Carnet de voyage - Balade autour de Raivavae


RAIVAVAE, le 13 juin 2019. La petite île de Raivavae, au sud des Australes, réserve bien des surprises à qui l’explorera au rythme qui convient ici, à pied ou à bicyclette. Le tour de l’île ne mesure que vingt-quatre kilomètres, mais les surprises y sont nombreuses. En voici quelques-unes…

Le « grand » tiki

A l’origine, l’île de Raivavae comptait trois grands tiki majestueux. Depuis 1933, les deux plus grands ont été achetés et ramenés à Tahiti. Le plus grand, une femme très forte, mesure 2,72m de haut, tandis que l’autre passe pour être un homme et mesure 2,14m. Les tiki oni et papa (localement appelés Heiata et Moana), passaient pour être les génies du sable et des rochers du bord de la mer, supposés protéger l’île d’éventuels envahisseurs. Un troisième, représentant un enfant, avait été enlevé mais lors de son chargement, il tomba dans le lagon où il se trouve toujours.

Aujourd’hui, Raivavae, dont les habitants ne cessent de réclamer le retour de leurs tiki, peut s’enorgueillir d’en posséder un dernier, non loin de Rairua, sculpté dans un tuf volcanique rougeâtre. Il a son oreille gauche partiellement brisée et il trône en majesté sur un petit ensemble de pierres, mais il faut bien reconnaître qu’il est très mal mis en valeur. Un grand merci toutefois au propriétaire du terrain qui, lorsqu’il n’est pas là, a le bon goût d’attacher ses chiens et de laisser ainsi les visiteurs admirer cet ultime chef d’œuvre de la sculpture de Raivavae dont on ne sait plus que peu de choses aujourd’hui…

Des montagnes de bénitiers

Le visiteur ne manquera pas d‘être surpris au gré de sa promenade en observant, en bord de plage, d’impressionnants tas de coquilles de bénitiers. Ceux-ci sont de belle taille (de l’espèce Tridacna maxima) et sont récoltés dans quelques mètres d’eau pour être congelés par les pêcheurs puis exportés sur Tahiti. Le volume et la hauteur des piles de ces bivalves pourraient faire craindre une disparition proche de l’espèce. Ce n’est apparemment pas le cas.

L’immense lagon de Raivavae est pauvre en nacres (Pinctada margaritifera) mais extrêmement riche en bénitiers qui, à en croire un des pêcheurs, ne seraient récoltés en apnée que dans les zones les plus profondes ; jamais sur les bancs de sable ou à proximité des récifs. Reste que compte tenu de la valeur de telles coquilles pour les touristes, on ne peut que regretter que celles-ci finissent ainsi, soit abîmées par l’eau de mer soit « grillées » au soleil. La plupart de ces bénitiers fourniraient d’excellentes « assiettes » creuses pour servir le poisson cru…

Des pirogues cousues

Raivavae est sans doute l’une des dernières, sinon la dernière île à encore fabriquer des pirogues cousues, destinées à circuler sur le lagon. Le principe est simple, des planches de aito, bois résistant très bien à l’eau salée, sont assemblées et cousues ensemble avec des liens en fibres de coco (nape). Il faut ensuite calfater les joints avec de la sève de uru, puis vernir le tout et ensuite le recouvrir d’une généreuse couche de peinture, de manière à assurer à cet ensemble une parfaite étanchéité. Evidemment, la durée de vie de ces pirogues n’est pas illimitée, mais elles sont faciles à réparer en cas de choc sur un récif, elles ne coûtent pas cher, et conviennent parfaitement à leur usage lagonaire.

Des algues savoureuses

Si vous aimez les plats originaux, faites-vous servir de la salade d’algues de Raivavae, un espèce, Caulerpa racemosa, avec ses petites boules vertes ressemblant à de minuscules grappes de raisins. Les Raivavae en parlent plus fièrement comme du caviar de leur lagon. Ces algues se récoltent dans quelques centimètres d’eau, sur des rochers, des troncs d’arbre immergés, ou même sur des fonds de sable corallien. Dans ces cas-là, un lavage minutieux est impératif pour éviter que des grains de sable ne viennent craquer sous vos dents lors de la dégustation. Une recette simple pour les déguster ? Une fois bien lavées et égouttées, les algues seront servies avec un peu de lait de coco et du jus de citron. Régal assuré (et pas besoin de saler !).

Des pommes calebasses

Si vous avez l’œil, côté montagne en pédalant tranquillement, vous constaterez qu’au milieu d’un fouillis de lianes escaladant la végétation, on peut distinguer de drôles de fruits ronds, ressemblant, en plus petits, à des fruits de la passion. Ce sont effectivement des passiflores, mais dont la coque est dure comme du bois. Si vous en récoltez, il vous faudra un solide couteau pour les ouvrir et les déguster, puisque ces fruits sont comestibles. Si, au contraire, vous souhaitez les conserver ad vitam aeternam, pas de souci, il suffit de les stocker à l’air libre, loin de l’humidité. La coque ne cessera de durcir ; au bout de quelques mois, l’intérieur aura séché et pour pourrez entendre les graines s’entrechoquer légèrement lorsque vous secouerez le fruit. Attention toutefois à ces pommes calebasses (Passiflora malaformis), puisque que c’est ainsi qu’elles sont souvent appelées ; cette espèce végétale originaire d’Amérique centrale est invasive et ne doit absolument pas être ramenée pour être plantée dans d’autres îles ou même à Tahiti.

