Carnet de voyage - Copan : le grand livre de pierre maya


A la manière d’Angkor ou du Machu Picchu, les ruines de Copan étaient complètement recouvertes par la forêt tropicale avant les premières fouilles au XIXe siècle.
AMERIQUE LATINE, le 14 mars 2019. Tahiti Infos vous propose cette semaine une escapade hors des sentiers battus. À partir de Los Angeles, il n’est pas si difficile que cela d’accéder à l’un des plus beaux livres de pierre que nous ont légués les Mayas : Copan, la merveille du Honduras.

De toutes les cités mayas, Copan, au Honduras, passe pour avoir été la plus savante. Ses ruines sont un véritable livre de pierre en cours de déchiffrement. La frontière guatémaltèque passée (voir Copan pratique), dans un décor digne du film “à la poursuite du diamant vert“, après quelques heures de piste, on parvient à Copan Ruinas, la ville proche de l’ancienne cité.

Des dentelles ciselées dans le grès

À une poignée de kilomètres du bourg s’étendent des pelouses vertes que percent d’anciennes structures mayas : murs, stèles, autant d’icebergs de savoir dont seule une infime partie est réellement accessible aux spécialistes.

À Copan, les artistes et sculpteurs mayas se sont pris de passion pour l’art du ciseau. Ils ont tout sculpté ou presque, avec un luxe de détails qui fait de la cité la plus baroque des villes mayas. Les stèles royales représentant des souverains font même parfois penser à ces sculptures asiatiques aux mille circonvolutions que l’on voit dans les “emporiums” chinois d’Aberdeen ou de Kowloon.

Ce n’est pas tant la taille des vestiges de Copan que les touristes viennent admirer sur ce site que, justement, ces dentelles ciselées dans le grès et surtout ces glyphes que l’on comprend en partie aujourd’hui. C’est en les lisant que les historiens sont parvenus à reconstituer des pans entiers de l’histoire de la cité. Beaucoup de cases vides sont encore à combler, mais petit à petit, entre la symbolique des sculptures et le sens même des glyphes, le “livre de pierre” parle.

Une ville d’érudits

Les amateurs comparent volontiers Copan au grand rosaire de Borobudur, ce temple à l’Est de Java, sauvé dans les années soixante par l’Unesco.
À Copan, le texte est le plus “lisible” sur la partie verticale des soixante-trois marches d’escalier du temple principal. Les grands prêtres officiaient au sommet de la structure, devant les fidèles, et le statut de ville savante de Copan laisse à penser que, contrairement à la majeure partie des autres cités mayas, où seule une minorité savait lire et écrire, il est probable que beaucoup ici étaient érudits.

Les marches du haut parlent des premières générations de rois ayant fondé et gouverné Copan. Plus les yeux descendent, plus ils se rapprochent de l’histoire récente (vieille de mille ans tout de même). En tout, plus de deux mille deux cents glyphes pouvaient être lus.

Écriture et émotion

Aujourd’hui, le déchiffrage de ce monumental escalier n’est pas totalement achevé. L’érosion, la pluie surtout, mais aussi la végétation qui recouvrit le site durant des siècles, ont altéré les grès, rendant des passages du texte difficiles à interpréter.

Bien entendu, aucun des visiteurs de la cité n’a la prétention de lire ces glyphes. Les guides, en revanche, le peuvent sur certaines sculptures. Mais la rencontre avec les textes anciens s’arrête en réalité à l’approche purement esthétique que l’on peut en avoir. L’observation de l’écriture maya est avant tout émotion, interrogation et même frisson parfois de l’homme moderne devant le parler -et l’écrit- d’autres hommes plus anciens. A l’évidence, la manière de le dire dans la pierre compte autant que le sens. Il y a plus de mille ans, c’est ainsi que l’on communiquait. Le message politique et/ou religieux avait ce visage, d’autant plus impressionnant qu’il est parfaitement original : les Mayas étaient coupés du reste du monde ; ils ont évolué seuls, mais peu ou prou sur les mêmes sentes que leurs voisins lointains du Vieux Monde, avec leur seul génie et leur seule créativité pour guides.

Copan, c’est avant tout cette rencontre entre l’ancienne écriture du Nouveau Monde et celle des cartes postales que les touristes expédient ou des messages d’une affligeante pauvreté échangés sur les réseaux sociaux. Saisissant raccourci de nombreux siècles d’histoires parallèles, qui se sont rencontrés un jour de 1492.

Pour le meilleur ? Le pire, en tous les cas, est déjà arrivé.

Texte et photos : Daniel Pardon

Quatre siècles de splendeur

Copan, nichée dans une jungle épaisse, est à nos yeux un peu le Machu Picchu maya. Entre 400 et 850 après Jésus-Christ, la ville connut ses heures de gloire, avec une apogée au VIIe siècle. Plus de vingt mille personnes vivaient sur place mais l’hypothèse d’une très forte déforestation (sècheresse peut-être) expliquerait le déclin de Copan et finalement sa disparition totale à la fin du Xe siècle. Elle rivalisait en puissance et en influence avec Chichen Itza (actuel Mexique) et Tikal (Guatemala).

Le site sera découvert au XVIe siècle par les conquistadores espagnols ; les premières fouilles ont eu lieu à partir de 1839, l’Unesco ayant classé le site au patrimoine mondial de l’Humanité en 1980.

