L’un des très rares portraits de Peter Dillon, alors au faîte de sa gloire en Europe.
PACIFIQUE, le 6 septembre 2018. Rarement un Blanc dans l’immensité de l’Océanie ne manifesta autant de curiosité, ne vécut autant d’aventures et ne porta autant de casquettes que Peter Dillon, citoyen britannique ayant vu le jour, de parents irlandais, en Martinique en 1788. C’est bien loin de sa Caraïbe natale que le jeune Dillon entama sa vie d’adulte : en tant que marin, il apprit à connaître mieux que tout autre à son époque la vaste Mer du Sud, encore pleine d’inconnues…
Imaginez d’abord une armoire à glace de 1,93 mètre de hauteur, pesant bien plus d’un quintal, dotée d’une voix forte et animée d’un tempérament vif, voire même violent : quand le jeune Peter Dillon quitta la Martinique tropicale très jeune, il fut ramené par son père en Irlande et, comme c’était l’usage à l’époque, se retrouva engagé dans la marine alors qu’il était à peine adolescent, mais déjà sacrément « baraqué ». La marine anglaise forgeait alors les caractères et apparemment, il servit sous le drapeau britannique jusqu’en 1808, date à laquelle il fit sa grande entrée dans le Pacifique Sud, à Fidji précisément, à bord d’un navire santalier en provenance de Calcutta. Le Pacifique était à sa dimension, et pendant quatre années, de 1809 à 1813, il servit entre les îles océaniennes et Port Jackson (Sydney) en Australie. De simple marin, l’expérience aidant, il devint officier et séjourna aux Fidji, mais aussi aux îles de la Société et en Nouvelle-Zélande.
Imaginez d’abord une armoire à glace de 1,93 mètre de hauteur, pesant bien plus d’un quintal, dotée d’une voix forte et animée d’un tempérament vif, voire même violent : quand le jeune Peter Dillon quitta la Martinique tropicale très jeune, il fut ramené par son père en Irlande et, comme c’était l’usage à l’époque, se retrouva engagé dans la marine alors qu’il était à peine adolescent, mais déjà sacrément « baraqué ». La marine anglaise forgeait alors les caractères et apparemment, il servit sous le drapeau britannique jusqu’en 1808, date à laquelle il fit sa grande entrée dans le Pacifique Sud, à Fidji précisément, à bord d’un navire santalier en provenance de Calcutta. Le Pacifique était à sa dimension, et pendant quatre années, de 1809 à 1813, il servit entre les îles océaniennes et Port Jackson (Sydney) en Australie. De simple marin, l’expérience aidant, il devint officier et séjourna aux Fidji, mais aussi aux îles de la Société et en Nouvelle-Zélande.
De multiples casquettes
Difficile de dresser le portrait précis de cet homme protée, qui changea de multiples fois de casquettes et d’occupations : santalier, beachcomber, capitaine, explorateur, négociant, écrivain, polémiste, éditeur…
Revenons donc à ses débuts en tant que civil. C’est à Bora Bora que son premier job à terre le conduisit, pour préparer, pendant deux années, de 1810 à 1812, le ravitaillement des bateaux de passage. Non seulement Dillon sut se faire apprécier des habitants de l’île, mais il en profita pour apprendre le reo Tahiti et, au fil de ses rencontres avec des équipages, il s’initia aux rudiments d’autres langues locales. En 1813, il travaillait à bord du navire « Hunter », lorsque celui-ci jeta ses ancres à Fidji dans le but d’y faire le plein de santal.
Revenons donc à ses débuts en tant que civil. C’est à Bora Bora que son premier job à terre le conduisit, pour préparer, pendant deux années, de 1810 à 1812, le ravitaillement des bateaux de passage. Non seulement Dillon sut se faire apprécier des habitants de l’île, mais il en profita pour apprendre le reo Tahiti et, au fil de ses rencontres avec des équipages, il s’initia aux rudiments d’autres langues locales. En 1813, il travaillait à bord du navire « Hunter », lorsque celui-ci jeta ses ancres à Fidji dans le but d’y faire le plein de santal.
