PARIS, 15 octobre 2011 (AFP) - Les cancers de la thyroïde sont en augmentation en France, mais ils restent "une rareté", et cette croissance concerne surtout les cancers de petite taille, soulignent des spécialistes à l'occasion du congrès de la Société française d'oto-rhino-laryngologie (SFORL) s'ouvrant samedi.
Depuis 1980, avant l'accident de Tchernobyl, l'incidence est en augmentation d'environ 6% par an, indique Danièle Dehesdin (CHU de Rouen), cancérologue et chirurgien de la face et du cou, présidente du congrès.
Pour autant, avec 5.000 à 8.000 nouveaux cas par an, le cancer de la thyroïde ne représente qu'un pour cent de tous les cancers (et 0,3% des décès par cancer). Il est trois fois plus fréquent chez les femmes.
L'augmentation s'expliquerait en partie par le perfectionnement des moyens diagnostics, plus précis et efficaces que par le passé. Les progrès de l'échographie notamment permettent de détecter des lésions de très petite taille, entre 2 et 5 mm.
"Les cancers de moins de 5 mm représentent 30% des cancers", précise le Pr Dehesdin.
"Le pronostic du cancer de la thyroïde est très bon, voire excellent", souligne-t-elle, la mortalité évoluant à l'inverse de la fréquence. On estime qu'une "guérison définitive" est obtenue pour 95% d'entre eux.
Tchernobyl et Fukushima
Reste que la thyroïde, cette glande en forme de papillon à la base du cou, fait l'objet d'une surexposition, à deux titres. D'abord parce que les nodules thyroïdiens, le plus souvent bénins, sont eux très fréquents. Et surtout en raison des liens étroits entre cancers de la thyroïde et accidents nucléaires.
On peut déceler des nodules (petites boules) de la thyroïde chez plus de la moitié des femmes de 50 ans.
Les ablations de la thyroïde sont elles aussi beaucoup plus nombreuses que les cancers, de l'ordre de 40.000 par an, pour des indications diverses (nodules bénins dont le volume est important, goitres, dysfonctionnements de la glande).
Se pose aussi de façon récurrente la question de l'impact des radiations sur l'incidence des cancers, relancée par l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, en mars dernier, le plus grave depuis Tchernobyl en 1986.
"Une nette augmentation de l'incidence des cancers de la thyroïde" a été constatée chez les enfants autour de Tchernobyl dès 1990, rappelle le Dr Stéphane Bardet (Service de médecine nucléaire, Centre de lutte contre le cancer, Caen).
Pour Fukushima, "il est trop tôt pour faire le point", estime-t-il. 360.000 enfants habitant aux abords de la centrale vont être suivis.
"La thyroïde est une éponge", expliquent les spécialistes, avide d'iode -matière première pour la fabrication des hormones thyroïdiennes-, en particulier chez l'enfant en croissance. Elle est donc particulièrement vulnérable aux émissions d'iode 131 radioactif, en cas d'accident nucléaire.
D'où la nécessité de faire absorber, dans les heures qui suivent l'accident, de l'iode "stable", qui va saturer la glande et empêcher l'absorption d'iode radioactif.
Le paradoxe, relève le Dr Bardet, c'est que l'iode radioactif est par ailleurs utilisé pour traiter les cancers de la thyroïde : il permet, après l'ablation de la glande, de détruire les tissus thyroïdiens résiduels et les éventuelles métastases.
Le 118e congrès de la SFORL se tient à Paris de samedi à lundi. Sont notamment attendues des recommandations sur le larynx de l'enfant et la prise en charge des rhinites.
vm/pjl/fm
Depuis 1980, avant l'accident de Tchernobyl, l'incidence est en augmentation d'environ 6% par an, indique Danièle Dehesdin (CHU de Rouen), cancérologue et chirurgien de la face et du cou, présidente du congrès.
Pour autant, avec 5.000 à 8.000 nouveaux cas par an, le cancer de la thyroïde ne représente qu'un pour cent de tous les cancers (et 0,3% des décès par cancer). Il est trois fois plus fréquent chez les femmes.
L'augmentation s'expliquerait en partie par le perfectionnement des moyens diagnostics, plus précis et efficaces que par le passé. Les progrès de l'échographie notamment permettent de détecter des lésions de très petite taille, entre 2 et 5 mm.
"Les cancers de moins de 5 mm représentent 30% des cancers", précise le Pr Dehesdin.
"Le pronostic du cancer de la thyroïde est très bon, voire excellent", souligne-t-elle, la mortalité évoluant à l'inverse de la fréquence. On estime qu'une "guérison définitive" est obtenue pour 95% d'entre eux.
Tchernobyl et Fukushima
Reste que la thyroïde, cette glande en forme de papillon à la base du cou, fait l'objet d'une surexposition, à deux titres. D'abord parce que les nodules thyroïdiens, le plus souvent bénins, sont eux très fréquents. Et surtout en raison des liens étroits entre cancers de la thyroïde et accidents nucléaires.
On peut déceler des nodules (petites boules) de la thyroïde chez plus de la moitié des femmes de 50 ans.
Les ablations de la thyroïde sont elles aussi beaucoup plus nombreuses que les cancers, de l'ordre de 40.000 par an, pour des indications diverses (nodules bénins dont le volume est important, goitres, dysfonctionnements de la glande).
Se pose aussi de façon récurrente la question de l'impact des radiations sur l'incidence des cancers, relancée par l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, en mars dernier, le plus grave depuis Tchernobyl en 1986.
"Une nette augmentation de l'incidence des cancers de la thyroïde" a été constatée chez les enfants autour de Tchernobyl dès 1990, rappelle le Dr Stéphane Bardet (Service de médecine nucléaire, Centre de lutte contre le cancer, Caen).
Pour Fukushima, "il est trop tôt pour faire le point", estime-t-il. 360.000 enfants habitant aux abords de la centrale vont être suivis.
"La thyroïde est une éponge", expliquent les spécialistes, avide d'iode -matière première pour la fabrication des hormones thyroïdiennes-, en particulier chez l'enfant en croissance. Elle est donc particulièrement vulnérable aux émissions d'iode 131 radioactif, en cas d'accident nucléaire.
D'où la nécessité de faire absorber, dans les heures qui suivent l'accident, de l'iode "stable", qui va saturer la glande et empêcher l'absorption d'iode radioactif.
Le paradoxe, relève le Dr Bardet, c'est que l'iode radioactif est par ailleurs utilisé pour traiter les cancers de la thyroïde : il permet, après l'ablation de la glande, de détruire les tissus thyroïdiens résiduels et les éventuelles métastases.
Le 118e congrès de la SFORL se tient à Paris de samedi à lundi. Sont notamment attendues des recommandations sur le larynx de l'enfant et la prise en charge des rhinites.
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