Portrait de Hugh Cuming à la fin de sa vie ; revenu malade de son expédition aux Philippines, il se consacra surtout à gérer le marché des coquillages auprès des collectionneurs.
PACIFIQUE, le 15 novembre 2018. Il est rare de trouver des personnalités aussi jusqu’au-boutiste que le fut toute sa vie durant l’Anglais Hugh Cuming, passionné par les coquillages et toutes les merveilles que la nature pouvait receler. S’il a vécu à Londres, il a pourtant parcouru le Pacifique, notamment la côte ouest de l’Amérique latine et les Philippines ; en Polynésie française, il s’est illustré par un voyage d’une extraordinaire densité, d’où il ramena des centaines de nouveaux spécimens de coquillages…
Etrange Hugh Cuming, qui donna son nom à tant d’espèces végétales et animales : en Polynésie, le plus célèbre coquillage, Cribrarula cumingii, est un hommage à ce pionnier des sciences naturelles, homme de terrain pendant toute une partie de sa vie, mais ensuite surtout acheteur et vendeur de coquillages. Cette activité mercantile lui ferma bien entendu les portes de la Science, d’autant qu’issu d’un milieu modeste, Cuming n’avait pas de bagage universitaire.
Etrange Hugh Cuming, qui donna son nom à tant d’espèces végétales et animales : en Polynésie, le plus célèbre coquillage, Cribrarula cumingii, est un hommage à ce pionnier des sciences naturelles, homme de terrain pendant toute une partie de sa vie, mais ensuite surtout acheteur et vendeur de coquillages. Cette activité mercantile lui ferma bien entendu les portes de la Science, d’autant qu’issu d’un milieu modeste, Cuming n’avait pas de bagage universitaire.
La fortune à Valparaiso
Hugh Cuming vit le jour le 14 février 1791 dans un petit village rural, Washbrook, près de Kingsbridge dans le South Devon. Ses parents, Richard et Mary Cuming eurent trois enfants. On ne sait pour ainsi dire rien de sa petite enfance, sinon qu’il se lia d’amitié avec un scientifique, George Montagu (1753-1815) qui l’aurait pris sous son aile pour l’initier aux sciences naturelles : spécialiste des oiseaux, Montagu était aussi féru de crustacés, poissons et surtout coquillages, qui fascinèrent le jeune Cuming par la variété de leurs formes et de leurs couleurs.
Faute de moyens financiers, ses parents le placèrent en apprentissage chez un fabricant de voiles : coquillages en tête, ambiance de bateaux et de voyages, il n’en fallait pas plus pour qu’Hugh se sente des fourmis dans les jambes.
En 1851, il entreprit un long voyage jusqu’en Amérique du Sud. Valparaiso était alors l’un des plus grands ports du monde et fort de ses compétences, Cuming ouvrit un atelier de fabrication et de réparation de voiles, une affaire qui lui permettra de se constituer en peu de temps une jolie petite fortune. Evidemment, vivre en bord de mer, quand on est passionné de coquillages, incite à explorer les côtes et très vite, les mollusques de la baie de Valparaiso n’eurent plus de secrets pour Cuming ; mais il voyait plus grand ; à l’âge de trente-cinq ans, il fit ses comptes et vendit son affaire pour prendre sa retraite, les poches bien remplies. Tellement bien remplies qu’il se fit construire un bateau, décidé à consacrer le reste de sa vie aux sciences naturelles, et plus spécialement aux coquillages et à la botanique.
Le monde de la science le découvrit en 1827 lorsqu’il publia un article sur les chitons (petits mollusques abondant sur les rochers). Il était alors élève du lieutenant J. Frembly qui lui servit de mentor et qui d’ailleurs n’hésita pas à baptiser une nouvelle espèce de chiton « Chiton cumingsii » avec un « s » bien inutile…
Lucide, Frembly écrivit alors qu’il voyait en Cuming quelqu’un dont les apports à la science seraient importants. Il ne croyait pas si bien dire…
Faute de moyens financiers, ses parents le placèrent en apprentissage chez un fabricant de voiles : coquillages en tête, ambiance de bateaux et de voyages, il n’en fallait pas plus pour qu’Hugh se sente des fourmis dans les jambes.