La mort de Savage
Sur place, Dillon, chargé de remplir les cales du bois précieux et odorant, fit la connaissance d’un personnage de légende, Charlie Savage, en fait Kalle Svenson, originaire de Suède. Fameux beahcomber, il vivait dans les îles depuis des années, parlant couramment les langues vernaculaires et servant les chefs locaux en fonction de ses intérêts.
Charlie savait que son pouvoir tenait au fait qu’il monnayait les cargaisons de santal obtenues contre des armes et de l’alcool essentiellement. Il se mit donc au service de l’équipage du « Hunter ». Le 6 septembre 1813, alors que la récolte de bois ne se faisait pas à un rythme satisfaisant (le « Hunter » était à l’ancre depuis cinq mois), Savage et ses hommes eurent un accrochage sévère avec les Fidjiens de Wailea, ceux-ci n’ayant pas tenu leurs engagements (qui étaient de fournir au « Hunter » le bois dont il avait besoin). Le capitaine de la goélette fit détruire un grand nombre de pirogues, ce qui eut pour effet de déclencher une guerre immédiate entre indigènes et santaliers, dont les rangs avaient été renforcés par des beachcombers, dont Savage, et par des Fidjiens venus de Bau apporter leur aide aux Blancs.
Impossible pour les hommes descendus à terre et qui avaient eu la très mauvaise idée de se disperser de regagner le bateau. Quelques-uns d’entre eux, au milieu de ce qui tournait au massacre, furent cernés sur une hauteur (depuis lors baptisée Dillon’s Rock). Un échange de prisonniers fut proposé par Dillon, les deux camps tombèrent d’accord, mais après des atermoiements, les Fidjiens demandèrent à Savage de descendre négocier sans armes. Il accepta bien naïvement et se fit massacrer à coups de casse-tête puis dépecer et dévorer.
Dillon resta ferme quant à l’échange de prisonniers et parvint à récupérer ses hommes tandis que les Fidjiens enfermés à bord du « Hunter » étaient relâchés.
Charlie savait que son pouvoir tenait au fait qu’il monnayait les cargaisons de santal obtenues contre des armes et de l’alcool essentiellement. Il se mit donc au service de l’équipage du « Hunter ». Le 6 septembre 1813, alors que la récolte de bois ne se faisait pas à un rythme satisfaisant (le « Hunter » était à l’ancre depuis cinq mois), Savage et ses hommes eurent un accrochage sévère avec les Fidjiens de Wailea, ceux-ci n’ayant pas tenu leurs engagements (qui étaient de fournir au « Hunter » le bois dont il avait besoin). Le capitaine de la goélette fit détruire un grand nombre de pirogues, ce qui eut pour effet de déclencher une guerre immédiate entre indigènes et santaliers, dont les rangs avaient été renforcés par des beachcombers, dont Savage, et par des Fidjiens venus de Bau apporter leur aide aux Blancs.
Impossible pour les hommes descendus à terre et qui avaient eu la très mauvaise idée de se disperser de regagner le bateau. Quelques-uns d’entre eux, au milieu de ce qui tournait au massacre, furent cernés sur une hauteur (depuis lors baptisée Dillon’s Rock). Un échange de prisonniers fut proposé par Dillon, les deux camps tombèrent d’accord, mais après des atermoiements, les Fidjiens demandèrent à Savage de descendre négocier sans armes. Il accepta bien naïvement et se fit massacrer à coups de casse-tête puis dépecer et dévorer.
Dillon resta ferme quant à l’échange de prisonniers et parvint à récupérer ses hommes tandis que les Fidjiens enfermés à bord du « Hunter » étaient relâchés.
Commerce et édition
Dillon, heureux de s’être sorti de cette tragique aventure, reprit du service à bord de la goélette « Active », avec une mission dans l’île nord de la Nouvelle-Zélande : créer et entretenir d’excellentes relations commerciales avec les remuants Maoris de Bay of Islands dans l’idée de permettre l’installation à terre d’un établissement religieux, pour le compte de la Church Missionnary Society. Une mission réussie, qui se prolongea, pour Dillon, par son mariage le 22 septembre 1814 avec Mary Moore, celle-ci lui donnant, plus tard, trois enfants. Autant de bonnes raisons de demeurer à terre quelques années, avant de reprendre la mer pour commercer entre le port indien de Calcutta et les premières colonies anglaises implantées en Australie.
