufrage avec quelques autres compagnons aux Tuamotu et il serait parvenu, à bord d’une embarcation de fortune, à gagner la petite île des Australes. Selon d’autres, il ne s’agissait en réalité que d’un marin déserteur embarqué sur un navire baleinier ; las des mauvais traitements à bord, le jeune Simon, alors âgé de 23 ou 24 ans, serait parvenu à prendre la fuite alors que son navire croisait au large de Rimatara. C’est aujourd’hui cette seconde version qui semble avoir le plus le vent en poupe. Toujours est-il qu’il demeura sur l’île, s’y maria (avec la jeune Tapairu a lopu, originaire des îles Cook), y vécut apparemment heureux jusqu’en date du 14 juillet 1916 où il rendit son dernier soupir laissant derrière lui quatorze enfants dont on retrouve bien entendu le nom aujourd’hui sur des centaines de personnes, à Rimatara, mais aussi à Rurutu, à Tahiti et, en réalité, un peu partout en Polynésie française.
Un certain nombre de descendants de Simon Lenoir souffrent d’une affection, le syndrome d’Alport, maladie rare (1 cas sur 50 000 dans le monde) qui viendrait de l’épouse de Lenoir, dont la famille aux Cook souffre elle aussi de ce problème de santé. Concrètement, ce syndrome évolue vers une surdité de la personne malade et surtout une très grave insuffisance rénale, nécessitant dialyses ou greffes de reins.
On ne sait à vrai dire que peu de choses de ce Lenoir, sinon qu’il débarqua un beau matin à Rimatara, en 1870-1871 environ. Catholique, il était né en France le 5 septembre 1837 et avait bourlingué sur les mers en tant que simple marin. Sur son arrivée à Rimatara s’affrontent deux versions : selon les uns, il aurait fait naufrage avec quelques autres compagnons aux Tuamotu et il serait parvenu, à bord d’une embarcation de fortune, à gagner la petite île des Australes. Selon d’autres, il ne s’agissait en réalité que d’un marin déserteur embarqué sur un navire baleinier ; las des mauvais traitements à bord, le jeune Simon, alors âgé de 23 ou 24 ans, serait parvenu à prendre la fuite alors que son navire croisait au large de Rimatara. C’est aujourd’hui cette seconde version qui semble avoir le plus le vent en poupe. Toujours est-il qu’il demeura sur l’île, s’y maria (avec la jeune Tapairu a lopu, originaire des îles Cook), y vécut apparemment heureux jusqu’en date du 14 juillet 1916 où il rendit son dernier soupir laissant derrière lui quatorze enfants dont on retrouve bien entendu le nom aujourd’hui sur des centaines de personnes, à Rimatara, mais aussi à Rurutu, à Tahiti et, en réalité, un peu partout en Polynésie française.
Un certain nombre de descendants de Simon Lenoir souffrent d’une affection, le syndrome d’Alport, maladie rare (1 cas sur 50 000 dans le monde) qui viendrait de l’épouse de Lenoir, dont la famille aux Cook souffre elle aussi de ce problème de santé. Concrètement, ce syndrome évolue vers une surdité de la personne malade et surtout une très grave insuffisance rénale, nécessitant dialyses ou greffes de reins.
Irirua, marae et cimetière
On peut visiter, en bord de mer sur la côte est de Rimatara, un vaste ensemble lithique appelé Irirua ; il s’agit indubitablement d’un ancien marae, mais aussi, la forme et l’agencement de certaines pierres le démontrent, d’un ancien cimetière qui doit correspondre aux tout débuts de l’évangélisation de Rimatara. Le site occupe plus de 700 m2 et est composé d’un grand nombre de dalles, en partie encore dressées, mais malheureusement la plupart du temps penchées ou couchées sur le sol. Les plus grandes de ces pierres calcaires mesurent environ 1,50m de hauteur, ce qui devait en faire un lieu très majestueux dans les temps anciens. On dit qu’ici la population, autour de ses prêtres, rendait un culte au soleil qui se levait juste en face du marae.
Si des campagnes archéologiques ont montré que Rimatara cachait de très nombreux anciens marae, dont il ne subsiste la plupart du temps presque rien d’ailleurs, il est indubitable que Irirua fut un site de première importance, d’autant qu’il faisait également face à la lointaine île de Rurutu, avec laquelle les Rimatara entretenaient d’étroites relations. Irirua fut sans doute un lieu d’accueil privilégié.
Si des campagnes archéologiques ont montré que Rimatara cachait de très nombreux anciens marae, dont il ne subsiste la plupart du temps presque rien d’ailleurs, il est indubitable que Irirua fut un site de première importance, d’autant qu’il faisait également face à la lointaine île de Rurutu, avec laquelle les Rimatara entretenaient d’étroites relations. Irirua fut sans doute un lieu d’accueil privilégié.
On voit bien que les pierres du marae ont été recyclées pour faire des tombes à Irirua.
La tombe de Tamaeva I
Au cimetière de Amaru sont regroupés dans le même ensemble funéraire quatre rois et reines de la dynastie Tamaeva, du numéro 2 au numéro 5, sachant que manque à l’appel Tamaeva I. Sa tombe serait située au sommet de l’île, sous le petit marae dit « Pito », qui abrite en son enceinte deux dalles verticales ; la plus haute, plus fine également fine, marquerait symboliquement le point central de l’île, tandis que la seconde, juste devant elle, plus massive, serait la stèle de Tamaeva I. On dit aussi qu’à cet emplacement, les placentas des chefs étaient enterrés après leur naissance. La tombe est à deux pas du point culminant de l’île, le mont Uhau, 83 mètres d’altitude.
La plus grande dalle marque le milieu de l’île, la plus petite serait la stèle de Tamaeva I
La bonne adresse
Séjours dans les îles
Pension UeUe, dans la petite capitale Amaru. Quatre bungalows dans un beau jardin arboré, nourriture locale de qualité.
Séjour vol + 3 nuits à partir de 50 718 Fcfp/pers. En demi-pension
-Toujours à Rimatara
Pension La Perruche rouge, sur les hauteurs, près de l’aéroport. Quatre bungalows, nourriture soignée, à proximité du sommet de l’île (84 m).
Pension UeUe, dans la petite capitale Amaru. Quatre bungalows dans un beau jardin arboré, nourriture locale de qualité.
Séjour vol + 3 nuits à partir de 50 718 Fcfp/pers. En demi-pension
-Toujours à Rimatara
Pension La Perruche rouge, sur les hauteurs, près de l’aéroport. Quatre bungalows, nourriture soignée, à proximité du sommet de l’île (84 m).