Le parc archéologique couvre aujourd’hui une zone de vingt-quatre kilomètres de rayon et abrite plus de trois mille quatre cents ruines.
A ne pas manquer : l’escalier hiéroglyphique et ses centaines de glyphes, la grande place avec ses stèles et ses autels, le jeu de balle d’une taille exceptionnel (les perdants étaient, dit-on, mis à mort), l’autel Q avec ses seize seigneurs gravés et ses hiéroglyphes, et bien entendu le musée. On peut également visiter les tunnels qui avaient été creusés sous l’Acropole.

Copan pratique

Pour y aller
Vols quotidiens depuis Tahiti sur Los Angeles. Plutôt que de rejoindre la capitale du Honduras, Tegucigalpa, visez Guatemala City, plus proche (vols quotidiens sur Aeromexico, Continental, etc.). À partir de là, circuits sur Copan organisés par de très nombreuses agences de voyages (six heures à partir de la capitale par la route qui mène à la côte Atlantique. On bifurque à Zacapa). À Copan, prévoir trois à six jours sur place. Au retour, prolongez ensuite votre séjour par une découverte du Guatemala (ruines de Tikal, lac Atitlan, Antigua, etc.)

Formalités
Passeport valide et billet retour. Pas de vaccins obligatoires (mais soyez à jour de vos vaccins internationaux, type fièvre jaune). Prudence avec les boissons (toujours les choisir en bouteille, se méfier des crudités). Doublez vos pièces d’identité avec des photocopies, en cas de vol.

L’hébergement
Parmi une offre large à Copan -une douzaine d’hôtels-, trois d’entre eux, de caractère, ont été retenus par Tahiti Infos : le superbe et luxueux Marina Copan, dans un bâtiment colonial (piscine), le magnifique Clarion Hotel Copan Ruinas (piscine, à 2 km des ruines), vaste et luxueux complexe, et l’Hacienda San Lucas, une oasis de douceur dans une bâtisse séculaire. Comptez 70 à 120 US$ la nuit. Forfaits et packages possibles avec les agents de voyages de Guatemala Antigua (souvent moitié prix).

La monnaie
La lempira n’est pas une danse, c’est la monnaie du Honduras. Que vaut la lempira ? Franchement rien (cours officiel : 1 lempira = 0,036 euro). Contre un portrait de président américain sur un billet verdâtre, on vous tend une liasse bariolée et sale de ces billets pleins de zéros et vides de promesses. Désespérant. Les dollars suffisent, les euros aussi, ne changez donc pas…

Le musée
Copan offre à ses visiteurs un extraordinaire musée d’art maya, avec une spectaculaire reconstitution de temple en son sein, grandeur nature (et peint en rouge ; presque effrayant). Prévoir deux bonnes heures pour en profiter. Il est rare que les musées soulèvent l’enthousiasme des visiteurs en Amérique latine. Un “viva” pour celui de Copan, presque aussi enrichissant que le site archéologique auquel il est rattaché.

Quand y aller
De novembre à avril, Copan est en saison sèche. De mai à octobre, la saison des pluies bat son plein. Et le risque cyclonique est bien réel.

Le conseil Tahiti Infos
Il serait dommage de se rendre à Copan pour n’en visiter que les ruines mayas. Agrotourisme, communautés indiennes, sources thermales chaudes (pour le mal de dos, le bonheur !), randonnées à cheval (aie ! pour le mal de dos ; allez aux sources après), observation des oiseaux de la selva (dont le fameux guacamayo, emblème du Honduras) : il y a mille bonnes raisons de profiter de cette zone ouest du Honduras relativement tranquille et « safe ». En revanche, évitez vraiment la capitale, Tegucigalpa, où règne la plus grande insécurité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Copan est célèbre dans le monde maya pour ses stèles magnifiant, en textes et en images, les hauts faits des rois de la cité.

Le célèbre jeu de paume de Copan. Le roi Lapin XVIII fut battu lors d’un match par son voisin le roi de Quirigua, Ciel Cauac. Lapin XVIII perdit la face… et la tête, puisque le battu était décapité !

Beaucoup de pages du grand livre de Copan sont écrites sur les tranches des escaliers. Celui-ci compte plus de deux mille glyphes.

À Copan, beaucoup de sculptures évoquent, par leur style surchargé, les édifices que l’on rencontre en Asie, à Bali par exemple.

L’extraordinaire temple maya reconstitué, grandeur nature, dans le musée jouxtant les ruines de la ville. Un chef d’œuvre.

L’extraordinaire temple maya reconstitué, grandeur nature, dans le musée jouxtant les ruines de la ville. Un chef d’œuvre.

La mort était partout présente dans l’ancien monde maya, qui affectionnait particulièrement les sacrifices humains. Ces “textes” ciselés le rappellent. On ne déplaisait pas au chef, sinon “couic” !

Les murs de Copan sont de véritables livres à ciel ouvert ; outre les représentations de rois, ils narrent, grâce aux glyphes qui les recouvrent, les hauts faits et les exploits des intéressés, avec des datations très précises, qui font de ce site un lieu unique dans toute l’Amérique centrale.

Certaines stèles sont taillées dans des blocs horizontaux. Sur celle-ci, un texte central sépare deux figures sans doute royales.

L’écriture dans la pierre était indubitablement omniprésente à Copan, ce qui laisse à penser que la ville comptait beaucoup d’érudits et de graveurs.

Dans le bec de cet étrange oiseau au corps emmuré, une boule de pierre. Tous les glyphes n’ont pas encore livré leurs secrets, même si l’on sait désormais à peu près les déchiffrer.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 14 Mars 2019 à 12:00 | Lu 1162 fois