A l’époque, celles-ci manquaient de tout ou presque et Dillon parvint à s’enrichir suffisamment pour pouvoir, à partir de 1819, devenir son propre armateur et, bien entendu, capitaine de ses bateaux successifs, n’hésitant pas, entre 1823 et 1825, à élargir son champ d’action en allant jusqu’aux côtes sud-américaines pour faire du négoce.
Curieusement, ce colosse à l’apparence bourrue, approchant de la quarantaine, se découvrit d’autres centres d‘intérêts que le simple business. Il connaissait désormais très bien l’Océanie et à Lima, il décrocha un manuscrit qui lui permit, à son retour, de publier les premières relations des voyages des Espagnols dans le Pacifique au XVIIIe siècle, notamment à l’île de Pâques et à Tahiti.
A l’époque, celles-ci manquaient de tout ou presque et Dillon parvint à s’enrichir suffisamment pour pouvoir, à partir de 1819, devenir son propre armateur et, bien entendu, capitaine de ses bateaux successifs, n’hésitant pas, entre 1823 et 1825, à élargir son champ d’action en allant jusqu’aux côtes sud-américaines pour faire du négoce.
Curieusement, ce colosse à l’apparence bourrue, approchant de la quarantaine, se découvrit d’autres centres d‘intérêts que le simple business. Il connaissait désormais très bien l’Océanie et à Lima, il décrocha un manuscrit qui lui permit, à son retour, de publier les premières relations des voyages des Espagnols dans le Pacifique au XVIIIe siècle, notamment à l’île de Pâques et à Tahiti.
Des traces de La Pérouse
En 1826, toujours sillonnant le Pacifique, il rencontra de vieilles connaissances sur l’île de Tikopia, aux Salomon, des beachcombers rescapés de la bataille de 1813 aux îles Fidji ; à l’époque, avaient demandé à Dillon de les déposer là une fois tirés d’affaire. Peter Dillon était alors capitaine du « St-Patrick ». Treize ans après avoir laissé à Tikopia deux de ses compagnons, Joe le Lascar et Martin Bushart (un matelot originaire de la Prusse), les retrouvailles furent chaleureuses.
Dillon eut une surprise en découvrant que Joe vendait à son armurier une poignée d’épée en argent. A terre, Dillon mena l’enquête ; il avait presque de suite compris : d’autres pièces provenant visiblement de bateaux européens lui firent penser qu’il était là en présence des restes possibles des deux navires de l’expédition de La Pérouse, l’ « Astrolabe » et la « Boussole ». Déception toutefois pour Dillon quand il apprit que ces pièces ne provenaient pas de Tikopia, mais d’une autre île proche, Vannicolo, en fait Vanikoro.
Les anciens de Tikopia lui expliquèrent que, là-bas, deux grands navires avaient fait naufrage quand eux étaient encore jeunes.
Dillon en était désormais sûr, c’était bien à Vanikoro que La Pérouse avait fini son odyssée. S’il ne parvint pas, cette année-là, pour des raisons météorologiques, à aborder à Vanikoro, de retour à Calcutta, il publia un mémoire sur sa découverte et demanda à pouvoir mener des recherches pour récupérer des pièces, voire même des survivants.
Il reçut le commandement du « Research » et partit de Calcutta le 22 janvier 1827 pour arriver à Vanikoro le 5 septembre, après des escales en Tasmanie, à Port Jackson, à Bay of Islands et à Tonga Tapu. Avec intelligence, Dillon avait expédié la poignée en argent de l’épée à Paris. Le 5 septembre, Dillon retrouva l’île de Tikopia ; cette fois-ci, il était armé pour faire du troc et acquérir le plus de pièces provenant des deux bateaux naufragés ; le 8 septembre, premières fouilles à Vanikoro et bonne pêche en termes d’objets mais aussi d’informations : les vieux se rappelaient très bien du double naufrage et du départ des survivant, après un séjour à terre, sur un petit bateau de leur construction (dont on ne retrouva jamais aucune trace). Ils expliquèrent également qu’ils avaient hébergé très longtemps des membres des deux équipages et que le dernier d’entre eux était mort quelques années auparavant seulement.
