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[COVID-19] Qu'en reste-t-il dans notre quotidien ?


Tahiti, le 13 mars 2025 - La confirmation du premier cas de Covid à Tahiti, il y a cinq ans, avait déclenché une avalanche de mesures pour freiner la transmission du virus. Que reste-t-il aujourd’hui de cette époque où nos visages étaient dissimulés derrière des masques et où nous ne sortions jamais sans notre flacon de gel hydroalcoolique ?
 

Le masque : adopté ou oublié ?
 “Il y a ce réflexe, quand les gens sont malades, de porter un masque”, estime Francesco Fiumarella, préparateur en pharmacie de Heiri, à Faa’a. “On constate effectivement un port du masque qui s’est ‘banalisé’ avec une plus grande facilité à le porter en cas de symptômes respiratoires, que cela soit chez les patients ou les soignants (…). Pour ce qui est des autres gestes barrières, nous sommes revenus comme avant le Covid”, explique Teiki-Patoua Fiu, chargée de communication du Centre hospitalier de la Polynésie française. De son côté, Anne Pinel, directrice des soins du bureau de la qualité et gestion des risques, précise : “En raison de nouvelles épidémies telles que la coqueluche ou la dengue, nous avons gardé des mesures renforcées dans les structures de santé. Les professionnels sont dans la continuité de ce qui a été mis en place pendant le Covid. Les gens respectent d’ailleurs ces consignes dans un cadre sanitaire. J’observe, en revanche, qu’en dehors de ce cadre, les gens oublient qu’ils peuvent transmettre des maladies, notamment dans les espaces clos comme les avions”. Par ailleurs, Agnès Bessou, directrice adjointe de Tahiti Pharm, l’un des principaux grossistes pharmaceutiques de Polynésie, observe “une nette hausse” de la demande en masques (chirurgicaux, FFP2, en tissu, etc.) depuis janvier 2025, probablement en raison de l’épidémie de grippe qui sévit sur le territoire. `
 
Gel hydroalcoolique : l’engouement post-Covid a-t-il disparu ?
L'usage du gel hydroalcoolique s'est largement démocratisé pendant la crise sanitaire. Aujourd'hui, des distributeurs de gel restent présents à l'entrée de nombreux établissements. Les habitants semblent avoir intégré le lavage régulier des mains dans leurs routines quotidiennes. Pour autant, le grossiste pharmaceutique Tahiti Pharm n’a pas observé de changements durables dans les habitudes des consommateurs et des professionnels de santé concernant ce produit. Sa directrice adjointe ne constate pas de commandes significatives de gel hydroalcoolique de la part des pharmacies et autres établissements. À la pharmacie Heiri, on en commande environ 250 petites bouteilles par an.
 
Dépistage et vaccins : les Polynésiens ont-ils tourné la page ?
Selon la pharmacienne Marie Leray, de la pharmacie Paofai, son établissement propose toujours des vaccins contre la grippe et le Covid. “On compte quelques personnes par semaine”, précise-t-elle. Quant au dépistage, il est désormais beaucoup moins fréquent. “Il n’y a plus de demande alors qu’on en propose toujours”, déclare Francesco Fiumarella, de la pharmacie de Heiri. “De nouveaux tests permettent toutefois de détecter simultanément la grippe et le Covid, et peuvent être réalisés en toute autonomie”, rappelle Marie Leray.
 
Garderies : des règles sanitaires durcies
“Énormément de choses ont changé depuis la pandémie dans notre établissement”, confirme la directrice de la garderie Lil Angels à Faa’a. “Avant, on faisait la prise de la température et on attendait un peu avant d’avertir les parents. Maintenant, on les appelle directement pour faire des analyses”, précise-t-elle. Les mesures sanitaires ont donc été renforcées. Les services de garde ont intégré des pratiques sanitaires rigoureuses, telles que le lavage fréquent des mains, la désinfection régulière des surfaces et une meilleure ventilation des locaux. Les “taties” portent également des masques en cas de besoin. Ces mesures, instaurées durant la pandémie, sont pour la plupart maintenues pour assurer la sécurité des enfants et du personnel.
 
Plexiglas : barrière sanitaire ou solution bien pratique ?
Les vitres en plexiglas font partie de ces anomalies apparues pendant la pandémie du Covid-19, avec les masques, les flacons de gel hydroalcoolique et les saluts du coude. Toujours présents dans les magasins, les cliniques, les bureaux de tabac et à l’accueil de nombreuses organisations, ils semblent s’être durablement inscrits dans le paysage. Cependant, au-delà de leur usage initial, les raisons de leur maintien peuvent parfois être plus futiles. “Ça nous arrange. Déjà, ça empêche les gens de piquer dans la caisse et en plus, on ne nous crache pas dessus”, rigole Miti, vendeuse chez SoGood Market à Tipaerui. La clinique Paofai à Papeete les a également gardés à l’accueil. “Cela protège l’espace de travail des personnes en contact avec le public. En plus, avec la climatisation au plafond, le plexiglas permet de mieux véhiculer le flux dans le local”, détaille Claude Drago, directeur général de la clinique.
 
 
La bise en voie de disparition ?
Les règles de distanciation sociale imposées par le Covid ont fait évoluer nos façons de nous saluer. Si la bise est revenue, elle n’est plus aujourd’hui une évidence, notamment dans le contexte professionnel. C’est, en tout cas, ce que confirment nos interlocuteurs. La bise semble avoir perdu son caractère obligatoire, un soulagement pour ceux qui ne l’ont jamais vraiment appréciée et faisaient tout pour éviter une trop grande proximité physique avec leurs collègues.
 
Livraison à domicile : une pratique qui a conquis Tahiti
Le confinement lié au Covid-19 a paralysé le monde, mais il a aussi favorisé l’essor de la livraison à domicile. Dès mars 2020, des initiatives comme Magasin d’urgence ou Tahiti Livraison ont vu le jour, proposant la livraison de produits de consommation courante. L’un des exemples les plus marquants à Tahiti est Foodease. La demande de repas livrés a explosé pendant la pandémie et s’est durablement installée dans les habitudes du Fenua. La preuve ? Foodease livre les plats et produits “de plus 230 restaurants et commerçants” et cela, désormais, jusqu’à la Presqu’île.

Rédigé par Darianna Myszka le Vendredi 14 Mars 2025 à 09:55 | Lu 788 fois