En 1851, il entreprit un long voyage jusqu’en Amérique du Sud. Valparaiso était alors l’un des plus grands ports du monde et fort de ses compétences, Cuming ouvrit un atelier de fabrication et de réparation de voiles, une affaire qui lui permettra de se constituer en peu de temps une jolie petite fortune. Evidemment, vivre en bord de mer, quand on est passionné de coquillages, incite à explorer les côtes et très vite, les mollusques de la baie de Valparaiso n’eurent plus de secrets pour Cuming ; mais il voyait plus grand ; à l’âge de trente-cinq ans, il fit ses comptes et vendit son affaire pour prendre sa retraite, les poches bien remplies. Tellement bien remplies qu’il se fit construire un bateau, décidé à consacrer le reste de sa vie aux sciences naturelles, et plus spécialement aux coquillages et à la botanique.
Le monde de la science le découvrit en 1827 lorsqu’il publia un article sur les chitons (petits mollusques abondant sur les rochers). Il était alors élève du lieutenant J. Frembly qui lui servit de mentor et qui d’ailleurs n’hésita pas à baptiser une nouvelle espèce de chiton « Chiton cumingsii » avec un « s » bien inutile…
Lucide, Frembly écrivit alors qu’il voyait en Cuming quelqu’un dont les apports à la science seraient importants. Il ne croyait pas si bien dire…
Cap sur la Polynésie
Tout content de cette introduction dans le monde des naturalistes, Cuming accéléra le chantier de son schooner, qu’il baptisa « Discoverer » ; le bateau achevé, il décida en 1827 de mettre au plus vite les voiles pour les Mers du Sud, plus spécialement pour la Polynésie. Son navire avait été construit sous sa férule et selon ses propres plans, étant destiné à accueillir un nombre considérable de spécimens naturels ; l’espace vie de l’équipage était de ce fait réduit. Le 28 octobre 1827, le « Discoverer » sortait toutes voiles dehors de la baie de Valparaiso : cap sur l’aventure, la découverte, la collecte et l’observation de la faune et de la flore de la vaste Océanie. Programme chargé s’il en est et ambitieux, mais Cuming savait qu’il s’engageait là sur un terrain quasiment vierge.
C’est grâce à son rapport, non pas un journal de bord mais un récit de son odyssée, que l’on connaît quasiment au jour près le trajet du « Discoverer ».
Après Valparaiso, Cuming visita l’archipel de Juan Fernandez (les deux îles de Robinson Crusoe et d’Alexander Selkirk, anciennement Masatierra et Masafuera) ; il continua en cinglant vers l’île de Pâques, puis l’atoll de Ducie, Henderson Island, Pitcairn et enfin les Gambier. Le 6 décembre, le « Discoverer » fit un détour au sud-est sur Temoe (alors appelé Crescent Island).
C’est grâce à son rapport, non pas un journal de bord mais un récit de son odyssée, que l’on connaît quasiment au jour près le trajet du « Discoverer ».
Après Valparaiso, Cuming visita l’archipel de Juan Fernandez (les deux îles de Robinson Crusoe et d’Alexander Selkirk, anciennement Masatierra et Masafuera) ; il continua en cinglant vers l’île de Pâques, puis l’atoll de Ducie, Henderson Island, Pitcairn et enfin les Gambier. Le 6 décembre, le « Discoverer » fit un détour au sud-est sur Temoe (alors appelé Crescent Island).