Dillon eut une surprise en découvrant que Joe vendait à son armurier une poignée d’épée en argent. A terre, Dillon mena l’enquête ; il avait presque de suite compris : d’autres pièces provenant visiblement de bateaux européens lui firent penser qu’il était là en présence des restes possibles des deux navires de l’expédition de La Pérouse, l’ « Astrolabe » et la « Boussole ». Déception toutefois pour Dillon quand il apprit que ces pièces ne provenaient pas de Tikopia, mais d’une autre île proche, Vannicolo, en fait Vanikoro.
Les anciens de Tikopia lui expliquèrent que, là-bas, deux grands navires avaient fait naufrage quand eux étaient encore jeunes.
Dillon en était désormais sûr, c’était bien à Vanikoro que La Pérouse avait fini son odyssée. S’il ne parvint pas, cette année-là, pour des raisons météorologiques, à aborder à Vanikoro, de retour à Calcutta, il publia un mémoire sur sa découverte et demanda à pouvoir mener des recherches pour récupérer des pièces, voire même des survivants.
Il reçut le commandement du « Research » et partit de Calcutta le 22 janvier 1827 pour arriver à Vanikoro le 5 septembre, après des escales en Tasmanie, à Port Jackson, à Bay of Islands et à Tonga Tapu. Avec intelligence, Dillon avait expédié la poignée en argent de l’épée à Paris. Le 5 septembre, Dillon retrouva l’île de Tikopia ; cette fois-ci, il était armé pour faire du troc et acquérir le plus de pièces provenant des deux bateaux naufragés ; le 8 septembre, premières fouilles à Vanikoro et bonne pêche en termes d’objets mais aussi d’informations : les vieux se rappelaient très bien du double naufrage et du départ des survivant, après un séjour à terre, sur un petit bateau de leur construction (dont on ne retrouva jamais aucune trace). Ils expliquèrent également qu’ils avaient hébergé très longtemps des membres des deux équipages et que le dernier d’entre eux était mort quelques années auparavant seulement.
Une moisson d’objets
Dillon en était sûr ; il avait bien retrouvé le site de la disparition des navires de l’expédition de La Pérouse et, pendant un mois encore, inlassablement, il mena l’enquête à terre, auprès de tribus par forcément enclines à collaborer.
Douceur et fermeté ; sa collection d’objets s’étoffa et ses informations furent partout confirmées. Le 8 octobre, il leva l’ancre, direction Plymouth et Londres.
Le mystère le plus intrigant de tout le Pacifique Sud, depuis 1788, avait été résolu grâce au sens de l’observation et à la curiosité d’un simple capitaine de goélette. Désormais, la vie de ce marin aventurier allait se passer entre Pacifique et Europe, la plume à la main pour monter d’ambitieux projets (dont bien peu furent couronnés de succès)…
Daniel Pardon
Douceur et fermeté ; sa collection d’objets s’étoffa et ses informations furent partout confirmées. Le 8 octobre, il leva l’ancre, direction Plymouth et Londres.
Le mystère le plus intrigant de tout le Pacifique Sud, depuis 1788, avait été résolu grâce au sens de l’observation et à la curiosité d’un simple capitaine de goélette. Désormais, la vie de ce marin aventurier allait se passer entre Pacifique et Europe, la plume à la main pour monter d’ambitieux projets (dont bien peu furent couronnés de succès)…
Daniel Pardon
Entre gloire et échecs
Si nous écrivons dans ce titre gloire au singulier et échecs au pluriel, ce n’est pas par hasard. La gloire, en effet, Peter Dillon la connut à son retour en Europe, en Angleterre d’abord, puis en France. A son arrivée le 25 octobre à Londres, il ne perdit pas une minute ; il se rendit à Paris dès le 3 novembre ; là, il rencontra le ministre de la Marine, repartit à Londres et n’en revint pas les mains vides sachant les Français pour le moins sentimentaux. Il ramenait dans ses bagages nombre d’objets récoltés à Vanikoro, afin de prouver à ses interlocuteurs que le mystère La Pérouse était résolu.