Des faux tamanu comestibles

Une des particularités de Raivavae est la présence, au port de Rairua mais également tout autour de l’île, de nombreux « faux tamanu », des arbres dont le fruit ressemble à s’y méprendre à celui du tamanu (Calophyllum inophyllum). Or, à maturité, ils deviennent jaune d’or, contrairement au tamanu dont les fruits ne prennent pas une couleur aussi marquée et surtout qui ne contiennent qu’une seule graine ; les pommes d’accot, puisque tel est leur nom (Mimusops coriacea), renferment six graines marron que les artisans utilisent de plus en plus dans la confection de colliers. La chair du fruit, farineuse, est comestible et d’ailleurs elle est consommée à Madagascar d’où est originaire ce très bel arbre ornemental. Contrairement au tamanu, sur l’apex du fruit on peut voir un petit renflement caractéristique qui permet de le reconnaître immédiatement.


Le motu Hotuata

A une extrémité de l’île de Raivavae, détaché du rivage, trône le superbe petit motu Hotuata, dit « motu de la femme », par opposition à un gros rocher se trouvant de l’autre côté de l’île, sur la plage, le rocher Ruatara (rocher de l’homme). L’îlot culmine à un peu plus de cinquante mètres de hauteur et sert de refuge à une colonie de frégates. La légende dit que les femmes de Vaiuru se disant plus fortes que les hommes de Anatonu, une femme ferait une compétition avec un homme pour transporter le plus loin dans le lagon un rocher de la montagne. L’homme était plus rapide, mais l’épreuve se déroulant de nuit et ne devant s’achever qu’au matin, il décida de faire un petit somme après avoir déposé son caillou en bas de la montagne. La femme de son côté, plus lente, ne s’arrêta pas et déposa le sien dans le lagon. Voyant son concurrent endormi, elle imita le chant du cop ce qui le réveilla ; mais pris de court, il se résolut à déposer son rocher au bord de l’eau, sur la plage, ne pouvant aller plus loin avant le lever du jour… Les femmes sont donc sinon plus fortes, du moins plus futées que les hommes à Raivavae.

Des bananes sur le lagon

Une des particularités des habitants de Raivavae est leur façon très originale de stocker les régimes de bananes, à cuire ou à déguster crues. Il semble que la compétition entre les hommes et les rats soit forte, ce qui a décidé les habitants de l’île à opter pour un stockage hors de portée des rongeurs, sur le lagon ! Ici et là, lorsque l’on fait le tour de l’île, on rencontre donc de temps à autre de ces régimes de bananes, perchés au-dessus de l’eau, mûrissant en plein soleil. Apparemment, le système fonctionne très bien puisque nombre de régimes finissent ainsi à l’abri des animaux. Evidemment, le système repose sur le fait que personne au grand jamais ne viendrait voler les bananes de son voisin, même nuitamment !

De l’amidon, en veux-tu

Sur les motu autour de l’île de Raivavae, on trouve en grande quantité des pieds de pia Tahiti (Tacca leonpetaloides), plante plus connue sous son appellation anglo-saxonne de arrow-root. Jadis, le pia Tahiti d’introduction ancienne a joué un grand rôle dans l’alimentation puisque les tubercules étaient utilisés pour en extraire l’amidon (non préparés, ces tubercules sont toxiques). Au XIXe siècle, la Polynésie exportait cet amidon jusqu’en Californie, mais dès son introduction, le manioc a remplacé le pia Tahiti. L’amidon fourni par cette plante avait également un autre usage, celui de rigidifier et donc de consolider les tissus faits d’écorces battues, les tapa, détrônés à l’arrivée des Européens par les tissus (paréos). Les tubercules du pia se récoltent lorsque les feuilles et l’inflorescence de la plante jaunissent et finissent même par disparaître.

Séjourner à Raivavae

Il existe cinq pensions de famille autour de l’île, notre partenaire Séjours dans les îles-Air Tahiti en proposant trois à des prix très intéressants :

Pension Chez Linda
Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 58 768 Fcf/pers.
Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 8 600 F/pers
Bungalows
3 petits bungalows jardin (capacité 3 personnes)
1 grand bungalow jardin famille (capacité 4 personnes)

Pension Ataha
Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 52 648 Fcfp /pers. Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 6 560 Fcfp/pers.
Chambres :
1 maison : Fare B avec 2 chambres (capacité 3 adultes + 2 enfants ou 5 adultes) et une salle de bains commune idéale pour une famille ou pour des personnes voyageant ensemble.
1 maison : Fare C avec 2 chambres (capacité 2 adultes + 2 enfants ou 4 adultes) et une salle de bains privée dans chaque chambre.

Pension Tama Resort
Séjour Vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 58 468Fcfp/pers.
Nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 8 500 F/pers.
Bungalows
3 bungalows côté plage avec salle de bains privée (capacité 2 adultes ou 2 adultes + 1 enfant).
2 bungalows côté montagne avec salle de bains privée (capacité 3 adultes).

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 13 Juin 2019 à 15:20 | Lu 1306 fois