27 000 perles à Marutea Sud
Marutea Sud captiva Cuming pour sa richesse en nacres, à tel point qu’il décida d’aller enrôler des plongeurs à Anaa pour les ramener à Marutea effectuer des récoltes, dans l’espoir de trouver de belles perles à partir des spécimens de Pinctada margaritifera. A Anaa, les Paumotu faisaient commerce de coquillages, ce qui n’enchanta guère Cuming, obligé d’acheter cette marchandise ; à force de montrer les spécimens qui l’intéressait, il finit toutefois par obtenir des pièces intéressantes pour sa collection. Le 28 décembre, son bateau quittait Anaa pour Tahiti où il arriva le 1er janvier 1828 avant d’en repartir le 7 en direction de Marutea où il jeta l’ancre le 25 janvier pour une campagne de plonge. La récolte, c’est le moins que l’on puisse affirmer, fut bonne puisque, en quelques jours seulement, Cuming sur son journal, écrivit que ses plongeurs remontèrent quarante tonnes de méléagrines (les nacres perlières), dont la coquille était destinée à de multiples usages (boutons, marqueterie, instruments de musique, etc.). Mais ce qui motivait le plus le naturaliste, c’était les perles que ces grandes huîtres pouvaient renfermer : il avoua en voir récolté la bagatelle de vingt sept mille, pour un poids total de trente deux onces soit très exactement 907,168 grammes (un chiffre dérisoire, qui indique que l’immense majorité de ces perles était minuscule).
Découverte des Actéon
La plonge dura plus d’un mois puisque Cuming quitta Marutea Sud le 13 mars, finalement sans avoir amassé la fortune qu’il espérait compte tenu de la qualité de ses perles. Il se dirigea alors sur l’atoll de Tureia et repéra, le lendemain, trois îles ne figurant sur aucune carte : il avait découvert les îles Actéon, où la population l’empêcha de débarquer, le chef local se contentant de lui donner les noms des trois îles : Maturaivoa, Tenaroa et Tenararoa (aujourd’hui, les Actéon comptent quatre îles : Tenaravo, Vahanga, Tenarunga et Maturei-vavao). Curieusement, l’histoire officielle a fait du capitaine Thomas Ebrill avec sa goélette tahitienne « Amphitrite » le découvreur de ce groupe d’îles en 1833, ce qui est donc faux, Cuming pouvant être rangé parmi l’un des découvreurs des îles du vaste Pacifique Sud.
La suite du voyage, d’après les indications de Cuming, compte tenu de l’imprécision des noms d’îles, est plus floue ; le « Discoverer » ancra à Nengonengo (alors Prince William Henry’s Island, puis à Marutea Nord puis Motu Tunga et enfin Anaa le 19 mars.
La suite du voyage, d’après les indications de Cuming, compte tenu de l’imprécision des noms d’îles, est plus floue ; le « Discoverer » ancra à Nengonengo (alors Prince William Henry’s Island, puis à Marutea Nord puis Motu Tunga et enfin Anaa le 19 mars.
Une moisson de coquillages à Raiatea
Après trois jours d’escale, Cuming, soucieux de refaire le plein de vivres, mit le cap sur Tahiti. Le 24 mars, il aurait atteint Rangiroa (alors baptisé par lui Narara), puis Takaroa (qu’il appela Teakroa) le 27. Poursuivant son butinage d’île en île, Cuming parvint à Mehetia le 2 avril et à Tetiaroa le 3 avril. Le lendemain, le bateau du naturaliste jetait l’ancre devant Papeete où l’équipage se reposa et fit le plein de vivres lors d’une escale de douze jours, que Cuming mit à profit pour récolter, comme il le faisait dans chaque île, des coquillages et divers spécimens de plantes. Le 17 avril, il était à Huahine puis le 23 avril à Raiatea. La météo était détestable et si la récolte de plantes et de faune terrestre fut maigre, en revanche, Cuming avoua avoir dénicher de très nombreux coquillages dans les eaux de l’île sacrée : « les coquillages marins que je me suis procuré sont d’une grande variété et très abondants, parmi lesquels quelques-uns sont des raretés. Le récif externe brisant la force de la houle rendait le récif côté lagon accessible pour la collecte en toute sécurité. Parmi les coquillages que j’ai trouvé et qui sont nouveaux pour moi, il y a onze mitres, trois porcelaines dont l’une est une aurantium (Golden Cowry). Il y a aussi trois cérithes, deux solariums, un cône, un strombe, une bulla, une nassa, un murex, une natica, une ovula, deux olives, cinq térèbres et quelques autres ».
Cuming trouva également un spécimen particulièrement intéressant de pecten d’un pouce et demi de long, blanc et fit également ample moisson de diverses espèces de crabes.