Récompensé par le roi de France
L’affaire était d’importance et les semaines suivantes furent passées à expertiser les objets, à tenter de les identifier et surtout d’en identifier les propriétaires. L’hiver se passa donc en recherches et le 3 mars 1829, Dillon rencontra le roi lui-même, Charles X, qui tint à remercier cet Anglais atypique de son cadeau, à savoir la mise au net d’une petite page de l’histoire de France. Pour lui prouver sa gratitude, Charles X fit de l’aventurier un chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur. Dillon était sur un petit nuage, d’autant que le monarque, généreux, lui offrit une pension viagère de quatre mille francs, tandis que les restes de l’expédition malheureuse de La Pérouse furent présentés dans une salle du Louvre.
Ce fut assurément le moment le plus glorieux de la vie de cet aventurier. Dans la foulée, Dillon publia un livre qui eut un vif succès : « Narrative and Successful Result of a Voyage in the South Seas » » » en deux volumes. La première édition sortit des presses dès 1829, prouvant en cela que Dillon savait battre le fer pendant qu’il était chaud.
Quand rien ne marche…
Evidemment devenu célèbre à l’époque, l’ancien marin se voyait mal retourner à d’obscures taches dans de non moins obscures îles. Il connaissait le Pacifique comme sa poche et en cela, il intéressait la France, en quête de colonies nouvelles, tout comme l’église catholique, soucieuse d’évangéliser la région pour s’opposer aux protestants.
En décembre 1829, Dillon, qui avait monté une expédition importante devant répondre à ces objectifs fut même nommé consul de France. Mais Charles X fut renversé en juillet 1830 et le projet tomba à l’eau. S’il ne décrocha donc jamais de poste officiel au nom de la France dans le Pacifique, il constata que ses idées furent malgré tout reprises à plus petite échelle, par les missionnaires catholiques, Picpus et maristes pour ce qui concerne l’Océanie.
Au service de la Belgique
En 1831, Dillon proposa à la monarchie belge la création d’une colonie aux îles Fidji. Il visa même avec les Britanniques de nouvelles implantations au sud de l’Australie, mais le projet capota et Dillon en tira une vive amertume. En 1832, il publia une virulente critique de l’attitude des Anglais vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande (qui ne sera annexée qu’en 1840, après signature du traité de Waitangi).
En 1834, Dillon était de retour en Australie puis en Nouvelle-Zélande pour se lancer dans une affaire de préparation du lin (Linum usitatissimum) qui capota, elle aussi, au bout d’une année. Il revint à Sydney, acheta une goélette et repartit à l’aventure dans les îles pour y commercer, très déçu de ses vaines tentatives à s’élever dans l’échelle sociale.
Il se brouilla avec les Weslésiens aux Tonga et ne se gêna pas pour écrire tout le mal qu’il pensait d’eux. En 1842, il publia un livre ambitieux portant sur la conquête de la Sibérie (titre complet et interminable : Conquest of Siberia, By the Chevalier Dillon, and the History of the Transactions, Wars, Commerce &C: carried on between Russian and China, from the earliest period).
Mort à Paris
Dillon, dont le héros était Napoléon (pas banal pour un Britannique ; il nomma d’ailleurs ainsi son fils), avait compris que malgré la célébrité, il ne parviendrait jamais à faire sauter le verrou qui l’empêchait d’accéder au monde, au grand monde.
Sa femme décéda en 1840 et Dillon à son tour décéda prématurément à Paris le 9 février 1847, le gouvernement français payant à sa sœur, qui se trouvait alors à son chevet, un passage jusqu’à Sydney pour rejoindre le reste de sa famille.
Ainsi finit Dillon, à 59 ans seulement, dans le pays dont il avait levé le plus grand mystère de l’époque.
Récompensé par le roi de France
L’affaire était d’importance et les semaines suivantes furent passées à expertiser les objets, à tenter de les identifier et surtout d’en identifier les propriétaires. L’hiver se passa donc en recherches et le 3 mars 1829, Dillon rencontra le roi lui-même, Charles X, qui tint à remercier cet Anglais atypique de son cadeau, à savoir la mise au net d’une petite page de l’histoire de France. Pour lui prouver sa gratitude, Charles X fit de l’aventurier un chevalier de l’Ordre royal de la Légion d’honneur. Dillon était sur un petit nuage, d’autant que le monarque, généreux, lui offrit une pension viagère de quatre mille francs, tandis que les restes de l’expédition malheureuse de La Pérouse furent présentés dans une salle du Louvre.
