Carénage : le nouveau dock flottant, une urgence économique


Tahiti, le 9 septembre 2020 - La commission d'études sur "l'acquisition d'un nouvel outil de mise au sec pour les navires" a relancé vendredi le projet de remplacement du dock flottant afin d'appâter les flottes étrangères. Si la rencontre a permis de se positionner sur la taille et la capacité de charge de la future superstructure, beaucoup de questions restent en suspend comme celle du site d'accueil.
 
Evoqué de longue date, le projet colossal de dock flottant revient sur le tapis, dopé en partie par le contexte de crise économique. La commission d'études sur "l'acquisition d'un nouvel outil de mise au sec pour les navires" qui s’est tenue vendredi a permis de dresser une feuille de route. Seule structure capable de mettre au sec des navires d’une capacité maximale de 3 800 tonnes et dans un rayon de 4 500 km, le dock peine à faire de la place pour tout le monde. Une question de disponibilité qui freine les capacités de croissance de la flotte polynésienne.
 
"On veut créer une émulation pour attirer des flottes étrangères qui passent dans le Pacifique," confie Tuanua Degage, président du Cluster maritime de Polynésie française. A commencer par nos voisins du Caillou. "Ne pouvant plus caréner ses navires en Australie ou en Nouvelle-Zélande, (mises sous cloche avec le confinement, Ndlr), la Nouvelle-Calédonie a déjà fait appel à la Polynésie" rapporte le responsable.
 
Faire monter en compétences
 
La présence d’un centre de maintenance navale aurait aussi vocation à faire "monter en compétences" face à des clients toujours plus exigeants et des navires toujours plus imposants. De quoi générer des revenus plus importants et contribuer au rayonnement régional. "Les niveaux de qualités et de compétences techniques requises pour satisfaire la marine nationale et les super yatchs sont très élevés" renchérit Gérard Siu, vice-président "voilà pourquoi, on a tout intérêt à le remplacer rapidement".
 
C’est qu’il ne reste plus que neuf ans avant la fin de vie "officielle" de la structure actuelle. Selon une expertise structurelle du groupement de société Sites et Doris Engineering, le dock pourrait cependant tenir encore jusqu’à 2040 avec un entretien rigoureux. Mais, l’urgence est désormais aussi économique. Le Cluster maritime de Polynésie française l’a bien compris. Entre les études de configuration de la nouvelle superstructure métallique, de son futur emplacement, d’une enquête publique et le chiffrage des coûts d’investissement pour un projet de cette taille, mieux vaux prendre un peu d’avance.
 
Construit par l’arsenal de Brest pour les besoins militaires dans le Pacifique, l’outil actuel de 150 mètres de long pour 22 mètres de large est en service à Tahiti depuis 1975. Située dans la rade de Papeete, la structure a fêté ses 45 ans. Son propriétaire, la marine nationale, a d’ores et déjà annoncé la couleur : elle ne prendra pas en charge le financement du nouveau bâtiment. Elle a en revanche confirmé qu’elle allait entretenir le dock actuel jusqu’en 2030, "ce qui n’est pas si loin compte tenu des délais nécessaires pour les études et le bouclage du financement" glisse Tuanua Degage.
 
Un chantier capable de caréner le Paul Gauguin
 
Mais si le projet traine en longueur, c’est qu’il est loin d’être simple. "Qui va l’exploiter ? Qui va le financer ? Ou va-t-on le mettre ?" Pour y répondre, le Cluster cherche d’abord à rassembler. "Il s'agit de se mettre d'accord sur les grands axes à définir" résume le président de l’organisation.

La rencontre de vendredi a déjà permis de se positionner sur une structure de 170 mètres de long et 28 mètres de large, capable de porter 12 000 tonnes, notamment pour pouvoir caréner le Paul Gauguin et récupérer une manne de plusieurs centaines de millions qui retombe actuellement dans l’économie de Singapour.
 
"La marine nationale ne veut pas que le nouveau dock soit mis à l’emplacement de l’ancien, pour des raisons techniques, il faudrait aménager les fonds et prévoir une surface de travail à côté du dock" précise Tuanua Degage. Pour accueillir le chantier de réparation navale, le Cluster avait également pensé au terrain de 9 000 mètres carrés à Fare Ute, juste avant le pont de motu Uta, rétrocédé par l’Etat le 29 septembre dernier.
 
Mais la mairie a déjà de grands projets de marina et de pôle commercial pour cette zone. Le président du CMPF leur a donc demandé d’assister à la prochaine commission d’étude dans deux semaines. Reste enfin l’option du terrain face à la zone pétrolière, libéré en 2023. "Mais il faudra quand même garder le quai des pétroliers, précise le responsable. Nous avons relancé les démarchages auprès des constructeurs, nous allons commencer à évoquer le financement et l’exploitation à la prochaine réunion." Une réunion sera ainsi programmée toutes les deux semaines avec l'ambition cette fois de faire aboutir le dossier. Budget de l’opération : 2 à 3 milliards de Fcfp. Preuve d’une volonté politique, le projet baptisé PPRN (pôle polynésien de réparation navale) est inscrit au programme du Tapura.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Lundi 9 Novembre 2020 à 21:28 | Lu 7756 fois