Cap fut mis ensuite au sud, Cuming désirant explorer les eaux des Australes. Faute de mouillage sûr, l’escale à Rurutu le 1er mai fut brève et le « Discoverer » n’arriva dans les eaux calmes du lagon de Tubuai que le 7 mai. De là, Raivavae (escale rendue impossible par le mauvais temps), puis Rapa le 16 mai. Le 28 du même mois, le bateau faisait escale à Pitcairn qu’il quitta le 30 mai pour être de retour à Valparaiso le 28 juin 1828, au terme d’une odyssée extraordinairement riche en collectes diverses, au premier rand desquelles les coquillages bien sûr.
Cuming trouva également un spécimen particulièrement intéressant de pecten d’un pouce et demi de long, blanc et fit également ample moisson de diverses espèces de crabes.
Cap fut mis ensuite au sud, Cuming désirant explorer les eaux des Australes. Faute de mouillage sûr, l’escale à Rurutu le 1er mai fut brève et le « Discoverer » n’arriva dans les eaux calmes du lagon de Tubuai que le 7 mai. De là, Raivavae (escale rendue impossible par le mauvais temps), puis Rapa le 16 mai. Le 28 du même mois, le bateau faisait escale à Pitcairn qu’il quitta le 30 mai pour être de retour à Valparaiso le 28 juin 1828, au terme d’une odyssée extraordinairement riche en collectes diverses, au premier rand desquelles les coquillages bien sûr.
La reconnaissance à Londres
Le périple avait duré exactement huit mois et demeura, dans la vie de Cuming, sans doute la plus belle de ses explorations. A son retour, le collectionneur avait du pain sur la planche, puisqu’il lui fallut récupérer, préparer et classer les milliers de spécimens amassés au fil des escales. A Valparaiso, il faisait désormais partie des gloires locales, aussi ne rencontra-t-il aucune difficulté auprès des autorités pour obtenir toutes les autorisations nécessaires à son nouveau projet, explorer méticuleusement la côte Pacifique de l’Amérique latine.
Cuming quitta Valparaiso muni de lettres d’introduction à la fin de l’année 1828 pour descendre jusqu’à la grande île de Chiloé. De là, il remonta au fil de multiples escales jusqu’au Salvador. A l’époque de Cuming, soit des indigènes pêchaient en apnée des coquillages, soit ceux-ci étaient récoltés par le biais de dragages. Même dans les eaux coralliennes, Cuming dragua les fonds avec obstination, devenant un spécialiste de cette technique, les meilleures récoltes se faisant la nuit.
On ignore la date exacte du retour à Valparaiso du « Discoverer », fin 1829 ou début 1830.
En 1825, le naturaliste avait fait la connaissance de Maria de los Santos qui devint très vite sa petite amie. Elle lui donna une fille en 1825, Clara Valentina et un fils, en 1830, Hugh Valentine. Si le fils disparut des « radars familiaux », sa fille resta en contact permanent avec son père qu’elle soutint jusqu’à la fin de sa vie.
Riche homme d’affaires, à la tête de collections extraordinaires, Cuming savait que de nombreux scientifiques brûlaient d’envie de découvrir le fruit de ses deux voyages. Aussi décida-t-il de se rendre à Londres avec ses trésors, ce qu’il fit en mai 1831, saluant Valparaiso où il ne revint plus.
Cuming quitta Valparaiso muni de lettres d’introduction à la fin de l’année 1828 pour descendre jusqu’à la grande île de Chiloé. De là, il remonta au fil de multiples escales jusqu’au Salvador. A l’époque de Cuming, soit des indigènes pêchaient en apnée des coquillages, soit ceux-ci étaient récoltés par le biais de dragages. Même dans les eaux coralliennes, Cuming dragua les fonds avec obstination, devenant un spécialiste de cette technique, les meilleures récoltes se faisant la nuit.
On ignore la date exacte du retour à Valparaiso du « Discoverer », fin 1829 ou début 1830.