Ce fut assurément le moment le plus glorieux de la vie de cet aventurier. Dans la foulée, Dillon publia un livre qui eut un vif succès : « Narrative and Successful Result of a Voyage in the South Seas » » » en deux volumes. La première édition sortit des presses dès 1829, prouvant en cela que Dillon savait battre le fer pendant qu’il était chaud.
Quand rien ne marche…
Evidemment devenu célèbre à l’époque, l’ancien marin se voyait mal retourner à d’obscures taches dans de non moins obscures îles. Il connaissait le Pacifique comme sa poche et en cela, il intéressait la France, en quête de colonies nouvelles, tout comme l’église catholique, soucieuse d’évangéliser la région pour s’opposer aux protestants.
En décembre 1829, Dillon, qui avait monté une expédition importante devant répondre à ces objectifs fut même nommé consul de France. Mais Charles X fut renversé en juillet 1830 et le projet tomba à l’eau. S’il ne décrocha donc jamais de poste officiel au nom de la France dans le Pacifique, il constata que ses idées furent malgré tout reprises à plus petite échelle, par les missionnaires catholiques, Picpus et maristes pour ce qui concerne l’Océanie.
Au service de la Belgique
En 1831, Dillon proposa à la monarchie belge la création d’une colonie aux îles Fidji. Il visa même avec les Britanniques de nouvelles implantations au sud de l’Australie, mais le projet capota et Dillon en tira une vive amertume. En 1832, il publia une virulente critique de l’attitude des Anglais vis-à-vis de la Nouvelle-Zélande (qui ne sera annexée qu’en 1840, après signature du traité de Waitangi).
En 1834, Dillon était de retour en Australie puis en Nouvelle-Zélande pour se lancer dans une affaire de préparation du lin (Linum usitatissimum) qui capota, elle aussi, au bout d’une année. Il revint à Sydney, acheta une goélette et repartit à l’aventure dans les îles pour y commercer, très déçu de ses vaines tentatives à s’élever dans l’échelle sociale.
Il se brouilla avec les Weslésiens aux Tonga et ne se gêna pas pour écrire tout le mal qu’il pensait d’eux. En 1842, il publia un livre ambitieux portant sur la conquête de la Sibérie (titre complet et interminable : Conquest of Siberia, By the Chevalier Dillon, and the History of the Transactions, Wars, Commerce &C: carried on between Russian and China, from the earliest period).
Mort à Paris
Dillon, dont le héros était Napoléon (pas banal pour un Britannique ; il nomma d’ailleurs ainsi son fils), avait compris que malgré la célébrité, il ne parviendrait jamais à faire sauter le verrou qui l’empêchait d’accéder au monde, au grand monde.
Sa femme décéda en 1840 et Dillon à son tour décéda prématurément à Paris le 9 février 1847, le gouvernement français payant à sa sœur, qui se trouvait alors à son chevet, un passage jusqu’à Sydney pour rejoindre le reste de sa famille.
Ainsi finit Dillon, à 59 ans seulement, dans le pays dont il avait levé le plus grand mystère de l’époque.
Jean-François Galaup de La Pérouse avait disparu depuis 1788 et les restes de son expédition furent retrouvés le 8 septembre 1827 par Peter Dillon.
Une vue du célèbre combat ayant opposé Dillon et Savage à des guerriers fidjiens : Savage fut tué et dévoré, Dillon s’en sortit sain et sauf.
Le naufrage de La Pérouse à Vanikoro, tel qu’il était vu à l’époque.
Des habitants de Vanikoro au moment du passage de Dillon ; ils ne firent pas de difficultés à troquer des objets provenant de l’expédition La Pérouse.
Les rescapés de l’ « Astrolabe » parvenant tant bien que mal à gagner la terre à Vanikoro.
Ce livre de Jean Guillou (Editions L’Etrave) est la biographie de Peter Dillon la plus complète, rédigée en français.