En 1825, le naturaliste avait fait la connaissance de Maria de los Santos qui devint très vite sa petite amie. Elle lui donna une fille en 1825, Clara Valentina et un fils, en 1830, Hugh Valentine. Si le fils disparut des « radars familiaux », sa fille resta en contact permanent avec son père qu’elle soutint jusqu’à la fin de sa vie.
Riche homme d’affaires, à la tête de collections extraordinaires, Cuming savait que de nombreux scientifiques brûlaient d’envie de découvrir le fruit de ses deux voyages. Aussi décida-t-il de se rendre à Londres avec ses trésors, ce qu’il fit en mai 1831, saluant Valparaiso où il ne revint plus.
Tournée européenne
En Angleterre, Cuming négocia ses collections de plantes pour pouvoir entièrement se consacrer à ses chers coquillages. Les conchyliologues furent éblouis par ses trouvailles et le 28 février paraissait le premier article consacré aux merveilles de Cuming au sein de la Zoological Society.
Bien sûr, aucun de ces coquillages n’avait la moindre valeur s’il n’était pas décrit, classé et nommé par un scientifique et ce travail occupa les spécialistes jusqu’à la mort de Cuming. Le 1er mai 1832, il devint membre de la prestigieuse Linnean Society of London. Reconnu en Grande-Bretagne, Cuming voulait l’être également en Europe ; aussi entreprit-il une tournée qui le mena en France, en Hollande, en Allemagne, en Autriche, en Suède, au Danemark et en Russie. C’est en Allemagne et en Autriche que les scientifiques réservèrent le meilleur accueil à Cuming en multipliant les publications relatives à ses collections.
Seul ou quasiment seul, le Français Gérard Paul Desahyes (1796-1875) décrivit les nouveautés de Cuming.
Bien sûr, aucun de ces coquillages n’avait la moindre valeur s’il n’était pas décrit, classé et nommé par un scientifique et ce travail occupa les spécialistes jusqu’à la mort de Cuming. Le 1er mai 1832, il devint membre de la prestigieuse Linnean Society of London. Reconnu en Grande-Bretagne, Cuming voulait l’être également en Europe ; aussi entreprit-il une tournée qui le mena en France, en Hollande, en Allemagne, en Autriche, en Suède, au Danemark et en Russie. C’est en Allemagne et en Autriche que les scientifiques réservèrent le meilleur accueil à Cuming en multipliant les publications relatives à ses collections.
Seul ou quasiment seul, le Français Gérard Paul Desahyes (1796-1875) décrivit les nouveautés de Cuming.
Les Philippines, terre promise…
Reconnu par les scientifiques, Cuming voulait repartir, cette fois-ci au cœur de l’Indo Pacifique, où il savait qu’il trouverait le plus grand nombre de coquillages. Sa cible : les Philippines.
Là encore, bardé de lettres de recommandations, Cuming embarqua le 15 janvier pour Manille qu’il atteignit le 24 juillet. En juin 1840, il était de retour à Londres, ramenant de formidables collections.
Si le succès scientifique –et commercial- de cette expédition fut énorme, Cuming se heurta à un refus, celui de son éditeur, Hooker, de publier son journal. Refus d‘autant plus dramatique que l’éditeur en question non seulement ne publia pas le journal de Cuming sur ses explorations et découvertes aux Philippines, mais qu’il en perdit, en outre, le manuscrit ! Un autre éditeur potentiel, Richard Owen, était preneur, mais Cuming commit une erreur de jugement en faisant confiance au « mauvais cheval ». Et jamais ce journal n’a été retrouvé…
Le prince des coquillages voyait à cette époque la consécration de ses années de travail et de collecte : en 1842, B. Sowerby publia « Thesaurus conchyliorum » à partir des collections de Cuming tandis qu’en 1843 sortait la « bible » des coquillages, « Conchologia iconica » de Lovell Reeve, avec un portrait de Cuming dans le premier volume.
Continuant à acheter, à échanger et à vendre, il assura sa fortune et poursuivit l’enrichissement de sa collection. Il lança même autour du monde d’autres chercheurs, en les aidant à monter des expéditions lointaines : Jamaïque, Bornéo, Honduras, Amazonie…
Obsédé par sa position de leader mondial, il ne vendait qu’en prévenant ses acheteurs : « ne revendez pas les spécimens que je vous envoie », sous-entendant par là qu’il entendait rester maître du marché et donc des prix. De même, il fréquentait avec assiduité toutes les ventes aux enchères de Londres ; petit à petit, son sens des affaires prit le pas sur la recherche scientifique, Cuming, il est vrai, n’étant pas lui-même un scientifique (même s’il ne refusa jamais d’aider les scientifiques qui le lui demandaient. Ainsi le célèbre Charles Darwin se fit assister bénévolement dans ses travaux par Cuming).
Là encore, bardé de lettres de recommandations, Cuming embarqua le 15 janvier pour Manille qu’il atteignit le 24 juillet. En juin 1840, il était de retour à Londres, ramenant de formidables collections.
Si le succès scientifique –et commercial- de cette expédition fut énorme, Cuming se heurta à un refus, celui de son éditeur, Hooker, de publier son journal. Refus d‘autant plus dramatique que l’éditeur en question non seulement ne publia pas le journal de Cuming sur ses explorations et découvertes aux Philippines, mais qu’il en perdit, en outre, le manuscrit ! Un autre éditeur potentiel, Richard Owen, était preneur, mais Cuming commit une erreur de jugement en faisant confiance au « mauvais cheval ». Et jamais ce journal n’a été retrouvé…
Le prince des coquillages voyait à cette époque la consécration de ses années de travail et de collecte : en 1842, B. Sowerby publia « Thesaurus conchyliorum » à partir des collections de Cuming tandis qu’en 1843 sortait la « bible » des coquillages, « Conchologia iconica » de Lovell Reeve, avec un portrait de Cuming dans le premier volume.
Continuant à acheter, à échanger et à vendre, il assura sa fortune et poursuivit l’enrichissement de sa collection. Il lança même autour du monde d’autres chercheurs, en les aidant à monter des expéditions lointaines : Jamaïque, Bornéo, Honduras, Amazonie…
Obsédé par sa position de leader mondial, il ne vendait qu’en prévenant ses acheteurs : « ne revendez pas les spécimens que je vous envoie », sous-entendant par là qu’il entendait rester maître du marché et donc des prix. De même, il fréquentait avec assiduité toutes les ventes aux enchères de Londres ; petit à petit, son sens des affaires prit le pas sur la recherche scientifique, Cuming, il est vrai, n’étant pas lui-même un scientifique (même s’il ne refusa jamais d’aider les scientifiques qui le lui demandaient. Ainsi le célèbre Charles Darwin se fit assister bénévolement dans ses travaux par Cuming).
1846, sa santé chancelle
Mais l’homme riche et célèbre qu’il était fut assez tôt en proie à des soucis n’ayant rien à voir avec sa collection : aux Philippines, il avait dû pénétrer dans des jungles profondes ; il en ramena des affections, des fièvres et l’on crut même qu’il allait mourir en 1846. Sa fille Clara le rejoignit de Valparaiso à Londres pour lui servir d’aide et d’assistante médicale. Le 12 décembre 1846, au plus mal, il proposa de céder sa collection au British Museum pour la somme (importante à l’époque) de 6 000 £. L’offre fut déclinée, mais Cuming recouvra la santé, au moins partiellement. Il souffrait alors de paralysies, de bronchite chronique et d’asthme.
En 1851, il effectua un voyage fatigant aux Etats-Unis pour rencontrer les grands spécialistes de ce jeune pays. Il finit par rendre son dernier soupir le 10 août 1865 à Londres, à l’âge respectable, eu égard à sa vie et à sa santé fragile, de 75 ans.
Sa collection, à nouveau offerte au British Museum, fut cette fois-ci achetée au prix de 6 000 £. Elle contenait 83 000 spécimens…
Daniel Pardon
En 1851, il effectua un voyage fatigant aux Etats-Unis pour rencontrer les grands spécialistes de ce jeune pays. Il finit par rendre son dernier soupir le 10 août 1865 à Londres, à l’âge respectable, eu égard à sa vie et à sa santé fragile, de 75 ans.
Sa collection, à nouveau offerte au British Museum, fut cette fois-ci achetée au prix de 6 000 £. Elle contenait 83 000 spécimens…
Daniel Pardon
La belle « cumingii » de Tahiti
Deux petites Cribrarula cumingii, trésor des eaux polynésiennes (collect. DP).
Un des coquillages emblématiques de la Polynésie française est indubitablement la Cribrarula cumingii, décrite par George Brettingham Sowerby I en 1832, baptisée en l’honneur de son découvreur. Il s’agit d’une petite porcelaine de 9 à 20 mm ; au-dessus, elle est répertoriée comme une sous-espèce baptisée Cribrarula cumingii cleopatra (20 à 30mm). Jadis relativement abondante même dans les lagons, elle est très recherchée car endémique à la région (Cook Islands comprises) ; elle se négocie environ 10 euros (1 200 Fcfp) le millimètre.
Une sous-espèce existe aux Marquises : C. cumingii astaryi (Schilder, 1971).
Une sous-espèce existe aux Marquises : C. cumingii astaryi (Schilder, 1971).
Iconique Conus gloriamaris
Conus gloriamaris, le coquillage qui valait son poids d’or jusqu’en 1957 (collect. DP).
Le plus célèbre coquillage du XIXe et du XXe siècle est indubitablement Conus gloriamaris (décrits par Chemnitz en 1777) dont seuls quelques spécimens furent trouvés pendant près de deux siècles. Longtemps, les collectionneurs crurent que les quelques exemplaires cantonnés dans les musées ou les collections de millionnaires étaient uniques, d’où, pour ce coquillage, des prix astronomiques. On dit que Cuming, en 1837, en ramena deux (trouvés vivants) de l’île de Bohor (Philippines). Jusqu’en 1957, on en connaissait deux douzaines dans le monde.
En 1964, une quarantaine de ces cônes furent trouvés en Nouvelle-Guinée. Et en 1969, un couple de plongeurs australiens en remonta cent vingt de la côte nord de Guadalcanal aux Salomon. Dès lors, l’habitat de ce mollusque fut révélé et sa rareté s’évapora.
Aujourd’hui, on en récolte aux Fidji, au Vanuatu, aux Samoa, aux Salomon, en Malaisie, en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Indonésie, aux Philippines et il n’est pas difficile d’en acquérir sur des sites spécialisés à des prix modiques : 50 à 100 euros. Conus gloriamaris vit entre -5 et -300 m de profondeur, rarement par moins de cent mètres, ce qui en rend sa recherche difficile. Il mesure de 75 à près de 200 mm.
En 1964, une quarantaine de ces cônes furent trouvés en Nouvelle-Guinée. Et en 1969, un couple de plongeurs australiens en remonta cent vingt de la côte nord de Guadalcanal aux Salomon. Dès lors, l’habitat de ce mollusque fut révélé et sa rareté s’évapora.
Aujourd’hui, on en récolte aux Fidji, au Vanuatu, aux Samoa, aux Salomon, en Malaisie, en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Indonésie, aux Philippines et il n’est pas difficile d’en acquérir sur des sites spécialisés à des prix modiques : 50 à 100 euros. Conus gloriamaris vit entre -5 et -300 m de profondeur, rarement par moins de cent mètres, ce qui en rend sa recherche difficile. Il mesure de 75 à près de 200 mm.
Le chiton « cumingsii » fut le premier mollusque décrit et nommé en l’honneur de Cuming, qui en avait étudié les mœurs dans la baie de Valparaiso.
Lovell Augustus Reeve fut l’un des scientifiques qui étudia et décrivit le plus de spécimens ramenés par Hugh Cuming.
Superbe planche extraite de « Conchologia iconica », le livre référence de Reve, paru en 1843.
Très belle planche de « Conchologia iconica » de Reeve.
Une magnifique planche d’olives, extraite du livre de Sowerby, « Thesaurus conchyliorum » publié en 1842.
Les porcelaines (ici une planche du livre « Thesaurus conchyliorum ») demeurent aujourd’hui les coquillages les plus prisés des collectionneurs du monde entier.